mercredi, 17 janvier 2007
Un jour, après quarante cocktails...
Un jour, après quarante cocktails
rouges comme l'enfer,
une voix d'hier coulera dans tes veines :
"Que sont mes amis devenus,
les druides du poème,
les Magellan de la langue ?
Où vivent désormais ceux des peupliers sombres,
ceux des heures illuminées
à chercher la jonquille de la sainteté ?
Y a-t-il toujours à la verticale des bouches
cette nervure du silence,
ce rien pour nous appeler à naître ?"
Mais tu monteras le son, toujours plus,
et des slows en chemise noire
brouilleront tes ondes de pucelle.
Jean-Luc Aribaud, extrait de "Prophéties", Le Castor Astral, 2006
01:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, Jean-Luc Aribaud, Prophéties
mardi, 16 janvier 2007
Le vent est le seul maître du ciel, de la terre et de la mer. Il attise les grandes passions et éteint les petites
Frédérique Azaïs
15:03 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, peinture, Frédérique Azaïs
Carnets indiens, avec Nina Houzel (8)
Peindre un tableau, c'est comme jouer au jeu de go. On s'efforce de déposer sur l'échiquier des "points disponibles". Plus il y en a, plus on est sûr de gagner.
Huang Ping-Hung (Chine, Dynastie Ts'ing)
Photo : Nina Houzel
00:20 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photo, Nina Houzel, Chine, Inde, Carnets indiens
lundi, 15 janvier 2007
J'irai jusqu'au bout du langage...
Frédérique Azaïs
10:03 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, peinture, Frédérique Azaïs
Carnet de nuit
L'écriture des Carnets, comme disait Marcel, convient bien à Philippe Sollers, dont le "Carnet de nuit", paru chez Plon en 1989, reparaît aujourd'hui en Folio. Petit florilège :
Si vous aimez quelqu'un, aimez-le passionnément, et à tout instant, c'est le temps en personne qui vous aime
Proust : "Il arrive souvent qu'à partir d'un certain âge, l'oeil d'un grand chercheur trouve partout les éléments nécessaires à établir les rapports qui seuls l'intéressent. Comme ces ouvriers ou ces joueurs qui ne font pas d'embarras et se contentent de ce qui leur tombe sous la main, ils pourraient dire de n'importe quoi : cela fera l'affaire."
"Vous m'agacez souvent." Entendre : "Vous m'excitez souvent au moment où je ne m'y attends pas."
"Révolution". Pourquoi la société devrait-elle être réelle ? Drôle d'idée.
Ton personnage de roman existe quand tu aimerais avoir son point de vue sur le roman en question. Le livre est réussi quand tu as envie d'y rajouter ce qui s'y trouve.
L'article de Bataille, Hemingway à la lumière de Hegel (1953) : "Je veux parler de cette exactitude dans l'expression sensible de la vérité, que nul autre que lui ne me semble avoir atteint. C'est peu de dire que, sous sa plume, la vérité devient saisissante. (...) Est souverain celui n'est qui n'est pas lui-même une chose... Il n'y a pas dans son oeuvre de tricherie, ni de concession à la lâcheté qui porte à dominer les autres comme les choses."
Picasso : "Le jeune peintre", en couverture du Folio
00:40 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, Sollers, Carnet de nuit, Picasso, Hemingway, Proust, art
dimanche, 14 janvier 2007
Aurore, or du temps
16:28 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, peinture, Frédérique Azaïs
Dessine-moi un bonbon !
toutes les techniques acceptées y compris "l'éphémère"
peinture/sculpture/collages/photo/aquarelle/mosaïque etc....
conditions sur demande
http://presencedesarts.hautetfort.com
creas@mac.com ou presencedesarts@hotmail.fr
00:20 Publié dans Concours | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, peinture, concours, présence des arts, bonbon
samedi, 13 janvier 2007
Densité du vide
Le ciel a courbé sa tête. Les fleurs desséchées du soleil tournoient en ombelles autour des cimes. Le brouillard se lève et repose du monde.
Des torsades de ciel blanchissent les rizières - attelages et paysans courbés sous la chaleur de juillet. Des murs de latérite jettent des ornières dans la plaine ombrée de nuit. Il pleut des flèches de soleil acerbes comme des sagaies et drues comme un nuage de sauterelles.
Un vent de terre souffle une haleine chaude et mon cheval, rude et âpre comme le sel se cabre face à la montagne.
Enfin le vent du soir coule une giclée de citron frais sur les collines et ce fleuve immense aux reflets roses qui file grand large vers la mer – ample mouvement de ses méandres, inachevé, cours à l’apparence immobile mais forces profondes, latentes, terribles. Une obscurité de glaïeuls.
Maintenant, point nodal de l’existence, rien ne compte ici que les âmes et leurs écoulements réciproques et cette onde qui coule et nous relie. Fi du temps et de l’espace multipliés. Nous sommes de cette essence limpide et, de cap en cap jusqu’à la fraîcheur placide des futaies, cet échange d’ombre et de lumière, l’obscur et l’éclat enfin mêlés.
Un aigle pur et sage tournoie sur le faîte du monde. Sa proie s’inscrit dans son être comme une prolongation de lui-même.
De profondes vallées, dans une eau verte et noire, se détachent de la brume. Un pic insolite dresse sa palme sur le flot des hêtres. La forêt, noyée de pourpriers, ondule comme une flamme attisée par un souffle de forge qui inonde tout sur son passage.
Je suis né dans la lumière et ne connais pas de plus grand reposoir, la fraîcheur sourde de la terre, son humidité primordiale.
Des palais se découpent dans les nuages, plus amples et translucides à mesure que le regard s’aiguise et se love dans l’infini du bleu. Une brise légère et indécise virevolte entre les arbres. La lune, lointaine encore, court sur les cimes et telle une queue de comète avale les derniers brouillards.
Le ciel est pris de folie. Le feu s’est emparé de la pierre rougie par la fournaise et dégorge des combes entraînant le vent et le haut de la montagne dans un crépitement de couleurs.
La chute infinie des torrents gigogne précipite une écume blanche et aérienne dans de profonds ravins creusés de saphirs et d’herbes folles. Les sensations formant le fond de mon être, je crois être impénétrable.
La terre de Chine est élévation. Rien de plat. Tout porte ici au sublime. Le ciel a des langueurs océanes pour ce placenta ocre, ardent et cru, zébré de solitude et d’esprit divin.
Les flammes du couchant claquent leurs ombres mouvantes aux brumes du soir. Une longue déclinaison de nuages frise l’horizon. La lumière sépulcrale de la nuit n’effacera pas tout à fait la magie du lieu : ici sont les antres de la terre.
Comme des étoiles jetées en pâture qui cherchent leur devenir – ô le geste auguste du semeur ! - j’erre aux confins de cette orbe dont le centre est partout et la circonférence nulle part.
Ici je suis ivre de soleil, d’absence et de joie. La lumière est en moi, au cœur même, des nuages se lèvent et le feu des météores rejoint le sel de la terre.
Et cet âpre vent ne saurait corriger l’éclat du jour, si fin, si brillant, et puissant qu’il peut tout illuminer et détruire en une grappe de secondes.
Mauve obstacle à mon ennui, repentir du choix qui m’a amené jusqu’ici, des nuées accrochées à la montagne me dissimulent encore le grand débord du monde mais la plénitude – un nouvel ordre - est en moi ; je ne saurais être différent de ce que je suis.
Ici et maintenant, l’espace vide du monde et l’infinie densité du cosmos se confondent. Tout a été dit et il reste des mots encore.
Tout a été dit et le clair-obscur se recompose. Le feu est à la terre ce que la nuit est au ciel, cet instant ayant été. Pour toujours.
Comment se retourner sauf à se noyer dans le bleu de la nuit ? Les instants forment une farandole, des pépites versicolores, des passagers clandestins sur un horizon imaginaire, mais qu’importe ?
Alors que des minarets s’élèvent dans les couloirs du temps, l’Europe n’est qu’un prolongement de l’Asie, laquelle a tout créé et redeviendra le centre, le trou noir où tout fut posé, anéanti puis couvert d’une fine lumière blanche, d’un liseré doré où s’est émancipée l’espèce.
Le ciel bleu et pourpre naît strié de langues de feu et d’une caresse de soleil. Heureusement, l’univers n’a ni commencement ni fin. Le monde est une cavalcade où des chevaux endiablés escaladent et dévalent des pentes abruptes et baroques, peuplées d’animaux fabuleux, dans un grand remuement de vagues.
Temps. Amour. Quiétude. Les poètes fondent ce qui demeure. Éternellement en vie pour un jour d’exercice sur la terre.
Raymond Alcovère
Zao Wou Ki
00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, peinture, Zao Wou Ki, Raymond Alcovère
vendredi, 12 janvier 2007
Elan d'Art, appel à propositions
09:26 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, expo, appel à propositions, elan d'art
Carnets indiens, avec Nina Houzel (6)
Comment peut-on apprendre à se connaître soi-même ? Par la méditation, jamais, mais bien par l'action
Gandhi
Photo : Nina Houzel
00:10 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Carnets de voyage, Inde, photo, Nina Houzel, Gandhi
jeudi, 11 janvier 2007
Carnets indiens, avec Nina Houzel (7)
Inde, vents, mers, pays du plus lointain, l'esprit flotte, vents sereins, mirages légers, pays vertical
Photo : Nina Houzel
21:55 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Carnets de voyage, Inde, photo, Nina Houzel
Une sorte d'amitié
Jacques Chardonne
21:35 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, Jacques Chardonne
Carnets indiens, avec Nina Houzel (5)
« Donner de l’amour, les lâches ne le peuvent pas. C’est la prérogative des humains courageux."
Gandhi
Photo : Nina Houzel
11:36 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Carnets de voyage, Inde, photo, Nina Houzel, Gandhi, amour
Rallumez les Lumières !
« chaque texte a toujours été prévu pour jouer avec d’autres, dans un ensemble ouvert ultérieur [...] » a écrit Philippe Sollers dans son avertissement à Eloge de l'infini.
Le Nouvel Obs a récemment consacré un dossier au Siècle des Lumières. A lire ici
Diderot par Fragonard
00:40 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, peinture, Siècle des Lumières, Sollers, Diderot, Fragonard
Carnets indiens, avec Nina Houzel (4)
A travers la forêt des plaisirs sensoriels, rôde, en quête d'une proie, un tigre redoutable, que l'on appelle "le mental".
Viveka-çuda-Mani
Photo : Nina Houzel
00:20 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Carnets de voyage, Inde, photo, Nina Houzel
mercredi, 10 janvier 2007
Carnets indiens, avec Nina Houzel (3)
Sois comme la fleur, épanouis toi librement; et laisse les abeilles dévaliser ton coeur !
Bhagavad Gita
Photo : Nina Houzel
18:19 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Carnets de voyage, Inde, photo, Nina Houzel
Carnets indiens, avec Nina Houzel (2)
Dans Nocturne indien, il y a une photographe et un écrivain. Tout se passe à demi-mots. C'est un livre magique, magnifiquement construit. La vie de Tabucchi est un roman. Comme écrivain, il affectionne la forme brève. Dans une interview au Matricule des anges, il cite Cortazar : "L'écrivain des récits sait parfaitement que le temps est son ennemi". L'interviewer insiste : "Il y a dans vos récits des trous, des pans entiers d'histoire que le lecteur doit reconstituer". Tabucchi répond : "J'appelle le lecteur à la complicité, parce que quand on raconte une histoire on ne la connaît pas parfaitement, on ne peut pas tout dire; l'écrivain aujourd'hui a perdu la clairvoyance des écrivains du XIXe siècle, il n'est pas sûr de lui, de la réalité, il a besoin d'être appuyé par quelqu'un, le lecteur, mon semblable mon frère."
Raymond Alcovère
Photo : Nina Houzel
00:15 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, art, Carnets de voyage, photo, Inde, Nina Houzel
mardi, 09 janvier 2007
Sollers et l'Ars Magna
Signalé par le toujours vigilant Viktor Kirtov, le dernier numéro de la revue Ironie, lisible ici, propose une contribution assez fouillée sur l'alchimie dans les romans de Philippe Sollers. Avec notamment, à propos de "Une vie divine" qui met en scène M.N. : Monsieur Nietzsche, ceci :
"Empédocle enseignait encore que toute vie était due au mouvement né de la tension entre les deux forces bipolaires de l’amour et de la haine.
On songe ici à M. N., M. (AIME), N. (HAINE) !
Les lettres M et N sont les deux lettres centrales de notre alphabet. Elles viennent respectivement à la 13e place pour M (Arcane 13 du tarot : La Mort, la métamorphose, la mutation) et à la 14e place pour N (Arcane 14 du tarot : La Tempérance, l’équilibre, le juste milieu). Pour « aime » la mort, pour « haine » la tempérance. Avant le M, il y 12 lettres, après le N, il y en a également 12. Le bel équilibre entre le haut et le bas de l’alphabet."
11:35 Publié dans Sublime | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Esotérisme, Sollers, alchimie
Carnets indiens, avec Nina Houzel (1)
Je relis Noctune indien de Tabucchi. Il y a longtemps, ce livre m'avait impressionné, après j'avais lu presque tous les livres de Tabucchi. Avec lui les limites entre le réel et le rêve sont déplacées, on flotte entre les deux, on est bien dans cet inter-monde. Mais, alors que chez la plupart des écrivains qui habitent cette frontière indécise, on trouve plutôt de la froideur, chez lui l'émotion est toujours présente, palpable. Nocturne indien, c'est une histoire de voyage rêvé. J'aime les voyages rêvés. Je ne connais rien de l'Inde, je n'y ai jamais mis les pieds. Vers le milieu du livre, Tabucchi cite Victor Hugo, dans Les Travailleurs de la mer : "Le corps humain pourrait bien n'être qu'une apparence. Il cache notre réalité, il s'épaissit sur notre lumière ou sur notre ombre."
Raymond Alcovère
Photo : Nina Houzel :"Bangalore. Le parc de Lalbagh"
00:15 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, Carnets de voyage, photo, Inde, Nina Houzel
lundi, 08 janvier 2007
L'or du temps
Devant, ciel gris, âpre. Une chaleur insensible flotte. Le monde ne peut être paisible sans cette trouée lilas, monocorde, à fixer les nuages, les rendre transparents. La terre s’approfondit.
Une musique monte dans le lointain, symphonie élastique. Gammes bleues et mauves. La terre est prête à s’engouffrer dans l’océan. Terre blonde et vermeille. Un lit de terre.
Loin encore l’Europe est là, je la sens. J’y jette tous mes espoirs, je ne reverrai jamais les îles je crois. Pourquoi revenir en arrière ?
La symphonie de l’aurore jette une lumière ocre. Des plages longilignes dévorent la terre devant l’étrave du bateau.
Si j’étais peintre, je poserais mon chevalet ici. Le ciel étagé en rumeurs, les couleurs comme des bruits, des notes, qui s’attirent, se repoussent, s’aiment.
La nuit recouvre le monde d’un baume nourricier. Le fin halo de l’aube pose des reflets de nacre. La mer déferle et envahit. La plaine s’évase, roule ses méandres d’eau, de limon et de soleil.
La neige, fluide, volatile – jamais je n’avais rêvé un tel bonheur – lance un soubresaut de calme sur l’azur. L’air piqué de nuages, d’oiseaux blancs, déchiquette l’ombre.
La montagne, d’un coup fondue, disparue corps et âme, happée par le vent qui règne en maître. Le vent est le seul maître du ciel, de la terre et de la mer. Il attise les grandes passions et éteint les petites.
La scène se déroule sans ordre apparent. Une clarté dahlia, pulvérisée en fines gouttelettes mauves, disperse les derniers désordres de la nuit.
D’un coup de baguette magique, l’opéra déferle. Le chef d’orchestre, les bras chargés de neige, dirige la scène, pointant un doigt menaçant sur l’horizon.
Tout s’anime et se referme en un même mouvement. Le temps est immobile, dressé comme une forteresse en pleine lueur. Une symphonie du nouveau monde.
Une frondaison blanche s’est répandue, annonciatrice de temps nouveaux. Qui sait, la fin des temps est peut-être venue, ici, à la limite de l’océan, sur cet arrondi de la terre, archipel de hasard, de roc, de vent et de sable, noyé.
Déchaînement des éléments. La terre va s’engloutir, revenir à sa vérité première. Matière, fusion, évanouissements.
L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure. Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.
Raymond Alcovère
Paul Klee
00:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, peinture, Paul Klee, Raymond Alcovère