mardi, 16 décembre 2008
Enfance
Cette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la fable, mexicaine et flamande ; son domaine, azur et verdure insolents, court sur des plages nommées, par des vagues sans vaisseaux, de noms férocement grecs, slaves, celtiques.
À la lisière de la forêt — les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, — la fille à lèvre d'orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.
Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer ; enfantes et géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés — jeunes mères et grandes sœurs aux regards pleins de pèlerinages, sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses.
Quel ennui, l'heure du "cher corps" et "cher cœur".
Rimbaud, Illuminations, Enfance I
Delbar Shahbaz, childhood,
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, peinture, littérature, delbar shahbaz, rimbaud, enfance
Commentaires
Exquise illustration et vertige ...
Oeuvre faite sur la lumière .
Faite de lumière de Rimbaud !éclairée par sa prose.
Quel joli présent !merci.
Écrit par : soulef | mardi, 16 décembre 2008
Un peu absente des blogs ces derniers temps, je viens te dire un amical bonjour. J'espère que l'écriture te sourit. Je t'embrasse.
Écrit par : ariaga | mardi, 16 décembre 2008
Oui, doucement, grosses bises
Écrit par : Ray | mardi, 16 décembre 2008
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