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jeudi, 22 mai 2008

Tels qu'un dieu... (Rimbaud sera toujours le plus grand)

1651670711.jpgD'un gradin d'or - parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, - je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes d'argent, d'yeux et de chevelures.
Des pièces d'or jaune semées sur l'agate, des piliers d'acajou supportant un dôme d'émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d'eau.
Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.

Rimbaud, Illuminations (1874) : Fleurs

Manuscrit de Voyelles

mardi, 20 mai 2008

Du rififi en Rimbaldie

Un inédit de Rimbaud, « Le rêve de Bismarck », lire ici

14:00 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rimbaud, poésie, inédit

Entre tonnerre et éclairs

318718002.jpgEntre tonnerre et éclairs mon rêve tremble

Sa sève féconde se dilue dans mon sang

Ce qui reste de cette saveur descend au plus profond et s’écroule en moi comme un naufrage

Elle contient le monde

Les animaux, ivres de gestes et de cris éperdus

S’accordent une trêve imprévue

Tout se met en mouvement sans rien briser

Des insectes sortent en trombe par des portes de pluie

Des ombres sans âge plus hautes que les nuages se tapissent pour y continuer à vivre

Des papillons de feu prennent la forme de fleurs fanées A peine l’orage passe, déjà vient l’aube

Elle s’étend sur notre mémoire perdue

Tous nos frères sont morts derrière nos paupières

Nos yeux ouverts ne rencontrent que le vide

Il avance et recule en libérant les couleurs de la vie

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 


Peinture de Antonio Andivero

Samedi 24 mai 2008 - à partir de 20h30 
exposition de peintures et dessins
présentation et signature du livre
« le paradis des mutants » 
20h30 : « Le paradis des mutants » - poème et dessins Antonio Andivero - J-P Huguet éditeur
21h30 : lecture
23h00 : tango 
3 rue Raymond Fassin 92240 Malakoff  09 79 55 61 90 

http://www.ackenbush.com
à 5' du M° Malakoff-Plateau de Vanves ou depuis la Porte Brancion
 
l'exposition sera ouverte du dimanche 25 au samedi 31 mai de 14h à 19h sauf le mardi 
 
Né à Montevideo, Uruguay, Antonio Andivero vit et travaille en France depuis 1975.
On trouve ses oeuvres dans les musées d'art contemporain de Montevideo, Buenos Aires, Quito, Bogota, Madrid...et dans de nombreuses collections particulières ou d'entreprises (European Space Agency, NASA, Matra Space...).
Son univers échappe à la pesanteur et la navette spatiale américaine a emporté, le 28 avril 1990, 250 de ses gravures à l'occasion du lancement du télescope Hubble.
"Un monde minéral, végétal, animal, sidéral. Un monde fossilisé ou vivant, perceptible ou imperceptible, réel ou fictif. Des modifications sémantiques des apparences visant le choc mental et l'éveil de la luminosité, puis de la passion. Des cités cristallines flottantes, arborescentes. Images d'opacité et de limpidité.
Univers atemporel où se mêlent des références au passé, au présent, à l'avenir. Un nœud de Mœbius où l'envers et l'endroit ne font qu'une seule réalité figurée."
Egidio ALVARO

lundi, 19 mai 2008

Ecrire l’histoire

418213902.jpgA l’heure ou nous sortions transis de froid et de misère des veilles brumeuses

Fenêtres et portes se sont ouvertes en éclats de sourire

Des yeux braqués sur le réveil se bousculent pour boire un jus de soleil

Le parfum de la liberté flotte d’un bout à l’autre de la ville

Des vieilles indiennes tatouées sorties pour la première fois de chez elles, se frottent les yeux en pleurant

Des trous du silence, sortent des abeilles

Elles volent d’une seule aile, au ralenti

Sur une nappe tendue par le vide les petits enfants dessinent des maisons

Les vierges revenues des berges déblaient les ruelles des ossements de nos ancêtres pour en faire des tombes

Les arbres se plient et chuchotent des mots revenus d’une mémoire ancienne

Il nous appartient maintenant d’écrire l’histoire

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 

Willem de Kooning
Two trees on Mary Street . . . Amen! 1975

samedi, 17 mai 2008

Maintenant que chacun te caresse...

287618903.jpgMaintenant que chacun te caresse pour se rassurer, je me vante de t’avoir découvert le premier

Pourtant, c’est le contraire

Je me souviens quand tu gisais 

Sur le sol je t’ai soulevé

Et posé sur mes épaules

C’était pendant la révolution

Les gens las d’avoir rêvé plutôt que vécu

Prenaient la fuite

 

Oui je me souviens de ce temps de chien

Il pleuvait

Et je craignais pour toi

A cause de ta blessure qui saignait

Tu avais a peine seize ans je crois

 

Tu affrontas mon regard et tu pleurais

Je savais qu’il me faudrait coûte que coûte te soigner

Maintenant que nous sommes libres

Dans notre pays

Je me vante de t’avoir rencontré et aimé

Mais la mort t’a emmené

 

Où es-tu passé mon amour ?

Ou es ton sourire de neige ?

 

Figée je reste derriere ma fenêtre

Où je sens ta présence

Mais je ne te trouve plus

Je ne te vois plus

Si nous nous étions arrêtés

Dans cette maison à la lisière de la forêt

 

L’homme qui etait là aurait pu te sauver

 

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 

Photo de Gildas Pasquet

 

vendredi, 16 mai 2008

Toute la nuit...

1967033089.jpgToute la nuit nous avons ramé jusqu’au large

Aux mains du vent

Et rapatrié de la panse intime de la mer des cercueils mayas

Gravés en idéogrammes

 

Sur le sable

Nous avons recompté

Les syllabes

Plus jaunes que la rouille

 

Au moment de dire le nom

Des bourreaux ont surgi

Et s’avancent vers nous

L’ennemi qu’on n’attendait pas commence par effacer le verbe signe de notre identité

Peine perdue de tout un siècle 

Où l’amertume nous abat dans un vertige inouï

 

Nous avons fui dans le ravin avec des serpents

Malgré les nuits tumultueuses

Nous nous sommes endormis transis

Blottis les uns contre les autres comme des chimpanzés.

 

Aucun ne s’éveilla

Personne ne s’intéressa à nous

Seul dieu nous veillait

 

Nous avons perdu notre langue

Mais nous ne capitulerons pas,

Nous résisterons en rêvant d’autres mondes possibles

Les serpents et les bêtes affolées seront nos alliés.

 

Sandy Bel, poète amérindienne

Contact 

Peinture de Annie Caizergues 

lundi, 12 mai 2008

Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent

1397232022.jpg"Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,

Chargé de toile, et va roulant

Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent."

Baudelaire

Caspar David Friedrich, Das Segelschiff, ca 1815

Prix d’édition poétique de la VILLE de DIJON 2009

ASSOCIATION LES POETES DE L’AMITIE
Prix d’édition poétique de la
VILLE de DIJON  2009


Délai de participation :
30 septembre 2008
Adresser 6 exemplaires d’un manuscrit en langue française ( 48 à 56 pages)
accompagnés de 3 enveloppes timbrées à votre adresse à :

Prix d’édition poétique de la Ville de Dijon
B.P.65 - 21021 Dijon Cedex
Le manuscrit primé est édité à 500 exemplaires, dont 150 sont remis au lauréat,100 mis à la disposition des Services culturels de la Mairie de Dijon, le reste servant  au service de Presse et à la vente par l’Association Les Poètes de l’Amitié.
REMISE DU PRIX DANS LE CADRE
DU PRINTEMPS DES POETES EN MARS 2009

 Voir également :          http://des-passantes.over-blog.com/

N.B. : pour recevoir le Prix d’Edition 2008 (Sonnets de Lieux mêlés, de Laurent DESVOUX), adresser un chèque de 8 Euros – adresse ci-dessous)


Avec les remerciements du secrétaire du Prix .
Jean-Michel lévenard
25 rue Rimbaud
21000 Dijon
jean-michel.levenard@laposte.net

dimanche, 04 mai 2008

Usé par la pluie

Tenant le fusil de mon père dans la main gauche
je le fais passer dans la fumée de *sweetgrass,
puis mets la cartouche remplie d’un calibre six pour oiseaux
au contact de la blessure dans ma chair qui ne se refermera pas.
Il fait sombre, les nuages sont en selle sur une lune affamée
trois jours après sa plénitude, pas un souffle de vent,
j’enfonce la cartouche dans la chambre
puis lève la crosse à mon épaule.
Je pointe le canon vers le ciel endeuillé,
en direction du sud-est , puis je dis
Grand Père*, j’envoie ceci de l’endroit
où il est venu, que la guérison commence.
Le bruit sourd de la détonation résonne dans mes oreilles.
L’odeur de cordite est aussi douce que celle du silex frappé
et quelque part, après ce tonnerre, décrivant une courbe,
une étoile verte en colère tombe.
Cette nuit, cinq hivers après son décès,
Je rêve encore de la voix de mon père.
Takwanipihisan, dit-il. Un guide
lui avait donné ce nom dans le Nouveau monde.
Et maintenant apparaît
celui des temps anciens, la promesse des temps de paix,
celui dont le nom fut donné par Le Peuple De L’Aube,
parce qu’il parle des couleurs du ciel

Joseph Bruchac, écrivain amérindien


takwanipihisan  "  Manteau Usé Par La Pluie . "
* Sweetgrass : herbe sacrée que les Indiens brûlent afin que sa fumée purifie. Nom scientifique : Hierochloe Odorata


Grandfather : mot utilisé pour les invocations au ciel. Les Indiens disent familièrement Grand-Père le ciel, Grand-Mère la lune.

mercredi, 23 avril 2008

Le bleu des pins fraîchit

357749106.jpg"A la couleur du soleil, le bleu des pins fraîchit."

Wang Wei

Paul Cézanne. Grand Pin et Terres rouges.
1890-1895. Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).

01:36 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, poésie, wang wei, cézanne

Au moins mille années

1284369773.jpg"Qui boit tous les jours à la Source d'or vivra au moins mille années"

Wang Wei

lundi, 21 avril 2008

Haïku

1065269324.jpgJ'ai vu une herbe folle

Quand j'ai su son nom

Je l'ai trouvé plus belle

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 18 avril 2008

Temple du sommet

33917015.gifTemple du Sommet, la nuit :

Lever la main et caresser les étoiles.

Mais chut ! baissons la voix :

Ne réveillons pas les habitants du ciel.

Li Po

Peinture de Lambert Savigneux

dimanche, 13 avril 2008

N'ayez point pitié

651199966.jpgFumez marais

les images rupestres de l'inconnu
vers moi détournent le silencieux crépuscule
de leur rire

Fumez ô marais cœur d'oursin
les étoiles mortes apaisées par des mains merveilleuses
jaillissent
de la pulpe de mes yeux
Fumez fumez
l'obscurité fragile de ma voix craque de cités
flamboyantes.
et la pureté irrésistible de ma main appelle
de loin de très loin du patrimoine héréditaire
le zèle victorieux de l'acide dans la chair
de la vie - marais -

telle une vipère née de la force blonde de l'éblouissement.

Aimé Césaire

Frédérique Azaïs-Ferri : Passion de mai

jeudi, 27 mars 2008

Tenir le monde entre mes doigts de silence

921007744.jpgTerre de collines. Ocre et rouge. Achevalé sur ma monture, je parcours les steppes. Les ombres jouent avec les replis de la terre, le gris de la roche avec le bleu des montagnes.

Alpha et oméga du monde, rien ne semble avoir été posé ici par hasard. Ni les vallées, ni les lacs, ni les temples. Vallées fumeuses de brume, étagées de rizières. Pays cosmique. Vérité inscrite dans les pierres. Élan de la pensée. Le tumulte s’est arrêté.

Le dénuement de la pierre, de la terre ici, me plaît, j’aime ce désordre lent des vallées, l’air de solitude qui flotte sur les collines.

Reflets velours, incarnat du couchant, montagnes au loin, calquées en lignes bleues. Grand remuement de vagues, statufiées.

Oiseaux blancs qui couvent la terre spongieuse, virevoltant. D’autres lignes, d’autres montagnes donnent de l’épaisseur au ciel safran, une profondeur de champ.

Les grandes étendues désertiques de la Chine du Nord sont le lit de mes rêves. Une harmonie bienveillante s’est posée ici. Je peux rester des  heures entières seul au milieu des plaines, à fouir du regard les détours de l’horizon.

Blondeur des collines. Pureté froide, odeurs de sapins. Grandes étendues dorées du pays des glaces. Vagues de givre giflant la peau tendue de froid. Lucidité coupante de l’air.

Voici un temple taoïste,  juché sur une colline. Encorbellements de la pierre. Les rizières au loin dessinent leurs courbes lentes. Après-midi tiède et vert.

Seuls les temples, juchés sur des collines, tracent le passage de l’homme. Le désir d’immobilité et de silence innervé dans cette terre est proche de l’hallucination. Mon existence tout d’un coup me semble artificielle. L’action que je mène bien vaine. Découverte de l’espace. Le temps est une pluie de guirlandes sur la mer.

 Pourquoi être si près du monde et si loin des siens ? Rien ne peut me retenir à la terre. Devant cette solitude étoilée, mes pensées vont vers vous, si loin, et que j’aime. Puissé-je traverser ces océans et tenir à nouveau le monde entre mes doigts de silence.

Raymond Alcovère, 2002, photo de Gildas Pasquet

jeudi, 20 mars 2008

Le vent du printemps

Le vent du printemps

Disperse les fleurs de mon rêve.

Eveillé, mon coeur en tremble encore.

 

Les nuages en travers des cîmes,

Sont emportés par le vent.

A l'aurore

Crient les oies sauvages

Qui fuient par-dessus les montages

Moine Saigyô

00:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, printemps, saigyo

lundi, 18 février 2008

Prophétie

e0712e7d536176b13be0c023b6d744a9.jpg Là
où l'aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois


là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux



là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève
à rebours la face du temps
là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain
à l'espoir et l'infant à la reine,


d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d'avoir gémi dans le désert
d'avoir crié vers mes gardiens
d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes


46cafca5836a062645e76864e595b5dc.jpgje regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l'air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.


Aimé Césaire

Photos de Gildas Pasquet

 

jeudi, 14 février 2008

Est-ce qu'on tue le Remords

9b7ecbf4dd14807ae4a6a713ed49df9d.jpgPartir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

Aimé Césaire

Photo : Gildas Pasquet

mardi, 05 juin 2007

Et l'encre bleue

5c5e134a91314494a91f65576b8a8e04.jpgAmour amour

Il n'y a que l'amour

Et l'encre bleue

Et ce songe creux d'écrire

 

De Kooning

mercredi, 11 avril 2007

J'écrivais des silences

 medium_Email0362.4.jpgCe fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.

Rimbaud, Une saison en enfer

Tableau de Frédérique Azaïs