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mercredi, 26 juillet 2006

Un diamant

Les collines verdoyaient, fleurissaient à profusion des campanules d’un bleu comme des yeux d’enfant, dans les champs de Koïwaï, les tiges du fourrage et de l’avoine cliquetaient en étincelant. A présent, c’était le vent du sud qui soufflait. Le printemps avait complètement transformé le léger duvet des deux anémones en une frange vivante de poils argentés. Dans les prés,  des feuilles de peupliers couleur d’étain voltigeaient, quand les herbes émettaient une lumière bleue et dorée, les deux barbichettes d’argent des anémones tremblaient, prêtes désormais à s’envoler. Un vent froid et transparent comme de l’eau s’insinuait soyeusement entre les feuilles desséchées et les ombres très noires des nuages se réfléchissaient en contours vifs sur la couronne d’argent du mont Iwaté.

Kenji Mijazawa, Le Diamant du Bouddha

16:12 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Miyazawa

Vivre sans lecture

Vivre sans lecture c'est dangereux, il faut se contenter de la vie, ça peut amener à prendre des risques.

Michel Houellebecq

10:09 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : lecture, Houellebecq

mardi, 25 juillet 2006

Autoportrait

"Dans tout autoportrait, il faudrait avoir l'élégance de se retirer" (Julio Cortazar)

15:50 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Autoportrait, Cortazar

Journal

Journal de Kafka à la page du 2 août 1914 :"L'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Après-midi : piscine".

Fans de foot et voleurs d'enfance

A lire ici une belle diatribe de Christophe Gallaz dans Libé

Ou là le point de vue de Qwyzyx

lundi, 24 juillet 2006

La façon dont on se tend la main

medium_Visiondesainteheleneveronese.jpgMon pays mon visage,
la haine et puis l'amour
naissent à la façon dont on se tend la main.

Nadia Tueni

Paolo Veronese

21:06 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Tueni, Veronese

Mon pays bien plus doux que l'épaule qu'on aime

Ce vers est extrait d'un poème de Nadia Tueni, poètesse libanaise, à lire ici, sur le blog de Kalima

15:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, Liban

Il en est des baisers

Il en est des baisers comme des confidences : ils s'attirent, ils s'accélèrent, ils s'échauffent les uns par les autres. En effet, le premier ne fut pas plus tôt donné, qu'un second le suivit, puis un autre : ils se pressaient, ils entrecoupaient la conversation, ils la remplaçaient ; à peine enfin laissaient-ils aux soupirs la liberté de s'échapper. Le silence survint ; on l'entendit (car on entend quelquefois le silence) : il effraya. Nous nous levâmes sans mot dire, et recommençâmes à marcher. « Il faut rentrer, dit-elle, l'air du soir ne nous vaut rien.

Vivant Denon, Point de lendemain, édition de 1812

dimanche, 23 juillet 2006

La bougie


medium_la_anunciacion.jpgLa nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d'ombre.
Sa feuille d'or tient impassible au creux d'une colonnette d'albâtre par un pédoncule très noir.
Les papillons miteux l'assaillent de préférence à la lune trop haute, qui vaporise les bois. Mais brûlés aussitôt ou vannés dans la bagarre, tous frémissent aux bords d'une frénésie voisine de la stupeur.
Cependant la bougie, par le vacillement des clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées originales encourage le lecteur, - puis s'incline sur son assiette et se noie dans son aliment.

Francis Ponge, Le parti pris des choses Gallimard 1942

Tintoretto, l'Annonciation

samedi, 22 juillet 2006

En montagne

medium_impression.jpgDu vallon broussailleux, des rochers blancs émergent ;

Epars dans le ciel froid, quelques feuillages rouges...

Sur le sentier de la montagne, il n'a pas plu ;

Mais l'azur de l'espace inonde mes habits.

Wang Wei 

Claude Monet

15:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Wang Wei, poésie, Chine, Monet

La Révolution

medium_odalisque1857.jpg"La Révolution a été faite par des voluptueux"

Baudelaire

Delacroix, Odalisque

vendredi, 21 juillet 2006

La clef et le résumé parfait de tous les autres

medium_women_pl_20tintoretto.jpgUne autre superstition de ces âges est arrivée jusqu'à nous : celle de l’Homme du Livre. Sur quelque étagère de quelque hexagone, raisonnait-on, il doit exister un livre qui est la clef et le résumé parfait de tous les autres : il y a un bibliothécaire qui a pris connaissance de ce livre et qui est semblable à un dieu. Dans la langue de cette zone persistent encore des traces du culte voué à ce lointain fonctionnaire. Beaucoup de pèlerinages s'organisèrent à sa recherche, qui un siècle durant battirent vainement les plus divers horizons. Comment localiser le vénérable et secret hexagone qui l'abritait ? Une méthode rétrograde fut proposée : pour localiser le livre A, on consulterait au préalable le livre B qui indiquerait la place de A ; pour localiser le livre B, on consulterait au préalable le livre C, et ainsi jusqu’à l'infini... C'est en de semblables aventures que j'ai moi-même prodigué mes forces, usé mes ans. Il est certain que dans quelque étagère de l'univers ce livre total doit exister ; je supplie les dieux ignorés qu'un homme – ne fût-ce qu’un seul, il y a des milliers d'années – l'ait eu entre les mains, l'ait lu. Si l'honneur, la sagesse et la joie ne sont pas pour moi, qu'ils soient pour d'autres. Que le ciel existe, même si ma place est l'enfer. Que je sois outragé et anéanti, pourvu qu'en un être, en un instant, Ton énorme Bibliothèque se justifie.

J.L. Borges, La bibliothèque de Babel

Tintoretto

Une chaîne secrète

« L’auteur s’est donné l’avantage de pouvoir joindre de la philosophie, de la politique et de la morale à un roman, et de lier le tout par une chaîne secrète et, en quelque façon, inconnue. »

Montesquieu, Les lettres persanes

Repose

"Repose et ne nourris plus d’autres desseins que de dormir au bord de la rivière pendant que le lac s’évapore".

C.F. Ramuz

13:42 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, Ramuz

jeudi, 20 juillet 2006

Hors du monde

" J'ai vécu hors du monde, ce qui m'a permis d'échapper à certaines désillusions des hommes de mon âge. Ils étaient attachés à des idées que les événements ont cruellement démenties. De sorte qu'ou bien ils ne sont plus attachés à rien ou bien ils ne le sont qu'à des formes vides auxquelles, seule, leur situation officielle, car ils appartiennent à la génération qui aujourd'hui détient le pouvoir, leur permet de maintenir un semblant de vie. N'ayant pas suivi la mode, il se trouve que je ne suis pas démodé. N'ayant pas été attaché, il se trouve que je ne suis pas détaché. Ni libéral, ni radical, ni bourgeois, ni capitaliste (surtout pas capitaliste). "

Ramuz

mercredi, 19 juillet 2006

Les provinces

Poésie délicieuse des noms de provinces :françaises : Aunis, Saintonge, Bourbonnais, Vivarais, Maine, Berry, Gévaudan, Comtat-Venaissin, Hainaut, Grésivaudan, Bigorre, Quercy, Biscaye, Cerdagne, Guyenne, Velay , Gâtinais…

mardi, 18 juillet 2006

La censure

« La censure est détestable à deux niveaux : parce qu’elle est répressive, parce qu’elle est bête ; en sorte qu’on a toujours envie, contradictoirement, de la combattre et de lui faire la leçon. »

Roland Barthes

Berthe Morisot

medium_Lady_at_her_Toilette.jpgLes formes sont toujours vagues dans les tableaux de Mme Berthe Morisot, mais une vie étrange les anime. L’artiste a trouvé le moyen de fixer les chatoiements, Les lueurs produites sur les choses et l’air qui les enveloppe…le rose, le vert pâle, la lumière vaguement dorée, chantent avec une harmonie inexprimable. Nul ne représente l’impressionnisme avec un talent plus raffiné, avec plus d’autorité que Mme Morisot.
Gustave Geoffroy, « L’exposition des artistes indépendants », in La Justice, 19 avril 1881

Le Musée de Lodève organise, du 17 juin au 29 octobre 2006, une importante exposition consacrée à BERTHE MORISOT intitulée « Berthe Morisot Regards pluriels ».

lundi, 17 juillet 2006

Colère

 « Le premier effet de la colère est précisément celui de priver l’esprit de la faculté de penser » écrit Casanova dans ses Mémoires, à propos d’une servante qui vient de se servir de trois de ses cahiers où il vient d’écrire justement ses Mémoires comme papier pour le ménage, sous prétexte que « les papiers étaient usés et griffonnés, avec même des ratures ». Casanova ajoute un peu plus loin : « J’ai cela de bon que chez moi la colère est de très peu de durée ». « J’ai pris le parti d’écrire de nouveau de mauvaise humeur, et par conséquent très mal, ce qu’étant de bonne humeur j’avais dû avoir écrit assez bien ; mais mon lecteur peut s’en consoler, car, comme les mécaniciens, il gagnera en temps ce qu’il perdra en force ».

La liberté de dire et d'écrire ce que nous pensons

"La liberté de dire et d'écrire ce que nous pensons est une faveur trop précieuse pour ne pas provoquer la jalousie du destin" : Alina Reyes note cette phrase de Julien Green dans son Journal, une de ces phrases - et ça a été le cas pour elle - qui relancent l'écriture d'un texte, comme la clé magique qu'on attendait au bon moment pour continuer d'avancer. Celle-ci est parfaite justement, forte, énigmatique, elle ouvre des espaces, donne envie de lutter justement, de plonger dans ce mouvement d'adhésion et de combat simultané qu'est l'écriture.