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mardi, 12 juin 2007

L’ascèse selon Gracq

c95e26a26fa380eae3ccb114f731f569.jpgGracq est le dernier de nos classiques. Un écrivain de l’ancien temps, d’avant le règne des médias et la défaite du style. Dès 1950, en pleine gloire montante, Gracq s’insurge dans un célèbre pamphlet contre les périls qui menacent la littérature : le nivellement par le bas, le servage progressif des esprits, l’apparition d’un public désorienté, qui ne lit pas, et pour qui le nom de l’auteur n’a d’autre valeur qu’une marque commerciale. Anticipant la logique de la peopolisation, Gracq prophétise l’avènement de l’auteur-vedette, réduit à n’être qu’une figure de l’actualité, porté par un bruit de fond médiatique qui édulcore sa pensée tout en amplifiant son image.

La suite à lire ici

jeudi, 21 décembre 2006

Rocambole

medium_rocambole.jpgUn jour, se considérant mal payé, Ponson du Terrail exigea une augmentation d'un des directeurs de journaux pour qui il écrivait. - Le directeur, trouva la demande de son feuilletonniste exagérée et  décida sur le champ de se passer de ses services. Il fit appel à divers nègres dont la mission serait de poursuivre les récits de l'autre. - Or, dans l'épisode interrompu par la démission de Ponson, le héros, Rocambole, avait eu le malheur d'être enfermé dans un coffre-fort. Comment le sortir de là ? - Le directeur, ses nègres, toute l'équipe du journal ne purent trouver une solution à ce problème. - Ponson du Terrail fut rappelé, on lui donna l'augmentation qu'il exigeait, et le lendemain, la suite du récit débutait : «Ayant réussi à s'échapper du coffre-fort, Rocambole...»

mercredi, 01 novembre 2006

Emploi du temps

medium_balzac_rodin_paris_b.jpg« je me couche à six heures du soir ou à sept heures comme les poules ; on me réveille à une heure du matin et je travaille jusqu’à huit heures ; à huit heures, je dors encore une heure et demie ; puis je prends quelque chose de peu substantiel, une tasse de café pur et je m’attelle à mon fiacre jusqu’à quatre heures ; je reçois, je prends un bain, ou je sors, et après dîner, je me couche » 

Balzac

Balzac par Rodin

 

 

 

vendredi, 27 octobre 2006

Textes peu sérieux, de Max Laire

medium_n45_lichtenstein_l.jpgLes rêves choisissent leur compagnie une gomme à la main

J’ai tellement de rêves que parfois j’ai la sensation de vivre en dormant

Ne donnez des conseils éclairés que le soir

Max Laire,

Roy Lichtenstein, Spray 

Lisez d'autres perles de cet auteur, ici sur le blog de la revue Casse, qui l'a publié

jeudi, 12 octobre 2006

La vérité sur Moby Dick

Le corps à corps entre le capitaine et le cachalot est un affrontement de mâles. « Et dans l’ensemble du texte, les métaphores masculines l’emportent. L’homosexualité est un thème récurrent chez Melville, par des voies détournées bien entendu » observe le traducteur. Il est vrai que dès le titre… En argot, « Dick » désigne le membre viril. « Trique » est son meilleur équivalent. L’écrivain ne l’a pas choisi au hasard. D’autant qu’en anglais, le lexique marin est généralement féminin.

Article à lire ici

dimanche, 01 octobre 2006

Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers

« Quelle chienne de chose que la prose ! Ça n'est jamais fini ; il y a toujours à refaire. Je crois pourtant qu'on peut lui donner la consistance du vers. Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore. Voilà du moins mon ambition (il y a une chose dont je suis sûr, c'est que personne n'a jamais eu en tête un type de prose plus parfait que moi ; mais quant à l'exécution, que de faiblesses, que de faiblesses, mon Dieu !).

Flaubert, A Louise Colet. 22 juillet 1852.

C'est une délicieuse chose que d'écrire !

« J'ai un casque de fer sur le crâne. Depuis 2 heures de l'après-midi (sauf 25 minutes à peu près pour dîner), j'écris de la Bovary. Je suis à leur Baisade, en plein, au milieu. On sue et on a la gorge serrée. Voilà une des rares journées de ma vie que j'ai passée dans l'Illusion, complètement, et depuis un bout jusqu'à l'autre. Tantôt, à six heures, au moment où j'écrivais le mot attaque de nerfs, j'étais si emporté, je gueulais si fort, et sentais si profondément ce que ma petite femme éprouvait, que j'ai eu peur moi-même d'en avoir une. (...) N'importe, bien ou mal, c'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge qui faisait s'entre-fermer leurs paupières noyées d'amour. »

Gustave Flaubert

A Louise Colet. 23 décembre 1853.

jeudi, 21 septembre 2006

Ce qu'est la littérature antique

medium_Email0361.2.jpgQuand on vous explique du grec de Théocrite ou les Bucoliques de Virgile sous les oliviers dans un pays comme Barbentane qui est d'une pureté de lignes extraordinaire, pour peu que vous ayez de la sensibilité étant jeune, vous conservez cela toute votre vie. Et vous avez une prédilection pour ce pays qui vous a révélé réellement ce qu'est la littérature antique. Car ce n'est pas avec un bouquin dans une classe noire et enfumée comme elles l'étaient de ce temps-là - il n'y en a plus maintenant je pense - que vous pouvez apprendre l'amour des choses, qui sont des choses de soleil, des choses extrêmement vivantes. Là, sous les oliviers de Barbentane, je vous assure que Théocrite se promenait autour de nous et nous parlait lui-même.

Henri Bosco (site à découvrir ici)

Peinture de Frédérique Azaïs

dimanche, 27 août 2006

Des nouvelles de Borges

Ici !

lundi, 03 avril 2006

Remembrance of things past

Une bonne nouvelle, apprise sur le blog de Pierre Assouline : A la recherche du temps perdu, en anglais s'appelait : Remembrance of things past ; depuis peu c'est In search of lost time !

jeudi, 23 mars 2006

Allégorie de toute mon œuvre en quelque sorte

« A 6 ou 7 ans, ma tante m’a emmené faire un tour dans la campagne. Elle était un peu farceuse et un moment elle me dit : “Je me demande si on ne s’est pas perdus.” J’ai eu une trouille ! Puis honte d’avoir eu si peur. Sans doute pour surmonter cette honte, j’ai décidé, aussitôt rentré à la maison, d’écrire un livre, j’avais son titre, La Peur. Avec du bristol découpé, j’ai fait la couverture, mais je me suis arrêté là. Allégorie de toute mon œuvre en quelque sorte », résume-t-il en souriant.

Jacques Réda, flâneur à vie, à lire ici

jeudi, 09 mars 2006

Nova langue

Voici un joli texte sur le langage pris sur le blog de Lydia, la quelle cite Claude Simon qui cite lui-même Novalis, merci à tous...

 Claude Simon conclut sa série d'entretiens, par la lecture de ce fragment :

"Il y a quelque chose de drôle, à vrai dire, dans le fait de parler et d'écrire ; une juste conversation est un pur jeu de mots. L'erreur risible et toujours étonnante, c'est que les gens s'imaginent et croient parler en fonction des choses. Mais le propre du langage, à savoir qu'il est tout uniment occupé que de soi-même, tous l'ignorent. C'est pourquoi le langage est un si merveilleux et fécond mystère : que quelqu'un parle tout simplement pour parler, c'est justement alors qu'il exprime les plus originales et les plus magnifiques vérités. Mais qu'il veuille parler de quelque chose de précis, voilà alors le langage et son jeu qui lui font dire les pires absurdités, et les plus ridicules. C'est bien aussi ce qui nourrit la haine que tant de gens sérieux ont du langage. Ils remarquent sa pétulante espièglerie ; mais ce qu'ils ne remarquent pas, c'est que le bavardage négligé est justement le côté infiniment sérieux de la langue. Si seulement on pouvait faire comprendre aux gens qu'il en va, du langage, comme des formules mathématiques : elles constituent un monde en soi, pour elles seules ; elles jouent entre elles exclusivement, n'expriment rien si ce n'est leur propre nature merveilleuse, ce qui justement fait qu'elles sont si expressives, que justement en elles se reflète le jeu étrange des rapports entre les choses. Membres de la nature, c'est par leur liberté qu'elles sont, et c'est seulement par leurs libres mouvements que s'exprime l'âme du monde, en en faisant tout ensemble une mesure délicate et le plan architecturale des choses. De même en va-t-il également du langage : seul celui qui a le sentiment profond de la langue, qui la sent dans son application, son délié, son rythme, son esprit musical; - seul celui qui l'entend dans sa nature intérieure et saisit en soi son mouvement intime et subtil pour, d'après lui, commander à sa plume ou à sa langue et les laisser aller : oui, celui-là seul est prophète. Tandis que celui qui en possède bien la science savante, mais manque par contre et de l'oreille et du sentiment requis pour écrire des vérités comme celles-ci, la langue se moquera de lui et il sera la risée des hommes tout comme Cassandre pour les Troyens (...)"

Monologue - Novalis (1798)

jeudi, 02 mars 2006

Roman ou réalité ?

La vie est mal faite: aux Etats-Unis on reproche au roman de ne pas être vrai, en France on lui reproche de l'être trop. Deux récentes «affaires» littéraires montrent à quel point l'art du roman est devenu difficile, paradoxal, complexe et menacé.

A lire ici

mardi, 21 février 2006

Tout d'un coup, un silence absolu, très particulier, se faisait dans la librairie

Le président qui aimait les livres, à lire ici

lundi, 13 février 2006

Le texte de Fernando Arrabal sur le procès de l’écrivain Michel Houellebecq

Fernando Arrabal connaît parfaitement le délit de blasphème, c'est à cause de lui qu'il fut jugé par un tribunal franquiste. L'écrivain jovial et souriant a enthousiasmé l'auditoire...medium_houellebecq_arrabal.jpg 

Texte de Fernando Arrabal sur le Procès de Michel Houellebecq (in " L’infini". Hiver 2002 - Numéro 81)

Ici le site de Arrabal

dimanche, 04 décembre 2005

La maîtrise complète de toutes les dimensions du temps

En réalité, c'est une question de temps. Il est arrivé quelque chose au temps, et la révolution, ici, tout de suite, n'a pas d'autre objectif, mais « grandiose », que la maîtrise complète de toutes les dimensions du temps.

(A lire en entier ici, cet article sur la Correspondance de Guy Debord)

vendredi, 18 novembre 2005

La vérité sur le Goncourt

Dans les coulisses d'une délibération, cliquez...

jeudi, 17 novembre 2005

Debord, Lacan, Joyce et les autres

Fa-bu-leux, vous pouvez, entre autres, les voir, les entendre, sur le site de Stephane Zagdanski

mercredi, 09 novembre 2005

Pour ne pas en finir avec Michel Houellebecq

Ce qui caractérise Michel Houellebecq il me semble c'est la lucidité. Comme pour beaucoup de gens - sauf que chez lui c'est de manière réfléchie, il sait jouer avec les médias, il s'en amuse, s'en moque quand il veut. Nietzsche a écrit dans "Le crépuscule des idoles" : "Même le plus courageux d'entre nous a rarement le courage d'assumer ce qu'il sait", Houellebecq repousse cette limite - en tout cas il s'efforce de, et bien sûr on ne s'aventure pas sans risques dans ces zones dangereuses, il lui arrive de déraper, de se tromper - mais c'est en ça qu'il est un grand auteur. Comme Proust, Kafka, Artaud, Shakespeare et quelques autres qui ont su chacun à leur manière repousser certaines limites et nous éclairer sur des aspects de l'âme humaine que sans eux nous n'aurions fait qu'entr'aparcevoir. Quoiqu'il arrive, ce sont toujours ces auteurs-là qui gagnent, à la fin. Ce n'est pas le choix de la facilité, libre à chacun d'aller voir ou non de ce côté-là.

lundi, 07 novembre 2005

Toute ressemblance...

Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d'un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de " grand talent " dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle, nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force ; et puis un jour nous nous rendons compte que c'est justement tout cela le talent.
(Marcel Proust, Du côté de chez Swann)