lundi, 16 juin 2008
Le dernier soleil de Venise
Giovanni Battista Tiepolo
Jeune femme au perroquet (1760-1761)
21:34 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art, venise, tiepolo
dimanche, 15 juin 2008
Les dieux...
"Les dieux sont des animaux indestructibles et heureux."
Epicure
Canaletto, San Cristoforo, San Michele and Murano
19:06 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : epicure, canaletto, venise
mardi, 03 juin 2008
Là-haut
"Un jour, à Paris, Casanova est à l’Opéra, dans une loge voisine de celle de Mme de Pompadour. La bonne société s’amuse de son français approximatif, par exemple qu’il dise ne pas avoir froid chez lui parce que ses fenêtres sont bien " calfoutrées ". Il intrigue, on lui demande d’où il vient : " de Venise ". Madame de Pompadour : " De Venise ? Vous venez vraiment de là-bas ? " Casanova : " Venise n’est pas là-bas, Madame, mais là-haut. " Cette réflexion insolente frappe les spectateurs. Le soir même, Paris est à lui."
13:37 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, casanova, philippe sollers
jeudi, 01 mai 2008
Cecilia Bartoli
« Tout son corps est un instrument de souffle. Elle peut être furieuse, idyllique, pseudo-naïve, sentimentale, drôle, sadique, tendre, rêveuse, enfantine. Elle a fait le tour des mille détours. Elle prend les mots à la racine (divin italien), elle les étire et les broie, elle les catapulte, les caresse et les fouette. [...] Une telle aptitude à la volupté abolit, chirurgicalement, des tonnes de musique romantique inutiles. Bartoli est une sorcière, une fée, une débauchée, une fille du peuple sensuelle et gaie, une artiste incroyable, une merveilleuse femme de la vie courante, une camarade, une aristocrate, une reine. Elle descend de tous les tableaux vénitiens, Vénus, saintes, elle est là, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. »
Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise.
00:09 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, venise, cecilia bartoli, philippe sollers
jeudi, 03 janvier 2008
Tintoretto
Parfois dans l'ombre de Titien et Véronèse, le Tintoret est un des grands de Venise. Il est souvent plus étrange, plus violent, plus trouble qu'eux. Dans les scènes bibliques, il cherche toujours (et trouve) des angles différents. Dans les scènes mythologiques, un érotisme subtil transparaît, ici Tarquin et Lucrèce.
03:31 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Tintoret, peinture, Venise
samedi, 28 avril 2007
Vous sentirez la rumeur autour de la tête...
« Celui-là, il était heureux. Et tous ceux qui le comprennent, il les rend heureux. C’est un phénomène unique. Il peignait comme nous regardons, sans plus d’efforts. En dansant. Des torrents de nuances lui coulaient du cerveau. Il parlait en couleurs. Il me semble que je l’ai toujours connu. Je le vois marcher, aller, venir, aimer, dans Venise, devant ses toiles, avec ses amis ... Tout lui rentrait dans l’âme avec le soleil, sans rien qui le sépare de la lumière. Sans dessin, sans abstractions, tout en couleurs ... On a perdu cette vigueur fluide que donnent les dessous ... Regardez cette robe, cette femme contre cette nappe, où commence l’ombre sur son sourire, où la lumière caresse-t-elle, imbibe-t-elle cette ombre, on ne sait pas. Tous les tons se pénètrent, tous les volumes tournent en s’emboîtant. Il y a continuité ... Le magnifique, c’est de baigner toute une composition infinie de la même clarté atténuée et chaude et de donner à l’œil l’impression vivante que toutes ces poitrines respirent véritablement, mais là, comme vous et moi, l’air doré qui les inonde. Au fond, j’en suis sûr, ce sont les dessous, l’âme secrète des dessous qui, tenant tout lié, donnent cette force et cette légèreté à l’ensemble ... L’audacieux de tous les ramages, les étoffes qui se répondent, les arabesques qui s’enlacent, les gestes qui se continuent. .. Vous pouvez détailler : tout le reste du tableau vous suivra toujours, sera toujours là, présent, vous sentirez la rumeur autour de la tête, autour du morceau que vous étudierez. Vous ne pouvez rien arracher à l’ensemble. »
Cézanne, à propos de Véronèse
Judith et Holopherne, vers 1582
Huile sur toile - 195 x 176 cm
Gênes, Galleria di Palazzo Rosso
20:14 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, Véronèse, Cézanne, Venise
mercredi, 15 novembre 2006
Une question d'honneur
Une question d’honneur est le onzième roman de Donna Leon, de la série des enquêtes du Commissaire Brunetti. Tous ont pour cadre Venise. De part sa topographie si particulière, la Sérénissime est moins sujette au crime que les autres villes, l’entrelacs des ruelles et des canaux fait qu’il est difficile de s’en échapper ; n'y vivent plus que cinquante ou soixante mille habitants qui se connaissent pour la plupart; en clair tout le monde observe tout le monde ou est susceptible de le faire, ce qui décourage les vocations ! Rien n’est plus faux, nous dit Donna Leon, derrière les portes des palais, comme partout, le crime fleurit. La romancière est américaine, vit à Venise depuis très longtemps et décrit une autre ville cachée sous la première, ses secrets, ses mystères. Ce à travers un personnage atypique, le commissaire Brunetti, une sorte de Maigret, bourru, massif, opiniâtre, qui louvoie dans ce magma, sans cesse en train de confronter son éthique à la complexité du monde et à ses forces obscures. Un terrien, amateur de cuisine et de vin blanc, marié à une professeur de littérature spécialiste de Henry James, avec deux adolescents à la maison, et lui-même passionné de Thucydide. Il se fie à son instinct, mais aussi à sa connaissance de la ville, de ses familles, de ses codes, de son histoire, pour en déjouer les affaires les plus troubles, les plus sordides. Une question d’honneur nous plonge dans le monde interlope des marchands d’art dont certains ont acquis des fortunes considérables en pillant de riches juifs prêts à tout pour fuir le nazisme pendant la seconde guerre mondiale. Cette enquête comme d'habitude est remarquablement ficelée, et le regard sur Venise (d'où les touristes sont étrangement absents, sinon comme une gêne pour les vénitiens, ce qui ne manque pas de charme), inhabituel et décalé, est assez réussi. Et l'atmosphère de la ville est bien là, à la fois liquide et sensuelle, glauque et lumineuse.
(La plupart des enquêtes du commissaire Brunetti sont disponibles en "poche" dans la collection points policiers)
00:05 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Venise, littérature, polar, Donna Leon
mardi, 07 novembre 2006
Une horloge où toutes les heures sont égales
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales »
Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Photo : Gildas Pasquet
21:45 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Venise, Philippe Sollers, Gildas Pasquet, littérature, photo
Une perle baroque dans la brume plombagine
Je ne souffle mot. Je regarde par la fenêtre Venise. Venise. Reflets insolites dans l'eau de la lagune. Micassures et reflets glissants dans les vitrines et sur le parquet en mosaïque de la bibliothèque Saint-Marc. Le soleil est comme une perle baroque dans la brume plombagine qui se lève derrière les façades des palais du front de l'eau et annonce du mauvais temps au large, crachin, pluies, vents et tempête. Je ne souffle mot. A la place du vaporetto qui passe devant la Dogana di Mari, appareille une tartane. C'est le 11 novembre 1653...
Blaise Cendrars, Bourlinguer.
Photos de Gildas Pasquet
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, photo, Cendrars, Gildas Pasquet, Venise
lundi, 06 novembre 2006
De l'ombre à la lumière
Venise 2006, photo de Gildas Pasquet
23:26 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photo, Venise, Gildas Pasquet
Venise 2006
Photo : Gildas Pasquet
18:32 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photo, Gildas Pasquet, Venise
mardi, 17 octobre 2006
Aucune contradiction
Venise est la civilisation de la non-séparation. Qui est prêt à admettre qu’il n’y a aucune contradiction entre sacré et profane, nature et culture, débauche et extase... ? Qui a intérêt au contraire, à maintenir la séparation ?
Philippe Sollers, L'évangile de Nietzsche, 2006
Titien, Flora
00:20 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, peinture, Titien, Venise, Sollers, Flora
mardi, 05 septembre 2006
Mais qui songe à quitter Venise ?
Je vous aime, ô Zattere, pour toute votre longueur lumineuse ou nocturne, de la pointe de la Dogana, où vous commencez, à la calle del Vento où finit votre quai de pierre, bordé de façades diverses ! Je vous aime dans toute votre étendue parce que, sur votre dalle, il fait bon marcher vite ou doucement ou s'arrêter, selon l'heure ou la saison, à l'ombre ou au soleil, ô Zattere !
Souvent, je viens à vous par le rio San Trovaso. Oh ! la maison qui est au coin avec ses arcades et sa glycine, – jaunissante, cette année, quand je la revis ! Pourtant un clair soleil de novembre brillait au ciel de Venise. L'air était frais et limpide, et quel plaisir de le respirer à pleine bouche sur votre promenoir, ô Zattere, devant le canal large, en face de la Giudecca aux trois églises et aux jardins de sauge et de cyprès !
Me voilà donc. Tournerai-je à droite ou à gauche ? Je ne sais, car je vous aime toutes, ô Zattere, de la pointe de la Dogana à la calle del Vento ! Je vous aime aux Incurabili comme aux Gesuati et au Ponte Longo et à cet endroit où il y a un vieux palais dont le marteau de porte est un Neptune de bronze qui dompte des chevaux marins. C'est là, je crois bien, que j'irai m'adosser pour fumer un de ces âcres et minces cigares que l'on coupe de l'ongle par le milieu avant d'en allumer une moitié.
Oui, car il fait doux, ce matin, et le ciel est pur. Les bateaux que l'on décharge sur le quai gémissent sourdement à leurs amarres. Partout ailleurs qu'ici la vue d'un port et de ses navires donne des pensées de départ et de voyage. Mais qui songe à quitter Venise ? En vain, les coques enflent leurs flancs et les mâts balancent leurs cordages. Où pourrait-on être mieux que le dos à ce marteau de bronze et les semelles à votre sol, ô Zattere ?
J'ai entendu le canon de midi. Les cloches sonnent. J'ai reconnu celles des Gesuati, de San Trovaso et de la Salute. Celles du Redentore, de Santa Eufemia et des Zitelle s'y joignent, d'au delà du canal. L'air vibre. Le temps de ma promenade est passé. Demain je ne resterai pas là, en paresseux, et je vous parcourrai tout entières, ô Zattere, de la pointe de la Dogana à la calle del Vento, tout entières, ô Zattere !
21:06 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise
vendredi, 25 août 2006
Aux terrasses de marbre
Oui je suis à Venise quand je suis heureux, le soir tombe sur la lagune, la lumière est grise et humide, les violons du Florian s'allument, le lion de Saint-Marc veille, l'ombre de Vivaldi glisse, Proust, Manet et Nietzsche sont attablés, la conversation est vive, Proust défend la splendeur orientale "Baudelaire, comme c'est supérieur à tout ce qui a jamais été écrit", Nietzsche rêve "cet instant se répétera à l'infini", Manet peint le Grand Canal comme personne, un autre illuminé, en ce moment à Aden, mais il est là aussi, un peu plus tôt a écrit : "tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses".
19:00 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Venise, Proust, Manet, Nietzsche, Baudelaire