mardi, 12 octobre 2010
Le retour éternel
" Ce que tu veux, veuille-le de telle manière que tu puisses en vouloir le retour éternel "
Nietzsche
Zao Wou Ki, Composition bleue, lithographie
12:06 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : zao wou ki, nietzsche
Tout est mystère dans l’Amour
" Tout est mystère dans l’Amour, / Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance. "
La Fontaine
Zao Wou Ki, sans titre, 1967
11:41 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : la fontaine, zao wou ki
lundi, 19 mai 2008
Cézanne m'apprit à regarder la nature chinoise
11:38 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cézanne, zao wou ki, le sourire de cézanne
jeudi, 06 décembre 2007
"Cézanne m'apprit à regarder la nature chinoise"
A lire ici, sur pileface, un article de Viktor Kirtov : A partir de mon roman : "Le Sourire de Cézanne" et de cette citation de Zao Wou Ki, vous y trouverez des éléments sur ce peintre (dont une interview de France Huser) et diverses considérations sur la Chine.
11:51 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Zao Wou Ki, Cézanne, Pileface, Le Sourire de Cézanne
samedi, 13 janvier 2007
Densité du vide
Le ciel a courbé sa tête. Les fleurs desséchées du soleil tournoient en ombelles autour des cimes. Le brouillard se lève et repose du monde.
Des torsades de ciel blanchissent les rizières - attelages et paysans courbés sous la chaleur de juillet. Des murs de latérite jettent des ornières dans la plaine ombrée de nuit. Il pleut des flèches de soleil acerbes comme des sagaies et drues comme un nuage de sauterelles.
Un vent de terre souffle une haleine chaude et mon cheval, rude et âpre comme le sel se cabre face à la montagne.
Enfin le vent du soir coule une giclée de citron frais sur les collines et ce fleuve immense aux reflets roses qui file grand large vers la mer – ample mouvement de ses méandres, inachevé, cours à l’apparence immobile mais forces profondes, latentes, terribles. Une obscurité de glaïeuls.
Maintenant, point nodal de l’existence, rien ne compte ici que les âmes et leurs écoulements réciproques et cette onde qui coule et nous relie. Fi du temps et de l’espace multipliés. Nous sommes de cette essence limpide et, de cap en cap jusqu’à la fraîcheur placide des futaies, cet échange d’ombre et de lumière, l’obscur et l’éclat enfin mêlés.
Un aigle pur et sage tournoie sur le faîte du monde. Sa proie s’inscrit dans son être comme une prolongation de lui-même.
De profondes vallées, dans une eau verte et noire, se détachent de la brume. Un pic insolite dresse sa palme sur le flot des hêtres. La forêt, noyée de pourpriers, ondule comme une flamme attisée par un souffle de forge qui inonde tout sur son passage.
Je suis né dans la lumière et ne connais pas de plus grand reposoir, la fraîcheur sourde de la terre, son humidité primordiale.
Des palais se découpent dans les nuages, plus amples et translucides à mesure que le regard s’aiguise et se love dans l’infini du bleu. Une brise légère et indécise virevolte entre les arbres. La lune, lointaine encore, court sur les cimes et telle une queue de comète avale les derniers brouillards.
Le ciel est pris de folie. Le feu s’est emparé de la pierre rougie par la fournaise et dégorge des combes entraînant le vent et le haut de la montagne dans un crépitement de couleurs.
La chute infinie des torrents gigogne précipite une écume blanche et aérienne dans de profonds ravins creusés de saphirs et d’herbes folles. Les sensations formant le fond de mon être, je crois être impénétrable.
La terre de Chine est élévation. Rien de plat. Tout porte ici au sublime. Le ciel a des langueurs océanes pour ce placenta ocre, ardent et cru, zébré de solitude et d’esprit divin.
Les flammes du couchant claquent leurs ombres mouvantes aux brumes du soir. Une longue déclinaison de nuages frise l’horizon. La lumière sépulcrale de la nuit n’effacera pas tout à fait la magie du lieu : ici sont les antres de la terre.
Comme des étoiles jetées en pâture qui cherchent leur devenir – ô le geste auguste du semeur ! - j’erre aux confins de cette orbe dont le centre est partout et la circonférence nulle part.
Ici je suis ivre de soleil, d’absence et de joie. La lumière est en moi, au cœur même, des nuages se lèvent et le feu des météores rejoint le sel de la terre.
Et cet âpre vent ne saurait corriger l’éclat du jour, si fin, si brillant, et puissant qu’il peut tout illuminer et détruire en une grappe de secondes.
Mauve obstacle à mon ennui, repentir du choix qui m’a amené jusqu’ici, des nuées accrochées à la montagne me dissimulent encore le grand débord du monde mais la plénitude – un nouvel ordre - est en moi ; je ne saurais être différent de ce que je suis.
Ici et maintenant, l’espace vide du monde et l’infinie densité du cosmos se confondent. Tout a été dit et il reste des mots encore.
Tout a été dit et le clair-obscur se recompose. Le feu est à la terre ce que la nuit est au ciel, cet instant ayant été. Pour toujours.
Comment se retourner sauf à se noyer dans le bleu de la nuit ? Les instants forment une farandole, des pépites versicolores, des passagers clandestins sur un horizon imaginaire, mais qu’importe ?
Alors que des minarets s’élèvent dans les couloirs du temps, l’Europe n’est qu’un prolongement de l’Asie, laquelle a tout créé et redeviendra le centre, le trou noir où tout fut posé, anéanti puis couvert d’une fine lumière blanche, d’un liseré doré où s’est émancipée l’espèce.
Le ciel bleu et pourpre naît strié de langues de feu et d’une caresse de soleil. Heureusement, l’univers n’a ni commencement ni fin. Le monde est une cavalcade où des chevaux endiablés escaladent et dévalent des pentes abruptes et baroques, peuplées d’animaux fabuleux, dans un grand remuement de vagues.
Temps. Amour. Quiétude. Les poètes fondent ce qui demeure. Éternellement en vie pour un jour d’exercice sur la terre.
Raymond Alcovère
Zao Wou Ki
00:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, peinture, Zao Wou Ki, Raymond Alcovère