lundi, 31 mai 2010
La suprême énergie d’un acte de renoncement
« Ni ses semblables, ni ses dieux, ni ses passions ne laisseront jamais un homme en repos. Du fait de ces alliés et de ces ennemis, il exerce une domination précaire, il possède une éphémère signification ; et c’est cette dépendance, dans toutes ses manifestations, grandes ou petites, superficielles ou profondes, et cette dépendance seule, que commente, interprète, démontre l’art du romancier, de la seule façon possible : par une création indépendante de circonstances et de personnages, réalisée en dépit de toutes les difficultés de l’expression, dans un effort d’imagination qui tire son inspiration de la réalité des formes et des sensations. Qu’un sacrifice doive être fait, qu’il faille abandonner quelque chose, c’est là la vérité gravée dans les recoins du temple bâti pour notre édification par les maîtres du roman. Il n’y a pas d’autre secret derrière le rideau. Toute aventure, tout amour, tout succès se résume dans la suprême énergie d’un acte de renoncement. C’est l’extrême limite de notre pouvoir, c’est la force la plus puissante et la plus efficace dont nous disposons. » :
Joseph Conrad, Notes sur la vie et les lettres.
Claude Monet et Nicolas de Staël
13:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joseph conrad, nicolas de staël; claude monet
vendredi, 28 mai 2010
Come di
La Comédie d'un jour, la comédie d'un jour d'ta vie... On pourra écouter Paolo Conte ici
ou venir vendredi 28, samedi 29 et dimanche 30 mai, à Montpellier.
Vous pourrez m'y retrouver sur le stand de la librairie Sauramps, les trois après-midi ainsi que le vendredi à 11 H 30 au lieu dit "La Friche" pour une restitution comme on dit de l'opération "Auteurs au lycée" à laquelle j'ai participé avec des lycéens de Bagnols-sur-Cèze, plus de détails ici
Programme complet de la manifestation ici
La littérature invitée cette année est celle d'Amérique du nord.
Et Paolo Conte chante ici encore : Alors Monsieur Hemingway, ça va ?
Oltre le dolcezze dell’Harry’s Bar
e le tenerezze di Zanzibar
c’era questra strada…
Oltre le illusioni di Timbuctù
e le gambe lunghe di Babalù
c’era questa strada…
…Questa strada zitta che vola via
come una farfalla, una nostalgia,
nostalgia al gusto di curaçao…
…Forse un giorno meglio mi spiegherò…
…Et alors, Monsieur Hemingway,
ça va?…
………
Et alors, Monsieur Hemingway,
ça va mieux?…
02:43 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : comédie du livre
mercredi, 26 mai 2010
Au bord de la mer
C’est dimanche, au bord de la mer. Le vent souffle en bourrasques, les promeneurs ont rebroussé chemin. Luminosité coupante. Il y a de la magie dans l’atmosphère, univers en suspens, près de basculer. Phénomène rarissime, on aperçoit le Canigou et la chaîne des Pyrénées en surimpression sur l’horizon. On tient à peine debout. Contre la violence des éléments, ils marchent. Puis ils s’arrêtent, seuls au milieu de l’espace.
Soudain Léonore le prend dans ses bras, l’embrasse à le dévorer. Ils sont serrés. Le vent hurle, soulève le sable. Elle crie : « dis-moi que tu m’aimes, que tu m’aimeras toujours ». Il l’embrasse en pleurs et crie à son tour : « je te le jure ». La tempête est effroyable. Ils tombent par terre, incapables de se détacher. Gaétan est sûr que, s’ils le faisaient à cet instant, ce serait à jamais. Emportés par un souffle qui vient du dedans, accrochés l’un à l’autre avec l’énergie du désespoir.
Le sable leur fouette le visage, s’insinue mais ils ne le sentent pas ou bien cette douleur est encore du plaisir. Au bout d’un temps, le vent a creusé un abri autour. Ils restent immobiles, puis la tension tant en eux qu’à l’extérieur s’apaise. Ils se lèvent sans dire un mot. Bientôt avec l’accalmie, ils ne seront plus seuls. Ils s’en vont, avec la sensation d’avoir été au bout du voyage, d’en être sortis vainqueurs. Silencieux, envahis par un bien-être profond.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007 éditions N&B
Turner, Vapeur dans la tempête de neige
16:55 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, turner, le sourire de cézanne
mardi, 25 mai 2010
Ciel de pagodes
Je bois l’aube.
Tremblements, orages, luxuriance.
Ordalie de vents.
Bégaiement du temps.
Tout peut s’arrêter car rien ne s’arrêtera jamais.
L’abîme est un fracas.
Ivre de colère, il s’abandonne.
Les anges y volent obscurément, symphonie bleu nuit de la pluie et du vent.
Un virage s’amorce.
La grande mue de la mer de nuages.
Le vent s’efface pour laisser la place au jour.
Ciel de pagodes, échelles vers le soleil.
Raymond Alcovère, Extrait de L'Aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010
François Plazy, Taozen
16:49 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'aube a un goût de cerise, françois plazy
lundi, 24 mai 2010
Maximes stendhaliennes
Songe à trois maximes :
1 S'accoutumer aux chagrins : tout homme en a sept ou huit par jour.
2 Ne pas trop s'exagérer le bonheur que l'on n'a pas.
3 Savoir tirer parti des moments de froideur pour travailler à perfectionner notre art de connaître, ou esprit.
Stendhal, Lettre à sa soeur Pauline, Marseille, 22 mars 1806.
18:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : stendhal, nina houzel
samedi, 22 mai 2010
OGM danger !
La Commission Européenne vient d'autoriser l'entrée et la culture d'OGM en Europe, contre le souhait des citoyens, et contre l'avis de plusieurs États Membres. La gouvernance européenne nous permet de déposer une demande officielle auprès de la Commission, pour peu qu'elle soit soutenue par un minimum de 1 million de citoyens européens. Aujourd'hui, et après 1 mois d'action, Greenpeace et Avaaz ont réussi à rassembler près de 820.000 signatures.Voici le lien vers la pétition : ça vous prendra 30 secondes, nous laissera peut-être une chance d'obtenir un moratoire au niveau européen, et d'éviter:
- l'entrée massive en Europe de cultures invasives (elles menacent la biodiversité), - potentiellement nocives pour notre santé (de nombreux avis médicaux mettent en garde contre les conséquences de la consommation d'OGM),
- potentiellement dangereuses pour l'indépendance économique des agriculteurs (les semences sont chères car brevetées, doivent être rachetées chaque année, et demandent l'utilisation de produits spéciaux disponibles uniquement chez les semenciers),
- polluantes (ces cultures nécessitent l'utilisation d'énormément de produits chimiques).
http://www.greenpeace.org/international/campaigns/genetic...
Photo de Jacques Henri Lartigue : Rugby
00:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ogm, pétition
vendredi, 21 mai 2010
Les impressions les plus délicates sont les plus fugitives
« Les impressions les plus délicates sont les plus fugitives ; si elles ne sont rendues sur l'instant, elles s'évaporent ou se matérialisent, deviennent banales, absolument comme les expressions de physionomie en passant du tableau du grand maître à la gravure ou à la mosaïque. Or ces sensations rapides et évanouissantes, éclairs de poésie et d'idéal, parfums subtils, traces des anges qui passent dans notre vie, sont justement ce qu'elle a de plus précieux. » : Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, 30 octobre 1852
Fragonard, Souvenir
16:04 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frédéric amiel, fragonard
jeudi, 20 mai 2010
Programme
"Je ne suis ni un libéral, ni un conservateur, ni un progressiste, ni un moine, ni un indifférent... Je voudrais être un artiste libre et rien de plus, et je regrette que Dieu ne m'ait pas donné les forces nécessaires. [...] Il n'y a pas que chez les marchands et dans les maisons d'arrêt que le pharisianisme, l'esprit obtus et l'arbitraire règnent en maîtres. Je les retrouve dans la science, dans la littérature, chez les jeunes. Pour la même raison, je n'éprouve pas d'attrait spécial pour les gendarmes, pas plus que pour les bouchers, les savants, les écrivains ou les jeunes. Enseignes et étiquettes sont, à mon sens, des préjugés. Mon saint des saints, c'est le corps humain, la santé, l'esprit, le talent, l'inspiration, l'amour et la liberté la plus absolue, la liberté face à la force et au mensonge, quelle que soit la façon dont ceux-ci se manifestent. Voici le programme auquel je me tiendrais si j'étais un grand artiste."
Anton Tchekhov Lettre à Alexaï Plechtcheïev (4 octobre 1888)
13:41 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tchekhov, frédérique azaïs-ferri
mercredi, 19 mai 2010
Comédie du livre
Certains esprits frondeurs, comme notre bonne ville s'est toujours plu à en abriter, continuent à l'appeler "Tragédie du livre", mais non, il s'agit bel et bien de la Comédie du livre, du nom de la place du même nom, qui se déroulera les vendredi 28, samedi 29 et dimanche 30 mai, à Montpellier.
Vous pourrez m'y retrouver sur le stand de la librairie Sauramps, les trois après-midi sus-nommées (eh oui en bon méditerranéen, le matin je dors !) ainsi que le vendredi à 11 H 30 (une heure apéritive), au lieu dit "La Friche" (ça me convient !) pour une restitution comme on dit de l'opération "Auteurs au lycée" à laquelle j'ai participé avec des lycéens de Bagnols-sur-Cèze, plus de détails ici
Programme complet de la manifestation ici
La littérature invitée cette année est celle d'Amérique du nord.
00:10 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comédie du livre
dimanche, 16 mai 2010
Solutions locales pour un désordre global, un film de Coline Serreau
On découvre à travers ces entretiens comment après la deuxième guerre mondiale, les surplus d'explosifs, de gaz de combat et de tanks ont été recyclés vers l'agriculture pour le plus grand profit de l'industrie chimique et pétrolière. Cette prétendue "révolution verte", en guerre contre la terre, a éradiqué les écosystèmes gratuits et pérennes qui avaient nourri l'humanité depuis la nuit des temps, pour leur substituer les intrants polluants et coûteux de la pétrochimie.
La conséquence de cette "révolution verte" c'est la mort des sols, l'éradication de la biodiversité, l'exode rural massif ou le suicide des paysans, la confiscation de notre bien commun primordial, la semence, la malnutrition de ceux qui mangent et la famine pour un milliard d'humains.
Cette agriculture n'est pas pérenne, elle repose sur une ressource épuisable et bientôt épuisée, le pétrole, elle nous emmène vers des crises alimentaires qui frapperont les pauvres d'abord, mais aussi les pays riches.
20:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : solutions locales pour un désordre global, coline serreau
samedi, 15 mai 2010
Malheur à celui par qui le Stendhal arrive !
"Vos plats ennemis ne seront connus que par le bonheur qu'ils auront eu d'être vos ennemis."
Stendhal
Géricault, Etude de main attrapant une grosse mouche
Musée Bonnat (Bayonne)
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : stendhal, géricault
vendredi, 14 mai 2010
Une histoire parallèle
12:26 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yannick haenel, veronese
jeudi, 13 mai 2010
Pierre Autin-Grenier à Carpentras
Pour la sortie de son dernier livre "C'est tous les jours comme ça" aux éditions Finitude
Lire ici un article de Pierre Assouline
Vendredi 14/05/2010 : 19H00
Librairie de l’Horloge
35 place de l’Horloge
84200 CARPENTRAS
04 90 63 18 32
13:35 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pierre autin-grenier, c'est tous les jours comme ça
Le Stade du miroir
Le sens de la création littéraire : dépeindre des objets ordinaires tels que leur reflet apparaîtrait dans des miroirs magiques
Nabokov
René Magritte, La Condition humaine
01:47 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nabokov, magritte
mercredi, 12 mai 2010
Erri de Luca, Valeur, Valore
"J'attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche.
J'attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles.
J'attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s'est pas épargné, à deux vieux qui s'aiment.
J'attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd'hui vaut peu de chose.
J'attache de la valeur à économiser l'eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s'asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi.
J'attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive.
J'attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelle que soit sa faute.
j'attache de la valeur à l'usage du verbe aimer et à l'hypothèse qu'il existe un créateur.
Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues.
Considero valore l'uso del verbo amare e l'ipotesi che esita un creatore."
Erri de Luca
Extrait du site toujours magnifique "Fleuves et Montagnes sans fin"
00:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca
mardi, 11 mai 2010
Appel à textes pour le Magazine Autour des Auteurs
Nous attendons vos propositions de textes à tout moment pour nourrir notre magazine en ligne.
Comme vous le savez, ces textes doivent répondre aux critères suivants : être brefs, de nature inédite et de facture littéraire, qu'ils s'agissent de textes personnels, de chroniques livres ou autres billets.
Pour ce qui est des inédits, ils peuvent être fictions, récits ou très courtes nouvelles (il existe une infinité de genres, y compris dans la forme courte)
1500 caractères est une bonne mesure
En résumé, densité et brièveté : une condition de la réussite de notre revue
Nous rappelons que les propositions qui s’accordent avec ce format sont soumises à notre comité au lecture
date limite d’envoi pour le prochain : fin mai
Le comité de rédaction du MAG
Adresse d'envoi des textes : renaudfran@free.fr
Photo : Edouard Boubat, Fenêtre à Collioure
03:14 Publié dans Appel à textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : appel à textes, autour des auteurs, edouard boubat
lundi, 10 mai 2010
Comme sont jetés les ouvriers vieillissants dans l'industrie délocalisée
Vous avez alors des auteurs qui ont 45 à 60 ans, qui ont une oeuvre importante et très honorable derrière eux, et qui sont jetés exactement comme sont jetés les ouvriers vieillissants dans l'industrie délocalisée...
13:58 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : édition
Prix unique du livre
S'il n'avait pas été mis en plance en 1981 (loi Lang) le secteur du livre serait aujourd'hui sinistré ; les librairies indépendantes auraient disparu ainsi que les petits éditeurs. Le prix du livre avait été libéralisé fin 1978 par le ministre Monory (père spirituel de Raffarin !) ; il était temps que la loi Lang arrive, le secteur en deux ans était déjà sinistré, imaginons ce qui pourrait arriver aujourd'hui...
Marc Escher, Rue sur une table
13:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prix unique du livre
samedi, 08 mai 2010
Des livres et du vin, que demander de plus ?
00:15 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : balma, rencontres du livre et du vin
vendredi, 07 mai 2010
Edouard Boubat
"Est-il besoin de dire que cette image - sans doute parce qu'elle illustre avec noblesse la plus exquise la secrète affinité de ces deux maîtres-mots : la mer et la mère - est l'une des plus belles qui furent jamais faites depuis l'invention de la photographie ? La plus belle peut être."
Michel Tournier
Edouard Boubat, Madras, 1971
00:15 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : edouard boubat