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dimanche, 11 décembre 2005

La solitude du coureur de fond

Une contribution intéressante ici, qui remet un peu les pendules à l'heure après un article débile (un de plus !) de Télérama

16:35 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0)

La zone de recul

medium_magritte.jpgJe me rassasiais de misérables et je m’emboîtais le pas. Quand la cage sortait de l’oiseau, j’arrivais à ma rencontre. Quand la niche mangeait le chien, je confondais corps et biens. Mais, au grand jour, je reprenais mes distances et me précédais normalement.

Paul Colinet (1898-1957) Extrait de « Œuvres 1 », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 43-44.

Magritte

Tous les bonheurs du monde

medium_tous_les_bonheurs_du_monde.jpgFrédérique Azaïs

02:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 10 décembre 2005

Le soldat

medium_soldat.jpgLe soldat est triste jusqu’à son dernier bouton, dans son costume spécial pour le maniement des armes à feu. Le soldat, légèrement frappé d’ataxie, parvient à grand’ peine à s’asseoir sur un mamelon isolé. Il soupire. Il verse une larme, venue du fond du cœur, dans le canon de son fusil.

 

 

Paul Colinet (1898-1957)

 

Extrait de « Œuvres 1 », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 136-137.

Asger John, Le soldat et son passe

Un poète

medium_030z_ernst_1th.jpgInattentif comme un thermomètre, crépitant comme de l'ouate, enflammé comme un verre d'eau, dévoué comme l'ongle incarné, silencieux comme le Nil, admissible comme la pelade, sournois comme un piston, courageux comme un plan incliné, enjolivé comme du beurre, patient comme la flèche du Parthe, amusant comme du savon, résigné comme le printemps, sectaire comme un canapé, savant comme une bouillotte, souverain comme un ticket, il promène son dindon diplomatiquement distillé et sa levrette de lune ladre dans un jardin de juges jaunissants.

Paul Colinet (1898-1957) Extrait de « Œuvres 1 », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 123

Max Ernst, Euclide, 1945

Les velours de Christine

Dans les velours de Christine, on déplace des chaises qui sont des flûtes.

Christine est sur son croissant. Elle dîne d'un bouton de bottine et sa jolie tête dandine.

On déplace aussi des étuis. Ce sont les étuis de ces chaises effilées, aux trous inégaux et qui luisent.

Et l'on comprend qu'un conducteur de piano, en cotte de maille, descende, à toute vapeur, de la partition rigide de ses montagnes.

C'est pour lui qu'on a déplacé les chaises si fines et leurs volumineux étuis.

Il donne à Christine la distraite, à Christine perdant son peton, un récital assez narquois de saute-mouton.

Chaises volatiles, étuis envolés, saluez cette apothéose : Christine de papier tombant en mille morceaux sur les bosses effervescentes du piano, tandis que le conducteur déchaussé s'égare, dans les tubulures réfrigérantes de la nuit : un concerto pour chaises et étuis.

Paul Colinet (1898-1957)

Extrait de « Œuvres 1 », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 74.

La province

Dans le salon en sac arabe, nous regardions passer le dimanche.

Il avait une échelle sous le bras et une truelle en bandoulière.

L 'horloge sonnait précieusement, dans une odeur de poires conservées.

Sur un fauteuil traînait un bout de fil : c'était la semaine.

Paul Colinet (1898-1957)

Extrait de « Œuvres 1 », s.l., Éditions Lebeer Hossmann, 1980, 22.

Pour ne pas en finir avec... Philippe Sollers

Ah le joli cliché ! Immanquablement, il suffit de parler de Sollers pour que des voix s'élèvent, la plupart du temps avec l'insulte ou le ressentiment aux lèvres ! Ca fait manifestement partie de la "Doxa" (comme aurait dit Barthes), c'est devenu un gage de bonne conduite, un passeport, un signe de reconnaissance, certains en font même  leur fonds de commerce. Si on mettait bout à bout tout ce qui a été écrit contre lui, on obtiendrait une imposante bibliothèque et si on mettait cette bibliothèque en regard de ce qu'a écrit Sollers, on s'apercevrait que la plupart de ceux qui l'attaquent ne l'ont pas lu ou alors seulement très superficiellement. C'est bien dommage, ça mérite mieux à mon avis, car s'il y a des redites (c'est un des défauts sans doute), son oeuvre foisonnante justement, aborde la peinture, la littérature, la politique, l'histoire, la philosophie, la religion en multipliant les références, les rapprochements, les mises en perspective, mais en proposant toujours à partir de là un regard original, raisonné, cohérent et souvent poétique sur le monde. On lui attribue des pouvoirs exorbitants, je connais pas ce milieu, j'imagine qu'il en a, mais pas plus que beaucoup d'autres "intellectuels" beaucoup plus creux qui s'agitent dans le marigot (voir l'affaire du dernier Goncourt). Probablement il a vite senti cette bêtise autour de lui et s'est amusé de temps en temps à appuyer là où il fallait et quand il le fallait pour faire grossir le nuage de fumée, et c'est devenu ensuite une façon de se protéger. Il aura en tout cas bien mis en lumière cette formule de Proust : "Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres".

05:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (34)

vendredi, 09 décembre 2005

Au feu les télés !

Le message implicite du gouvernement, garant de l'ordre public, sera lu par tout un chacun, à commencer par les délinquants, comme un étrange slogan : pas de feu, pas de sou. Car, sans les actes de vandalisme concentrés en partie grâce à l'effet loupe de la télévision (la loupe grossit, mais aide aussi les rayons du soleil à provoquer des flammes...), jamais ne serait intervenu le rétablissement des subventions pour les associations luttant pour l'apprentissage de la langue française, le développement du sport et de la culture ou l'insertion professionnelle des jeunes des cités.

Intéressant regard sur les récents événements par Stéphane Goudet maître de conférences en cinéma à la Sorbonne et directeur artistique du cinéma Georges-Méliès de Montreuil-sous-Bois, à lire in extenso ici

12:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Arts-up, un nouveau site à découvrir

Arts-up, site d'information pour les peintres, sculpteurs, photographes et autres plasticiens

03:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

jeudi, 08 décembre 2005

Let's dance

Puis, ce fut l'emportement de l'amour qui veut être assouvi. Elle dansa comme les prêtresses des Indes, comme les Nubiennes des cataractes, comme les bacchantes de Lydie. Elle se renversait de tous les côtés, pareille à une fleur que la tempête agite. Les brillants de ses oreilles sautaient, l'étoffe de son dos chatoyait ; de ses bras, de ses pieds, de ses vêtements jaillissaient d'invisibles étincelles qui enflammaient les hommes. Une harpe chanta ; la multitude y répondit par des acclamations. Sans fléchir ses genoux en écartant les jambes, elle se courba si bien que son menton frôlait le plancher ; et les nomades habitués à l'abstinence, les soldats de Rome experts en débauches, les avares publicains, les vieux prêtres aigris par les disputes, tous, dilatant leurs narines, palpitaient de convoitise.

Ensuite elle tourna autour de la table d'Antipas, frénétiquement, comme le rhombe des sorcières ; et d'une voix que des sanglots de volupté entrecoupaient, il lui disait : «Viens ! viens !» » Elle tournait toujours ; les tympanons sonnaient à éclater, la foule hurlait. Mais le Tétrarque criait plus fort : «Viens ! viens ! Tu auras Capharnaum ! la plaine de Tibérias ! mes citadelles ! la moitié de mon royaume !»

Elle se jeta sur les mains, les talons en l'air, parcourut ainsi l'estrade comme un grand scarabée ; et s'arrêta, brusquement.

Sa nuque et ses vertèbres faisaient un angle droit. Les fourreaux de couleur qui enveloppaient ses jambes, lui passant par-dessus l'épaule, comme des arcs-en-ciel, accompagnaient sa figure, à une coudée du sol. Ses lèvres étaient peintes, ses sourcils très noirs, ses yeux presque terribles, et des gouttelettes à son front semblaient une vapeur sur du marbre blanc.

Elle ne parlait pas. Ils se regardaient.

Un claquement de doigts se fit dans la tribune. Elle y monta, reparut ; et, en zézayant un peu, prononça ces mots, d'un air enfantin :

«Je veux que tu me donnes dans un plat, la tête...» Elle avait oublié le nom, mais reprit en souriant : «La tête de Iaokanann !»

Flaubert, Hérodias

Salomé

medium_4gustave_moreau_salom.jpgCrime ! bûcher ! aurore ancienne ! supplice !
Pourpre d'un ciel ! Etang de la pourpre complice !
Et sur les incarnats, grand ouvert, ce vitrail.

Mallarmé

Gustave Moreau

21:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)

Inscrivez-vous !

Sur les listes électorales, c'est le moment !

19:29 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2)

Petit éloge de la division

Piquant !

Ceux-là sont contents

Mais en cet instant, les lecteurs de Pierre Autin-Grenier, véritable club de fidèles, adeptes de ses œuvres fragiles et de ses petits faits qui donnent les plus belles pages, ceux-là sont contents.

Article entier à lire ici

18:48 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (4)

mercredi, 07 décembre 2005

La beauté

medium_blufonda.jpgJe suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!

Baudelaire

Warhol, Blue Fonda

21:08 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)

Le port

   medium_dido-carthage.jpgUn port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.

Baudelaire

Turner

20:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (7)

Concours de nouvelles

Prix haut-rhinois de la nouvelle, concours gratuit, règlement ici

17:13 Publié dans Concours | Lien permanent | Commentaires (0)

Un nouvel espace permanent d'expositions à Vendargues

medium_email0192.2.jpgLIEU d'ART & de VIE
un nouvel espace d'expositions permanentes
VENDARGUES
3 Avenue de Montpellier

RN 113 entre la station TOTAL et le Feu
PARKING PRIVÉ

OUVERT TOUS LES JOURS DE 15h à 19h en Décembre
04 67 87 54 56  / 06 87 27 62 91 / 06 63 57 07 49

17:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Au lecteur

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde;

C'est l'Ennui! L'oeil chargé d'un pleur involontaire,
II rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère!

Baudelaire

14:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)