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mardi, 28 avril 2020

Poésies (Rimbaud)

rimbaud,illuminations

La période de création littéraire de Rimbaud dure seulement 4 ans (de 15 à 19 ans !) L’image de l’adolescent fragile, diffusée partout, est trompeuse : il était plutôt grand (1, 79 mètres), solide, bien bâti, avec de très grandes mains. On marchait beaucoup à l’époque et lui aura marché toute sa vie. Ainsi Verlaine voit débarquer à Paris avec un mélange de stupeur et de désir un immense gaillard malgré son jeune âge, beau comme un dieu et au parler mêlé de patois ardennais. Il est incommensurablement en avance sur tout le monde, d’une intelligence et d’une sensibilité hors normes, sauvage, réfractaire déjà, il dormait dans des péniches souvent à Paris, un sans domicile fixe. Les poètes académiques de l'époque que lui présentent Verlaine l'ennuient vite ; dans l’entresol d’une brasserie du quartier Saint-Sulpice, au milieu des Vilains Bonhommes,  du fond de la salle, il ponctue chaque vers d’un Merde retentissant. Dans le tableau de Fantin-Latour (Le Coin de table), il est le seul à tourner la tête ostensiblement de l’autre côté. Il comprend vite qu'il n'a rien à faire avec eux, il perd son temps et s'en va ; « la pensée réclame de larges tranches de temps. » écrira-t-il. Il apprend plusieurs langues, voyage dans toute l’Europe... En 1876, engagé volontaire dans l’armée néerlandaise, il part à Java, déserte, traverse la jungle de l’île, puis s’embarque comme marin sur le Wandering Chief, revient en Europe via Le Cap, Sainte-Hélène, les Açores puis l’Irlande. Un peu plus tôt, au printemps, il arrive à Vienne ; refoulé par la police autrichienne, il rentre en France, à pied, par l’Allemagne du Sud. L’année suivante, ce seront Stockholm, la Norvège, Rome, l’an d’après Milan et Gênes. Ensuite il y aura Chypre et le Harar bien sûr. A-t-il été agent secret ? C’est que Philippe Sollers évoque dans Studio : « - Quoi ? Vous insinuez que Rimbaud, le grand poète maudit, aurait été recruté par les Services britanniques lors de ses séjours à Londres ? Qu’il aurait eu, à travers ses relations avec des exilés de la Commune de Paris, quelques dîners confidentiels avec Marx ? Qu’il aurait travaillé ensuite pour Sa Majesté en Abyssinie ? – Mais non, mais non… Quoique, s’agissant de Rimbaud, ce ne serait là qu’une variante à tous les délires qu’il a suscités. Pourtant, à Brême, quand il veut s’enrôler dans la marine américaine… Son passage dans la légion étrangère de Hollande jusqu’à Batavia… Stockholm, où il passe pour marin… Copenhague… Norvège… Gênes, Milan, Alexandrie… Chypre… Et l’Egypte, l’Arabie, l’Ethiopie… Banale activité commerciale ? Simple trafic d’armes ? Allons, allons… » Une vie entière ne suffirait pas à épuiser tout ce que contiennent Une Saison en enfer et les Illuminations. Sa Lettre du voyant (il a seize ans et demi) reste un monument  où il pose les jalons de sa vie future: « Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens (on notera le raisonné) (…) Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant (…) La Poésie ne rythmera plus l’action : elle sera en avant ! (…) Ces poètes seront ! Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, – jusqu’ici abominable – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? – Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. Car JE est un autre. (…) J’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène. ». Rimbaud a semé des pépites innombrables : « Enfin, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du noir et je vécus étincelle d’or de la lumière nature. »  « Quand le monde sera réduit en un seul bois noir pour nos quatre yeux étonnés, — en une plage pour deux enfants fidèles, — en une maison musicale pour notre claire sympathie, — je vous trouverai. » « La nuit vient, noir pirate, aux cieux d’or débarquant » et celle-ci, une des plus magiques jamais écrites en français : « À la lisière de la forêt, – les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, – la fille à lèvres d’orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu’ombrent, traversent et habillent les arcs-en ciel, la flore, la mer » « Tels qu’un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses. » « Les calculs de côté, l’inévitable descente du ciel, et la visite des souvenirs et la séance des rythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l’esprit. » « La main d’un maître anime le clavecin des près. » On parle moins de ses Proses évangéliques, elles sont pourtant étonnantes : « Jésus dit : « Allez, votre fils se porte bien. » L’officier s’en alla, comme on porte une pharmacie légère, et Jésus continua par les rues moins fréquentées. Des liserons orange, des bourraches montraient leur lueur magique entre les pavés. Enfin il vit au loin la prairie poussiéreuse, et les boutons d’or et les marguerites demandant grâce au jour. » Sa sœur Isabelle qui l’assiste lors de son étrange agonie à Marseille en 1891, raconte : « Par moments, il est voyant, prophète, son ouïe acquiert une étrange acuité. Sans perdre un instant connaissance (j’en suis certaine), il a de merveilleuses visions : il voit des colonnes d’améthyste, des anges marbre et bois, des végétations et des paysages d’une beauté inconnue, et pour dépeindre ces sensations il emploie des expressions d’un charme pénétrant et bizarre (…) Je crois que la poésie faisait partie de la nature même d’Arthur Rimbaud ; que jusqu’à sa mort et à tous les moments de sa vie, le sens poétique ne l’a pas abandonné un instant. » Il a inventé la couleur des voyelles. Il est le plus grand de tous les poètes. On peut relire et méditer à l’infini : « Elle est retrouvée, quoi ? L’éternité, c’est la mer mêlée au soleil.  Mon âme éternelle, observe ton vœu, malgré la nuit seule, et le jour en feu. Donc tu te dégages des humains suffrages, des communs élans ! tu voles selon... – Jamais l’espérance, pas d’orietur, science et patience, le supplice est sûr. Plus de lendemain, braises de satin, votre ardeur est le devoir. Elle est retrouvée ! — Quoi ? — l'Éternité. C'est la mer mêlée au soleil.» Une Saison en enfer, qui mérite une lecture minutieuse, car il s’y raconte tout entier se termine par ses mots : « Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. » Philippe Sollers : « Il y a beaucoup de gens qui pensent que Rimbaud est simplement un poète, c’est un contresens complet, c’est un métaphysicien qui raconte une expérience extraordinairement nouvelle et importante. » Marcelin Pleynet souligne : « l’unique, l’extraordinaire, l’absolue liberté d’esprit de Rimbaud (…) Sa langue est, en tant qu'elle est, essentiellement, une autre langue qui parle dans la langue française.» Et par conséquent, pas forcément accessible. Ses déclarations, au final, ne sont pas si  invraisemblables : « Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m’ont précédé ; un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clef de l’amour. » Ou ceci, tout simplement : « Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, — loin des gens qui meurent sur les saisons. »

Raymond Alcovère

jeudi, 23 avril 2020

La littérature fantastique

E. Rodriguez Monegal, Borges« La littérature fantastique emploie la fiction non pour s’évader de la réalité, comme le croient certains détracteurs superficiels de Borges, mais pour exprimer une vision plus complexe de la réalité.»
E. Rodriguez Monegal, Borges par lui-même.

Faciilement

Borges, flor garduño"Nous accueillons facilement la réalité, peut-être parce que nous soupçonnons que rien n'est réel."
Borges

Photo : Flor Garduno

lundi, 20 avril 2020

L'écriture penchée des nuages

Adeline Spengler.jpgJe voudrais être au plus près du monde mais il m’échappe toujours.

 

Une ombre de banyan s’étend mollement sur la mer.

 

 Tout est entré dans le ciel.

 

La nuit est musicale, heureusement.

 

On y lit la portée du jour, nervures, entrelacs, déchirures, reconquêtes, fractures, apaisement.

 

Les bateaux sont des libellules d’eau.

 

Le navire décrit une courbe pour éviter les îles qui avancent, promontoires menaçants.

 

 Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil.

 

François-René, ta langue est un paroxysme, cet océan aussi le tien.

 

La sirène du steamer mugit.

 

La fumée s’échappe à gros bouillons et rejoint les nuages, effacées leurs traces.

 

Le sillon se dévide dans une infinie lenteur.

 

L’horizon s’enflamme de jets saccadés, monstrueux, barbaresques.

 

Le ciel est une lutte, un amas de lances, un combat fratricide.

 

Ainsi le ciel.

 

De grandes orgues joufflues gonflées de nuit.

 

Une symphonie du nouveau monde.

 

Lumière plombagine.

 

Les éclairs  ouvrent des plaies, un écrin d’enluminures.

 

Reflets zinzolins de l’aurore, devant.

 

A un moment il  ne reste que la fuite, se dissimuler.

 

Fixer des silences, des pauses, masquer le tumulte, l’arrogance, la brutalité du monde.

 

Pluie incessante et chaude.

 

Écriture penchée des nuages.

 

Flaques grises dans les sous-bois de la nuit.

 

Des arbres si hauts qu’on en décèle à peine la hauteur.

 

Les bruits émeraude parviennent étouffés.

 

La chouette est seule dans le silence à ignorer l’obscur.

 

Pour elle l’univers brille d’une étrange lumière, argentée, déployée par une main invisible mais partout présente, l’or du temps.

 

Ce n’est pas un départ, mais une suite.

 

Présence, présence seule.

 

Tisser les mots, le silence et les notes de la pluie.

 

Tisser tout fragment de l’univers.

Raymond Alcovère, extrait de "L'aube a un goût de cerise" N&B éditions, 2010

samedi, 04 avril 2020

Il faut changer, maintenant !

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12:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Odilon Redon

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12:23 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : odilon redon

L'art de l'écrivain

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« L’art de l’écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu’il emploie des mots ».

Henri Bergson

jeudi, 26 mars 2020

Evitons le sale air de la peur !

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mardi, 24 mars 2020

Rions un peu !

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10:41 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 23 mars 2020

Gardons le moral !

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16:27 Publié dans Humeur, humour | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 21 mars 2020

Mer de forces agitées dont il est la propre tempête

CaXcii5UkAEFnsC.jpgSavez-vous comment je vois le monde ? Des forces partout. Jeu des forces et ondes des forces. Il est un et multiple. S’accumulant ici tandis qu’il se réduit là-bas. Mer de forces agitées dont il est la propre tempête. Transformation éternelle dans un éternel va-et-vient avec d’énormes années de retour, flots perpétuel de formes, du plus simple au plus compliqué, allant du plus calme, du plus rigide et du plus froid au plus ardent, au plus sauvage, au plus contradictoire. Ce monde, qui est le monde tel que je le conçois, ce monde dionysien de l’éternelle création de soi-même, de l’éternelle destruction de soi-même, ce monde mystérieux des voluptés doubles... qui donc a l’esprit assez lucide pour le contempler sans désirer être aveugle ?"

Nietzsche, Fragments posthumes

20:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche

jeudi, 19 mars 2020

Proverbe

proverbe« Une fois que le bateau a coulé, tout le monde sait comment on aurait pu le sauver. »
Proverbe italien

13:49 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : proverbe

Routine

jung, routine« Je me suis fait une règle de considérer chaque cas comme un problème sans précédent, dont j’ignore tout. La routine peut être commode et utile tant qu’on reste à la surface des choses, mais dès que l’on touche aux problèmes importants, c’est la vie qui mène le jeu, et les plus brillants présupposés théoriques ne sont que mots inefficaces. » :
C.G. Jung.

11:08 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jung, routine

mardi, 17 mars 2020

Fake

3930253719.jpg"Bien que nos renseignements soient faux, nous ne les garantissons pas."
Erik Satie

16:48 Publié dans Humeur, humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fake news, erik satie

Midi libre 29/05/2010 : Bizarre, vous avez dit bizarre...

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Bien dit !

« Celui qui ne veut agir et parler qu'avec justesse finit par ne rien faire du tout. »

Friedrich Nietzsche

16:44 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche

dimanche, 15 mars 2020

Il en est des écrivains comme des amis

claude roy« Il en est des écrivains comme des amis. Ceux qui nous sont les plus chers et les plus précieux, ce sont ceux qu’on a besoin de retrouver dans les mauvais jours, dont la seule présence nous laisse encore pressentir la joie au milieu du chagrin. »
Claude Roy

La tendre indifférence du monde

Albert Camus"Devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux et que je l'étais encore."

Albert Camus, L’Étranger

10:08 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albert camus

lundi, 09 mars 2020

Le temps haletant

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Joie

Brancusi, joie« Ce qui a vraiment un sens dans l’art, c’est la joie. Vous n’avez pas besoin de comprendre.
Ce que vous voyez vous rend heureux ? Tout est là. »
C. Brancusi

15:27 Publié dans Art, illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brancusi, joie