Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 11 novembre 2008

Posséder c'est perdre

l'incertitude du poète_chirico.jpgL'art nous délivre de façon illusoire, de cette chose sordide qu'est le fait d'exister... En art, il n'y a pas de désillusion, 
car l'illusion s'est vue admise dés le début. Le plaisir que l'art nous offre ne nous appartient pas, à proprement parler : 
nous n'avons donc à le payer ni par des souffrances, ni par des remords... 
Par le mot art, il faut entendre tout ce qui est cause de plaisir sans pour autant nous appartenir : la trace d'un passage, 
le sourire offert à quelqu'un d'autre, le soleil couchant, le poème, l'univers objectif. Posséder c'est perdre. Sentir sans posséder, c'est conserver, parce que c'est extraire de chaque chose son essence.
Fernando Pessoa

L'incertitude du poète : Chirico

lundi, 10 novembre 2008

Comment les écrivains français gagnent leur vie

Lire ici cette enquête de Rue89, assez sommaire, et qui oublie de mentionner, comme toujours en pareil cas, ceux qui ne gagnent pas leur vie !

La malle aux manuscrits de Pessoa

sables d'olonnes (6).JPGDans ses ouvrages et articles sur Pessoa, Teresa Rita Lopes, grande exégète de l'écrivain, raconte les difficultés extrêmes qui se posent aux chercheurs, car l'oeuvre est enfoui pêle-mêle dans cette malle-sarcophage. 27 543 documents ont été retrouvés dont 18 816 sont des manuscrits. 3 948 d'entre eux sont dactylographiés. Certains sont classés dans des enveloppes, au nombre de 343, mais il s'agit d'une minorité, car on dénombre 2662 feuillets volants. De plus, il écrivait parfois des fragments d'œuvres différentes sur la même feuille, ce qui complique singulièrement la tâche des chercheurs.
Quand, en 1968, la malle fut mise à la disposition d'équipes officielles de recherche, elle avait déjà été fouillée par bien des mains, qui ont contribué ainsi au désordre et à la disparition de certains manuscrits. Le fonds a été racheté par la fondation Gulbenkian en 1979, et déposé à la Bibliothèque Nationale du Portugal en 1982.

Dès qu'on ouvre l'une des pochettes dans lesquelles se trouvent maintenant les manuscrits, on est frappé du peu de cas que Pessoa en a fait. Certes, il était pauvre, ce qui l'obligeait à récupérer tout le papier possible ; c'est pourquoi ses manuscrits sont une véritable stratification car constamment réutilisés.
Il n'a pas pris la peine de numéroter les feuillets, et très peu sont datés. L'écriture y est quasiment illisble, ce qui entraîne les exégètes à publier nouvelles versions, au fur et à mesure de leur relecture de la graphie pessoenne. Enfin les supports utilisés révèlent un véritable mépris quant à la sauvegarde de l'œuvre : papier de qualité médiocre, feuilles fournies par les cafés, en particulier le Brasileiro, calendriers, articles et quotidiens, brouillons divers et même… ses propres manuscrits. Ainsi un passage du Livre jouxte-t-il sur la même page, quand il n'est pas copié par-dessus, un poème d'Alvaro de Campos, un horoscope, une liste de comptes… Soares, le semi-hétéronyme auteur du Livre de l'Intranquillité, affiche son indifférence pour l'outil et le support graphiques :

"Je remplis peu à peu, à traits lents et mous d'un crayon émoussé (que je n'ai pas la sentimentalité de tailler), le papier blanc qui sert à envelopper les sandwiches et que l'on m'a fourni dans ce café, parce que je n'avais pas besoin d'en avoir de meilleur et que n'importe lequel faisait l'affaire, pourvu qu'il soit blanc."

Photo de Gildas Pasquet

dimanche, 09 novembre 2008

Nous manufacturons des réalités

magritte.jpg« Nous attribuons généralement à nos idées sur l’inconnu la couleur de nos conceptions sur le connu: si nous appelons la mort un sommeil, c’est qu’elle ressemble, du dehors, à un sommeil ; si nous appelons la mort une vie nouvelle, c’est qu’elle paraît être une chose différente de la vie.  C’est par le jeu de ces petits malentendus avec le réel que nous construisons nos croyances, nos espoirs – et nous vivons de croûtes de pain baptisées gâteaux, comme font les enfants pauvres qui jouent à être heureux. Mais il en va ainsi de la vie entière : tout au moins de ce système de vie particulier qu’on appelle en général civilisation. La civilisation consiste à donner à quelque chose un nom qui ne lui convient pas, et à rêver ensuite sur le résultat. Et le nom, qui est faux, et le rêve, qui est vrai, créent réellement une réalité nouvelle. L’objet devient réellement différent, parce que nous l’avons, nous, rendu différent. Nous manufacturons des réalités. »

Fernando Pessoa, Le Livre de l'intranquillité

Magritte, Le Château des Pyrénées

samedi, 08 novembre 2008

Rappel de quelques infos

MAIL BNA 25 SMALL2.jpgDernière ce soir (à ne pas manquer) à 19 H

Au théâtre d'Ô à Montpellier de Bureau National des Allogènes, de Stanislas Cotton

Cie Les Perles de Verre

Mise en scène Hélène de Bissy et Béla Czuppon / Avec Babacar M’Baye Fall et Béla Czuppon

 Rigobert Rigodon, petit fonctionnaire, examine et trie les requêtes des demandeurs d’asile. Mais un jour, ce «monsieur tout le monde » saute par la fenêtre et s ’écrase quelques mètres plus bas. Pourtant, son âme continue à flotter parmi les vivants,pour raconter son étrange rencontre avec Barthélémy Bongo venu lui demander si, en tant qu’être humain, il pouvait rester ici…

Allogène : D'une origine différente de celle de la population autochtone et installé tardivement dans le pays.

Rond point du Château d'eau
34090 Montpellier  

Tel : 04 67 67 73 73
Fax : 04 67 67 73 74
Réservations : 04 67 67 66 66

La semaine prochaine à Nîmes, au Périscope, le 13 à 19 H et le 14 à 20 H 30  (résa : 04 66 76 10 56)

ESSAILIVREAFFICHE.jpgEt tout le WE,

Pierre Autin-Grenier sera au Salon Place aux livres, place Bellecour à Lyon, sur le stand des éditions Cadex et des éditons du Chemin de Fer, du 7 au 9 novembre 2008.

Voir ici le site du Salon avec  toutes les infos

 

Lire ici sur ce blog, en date des 28, 29 et 30 octobre des inédits de PAG


J'ai façonné ainsi ma vie

Armaz_ns-do-Chiado-1958-nova.jpgOrganiser notre existence de façon qu'elle soit aux yeux des autres un mystère, et que ceux mêmes qui nous connaissent le mieux nous ignorent seulement de plus près que les autres. J'ai façonné ainsi ma vie, presque sans y penser, mais avec tant d'art et d'instinct que je suis devenu pour moi-même une individualité, mienne sans doute, mais qui n'est ni clairement ni entièrement définie.

Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité,

LISBOA - Grandes Armazéns do Chiado

vendredi, 07 novembre 2008

La splendide et inexplicable Italie...

566557.jpgBerlusconi a qualifié Obama de "Jeune, beau et bronzé"

Artemisia Gentileschi

456px-ArtemisiaSelfP.jpgRemarquablement douée et aujourd'hui considérée comme l'un des premiers peintres baroques,  l'un des plus accomplis de sa génération, elle s'impose par son art à une époque où les femmes peintres ne sont pas facilement acceptées. Elle est également la première femme à peindre l'histoire et la religion à une époque où ces thèmes héroïques sont considérés comme hors de portée d'un esprit féminin.

Autoportrait

Plus d'infos ici

jeudi, 06 novembre 2008

Vinci or not Vinci ?

718568-878336.jpg"Cette Marie-Madeleine est sans doute un des clous de l'exposition de Koekelberg. Jusqu'ici, elle avait été attribuée à un élève de Léonard de Vinci, Giovan Pietro Rizzoli, dit Il Giampetrino. Mais le Pr Carlo Pedretti, 83 ans, expert mondial ès Leonardo, est persuadé d'y voir la patte du maître. « A tout le moins, on peut voir que Léonard regardait par-dessus son épaule », dit-il. Mais il va plus loin : il croit que l'œuvre est de Léonard lui-même : « Je le sens. J'accompagne Léonard depuis tant d'années que je sais quand il intervient. Ici je suis sûr que la facture va bien au-delà de ce que pouvait faire son meilleur élève. »

Léonard de Vinci n'a guère peint de nus féminins. Carlo Pedretti croit savoir que le commanditaire le voulait expressément. « Il avait demandé une femme. Une peinture religieuse, bien sûr. Mais une qu'il pouvait embrasser. Marie-Madeleine s'imposait. Le peintre a même gommé le vase que Marie-Madeleine tient dans la plupart de ses représentations. »

Nos enfants nous accuseront

images.jpgPour que ce film qui dénonce les méfaits de la mauvaise alimentation et des pesticides, réalisé par un français, soit correctement programmé lors de sa sortie en salle, il faut qu'un maximum de personnes regarde la bande-annonce dans les 3 jours à venir. http://www.nosenfantsnousaccuseront-lefilm.com/

En vous remerciant de bien vouloir faire suivre à tous vos contacts

mercredi, 05 novembre 2008

Jour historique ?

sables d'olonnes (21).JPGL'Histoire nous le dira ; en attendant, on peut écouter les mots...

Photo de Gildas Pasquet

Ces rives de l'Italie

sables d'olonnes (37).jpgLes délires baroques de Spaccanapoli, eux aussi, sont là de toute éternité. Ils figurent l’autre côté des choses, la folie, la mort, l’amour fou. Des étendards, balises de l’univers onirique qui me hante, s’étalent là devant mes yeux.

Ils sont avec moi, ils sont moi, ces frontons d’église, ces figures alambiquées, torsadées, sculptures aériennes, fluides, qui défient le temps, la logique, la mesure. Cette folie-là, je m’y suis lové, comme on se glisse entre les draps pour y trouver le repos, ne plus agir, ne plus être envahi du désordre et de l’incongruité du monde. Un grand calme enfin.

J’aime ces ruelles sombres où clabaude la vie, ces cours, ces palais de marbre, ces rives de l’Italie... Plus envie de retourner en France, je voudrais être une de ces pierres, le bras de cette statue dont le doigt pointe vers la mer, sentir le matin les odeurs de l’aube, sécher au soleil de midi et m’effriter lentement de la vie qui va... La rouille comme une délivrance.

Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, prix 98 de la ville de Balma, éditions n & b

Photo de Gildas Pasquet

mardi, 04 novembre 2008

La complexité d'un tableau de Nicolas Poussin

346011451_02aee2cd25.jpgLa Récolte de la Manne : Voir ici une vidéo explicative

Sarx

A8162web.jpgA l’heure où les écrans et tout ce qui nous entoure nous éloigne de plus en plus des sensations vraies – par exemple la plupart des objets avec lesquels nous sommes en contact au quotidien sont des produits manufacturés et ne sont plus faits directement par la main de l’homme -, Jacki Maréchal, dans une série de douze tableaux (dont ces trois là font partie) a choisi d’aborder symboliquement la problématique de la chair et du « toucher » Le terme « sarx » signifie « chair » en grec ancien.  

A8163web.jpgProlongement de tous les autres sens, la main ici volontairement traitée de manière symbolique, touche un autre corps qui souvent n’est qu’ombre, voir poussière, ou mieux encore, pure ontologie.

A8165web.jpgIl faut lire dans cette série de toiles une démarche allégorique, qui lie au toucher, une structure de notre conscience de l’autre et de sa corporéité unique. De l’harmonie de l’action dépendra la subtilité de relation qui va du monde extérieur vers cet unique intime, et de là, vers la richesse illimitée du toucher.

Le projet est de révéler dialectiquement le toucher, par un art purement visuel qui s’adresse à l’œil de l’autre, et donne envie de franchir la frontière vers cet autre à la main tendue, miroir affranchi par l’horizon du corps de celui qui voit. La main, ici symbole du sens du toucher, montre la limite de l’œil et le surpasse au final.

Pour toutes informations et projets : jackimarechal@yahoo.fr

http://jacki-marechal.com/

lundi, 03 novembre 2008

Diogène jetant son écuelle

jetant_cuelle_nicolas_poussin_1648_1.jpgL’écuelle était le seul objet usuel de Diogène. Comme les moines zen, il la transportait partout avec lui pour manger et pour boire. Jusqu’au jour où il vit un enfant boire à la fontaine dans ses deux mains en creux. Il jeta alors l’écuelle – luxe inutile. Nicolas Poussin l’a représenté en 1648.

23:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : diogène, poussin

Bureau national des allogènes, de Stanislas Cotton

MAIL BNA 25 SMALL2.jpgCie Les Perles de Verre

Mise en scène Hélène de Bissy et Béla Czuppon / Avec Babacar M’Baye Fall et Béla Czuppon

 Rigobert Rigodon, petit fonctionnaire, examine et trie les requêtes des demandeurs d’asile. Mais un jour, ce «monsieur tout le monde » saute par la fenêtre et s ’écrase quelques mètres plus bas. Pourtant, son âme continue à flotter parmi les vivants,pour raconter son étrange rencontre avec Barthélémy Bongo venu lui demander si, en tant qu’être humain, il pouvait rester ici…

Allogène : D'une origine différente de celle de la population autochtone et installé tardivement dans le pays.

Au théâtre d'Ô

Rond point du Château d'eau
34090 Montpellier  

Tel : 04 67 67 73 73
Fax : 04 67 67 73 74
Réservations : 04 67 67 66 66

Infos pratiques :

Le 05/11/08 de 19:00 à 20:25 : Mercredi
Du 06/11/08 au 07/11/08 de 20:30 à 21:55 : Jeudi, Vendredi
Le 08/11/08 de 19:00 à 20:25 : Samedi

samedi, 01 novembre 2008

J'interromps si souvent une pensée par un morceau de paysage

web-lisboa.jpgJe reste toujours ébahi quand j'achève quelque chose. Ébahi et navré. Mon instinct de perfection devrait m'interdire d'achever ; il devrait même m'interdire de commencer. Mais voilà : je pèche par distraction, et j'agis. Et ce que j'obtiens est le résultat, en moi, non pas d'un acte de ma volonté, mais bien d'une défaillance de sa part. Je commence parce que je n'ai pas la force de penser ; je termine parce que je n'ai pas le courage de m'interrompre. Ce livre est celui de ma lâcheté.
La raison qui fait que j'interromps si souvent une pensée par un morceau de paysage, qui vient s'intégrer de quelque façon dans le schéma, réel ou supposé, de mes impressions, c'est que ce paysage est une porte par où je m'échappe et fuis la conscience de mon impuissance créatrice. J'éprouve le besoin soudain, au milieu de ces entretiens avec moi-même qui forment la trame de ce livre, de parler avec quelqu'un d'autre, et je m'adresse à la lumière flottant, comme en ce moment, sur les toits de la ville, mouillés sous cette clarté oblique ; à la douce agitation des arbres qui, haut perchés sur les pentes citadines, semblent tout proches cependant, et menacés de quelque muet écroulement ; aux affiches superposées que font les maisons escarpées, avec pour lettres les fenêtres où le soleil déjà mort pose une colle humide et dorée.

Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité