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dimanche, 14 mars 2010

Jardins de l’Alhambra

Grenade bas reliefs 3.JPG« Je ne savais plus si je respirais de la musique ou si j’entendais des parfums ».

Maupassant, à propos des Jardins de l’Alhambra, à Grenade

Photo de Gildas Pasquet

samedi, 13 mars 2010

J'accuse, le clip

saez-mondino4.jpgDamien Saez, ici

Photo de Jean-Baptiste Mondino

14:10 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : damien saez

L'autre

Écrire, c’est disparaître. Personne — à moins de remonter jusqu’au prophète Élie ou jusqu’à Empédocle — n’a disparu comme Isidore Ducasse. Mort inconnu à vingt-quatre ans, sa brève existence est un impérieux défi à la finitude ; il n’en surnage, seules traces avec l’embarras universel, que deux livres aussi étranges qu’apparemment incompatibles : les Chants de Maldoror et Poésies. [...]

François Meyronnis

10:35 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lautréamont

Le mal

ABSTRAIT-CREATIONS (11).JPG "Le mal, arrivé à un certain point, s'égorge lui-même"

Joseph de Maistre

Création de Gildas Pasquet

vendredi, 12 mars 2010

...

"Les calculs de côté, l'inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l'esprit."

Rimbaud

19:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud

La Rochefoucauld, toujours...

industrie (188).JPG« Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. »

« Nous avons plus de force que de volonté, et c’est souvent pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. »

« Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de  notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections. »

« Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. »

« Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune. »

« On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine. »

Photo : Gildas Pasquet

jeudi, 11 mars 2010

à écouter, Coline Serreau, sur les solutions locales

ICI

Ah ce corps français traditionnel...

L'expression est superbe, on ne pouvait pas dire mieux, lire ici

Et là, Patrick Besson s'amuse bien sur le même thème

Exposition à Sète

Sete_carton.jpgFrédérique Azaïs-Ferri

Cécilia Makhloufi

Marion de la Fontaine

Exposent à Sète, salle Peschot, rue du 11 novembre 1918

06 87 27 62 91

Vernissage le 16 mars à partir de 18 H

Expo jusqu'au 30 mars (10 H 18 H 30)

20_20 2a.jpg20 x 20 de Frédérique Azaïs-Ferri

mercredi, 10 mars 2010

Du côté du réfractaire

Fragonard_aurore.jpgCar il en va des sociétés comme des individus : le réel est toujours du côté du réfractaire, du fugitif, du résistant, de tout ce qu'on cherche à calmer, ordonner, faire taire et qui revient quand même, et qui revient encore, et qui revient sans cesse - incorrigible.
(Christian Bobin, Autoportrait au radiateur)

Fragonard, Aurore

mardi, 09 mars 2010

Le chant de l'albinos

J'avais un ami si blanc en Afrique noire que le soleil le mordait jusqu'aux os et laissait sur sa peau les marques roses d'une succion obscène. Ses yeux étaient rouges, deux blessures qui ne cicatrisaient pas. C'était de sa faute : on lui avait bien dit, enfant, de ne pas laisser traîner son regard dans le ciel flamboyant. Il n'avait pas souvenir pourtant d'avoir joué avec la boule de feu qui rabote la cime des kapokiers en semant ses copeaux de lumière d'un côté à l'autre du jour, mais son entourage l'avait convaincu : il était un enfant de la nuit que rien ne pourrait réchauffer. Sa peau était froide comme celle d'un serpent, odieuse au toucher, sifflait-on à ses oreilles. Aucune main ne s'était jamais tendue pour lui souhaiter un meilleur matin. Il se demandait si une caresse brûlait ? S'il en était privé pour son bien, pour le préserver des souffrances de l'affection ? La tendresse provoquait-elle aussi des douleurs irritantes sur la peau ? Souvent, il avait léché ses bras, pour vérifier, effleuré son épaule du bout des doigts, pour vérifier : la douceur ne le blessait pas, et celle qu'il tentait de communiquer à son mainate, en lui lissant les plumes délicatement, n'effrayait pas non plus l'oiseau à la parure nocturne. Il avait adopté un compagnon aussi noir que lui était blanc marbré de rose, un ami bavard, la seule créature de cette nature prétendue issue de Dieu à lui parler. L'oiseau était un confident précieux. Il lui rapportait des chroniques de la vie des branches, de cet observatoire où l'on pépie et épie les hommes sans se faire repérer. L'oiseau sombre le prévenait des menaces qui se formulaient, des expéditions punitives qui se fomentaient contre lui si un malheur s'était abattu sur le village et que la communauté cherchait une victime expiatoire. Chaque fois, il en était ainsi : le fantôme aux cheveux de paille devait payer la faute pour libérer les vivants qui se jugeaient sans anomalie. On ne prononçait pas son nom. On crachait des mots sales sur son passage ; des allégories dégradantes le désignaient dans les conseils de quartiers ou de districts. Le mainate était bien obligé de lui répéter que le titre de bouc lui était souvent décerné avec, accolées, la promesse expéditive de la mort et de l'enfer, la menace du sacrifice. L'oiseau avait appris le vocabulaire de la haine dans une famille influente de l'administration coloniale où il était assigné à résidence. Il y était hébergé en cage. On le nourrissait et l'abreuvait de formules grossières que les enfants de maîtres lui ordonnaient de répéter. Pour ces gamins aux cheveux blonds, plaqués mouillés sur leur crâne pâle, il était évident que le Noir sentait la sueur d'âne, l'odeur de la paresse, le parfum de la fourberie. On leur avait inculqué cette vérité-là. Et ces mioches aux chemises fraîches et repassées étaient eux-mêmes de beaux perroquets à shorts kakis ; ils croassaient devant l'oiseau prisonnier les paroles que les adultes s'échangeaient par-dessus les assiettes quand, eux, à table, n'avaient que le droit de se taire. L'oiseau réputé pour son don de mimétisme, devait les redire. Et si, au bout du dixième ordre, il ne récitait pas les adjectifs vulgaires dont on couvrait les nègres de la plantation, véritables pagnes de la dérision, il risquait d'y perdre ses plumes, arrachées une à une par les petits doigts blancs furieux aux ongles propres. Le mainate apprit ainsi à sacrer, à blasphémer, à injurier le noir, la nuit et les esprits stupides de l'ombre. Pleuvait sur lui le rire des jeunes tortionnaires qui, en attendant de remplacer leurs pères, allaient à l'école des Pères Blancs. Au jour de l'Indépendance, une main de femme ouvrit la cage de l'oiseau. Le mainate libéré ne prit pas part au défilé. Il se méfiait des bouches qui proféraient liberté, égalité et tous ces slogans de fraternité ruminés sous la contrainte du bâton, ces mots qui s'agitaient sur les lèvres mais n'étaient pas encore descendus au fond du coeur, n'étaient pas passés dans le sang. Il n'y avait qu'un être humain, une créature verticale, à se tenir à l'écart de la fête : un homme blanc, taché de plaques roses, nu sous un caïlcédrat au bord du fleuve. Il jetait ses loques, ses vieux habits d'opprimé, dans la vase, et s'habillait, ce jour-là, de neuf. Il enfila un pantalon noir, une veste noire, une chemise blanche et recouvrit sa tête d'un haut-de-forme. Puis il dit au miroir qui lui renvoyait sa nouvelle image : "Ainsi je serai celui qu'ils veulent que je sois : Baron Samedi, l'esprit de vengeance, l'envoyé des trépassés, le patron de leurs peurs. Puisse mon aspect les tenir à jamais éloignés de moi !" C'est l'oiseau qui, petit à petit, lui apprit la poésie et l'art du chant, nourri de l'expérience des airs. C'est l'oiseau qui réussit à le convaincre de faire entendre sa voix au monde si les yeux des humains étaient trop faibles pour discerner la beauté, si les yeux des humains étaient aveuglés par le brandon des préjugés, si les yeux des humains avaient de la misère à reconnaître l'humain derrière la différence d'apparence. J'avais en Afrique un ami albinos, un très grand chanteur noir à la peau blanche, couleur de cadavre, que le monde entier écoutait avec un immense respect, les yeux fermés sans pouvoir retenir des larmes de pure émotion.

Jean-Yves Loude, nouvelle parue dans la revue L'instant du monde n°8

00:15 Publié dans Nouvelle | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-yves loude

lundi, 08 mars 2010

Il neigeait

 

Soir de neige à Honcho Street de Kobayashi Kiyochika.jpgIl neigeait, et voici, nous en dirons merveilles : l’aube muette dans sa plume, comme une grande chouette fabuleuse en proie aux souffles de l’esprit, enflait son corps de dahlia blanc.

Saint-John Perse

Soir de neige à Honcho Street de Kobayashi Kiyochika

dimanche, 07 mars 2010

Démocratie

1229288658_metropolis_2.jpgLe drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour. Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques. Aux pays poivrés et détrempés ! au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires. Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route !

Rimbaud, Illuminations, 1873

Fritz Lang, Metropolis, 1926

samedi, 06 mars 2010

Un article sur "Le bonheur est un drôle de serpent"

couv2.jpg“Il nous faut aller là où il n’y a pas de chemin”, dit le vieil Howard dans Le Trésor de la Sierra Madre. Léo a bien retenu le conseil, et il nous y invite !

Un article sur Le bonheur est un drôle de serpent, à lire ici, sur le site de Encres Vagabondes, signé Jean-Jacques Marimbert

démocratie

Gustave_Caillebotte_nu.jpg« Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. » : Gustave Flaubert

Nu au divan, Gustave Caillebotte

vendredi, 05 mars 2010

Tiens tiens, censure...

848761.jpgL'affiche de promotion du nouvel album du chanteur Damien Saez ne sera pas visible dans le métro car les régies publicitaires ont refusé de la diffuser, lire ici

17:32 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : censure, damien saez

Stand by me

C'est ici !

09:35 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : stand by me

Discours parfait, de Philippe Sollers

9782070768301FS.gifSuite de "La Guerre du goût" et de "Eloge de l'infini", "Discours parfait" est un ensemble de textes critiques, entretiens et contributions diverses, puisés dans L'Infini, Le Nouvel Observateur, Lignes de risque et autres publications. On y trouve également le texte intégral de "Fleurs" paru en 2006 aux éditions Herman. Les lecteurs habituels de Sollers ne s'étonneront pas d'y croiser les figures tutélaires de Rimbaud, Nietzsche, Voltaire, Heidegger, Dante, Saint-Simon, Proust, Stendhal, Bataille, Céline, etc. Le principal intérêt est de voir réunis en un seul livre (912 pages) toutes ces contributions éparpillées. Quant aux autres, ce livre sera peut-être une clé d'entrée dans ces univers multiples. Livre très riche donc, j'en sortirai entre autres perles, celle-ci : "Jean Beaufret, le traducteur, enfin l'ami de Heidegger, est en analyse chez Lacan et il est agacé parce que Lacan se tait. Mais là, un jour, Beaufret a une astuce, il tend un piège à Lacan et lui dit : "Tiens, j'étais avant-hier à Fribourg, et Heidegger m'a parlé de vous." Et Lacan saute dans son fauteuil et dit : "Ah oui ! Qu'est-ce qu'il vous a dit ?". On retiendra aussi le fameux vers de Hölderlin que Heidegger aimait citer : "Là où le péril croît, croît aussi ce qui sauve."

jeudi, 04 mars 2010

Ma Chine à écrire

FredAzaïs.jpg« La tradition occidentale privilégie la parole, liée au corps, à la respiration, et s'efforce de reléguer l'écrit au rang de reflet inerte. Le  petit enfant français apprend "à lire et à écrire", à lire puis à écrire ; en Chine, le caractère est écrit, tracé avant d'être lu. Tracer le caractère est un acte qui engage tout le corps, tout le souffle de façon consciente. C'est pour cette raison que copier une belle calligraphie n'est pas cette pâle corvée que le mot évoque pour nous. Copier pour nous est quelque chose de triste, on pense aux copies que l'on a  faites jadis étant petit. Pour un chinois, copier c'est entrer dans le mouvement du corps de l'auteur, c'est retrouver le rythme de la graphie de l'auteur, et cette communication physique est aussi immédiate que celle que vous trouvez à travers la tessiture d'une voix. C'est  peut‑être une des raisons du pouvoir social de l'écriture en Chine. »

Viviane Alleton

Peinture de Frédérique Azaïs-Ferri

mercredi, 03 mars 2010

Quand avril fait deuil de ses lilas

radisbleus.jpgQuand avril fait deuil de ses lilas, que moutonne l'eau du lac sous les rafales du mistral et que merles transis pas plus que rousserolles ne vous donnent envie de chanter, alors où voulez-vous aller puiser la force d'encore continuer jusqu'à la passerelle, là-bas, où les grands roseaux bleus font signe et nous appellent ?
Une averse sauvage désole soudain sentes et sous-bois qu'au sortir de la forêt ne viendra consoler aucun arc-en-ciel, ils sont tombés des nues les cerfs-volants de fine étoffe qu'enfant nous lancions à l'assaut du soleil et maintenant même l'iris des marais prend sous nos pas une pâleur d'ennui tandis que s'évanouissent en ricanant dans le vent les souvenirs jaunis des jours passés.
Quelque chose de nous déjà doucement gagne l'agonie qu'on voudrait voir encore cavaler vers la vie, au cœur cependant la tranquille espérance qu'un frisson de lumière, agitant là-bas les grands roseaux bleus, suffira sans doute pour atteindre bientôt la passerelle.

Pierre Autin-Grenier, Les Radis bleus