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lundi, 12 mars 2007

Caméléon Bonaparte

medium_30.jpgC'est ainsi que la BBC surnomma notre Résident de la République. A Lire ici le jugement implacable de la presse étrangère.

Photo : Jean-Louis Bec

Et cette illusion de bonheur

medium_Email0344.4.jpgEnvie de sortir, de marcher, je suis monté à San Martino. Ce genre de décor somptueux, chargé m’aurait déplu il y a quelques années. Dorures, stuc, marbres polychromes, couleurs fondues, motifs enlacés, anges virevoltants, tout est fait pour dérouter l’âme, qu’elle vacille, l’enlever des griffes du réel, la jeter dans un monde de miroirs corruscants, un crépitement de pierreries, de marbres roses. Les plafonds figurent  des ouvertures vers le ciel, vers d’autres images, où rien ne finit jamais. Une illusion de bonheur qui n’a jamais de fin. Toujours plus de couleurs, de rondeurs, de trompe-l’oeil. Et cette illusion de bonheur finit par devenir bonheur...

Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", n & b, 1998

Tableau de Frédérique Azaïs

dimanche, 11 mars 2007

O’ sangue, O’ sangue

Marchant à nouveau dans les ruelles basses de la ville, bordées de pièces sans lumières où vivent des familles entières, je pense à l’extraordinaire dernier chapitre de “Kaputt” de Malaparte. C’est en 1943, après des années de guerre, de famine et de souffrance. Naples a été bombardée, les allemands sont partis,  elle est exsangue, paie cher d’être  la première ville libérée d’Europe. Partout ce ne sont que décombres, ruines, désolation.  Dans la ville, il ne reste que les malheureux, ce peuple de l’ombre qui a vécu des années durant dans le labyrinthe immense des grottes,  les entrailles de la ville, creusées à même le tuf. Les puissants ont fui comme toujours. Il n’y  a plus d’eau, plus de vivres, plus rien. Cette foule émerge à la surface, tant bien que mal, souffrante, loqueteuse, une cour des miracles en marche. Soudain une rumeur surgit et gronde comme une houle. Le sang de Saint-Janvier, qui protège la ville, les deux châsses qui le contiennent, ont été détruites avec la crypte de la cathédrale où elles étaient entreposées, atteintes par une bombe. A cette nouvelle, le peuple déguenillé, assoiffé, amaigri, reflue comme une vague vers la cathédrale,  psalmodiant ces  mots “O’ sangue, O’ sangue”. Pour ces gens qui ont tout subi, tout enduré, la mort, la souffrance, la faim, la torture,  la disparition de ce sang sacré est pire que tout. Et miracle, devant la cathédrale, un prêtre vient annoncer que les quelques gouttes coagulées ont survécu au bombardement. Ce sont des larmes de joie qui coulent maintenant sur les visages de ces êtres nus,  l’espoir qui efface tout.

Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", n & b, 1998

Nous savons de quel côté regarder

medium_Email0341.3.jpgUn oiseau bleu s'envole vers l'est, entre les mains tendues de cette terre gelée dont la poussière des routes s'effrite sous les yeux de ceux que les sommeils quittèrent. Les femmes brusquement raccrochent leurs tabliers, lancent leurs coeurs à sucer à des enfants plus pâles que des pierres de lune. Les herbes libres des champs et les statues de marbre, content à l'abîme le plaisir inoubliable d'être peigné par la lumière et le vent. Les animaux les plus puissants s'assoupissent lentement comme des jeunes filles à l'ombre des légendes, avec sous leurs pattes repliées le pourquoi et le comment des tristes dimanches. Du plus lointain de la mer, nous parvient cet étrange bouquet de musique, ce goût de plume rare et d'encre surchauffée où infuse l'effroyable prophétie.

Nous savons de quel côté regarder.

Jean-Luc Aribaud. Les mondes illimités. L'arrière-Pays, 1998

Tableau de Frédérique Azaïs

 

samedi, 10 mars 2007

Le carnet est cet autre côté de l’horizon

medium_31.jpgPour un écrivain, le carnet est ce qu’il y a de plus étrange et de plus intime. C’est un autre temps, une respiration d’appoint, une mémoire profonde et oblique, une chambre noire, un filtre. Là sont notées les apparitions. Un rêve, et les morts sont là, tout à coup, plus vivants que jamais, soucieux ou énigmatiques. Une phrase banale, prononcée d’une certaine façon, et tout un paysage s’ensuit. Une odeur, une couleur, un bruit, et le grand navire de l’existence prend le large, très au-delà de l’actualité en écume, vers un passé qui ne passe pas, demande son développement, son récit futur. Je suis un personnage de roman, il va m’arriver des choses. Il faut rester en éveil, rien n’est négligeable ou indifférent, des rapprochements m’attendent, des signaux, des hasards objectifs. Je suis un animal enfantin, tous les sens participent à l’opération magique. Voilà, c’est parti : les personnages se présentent d’eux-mêmes, ils veulent être observés et décrits, ils jouent le jeu à leur insu, ils demandent à être radiographiés, mots, gestes, démarches, mimiques. Proust écrit : " Je vois clairement les choses dans ma pensée jusqu’à l’horizon. Mais celles qui sont de l’autre côté de l’horizon, je m’attache à les décrire." Le carnet est cet autre côté de l’horizon.

Philippe Sollers,
« Marcel Proust : Carnet magique »
Le Monde, 14.3.2002

Voir aussi ici

Photo : Jean-Louis Bec

Le passage des enfances

medium_Email0343.2.jpgNous ressemblons à présent à ces hautes demeures, dont les murs ficelés de lierre se dépêchent de vieillir, comme pour mieux cerner le passage des enfances.

Jean-Luc Aribaud. Les mondes illimités. L'arrière-Pays, 1998

Tableau de Frédérique Azaïs

vendredi, 09 mars 2007

Chroniques d'une élection (34)

Allo M. Rothschild !

Le candidat UMP à la présidentielle aurait appelé l'actionnaire majoritaire du quotidien pour lui dire son mécontentement après la Une du 1er mars titrée:"Impôt sur la fortune de Sarkozy : le soupçon".

Libération, journal de merde ?

Le candidat de l'UMP se laissant même aller à employer des termes "grossiers", qualifiant, paraît-il Libération de "journal de merde".

Lire ici

Prenez le maquis !

medium_baiser_des_arbres_a_la_terre.3.jpg« Prenez le maquis, ne laissez croire à personne que vous êtes en train de travailler. »

Marcel Duchamp

Peinture de Lambert Savigneux : "Baiser des arbres à la terre"

Carnets indiens, avec Nina Houzel (33)

medium_DSCN4823.JPG"L’individu n’est rien, l’allégresse du matin est tout"

Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", texte en cours d'écriture

Photo de Nina Houzel

jeudi, 08 mars 2007

Nouvelles de la révolte, 1907-2007

medium_couve1-1907-500.2.jpgVient de sortir, cette anthologie :

Seize nouvelles écrites par des membres de l'association:
" Autour des auteurs"

l'association des écrivains du Languedoc-Roussillon  


1) Michel Crespy - Frères humains
2) Antoine Blanchemain - Journal d'un fonctionnaire
3) René Escudié - Du sucre dans le quart
4) Raymond Alcovère - L'agent secret
5) Anne-Marie Jeanjean - La nuit de la...
6) Pierre Bosc - Une fleur et des fusils
7) Anne Bourrel - Monsieur Albert veut changer de nom
8) Claude Ecken - Un songe romantique
9) Francis Zamponi - Obéissance à la Loi
10) Serguei Dounovetz - Le dernier pour la route
11) Viviane Etrivert - la Webletter de l'archiviste 1907
12) François Darnaudet - Épinglé comme un phylloxera vastatrix
13) Arlette Fétat - Les gueux du Sud
14) Lilian Bathelot - Rouge
Rappels historiques
15) Claude Ecken - Chronologie
16) Geneviéve Gavignaud-Fontaine - Vignerons du Sud...

1907 : Les hommes et les femmes du Languedoc-Roussillon se révoltent pour défendre leur terre, le fruit de leur travail, leur dignité. Toute la région est debout, autour du monde viticole conduit par Marcelin Albert et Ernest Ferroul. Dans toutes les villes, des centaines de milliers de citoyens s'opposent au pouvoir politique, à ses soldats, à un certain Clemenceau. La grève de l'impôt est déclarée, des centaines de maires démissionnent, les villes sont submergées par les manifestations, la troupe tire, avant de se mutiner quelques jours plus tard.

2007 : Que reste-t-il de cette révolte, de ces  « gueux » en colère, dans notre mémoire collective ?

Comme une trace du souvenir, cette anthologie propose seize "Nouvelles de la révolte". Autour de leurs auteurs, la terre du Languedoc-Roussillon et l'esprit de ces gueux, qui s'opposèrent farouchement au pouvoir central, inspirent ces évocations romancées. Ces récits, passés, contemporains ou d'anticipation explorent avec brio et passion une réalité sociale où l'actualité rejoint l'histoire, la mémoire

Cap Bear Editions

mercredi, 07 mars 2007

Cool memories

Jean Baudrillard, ici, à Apostrophes, 1987

Chroniques d'une élection (33)

medium_ACOTECOL_22_.jpgEst-ce la mort de Jean Baudrillard, ultime pied de nez du génial penseur, la réalité aurait-elle disparu, toujours est-il que la campagne s'essouffle, tout paraît creux, vide... Le sinistre pantin Nicolas Miguet, (existe-t-il vraiment celui-là ?) est en prison maintenant, il a peut-être enfin réussi à exister ! Sarko et Sego tournent à vide, même Bayrou, l'invité surprise, le faiseur de miracles (plus de droite ni de gauche ! quel bonheur ! la France réconciliée !) est inaudible, il n'est plus question que de parrainages, ambiance mafieuse garantie, là on est bien dans le réel, on ne va pas tarder à voir réapparaître le grand escogriffe, lui qui, quoiqu'il arrive, récolte, récolte...

Photo : Gildas Pasquet 

Place aux événements voyous

medium_DSCN1650.jpgDerrière les défis idéologiques des uns aux autres, derrière la confusion de la scène médiatique, il faut saisir quelle situation mondiale est en jeu : celle de l'affrontement entre une puissance hégémonique, maîtresse des rapports de force, et une résistance irréductible qui peut surgir de partout. A ce niveau-là, les jeux ne sont pas faits, et le suspense est total

C'était Jean Baudrillard, à propos du CPE, qui, à lui tout seul, a souvent relevé le niveau de la presse française, notamment Libé...

A lire ici, avec d'autres de ses contributions...

Photo : Nina Houzel

mardi, 06 mars 2007

Ma main droite

medium_mamainspectweb.jpgFaute d’être aimée par Jean-Jacques, une femme se lance dans l’inventaire du monde telle une Sisyphe moderne ; ivre de Bonheur Ménager, une autre meuble son quotidien d’objets anthropomorphes qui lui servent de confidents ; lui tente de se consoler de la perte de sa Main droite ; avec Une femme comme ça, un autre éprouve le manque d’amour de sa mère.
Ma main droite est une déambulation au cœur de l’univers élégamment touchant, parfois absurde, souvent drôle, de Gilles Moraton : quatre solitudes se livrent, dévoilent leur fragilité et cherchent désespérément à combler un monde fait de vide et de manque.
Riche en jeux de mots et d'esprit, l’écriture poétique de Moraton plonge au plus profond de cet autre monde, intime et vertigineux, effleure délicatement le silence de nos névralgies profondes et court sur les creux et les bosses de nos existences, quand la raison trébuche sur un monde devenu étrange.medium_15231.jpg
Jeudi 8 mars / 21h
Vendredi 9 mars / 21h
Samedi 10 mars / 19h

Spectacle déambulatoire
Durée : 2h
Tarifs : 13 € / 10 € / 4,5 €
Compagnie Les Perles de Verre
Mise en scène : Béla Czuppon
Scénographie : Daniel Fayet
Avec : Hélène de Bissy, Béla Czuppon, Marc Pastor, Anne-Eve Seignalet
Théâtre Jean Vilar à Montpellier
04 67 40 41 39.

lundi, 05 mars 2007

Il y a une qualité dominicale de la bêtise...

...marquée par le lyrisme et la niaiserie, qui se manifeste plus particulièrement à l'approche du printemps...

C'est C.C. qui l'écrit, et joliment, ici

On the road again

medium_02-056.JPGPour les harmoniques du début, et la nostalgie, à écouter ici, sur le blog de Marie...

Photo : Maïthé Mercier Pilon

dimanche, 04 mars 2007

Carnets indiens, avec Nina Houzel (32)

Holi, fête de la couleur, ici

09:40 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, photo, Nina Houzel, Rajasthan

Le roman

medium_DSCN1615.jpgLa vérité est toujours incomplète face au réel. Le roman est justement ce qui la complète. Aussi est-il plus réel que la vérité. Autrement dit, la vérité a structure de fiction. Les mots ne lui manquent pas !

Photo : Nina Houzel

samedi, 03 mars 2007

Le corps de l'océan (2)

medium_Seaweed.jpgLe soleil est enturbanné de longues mèches oranges, rouges, aux extrémités violettes posées sur l’océan, mi-pansement sale, mi-effilé de châle indien. Ciel d’arrière-saison. Il ralentit le pas. Non, ce n’est pas un tronc. Un ramassis hétéroclite menaçant de se disloquer au moindre remous un peu trop fort, qui s’étale, se resserre, s’étale, respiration de l’entrelacs des courants affolés par l’imminence du littoral. Il a un pressentiment. Il jette ses tennis vers le sable sec, s’avance dans l’eau jusqu’à mi-cuisse, reste ainsi quelques minutes. Ses pieds s’enfoncent dans le sable. Il finit par ne plus sentir ses jambes, ses genoux. Le froid remonte, atteint son sexe, son ventre, mais il ne peut détacher ses yeux de ce qui mollement flotte vers lui. À ce moment, en un dérisoire sursaut de fierté, le soleil enflamme le ciel. Il fait volte-face, court jusqu’au sable, ses jambes remontent mécaniquement la dune. Non, pas de ça, quelqu’un d’autre passera par là, plus tard, il sera loin.

Jean-Jacques Marimbert

Extrait de : "Le corps de l'océan"

Carnet des sept collines N° 24
Jean-Pierre Huguet Editeur, Le Pré Battoir, 42220 Saint Julien Molin Molette
Tél. 04 77 51 52 27
Courriel : edition.huguet@free.fr
Site : www.editionhuguet.com
Photo de Leesybee sur le site Morguefile.com (photos libres de droit)

Chroniques d'une élection (32)

medium_2007_MARSEILLE_3_.2.JPGJe ne suis pas un inconditionnel de Michel Onfray, loin de là, mais j'ai lu avec intérêt, sur son blog, sa chronique du jour, sur la façon dont la télévision traîte l'information, plus précisément des invités lors d'un débat politique ; ici chez Guillaume Durand.

Photo : Gildas Pasquet (Marseille, février 2007)