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samedi, 13 décembre 2008

Parce qu'il ne faut pas que ce soit parlé

arton97.jpg- Pourquoi admet-on le bonnheur des peintres et pas celui des écrivains ?

- Ah, voilà.

- Mais pourquoi ?

- Parce qu'il ne faut pas que ce soit parlé.

Philippe Sollers, Le Coeur absolu

Matisse

Commentaires

Il est vrai qu'une toile ne doit pas être bavarde, c'est à dire être trop proche du cliché, elle ne doit pas s'agiter non plus, c'est à dire être composée d'éléments disparates dont on ne peut voir le lien faute de guide pertinant, (mais le guide peut être très subtil, le tout étant qu'il fonctionne) du temps de mon apprentissage, lorsque je ne parvenais pas à composer, mon maître (Raymond Farischon) me disait toujours -en plaisantant- : "la peinture c'est comme à l'armée, il faut un général et le reste suit".
Le secret de la compo de ce collage de Matisse ? Le guide principal c'est la forme des objets, d'une part des feuilles, d'autre part, en mineur, des fruits... Ensuite le bleu, puis les autres tons froids, puis en contre-point, pour donner du rythme, les tons chauds qui restent liés par les formes aux tons froids, c'est pour cette raison que cette toile ne s'agitte pas et donc finalement n'est pas bavarde.

Écrit par : jacki marechal | samedi, 13 décembre 2008

Tout ça est très intéressant et éclairant Jacki, comme toujours tes commentaires, mais à mon avis ce que Sollers a voulu dire, à travers ce court dialogue, concerne la vie des écrivains et des peintres ; à savoir qu'on peut très bien admettre qu'un peintre soit heureux, mais pas un écrivain, du fait de son rapport direct au langage, qui donc dans la mentalité dominante est directement lié au pathos, à la souffrance en quelque sorte ; voilà une réflexion que je trouve très intéressante ! Surtout (et justement c'est en ça que c'est passionant) que la peinture c'est de la pensée aussi !

Écrit par : Ray | samedi, 13 décembre 2008

C'est vrai que j'étais hors sujet... J'ai voulu malgré moi rejoindre mon territoire, mon chez moi... mon sweet home bien rassurant.

Mais bon - pour rentrer dans le sujet - il faut tout de même bien noter que la peinture est un langage aussi. Si il n'avait pas nécessité un outil extérieur (pinceau ou autre) le dessin aurait pu se développé comme outil de communication principal et les hommes seraient restés muets !!!
L'écriture a commencé par le dessin : Les hiéroglyphes !

Notons bien aussi que la littérature se rapproche beaucoup de la peinture, dans le sens ou elle peut être quasiment abstraite et là les mots peuvent perdre leur signifiant usuel, et dans le même temps décrire un signifié usuel, comme une nature morte en peinture.
Mais j'admets volontiers que les mots sont des outils que l'on utilise pour de bien différentes tâches et que le public distrait ne fait pas toujours la différence, alors que entre un peintre en bâtiment et un artiste peintre, ce même public ne pense même pas à confondre les outils...

D'autre part, certes le pathos est lié à l'écriture par le public, mais il peut être déconstruit par l'humour, beaucoup d'écrivains n'en manquent pas ! Chez les peintres c'est plus rare... Et une grande partie du public pense la vie des peintres comme l'image d' Epinal de Van Gogh !!!

Écrit par : Jacki Maréchal | samedi, 13 décembre 2008

Pour sûr que la peinture est un langage, et pour les chinois par exemple, la poésie n'est pas séparée de la calligraphie, elles ne font qu'un ! Je crois quand même que pour le grand public la peinture c'est seulement de l'image, du concret, et est donc dans son idée plus lié au plaisir, à la sensation, donc à une certaine image du bonheur... Ensuite plus généralement, toujours pour le grand public, l'artiste quel qu'il soit, est différent, il a voulu sortir du cercle, donc quelque part, il doit en payer le prix, souffrir...

Écrit par : Ray | samedi, 13 décembre 2008

Ha la souffrance, quel plaisir !!!

Écrit par : Jacki Maréchal | samedi, 13 décembre 2008

Cf Saint-Sébastien !!!

Écrit par : Ray | samedi, 13 décembre 2008

C'est étrange mais je n'avais jamais imaginé qu'un peintre puisse être heureux...

Écrit par : paulrem | samedi, 13 décembre 2008

Bonjour Raymond,

Pourquoi un écrivain est-il forcément en souffrance ?

Pour moi, c'est réduire quelque peu le terme d'écrivain que de le décrire comme automatiquement malheureux.

Je dirais que cela dépend de chacun à un ou des moments donnés.

Tout comme un peintre n'est pas forcément heureux et joyeux.

Bon dimanche

Écrit par : Gilles | dimanche, 14 décembre 2008

Justement, c'est ce que j'essaie de démontrer, mais j'ai du mal, un écrivain ne doit pas être forcément malheureux !

Écrit par : Ray | dimanche, 14 décembre 2008

On part du principe qu'écrire rend l'écrivain heureux. Et que donc sans l'écriture, il est malheureux.

Que fait-on des écrivains-peintres? Comme Savinio par exemple...

Écrit par : Léopold | dimanche, 14 décembre 2008

Non écrire ne rend pas forcément l'écrivain heureux je n'ai pas dit ça en tout cas, pas plus que peindre ne rend forcément le peintre heureux ; ils ont sans doute des moments de bonheur c'est sûr. L'idée était de dire simplement que un écrivain heureux est plus difficile à admettre qu'un peintre heureux...

Écrit par : Ray | dimanche, 14 décembre 2008

Oui Ray, je suis tout à fait d'accord. J'expliquais le principe qui régit cette idée communément admise de l'écrivain malheureux.

Écrit par : Léopold | lundi, 15 décembre 2008

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