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mercredi, 26 mai 2010

Au bord de la mer

vapeur-dans-la-tempete-de-neige.1268604776.jpgC’est dimanche, au bord de la mer. Le vent souffle en bourrasques, les promeneurs ont rebroussé chemin. Luminosité coupante. Il y a de la magie dans l’atmosphère, univers en suspens, près de basculer. Phénomène rarissime, on aperçoit le Canigou et la chaîne des Pyrénées en surimpression sur l’horizon. On tient à peine debout. Contre la violence des éléments, ils marchent. Puis ils s’arrêtent, seuls au milieu de l’espace.

Soudain Léonore le prend dans ses bras, l’embrasse à le dévorer. Ils sont serrés. Le vent hurle, soulève le sable. Elle crie : « dis-moi que tu m’aimes, que tu m’aimeras toujours ». Il l’embrasse en pleurs et crie à son tour : « je te le jure ». La tempête est effroyable. Ils tombent par terre, incapables de se détacher. Gaétan est sûr que, s’ils le faisaient à cet instant, ce serait à jamais. Emportés par un souffle qui vient du dedans, accrochés l’un à l’autre avec l’énergie du désespoir.

Le sable leur fouette le visage, s’insinue mais ils ne le sentent pas ou bien cette douleur est encore du plaisir. Au bout d’un temps, le vent a creusé un abri autour. Ils restent immobiles, puis la tension tant en eux qu’à l’extérieur s’apaise. Ils se lèvent sans dire un mot. Bientôt avec l’accalmie, ils ne seront plus seuls. Ils s’en vont, avec la sensation d’avoir été au bout du voyage, d’en être sortis vainqueurs. Silencieux, envahis par un bien-être profond.


Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, 2007 éditions N&B

Turner, Vapeur dans la tempête de neige


Commentaires

C'est superbe! Je retrouve dans cet extrait toute la force de l'expression occitane. J'entends l'accent languedocien à travers vos phrases. Qui osera dire, après cet extrait, que le climat, excessif comme nous le connaissons dans notre Midi, ne sculpte notre âme ?

Écrit par : el duende | mercredi, 26 mai 2010

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