Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 27 décembre 2008

En lisant Paradis de Philippe Sollers

eh madame la charcutière vous avez des pieds de porc oui oh mais alors ça doit vous gêner pour marcher c'est malin foutez-moi le camp petit imbécile

Le jour va se lever

flora.jpgLe jour va se lever, je vais aller prendre un café Galleria Umberto I, histoire de croire encore un peu à la réalité. Bruits de réveil dans la ville. La “madrugada”, le meilleur moment de  la journée. L’air du matin a toujours cette saveur  particulière, crépitement de bruits, enfants qui pleurent, vaisselle qui teinte. Dans les bassi, les lumières clignotent. L’odeur de la nuit est encore là, stagnante, fraîcheur de la mer, proche, rassurante. Dans le dédale des rues, le jour s’est insinué, furtif. Les vaguelettes roulent les galets sur la plage, dans un bruit d’osselets.  Premières salves de klaxons, ronflements de moteurs, rythmés par les cloches des églises, de loin en loin. Pour quelques minutes encore la ville a cet aspect irréel, magique de la vie engourdie. Tout est encore informe, en devenir.

Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman

Flora (ou Primavera), fresque du 1er siècle issue de la Villa Arianna, Stabies, Italie
peinture murale, 39 x 32 cm

Les Noces de Cana bis

Cana0.jpgCalembour extrait de Paradis, de Philippe Sollers, et Véronèse, Les Noces de Cana, détail

mercredi, 24 décembre 2008

Premières phrases célèbres

Je hais les voyages et les explorateurs.

Claude Levi-Strauss, Tristes Tropiques

mardi, 23 décembre 2008

Comme un homme nu au milieu de gens habillés

kafka.jpg« Nous sommes tous en apparence capables de vivre parce que nous avons eu un jour ou l’autre recours au mensonge, à l’aveuglement, à l’enthousiasme, à l’optimisme, à une conviction ou à une autre, au pessimisme ou à quoi que ce soit. Mais lui est incapable de mentir, tout comme il est incapable de s’enivrer. Il est sans le moindre refuge, sans asile. C’est pourquoi il est exposé, là où nous sommes protégés. Il est comme un homme nu au milieu de gens habillés."

Milena, lettre à Max Brod

lundi, 22 décembre 2008

Oui l'heure nouvelle est au moins très sévère

cavalier_polonais.jpgOui l'heure nouvelle est au moins très sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.


Rimbaud, Une Saison en enfer

Rembrandt, Le Cavalier polonais

A propos de ce tableau :

Le tableau a été découvert en 1897 en Pologne, plus de deux siècles après sa création, sans que l’on sache l’histoire de ce tableau entre temps, ni qui est l’énigmatique cavalier...

Lire ici

samedi, 20 décembre 2008

Etincelle d'or de la lumière nature

DanaeJanGossaert.jpgEnfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature

Rimbaud

Danae, Jan Gossaert, 1527

Qui fut Jan Gossaert ? Un acteur important de la vie artistique dans l'essor de la Renaissance dans les Pays-Bas, une peintre de talent qui fut au service des Princes et notamment de Philippe de Bourgogne. Gossaert est un personnage historique puisqu'il fut le premier peintre à faire le voyage à Rome dans le but de copier des antiques. Et l'on sait combien cette pratique d'apprentissage eut la vie longue dans les siècles qui ont suivi. On connait parfois mieux Gossaert sous son pseudonyme, celui de Mabuse, cependant les détails sur sa vie privée sont laconiques. Hormis ce voyage, on connait peu de choses sur lui et il demeure un mystère dans l'histoire de l'art.

Source le Blog-Art

jeudi, 18 décembre 2008

Un écrivain sans corps ?

1868_Gustave_Courbet_-_The_Source_(Detail).jpgVoici un texte bien étrange de Eric Chevillard dans l'Autofictif :

L’écrivain était mieux préparé que quiconque à vivre dans les mondes virtuels d’Internet. Il avait ses songes, ses personnages. Il a maintenant des amis et des correspondants dans cette sphère idéale. Il se passe très bien des corps, du frottement rugueux du réel, de ses contrariétés, de ses contretemps. Il peut enfin être à la fois visible et invisible, présent et absent. Son monde se dématérialise. Il se meut dans le cristal liquide comme poisson dans l’eau.

Se passer des corps ? Est-ce encore de l'écriture ?

Gustave Courbet

mardi, 16 décembre 2008

Enfance

DSC07807.JPGCette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la fable, mexicaine et flamande ; son domaine, azur et verdure insolents, court sur des plages nommées, par des vagues sans vaisseaux, de noms férocement grecs, slaves, celtiques.
À la lisière de la forêt les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, la fille à lèvre d'orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.

Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer ; enfantes et géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés jeunes mères et grandes sœurs aux regards pleins de pèlerinages, sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses.
Quel ennui, l'heure du "cher corps" et "cher cœur".

Rimbaud, Illuminations, Enfance I

Delbar Shahbaz, childhood,

size:135-180cm
mixmedia
ringlet tree

samedi, 13 décembre 2008

Parce qu'il ne faut pas que ce soit parlé

arton97.jpg- Pourquoi admet-on le bonnheur des peintres et pas celui des écrivains ?

- Ah, voilà.

- Mais pourquoi ?

- Parce qu'il ne faut pas que ce soit parlé.

Philippe Sollers, Le Coeur absolu

Matisse

jeudi, 11 décembre 2008

La vibration

cezanne-paul-007.jpgLéonore travaille à son livre. Voir c’est capter l’esprit du monde, le sensible. Peindre, saisir du regard l’ensemble, le devenir. Ce sera la vibration chez Cézanne, l’amour ingénu chez Chagall, la sensualité, sa finesse chez Titien, la compassion chez Greco, l’harmonie chez Poussin. Regard qui perce l’univers, trouve le lien, le point nodal. Rembrandt l’ombre, Caravage la rage, Fragonard la volupté. Cézanne la plénitude. Il échafaude, construit, lentement, pièce après pièce, le puzzle de la lumière. Posée comme équation fondamentale, elle vibre, éclatante, jubilatoire, sur la toile. Aucun peintre ne s’en est approché autant, peut-être.

Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b

Paul Cézanne, Le Château noir

 

lundi, 08 décembre 2008

Il faut maintenant se figurer

acropole_1206397284.jpgIl faut maintenant se figurer tout cet espace tantôt nu et couvert d'une bruyère jaune, tantôt coupé par des bouquets d'oliviers, par des carrés d'orge, par des sillons de vignes ; il faut se représenter des fûts de colonnes et des bouts de ruines anciennes et modernes, sortant du milieu de ces cultures ; des murs blanchis et des clôtures de jardins traversant les champs ; il faut répandre dans la campagne des Albanaises qui tirent de l'eau ou qui lavent à des puits les robes des Turcs ; des paysans qui vont et viennent, conduisant des ânes, ou portant sur leur dos des provisions à la ville ; il faut supposer toutes ces montagnes dont les noms sont si beaux, toutes ces ruines si célèbres, toutes ces îles, toutes ces mers non moins fameuses, éclairées d'une lumière éclatante. J'ai vu, du haut de l'Acropolis, le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette : les corneilles qui nichent autour de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet, planaient au-dessous de nous ; leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rose par les premiers reflets du jour ; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l'ombre le long des flancs de l'Hymette, et annonçaient les parcs ou les chalets des abeilles ; Athènes, l'Acropolis et les débris du Parthénon se coloraient de la plus belle teinte de la fleur du pêcher ; les sculptures de Phidias, frappées horizontalement d'un rayon d'or, s'animaient et semblaient se mouvoir sur le marbre par la mobilité des ombres du relief. Au loin, la mer et le Pirée étaient tout blancs de lumière ; et la citadelle de Corinthe, renvoyant l'éclat du jour nouveau, brillait sur l'horizon du couchant, comme un rocher de pourpre et de feu.

Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811

dimanche, 30 novembre 2008

Le numéro 11 - spécial érotisme - du magazine "Autour des auteurs" est en ligne

edito.jpgIci

Et nous cherchons toujours des textes et oeuvres graphiques pour les numéros suivants, propositions à faire parvenir à Françoise Renaud renaudfran@free.fr

Illustration : image extraite du film de François Truffaut L’homme qui aimait les femmes,
Place de la Canourgue à Montpellier, 1977

samedi, 29 novembre 2008

Le noir est une passion bleue

soulages-peinture.jpgJe restais dans le noir un long moment, le noir est une passion bleue. Et puis, changeant de table et de lampe, je reprenais l’autre version pour moi, pour moi seul. La main, alors, courait sur le papier à la rencontre d’elle-même, déjà arrivée en partant, flèche immobile, négation d’espace, de temps.

Philippe Sollers, Le Secret

Pierre Soulages

mercredi, 26 novembre 2008

J'ai joué...

RIMBAUDTIMBRE1.jpgJ'ai joué de bons tours à la folie...

samedi, 22 novembre 2008

Je travaince

"Maintenant, c'est la nuit que je travaince. De minuit à cinq heures du matin. (...) Le premier matin en été, et les soirs de décembre, voilà ce qui m'a ravi toujours ici."

Rimbaud, juin 1872

Le bonheur est...

GKlimtWaterSerpents1.jpgLe vent s’est calmé. Ici, la mer fait l’amour avec la terre, paisiblement. Dans une infinie solitude, gris, bleu et vert sauge. Les plus belles couleurs du monde. Tout est plat à perte de vue. Seule une langue de sable sillonne entre les étangs et la mer. Au bout d’un moment, on ne sait plus où est la terre, où est l’eau.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur

Gustav Klimt, Serpents d'eau, I (1907)

 

jeudi, 20 novembre 2008

Au réveil...

A818.jpg"La branche luisante, au réveil, semble une orchidée."

Lire ici ce texte : "Le Corps chinois"

Oeuvre de Jacki Maréchal

mercredi, 19 novembre 2008

Lecture film à Toulouse

rubon4.jpgLecture-Film le vendredi 21 novembre à 20h, à Toulouse.

Jean-Jacques Marimbert et Bernard Collet présenteront à la galerie Duplex plusieurs de leurs films.

Voir ici

certains "livres-films" de Bernard Collet sont déjà visibles sur le site du cinéma de la littérature : http://www.lecinemadelalitterature.com/

mardi, 18 novembre 2008

Citations

"Il ne s’agit pas de citations, mais de preuves."

Sortie de "Grand beau temps". Aphorismes et pensées  de Philippe Sollers