vendredi, 04 novembre 2005
Ré-primé
Houellebecq, en tout cas, a quelque chose à dire, et il le dit avec tant de force que le monde entier l'entend. Et que, primé ou non, c'est à lui que tout le monde s'intéresse, même si c'est pour le décrier !
Alina Reyes
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mercredi, 02 novembre 2005
L’élection de Pierre Autin-Grenier à l’Académie Française (nouvelle mouture)
Le hasard m’a fait intercepter cet article du « Chasseur français » du 16 avril 2008, le voici en substance…
Une foule avenante et bigarrée se pressait hier, sous la Coupole, pour la réception à l’Académie Française de Pierre Autin-Grenier, au fauteuil de Jean d’Ormesson. Nombre de ses amis étaient là, déjà académiciens comme Jean-Pierre Ostende, Jean-Claude Pirotte et Gil Jouanard ou avec l’espoir de l’être un jour comme Eric Holder ou Philippe Delerm. Très élégant dans son costume dessiné par Christian Lacroix, l’œil pétillant et la démarche altière, l’ancien soixante-huitard dont on connaît le talent et l’ironie mordante a laissé quelque peu perplexe une partie de ses auditeurs en prononçant l’éloge de l’ancien directeur du Figaro Magazine : « Homme de plume mais aussi de combat et ce qui ne gâte rien, d’une immense culture, Jean d’O - comme l’appelaient ses nombreux amis – s’il n’a cessé de côtoyer les puissants, n’en aura pas moins été un défricheur, un chercheur inlassable de vérité. Seul contre tous, il n’hésitera pas à jouer les trouble-fête après mai 1981, à se dresser courageusement, tel Hugo face à Napoléon III, contre François Mitterrand et à faire du Figaro, le grand journal de la contestation d’alors, un rempart contre la pensée unique et une nécessaire alternative, un scrupuleux antidote (...) C’est à cet homme de résistance que je veux rendre hommage aujourd’hui, c’est ce compagnonnage que je revendique, celui de l’irrévérence et de la libre parole, même si nos convictions ont souvent été diamétralement opposées, concluait-il… » Quolibets et noms d’oiseaux ont alors fusé ci ou là, vite recouverts par les applaudissements d’usage et le sourire entendu de quelques uns. Tout cela fut oublié grâce à l’éloquence vibrante de Bertrand Poirot-Delpech qui, prononçant l’éloge de Pierre Autin-Grenier, mit l’accent sur « l’ironie convulsive, l’impertinence consubstantielle du nouvel académicien » : « il n’a jamais voulu appartenir à aucune école, sinon celle des « Moins que rien » , sous lequel un journaliste fort pertinent – cela existe, c’est prouvé, ajoutait-il - avait regroupé, dans les années quatre-vingt-dix, quelques unes des plus solides – et des plus caustiques - plumes du moment. Tels ces écrivains du bâtiment dont Hemingway conseillait au siècle dernier la fréquentation aux débutants, Autin-Grenier n’a cessé d’être prolixe. Lui le maître du « fond de court » surprit son monde en montant au filet, se lançant avec le succès que l’on sait dans le roman grâce à « Friterie-bar Brunetti ». Dès lors rien ne l’arrêta plus. Devenu, après avoir surfé sur la victoire du non au référendum de 2005, le maître à penser de la nouvelle gauche, sa notoriété grandissant, il entreprit son grand virage à droite pour soutenir (victorieusement) la candidature de Ségolène Royal à la Présidentielle de 2007. Devenu une véritable icône, il publia alors un poignant plaidoyer: « Je ne suis pas un bobo ! » où l’émotion de l’ancien gauchiste blessé dans son amour-propre transpirait à chaque ligne. Son œuvre n’est pas terminée heureusement, et lui qui fit de la célèbre boutade : « Il poursuivait une idée fixe, il était surpris de ne pas avancer ! » un de ces chevaux de bataille, ne manquera pas de nous surprendre encore, n’en doutons pas, puisque le voilà bien reverdi ! »
C’est dans un des quartiers du vieux Lyon qu’il affectionne tant, qu’une partie de cette joyeuse assemblée, par un TGV spécialement affrété, s’est rendue ensuite, pour fêter cet irrésistible événement. Et le vin blanc, comme il se doit, a coulé jusqu’à une heure fort avancée de la nuit ! Les plus vieilles institutions ont parfois aussi leurs moments de folie…
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samedi, 29 octobre 2005
Une terre chtonienne
"Énée, rescapé de Troie que les Grecs ont prise d’assaut au terme de dix longues années de siège, aborde les rivages de Cumes. Il vient consulter la prêtresse, la fameuse Sybille, qui lui révélera l’avenir et lui indiquera la voie à suivre pour accomplir son destin et fonder en Occident la cité nouvelle dont la gloire et la puissance parviendront à estomper le prestige de la Troie d’hier. Ensemble, par une nuit sans lune, ils descendent au milieu des volcans et pénètrent dans le royaume des morts. Énée recevra ainsi des dieux la devise qui fera la grandeur de Rome : « Voilà quel sera ton destin : imposer la paix au monde, épargner les vaincus et écraser les superbes »."
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lundi, 24 octobre 2005
La nuit sera blanche et noire
Ne m'attendez pas ce soir, car la nuit sera blanche et noire
Mot d'adieu de Gérard de Nerval le 26 janvier 1855
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Le singe qui chauce les sollers
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dimanche, 23 octobre 2005
Notes
Certains maniaques, dans la marge du livre aux pages fiévreusement coupées, ne peuvent s'empêcher de déposer, comme instinctivement, le résultat à peine intelligible de leur réflexion. Font un livre, hybride, avec l'oeuvre lue. Il arrive que leurs remarques soient plus intéressantes que le discours qui les a provoquées.
Georges Perros
16:24 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (13)
La possibilité...
L'arrivée d'un écrivain comme Michel Houellebecq (étant donné l'aspect profondément novateur de ce qu'il propose), outre le fait qu'elle ringardise ipso facto la quasi-totalité de la production actuelle, est très stimulante. Ce qu'on croyait figé voire moribond depuis trente ou quarante ans ne l'était pas : on peut aujourd'hui dire quelque chose de totalement nouveau à travers la littérature et en français. Nous voilà d'un coup réconciliés avec le passé récent et en même temps notre regard sur l'avenir a changé...
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mercredi, 19 octobre 2005
Autant en emporte le vent
Ce fameux titre de livre et de film, bien avant d'avoir servi de traduction à "Gone with the wind", trouve sa source dans une expression vieille de cinq siècles.
Pour désigner des promesses non tenues, c'est au XV ème siècle que l'expression prend sa forme proverbiale.
Si elle apparaît déjà dans une moralité de 1426 (nous dit le "Dictionnaire commenté des expressions d'origine littéraire, les allusions littéraires" de Jean-Claude Bologne, Larousse, 1989) : "Trop bien oyons blasmer les vices, Mais autant emporte le vent, c'est Villon qui lui assure un succès durable en en faisant le refrain de sa "ballade en vieil langage françois" :
Ont ils bien bouté soubz le nez ?
Autant en emporte ly vens.
On peut même remonter plus haut. Avant de prendre forme proverbiale, l'expression est fréquente sous des formes variées, comme dans la célèbre "Complainte Rutebeuf" réactualisée en son temps par une chanson de Léo Ferré :
Ce sont ami que vens emporte,
Et il ventoit devant ma porte :
Ses emporta
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lundi, 17 octobre 2005
Sur Jules Verne
" L’imagination du voyage correspond chez Verne à une exploration de la clôture, et l’accord de Verne et de l’enfance ne vient pas d’une mystique banale de l’aventure, mais au contraire d’un bonheur commun du fini, que l’on retrouve dans la passion enfantine des cabanes et des tentes : s’enclore et s’installer, tel est le rêve existentiel de l’enfance et de Verne. L’archétype de ce rêve est ce roman presque parfait : " L’île mystérieuse ", où l’homme-enfant réinvente le monde, l’emplit, l’enclôt, s’y enferme, et couronne cet effort encyclopédique par la posture bourgeoise de l’appropriation : pantoufles, pipe et coin du feu, pendant que dehors la tempête, c’est-à-dire l’infini, fait rage inutilement "
Roland Barthes, Mythologies
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mercredi, 28 septembre 2005
Sur Valéry encore
Fruttero et Lucentini, dans l’excellent : " La prédominance du crétin ", notent ces phrases trouvées dans le Journal de Gide : " Après-midi avec P.V. Longue conversation qui me laisse fourbu. " " Paul m’invite à dîner. Rentré très tard, épuisé " " Plaisir intense de revoir V., entre deux trains. Mais je repars brisé, la tête en feu. ".
13:10 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (4)
9, rue de la Vieille intendance à Montpellier
C'est à cette adresse que Paul Valéry a écrit "Monsieur Teste", tout près de la Place de la Canourgue et de la cathédrale de Montpellier, dans la même maison qui vit naître Auguste Comte (certains saisiront le clin d'oeil Houellebecquien). Les duettistes italiens Fruttero et Lucentini, qui ont réuni leurs chroniques de "La Stampa" sous le titre inspiré de "La prédominance du crétin", terminent le livre par ces lignes sur Valéry : « Monsieur Teste n’est pas un symbole commode, un héros triomphant que l’on peut suivre en rangs, en entonnant des slogans. En un certain sens, il a toujours été vaincu. Mais à intervalles assez longs, quand les trottoirs hurlants se sont momentanément vidés, on peut toujours, si on le désire, entendre son pas nocturne, régulier, imperturbablement solitaire ».
On pourra ici faire aussi une petite promenade littéraire à Montpellier
06:55 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (13)