mercredi, 30 mars 2016
La Cité interdite, Beijing, en 1948
Henri Cartier-Bresson
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vendredi, 08 mai 2015
Non agir
« Ne pas agir ne signifie en aucun cas ne rien faire mais plutôt ne rien saisir. (…) Ce que désigne wu-wei a donc bien plus à voir avec la non-saisie que le non-agir. Et la voie que découvre Zhuangzi, à mesure que se développe son œuvre, consister précisément à montrer comment se desserre notre désir de mainmise sur l’immaîtrisable et comment une vie renouvelée se déploie hors de cette crispation de fond. »
Alexis Lavis, Le Monde des religions N° 63
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jeudi, 04 mars 2010
Ma Chine à écrire
« La tradition occidentale privilégie la parole, liée au corps, à la respiration, et s'efforce de reléguer l'écrit au rang de reflet inerte. Le petit enfant français apprend "à lire et à écrire", à lire puis à écrire ; en Chine, le caractère est écrit, tracé avant d'être lu. Tracer le caractère est un acte qui engage tout le corps, tout le souffle de façon consciente. C'est pour cette raison que copier une belle calligraphie n'est pas cette pâle corvée que le mot évoque pour nous. Copier pour nous est quelque chose de triste, on pense aux copies que l'on a faites jadis étant petit. Pour un chinois, copier c'est entrer dans le mouvement du corps de l'auteur, c'est retrouver le rythme de la graphie de l'auteur, et cette communication physique est aussi immédiate que celle que vous trouvez à travers la tessiture d'une voix. C'est peut‑être une des raisons du pouvoir social de l'écriture en Chine. »
Viviane Alleton
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mercredi, 25 novembre 2009
sa conception du temps n’est pas la nôtre
"Il y a une guerre incessante : celle qui nous saute à la figure à travers le terrorisme déchaîné par la stratégie directe. Et une guerre plus secrète qui se mène sans cesse, pas seulement économique, et dont les Chinois sont en train de tirer la plupart des fils. Si l’adversaire est unilatéral, je vais faire du multilatéralisme ; comme l’adversaire est capitaliste, je vais devenir encore plus capitaliste. Pratiquer la défensive stratégique, utiliser la force de l’adversaire pour la retourner en ma faveur. Le Chinois s’appuie d’instinct sur la compréhension interne de ce que l’adversaire ose, veut, calcule et est obligé de faire. Il mène une guerre défensive qui peut durer une éternité : sa conception du temps n’est pas la nôtre. Cette guerre peut se prolonger indéfiniment pour user l’adversaire. Elle ne cherche pas l’anéantissement, mais la domination."
Philippe Sollers, Guerres secrètes, Editions Carnets Nord, 2007
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samedi, 10 octobre 2009
Les 36 Stratagèmes
Les stratagèmes, comme les arts martiaux, sont des procédés qui permettent avec la plus grande économie de moyens, d’inverser les relations de dominé à dominant, soit en profitant de la faiblesse momentanée de l’adversaire et de l’équilibre instable dans lequel il se trouve, soit en le trompant de mille façons. Ces ruses impliquent une notion dynamique du temps et de l’espace, elles supposent l’idée de situations, de configurations transitoires dont il faut savoir tirer parti au moment opportun.
La première étape du jeu est donc un moment de calcul et de patience qui permet, quand la situation est mûre, de tirer parti du point tournant qu’on appelle “ occasion ”. L’occasion est la rencontre du destin et de l’homme, et l’instant où se décident victoire ou défaite. Le stratagème en effet, vient s’insérer là où la situation l’appelle, il est pareil à un pivot qui permet, grâce à une légère poussée, de renverser le rapport de forces précédent.
La victoire par le moyen du stratagème est, pour la tradition chinoise, la façon de vaincre la plus admirée. La victoire par la force des armes n’occupe que le troisième rang, celle par la diplomatie le deuxième. La pensée chinoise est avant tout pragmatique, les livres de stratégies fourmillent d’exemples, et tous ne sont pas tirés de l’histoire de la Chine. François Kircher illustre sa traduction des 36 stratagèmes d’événements récents.
Ainsi le stratagème “ Retirer les bûches sous la marmite ” : Ne pas s’opposer directement à la force, mais lui retirer son point d’appui, fut utilisé avec succès par Valéry Giscard d’Estaing lors du débat télévisé qui l’opposa à François Mitterand à la veille du second tour des élections présidentielles de 1974. La meilleure carte de Mitterand tenait à la sensibilité de gauche qu’il incarnait avec autorité. Après un échange portant sur diverses questions économiques et financières où Giscard démontra sa dextérité, celui-ci ajusta une réplique qui retira en un seul coup le point d’appui principal de son adversaire : Monsieur, vous n’avez pas le monopole du cœur !
Sept ans plus tard, renversement de situation. François Mitterrand utilise le stratagème : “ Sacrifier le prunier pour sauver le pêcher ” , qui consiste à neutraliser les atouts d’un ennemi en utilisant les faiblesses spécifiques de son propre camp. Giscard d’Estaing, jouissant de son avantage en matière de connaissances économiques et financières, qui était justement le point faible de son adversaire, l’attire sur ce terrain. Mais il en fait trop, et délaissant le cours normal du débat, il pose crûment une question sans rapport avec le fil des échanges précédents. Dans le seul but de démontrer l’incompétence économique de son interlocuteur, il lui demande de citer de mémoire le cours d’une devise étrangère. Mitterrand saisit immédiatement le faux pas, rappelant à son concurrent qu’ils n’étaient pas en situation d’un professeur qui fait passer à un examen à son élève. La carte la plus faible de Mitterrand avait ainsi joué en sa faveur, mettant en relief, par contre, la plus mauvaise carte de son interlocuteur, auquel l’opinion avait tendance à reprocher son assurance excessive et sa suffisance.
L’origine de Noël est une illustration du stratagème “ Redonner vie à un cadavre ” : La célébration du Nouvel An est une coutume fort ancienne. Les Romains fêtaient les Saturnales en l’honneur de Saturne, dieu des semailles, entre le 17 et le 23 décembre : c’était la fête la plus gaie de l’année. De même, bien avant la naissance du Christ, les juifs célébraient à la même époque la Fête des lumières. Les peuples germaniques tenaient aussi une grande fête au solstice d’hiver, invocation de la lumière et de la fertilité. Ensuite l’empereur Aurélien instaura le culte du dieu solaire Mithra, déclarant son anniversaire le 25 décembre. L’église chrétienne du pape Libère (352-366) fit donc preuve d’une grande habileté en reprenant à son compte, en 354, l’anniversaire de Mithra pour désigner le 25 décembre comme jour anniversaire de la naissance de Jésus-Christ.
Dans le stratagème “ Refermer la porte de la maison sur les voleurs ” on trouve le conseil suivant : Tout phénomène est au début un germe, puis finit par devenir une réalité que chacun peut constater. Le sage pense donc le long terme. C’est pourquoi il a grand soin de s’occuper des germes. La plupart des hommes ont la vue courte. Ils attendent que le problème soit devenu évident pour s’y attaquer. Quand il est encore en germe, le problème est simple, sa solution exige peu d’efforts et apporte de grands résultats. Quand il est devenu évident, on s’épuise à le résoudre et, en général, les efforts sont vains. Le stratagème “ Orner de fleurs un arbre sec ” est un grand classique ; c’est une fable qui l’illustre le mieux : Le tigre est la terreur des forêts. Un jour un renard tomba entre ses griffes. Avec aplomb il dit au tigre : - Faites attention à ce que vous faites. J’espère que vous n’aurez pas l’audace de me manger. L’empereur du ciel m’a fait roi des animaux et chacun me redoute ici. Le tigre s’étonna de ce discours et le renard poursuivit : - Si vous ne croyez pas ce que je vous dis, suivez-moi. Je vais vous montrer comme on me craint. Le renard se mit donc en route, suivi par le tigre. Tous les animaux qu’ils rencontraient fuyaient à leur approche. Le tigre crut alors les paroles du renard, sans comprendre que c’était lui-même que tous craignaient.
Le stratagème de la ville vide est un des plus complexes. Les leurres peuvent être de 4 espèces. Les deux premiers sont relativement simples. Là où il y a une faiblesse, créer l’illusion d’une force afin que l’adversaire n’ose pas attaquer. Là où il y a une force, créer l’illusion d’une faiblesse afin d’attirer l’adversaire dans un piège. Les deux autres sont moins simples : Si on est faible, il faut montrer sa faiblesse pour que l’adversaire croit qu’on dissimule une force. Si on est fort, on fait étalage de sa force pour amener l’adversaire à s’avancer imprudemment en pensant rencontrer une faiblesse. Jeu du plein et du vide, règne de l’illusion, les règles de la stratégie sont chaque fois différentes. On est ici au cœur de la différence chinoise : Les stratagèmes sont un art du temps. Or, ont coutume de dire les taoïstes, il n’y a qu’une seule chose stable, c’est le changement.
(Raymond Alcovère, Article paru dans la revue L'instant du monde n°3)
Source principale : Les 36 Stratagèmes, traduit du chinois et commenté par François Kircher, Rivages poche, petite bibliothèque.
00:10 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stratagèmes, chine
jeudi, 08 octobre 2009
Le tigre est la terreur des forêts
- Faites attention à ce que vous faites. J’espère que vous n’aurez pas l’audace de me manger. L’empereur du ciel m’a fait roi des animaux et chacun me redoute ici.
Le tigre s’étonne de ce discours et le renard poursuit :
- Si vous ne croyez pas ce que je vous dis, suivez-moi. Je vais vous montrer comme on me craint.
Le renard se met donc en route, suivi par le tigre. Tous les animaux qu’ils rencontrent fuient à leur approche. Le tigre croit alors les paroles du renard, sans comprendre que c’est lui-même que tous craignent.
Cette fable illustre Le stratagème " Orner de fleurs un arbre sec " dans le recueil "Les 36 stratagèmes" (Traduit du chinois et commenté par François Kircher. Rivages poches. Petite bibliothèque).13:18 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tigre, chine, stratagèmes
dimanche, 30 août 2009
La Danseuse de Mao
La Danseuse de Mao est la sixième enquête de l'inspecteur principal Chen, à Shangai. Et comme dans les précédentes, il se trouve confronté au passé récent de la Chine, en particulier la Révolution Culturelle, qui fit tant de drames. Cette fois, c'est directement à Mao que renvoient les investigations de l'inspecteur, qui l'emmèneront notamment à Pékin, dans la Cité interdite. Et à sa passion pour les jeunes femmes, ainsi qu'au rôle (sinistre lui aussi) de Madame Mao qui avant de connaître l'Empereur, fut une mauvaise actrice de série B et poursuivra de sa haine les actrices qui ont réussi. L'habilité de Qiu Xialong est qu'il nous brosse le portrait en même temps de la Chine actuelle, de ses bouleversements. Et la poésie (de même que la nourriture et un érotisme diffus) joue toujours un grand rôle dans ces enquêtes, car Mao était aussi poète. Différent en cela de la plupart des polars occidentaux, c'est toute en finesse, en subtilités, en contournements, qu'avance l'enquête. "La Révolution n'est pas un dîner de gala" : galvanisés par cette phrase, les Gardes Rouges se livraient aux pires atrocités...
Qiu Xialong, La Danseuse de Mao, Collection Points Seuil
00:15 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : qiu xialong, la danseuse de mao, polar, chine
lundi, 15 juin 2009
La Chine se met au vert
00:29 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, écologie
dimanche, 14 juin 2009
Un voyage en Chine ancienne
Ce tableau a été peint vers 1085-1145, puis repeint pendant la Dynastie Qing. Il mesure 5m28 de large et 24,8 cm en hauteur. Il est considéré comme un des Grands Trésors de Chine et a été exposé dans le Musée de Hong-Kong d'Art l'année dernière. Contrôlez la vitesse de déplacement avec votre souris. N'oubliez pas de cliquer à l'intérieur des carrés blancs et allumez votre son.
http://www.npm.gov.tw/exh96/orientation/flash_4/index.html
21:06 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine
mercredi, 14 janvier 2009
La guerre chinoise
"Il y a une guerre incessante : celle qui nous saute à la figure à travers le terrorisme déchaîné par la stratégie directe. Et une guerre plus secrète qui se mène sans cesse, pas seulement économique, et dont les Chinois sont en train de tirer la plupart des fils. Si l’adversaire est unilatéral, je vais faire du multilatéralisme ; comme l’adversaire est capitaliste, je vais devenir encore plus capitaliste. Pratiquer la défensive stratégique, utiliser la force de l’adversaire pour la retourner en ma faveur. Le Chinois s’appuie d’instinct sur la compréhension interne de ce que l’adversaire ose, veut, calcule et est obligé de faire. Il mène une guerre défensive qui peut durer une éternité : sa conception du temps n’est pas la nôtre. Cette guerre peut se prolonger indéfiniment pour user l’adversaire. Elle ne cherche pas l’anéantissement, mais la domination. C’est donc en prenant le point de vue chinois qu’on voit l’histoire de la métaphysique s’achever dans sa propre perversion : dans le nihilisme accompli, qui peut tout à fait être emprunté par la logique chinoise sans qu’elle sorte réellement de sa propre substance. L’être, le non-être, le néant sont redistribués autrement."
Philippe Sollers, Guerres secrètes, plus à lire ici
13:55 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre, politique, chine, philippe sollers, guerres secrètes
Ilya
" Le matin, le soleil raccourcit les distances, les yeux portent loin et tout près, l’oeil est comme dans l’oeil de sa perle close. On tient le le globe. Et de même que, dans la nuit, le cercle se referme et se met à plat, chaque matin-perle roule dans sa nacre, dans sa cornée, comme un dé. Là-bas, je vais le toucher là-bas, l’horizon, avec la main, avec une main mentale, mais en même temps la fleur, devant moi, cette rose, s’enlève avec un fracas silencieux. Il y a un soir, il y a un matin. Une racine d’obscurité, une autre de clarté. Ilya . Les étoiles filantes sont comme des lys d’or. On est dans l’anticyclone sec, ami des poumons, des contours. La lutte pour l’espace et le temps ne s’arrête pas une seconde.
Je suis au sud. Je regarde au nord. A droite, rose léger. Le soir, à gauche, couchant rouge. Nuit d’ardoise. On voudrait écrire directement là-dessus, à la craie.
La lune, tôt, fond bleu, trace blanche : un peu de lait, empreinte du pouce nocturne, à demi effacé, au bas du passeport jour.
Dans la brume bleutée permanente, matin et soir finissent par coïncider. C’est le temps vertical, la grande paix. Du geste du matin au geste du soir, c’est comme s’il s’était écoulé d’abord une heure, ensuite une demi-heure, puis un quart d’heure, puis dix minutes, puis deux minutes, puis une minute, puis trente secondes, puis dix secondes — et bientôt c’est le poudroiement intime du temps, j’enchaîne à pic, sans mémoire, le moment vient où je n’aurai plus la possibilité de noter.
Expédition de l’instant, loin, à côté, en Chine, croisière jaune, empire du milieu, tout a disparu, mer sableuse.
Mais le bleu et le blanc, plus ou moins profonds, taches mouvantes, ciel et eau, sont bien comme dans les vases innombrables, moine et disciple sous les pommiers en fleur, " ce monde est un vase sacré, impossible de le façonner ".
Et aussi : " Connais le blanc, adhère au noir. "
Je ne dirai jamais assez de bien du chinois, Reine, chacun de ses caractères, même le plus banal, m’aide à vivre. Tch’ong : l’eau jaillissante et le vide, vase qui ne se remplit jamais, ou si vous voulez davantage, profondeur insondable où tous les phénomènes se réalisent. Pourtant, tch’ong suffit. Quant au Saint et au Sage, il s’assoit face au Sud, et voilà tout.
Voilà tout .
Vers trois heures et demie du matin, donc, avec pour seuls témoins les feux dispersés de la côte, je me lève, je vais dans le jardin, pierrot lunaire, je développe en moi mes photos de la journée. La nuit est bouclée. Elle est enceinte du vide. Le noir se referme avec la dernière cigarette écrasée dans le gravier. Le pin parasol est l’arbre conseil. Le vent se lève, les étoiles brillent un peu plus.
" L’espace peut être rempli au point que l’air semble ne plus y passer, tout en contenant des vides tels que les chevaux peuvent y gambader à l’aise. "
Ou encore : " Il faut que le vrai vide soit plus pleinement habité que le plein. "
Assemblage air-vent-mer-fleurs-oiseaux. Les phrases à l’écoute. "
Philippe Sollers, Le lys d’or, 1989, Gallimard, p. 133-134.
Le Temple bouddhique à la montagne, estampe du X ème siècle, Li Cheng
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, chine, philippe sollers, le lys d'or
mercredi, 26 novembre 2008
Sans le vrai deux, il n’y a pas de vrai trois
" Je crois que la Chine peut amener quelque chose à l’Occident avec son intuition ternaire. L’Occident a privilégié la logique duelle, ce qui constitue sa grandeur. Cette séparation du sujet et de l’objet fut sa démarche originale. Cela étant, maintenant qu’on a conquis la matière et le monde entier, il est peut-être temps de valoriser la dimension ternaire. La Chine n’a peut-être pas assez privilégié le deux, qui représente le droit, le respect de l’autre, la démocratie et la liberté. Or sans le vrai deux, il n’y a pas de vrai trois."
François Cheng
00:15 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chine, françois cheng, lionel andré
jeudi, 20 novembre 2008
Au réveil...
"La branche luisante, au réveil, semble une orchidée."
05:24 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, littérature, chine, philippe soller, jacki maréchal
dimanche, 28 septembre 2008
La poésie Tang, vue par JLK
02:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chine, poésie, tang, jean-louis kuffer
jeudi, 25 septembre 2008
La Crue d'automne (extrait)
Tchouang-tseu et Houei-tseu se promenaient sur un pont de la rivière Hao. Tchouang-tseu dit : " Voyez comme les vairons se promènent tout à leur aise ! C'est là la joie des poissons.
— Vous n'êtes pas un poisson, dit Houei-tseu. Comment savez-vous ce qui est la joie des poissons ?
— Vous n'êtes pas moi, répondit Tchouang-tseu. Comment savez-vous que je ne sais pas ce qui est la joie des poissons ?
— Je ne suis pas vous, dit Houei-tseu, et assurément je ne sais pas ce que vous savez ou non. Mais comme assurément vous n'êtes pas un poisson, il est bien évident que vous ne savez pas ce qui est la joie des poissons.
— Revenons, dit Tchouang-tseu, à notre première question. Vous m'avez demandé : comment savez-vous ce qui est la joie des poissons ? Vous avez donc admis que je le savais, puisque vous m'avez demandé comment. Comment le sais-je ? Par voie d'observation directe sur le pont de la rivière Hao ".
Tchouang-tseu (Traduit du chinois par Liou Kia-hway)
L'actrice Gong Li, photographiée par Marc Riboud
00:32 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chine, tchouang-tseu, gong li, marc riboud
vendredi, 19 septembre 2008
Si vous n'avez pas encore lu Qiu Xiaolong
Vous pouvez commencer par : "Mort d'une héroïne rouge"
Décidément, les romans policiers de Qiu Xiaolong sont passionnants. Celui-ci est le premier des trois, mieux vaut donc ne pas faire comme moi et le lire d'abord. L'action se passe en 1990, soit un an après Tiananmen, la Chine est en train de basculer dans l'économie de marché, ce n'est que le début du basculement, beaucoup de gens fonctionnent encore sur les anciens critères. On est donc entre deux mondes, dans ce moment improbable et pourtant bien réel où les deux systèmes qui ont dominé la deuxième partie du XX ème siècle coexistent, mais où bien sûr l'un est déjà moribond et l'autre en plein développement. Et le livre, à l'image de cette société, en traduit les multiples contradictions. L'inspecteur principal Chen est (comme l'auteur) poète et traducteur de romans policiers, et on le sent parfois hésiter, se demander si sa vraie place est dans la police (où le hasard l'a amené) ou dans la littérature. Epris de morale confucéenne qui le fait résister héroïquement parfois aux tentations érotiques, il s'adapte tout de même - de manière très taoïste - aux changements en cours, n'hésitant pas à faire des compromis auprès des tenants des nouvelles mafias ou de membres influents du Parti pour faire avancer son enquête. En même temps, même si l'action est toujours bien serrée, les digressions nombreuses nous permettent de découvrir Shanghai ou Canton, la diversité de leur cuisine, de l’habitat, et toute une galerie de personnages secondaires qui reflètent le bouillonnement en cours. Ce n'est pas le moindre charme de ces trois romans d'être toujours bien équilibrés ; malgré le fil tendu de l'enquête policière, on circule agréablement grâce au talent de l'écrivain dans la société chinoise et son histoire récente, car toujours les événements actuels sont mis en perspective avec ceux des cinquante dernières années mais aussi avec les fondements de la culture chinoise. L'inspecteur principal Chen recherche le meurtrier d'une travailleuse modèle de la nation, par là il va se trouver mêler aux intrigues politiques, à la complexité des rapports de force au moment des basculements en question. Car un peu comme chez Stendhal ici, tout est politique, et "Celui qui combat les monstres, a dit Nietzsche, devrait veiller à ne pas en devenir un lui-même." C'est toute la difficulté de la mission de l'inspecteur principal Chen, et l'habileté de Qiu Xiaolong est de nous rendre compte de ce combat sans angélisme ni hypocrisie, avec une finesse toute chinoise.
L'auteur, Qiu Xiaolong est né à Shanghai ; victime de la révolution culturelle, il a été interdit d'école pendant des années sous prétexte que son père était un réactionnaire. Il parvient quand même à étudier l'anglais et à rédiger une thèse sur T.S Eliot. Auteur de plusieurs romans ("Mort d'une héroïne Rouge", "Visa pour Shanghai" et "Encre de Chine"), il vit aujourd'hui aux Etats-Unis.
Qiu Xiaolong, "Mort d'une héroïne rouge", collection Points Policier.
00:18 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérture, chine, qiu xialong, mort d'une héroïne rouge
samedi, 16 août 2008
Le public chinois se révèle plus fair-play que chauvin
22:22 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sport, chine, jo
mercredi, 13 août 2008
Un autre regard sur le dalaï lama
Les Chinois ne pouvaient rêver de meilleur ennemi que le dalaï lama. De moins dangereux, de plus inefficace. Ils ont tout intérêt à le conserver. En s’en prenant à lui, ils confortent son autorité et son empire sur les esprits, à l’intérieur comme à l’extérieur du Tibet. Ils empêchent l’émergence d’une révolte armée qui couve dans les rangs de la jeunesse tibétaine. Le dalaï lama, quant à lui, a intérêt à ce que Pékin s’en prenne à lui. C’est la seule façon qu’il a de pérenniser son pouvoir, le sien, mais aussi celui des gelugpa et plus généralement celui des hiérarques de la théocratie tibétaine, et de demeurer le « pape » du bouddhisme, qu’il n’est pas, sauf en Occident.
Patrick Hutin
02:13 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, chine, tibet, dalaï lama
Cérémonie d'ouverture
02:02 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : j.o., chine, cérémonie d'ouverture
vendredi, 08 août 2008
Le Saint chinois
« Il s’exprime dans des discours extravagants, dans des paroles inédites, dans des expressions sans queue ni tête, parfois trop libres, mais sans partialité, car sa doctrine ne vise pas à traduire des points de vue particuliers. Il juge le monde trop boueux pour être exprimé dans des propos sérieux. C’est pourquoi il estime que les paroles de circonstance sont prolixes, que les paroles de poids ont leur vérité, mais que seules les paroles révélatrices possèdent un pouvoir évocateur dont la portée est illimitée. Ses écrits, bien pleins de magnificence, ne choquent personne, parce qu’ils ne mutilent pas la réalité complexe. Ses propos, bien qu’inégaux renferment des merveilles et des paradoxes dignes de considération. Il possède une telle plénitude intérieure qu’il n’en peut venir à bout. En haut, il est le compagnon du créateur ; en bas il est l’ami de ceux qui ont transcendé la mort et la vie, la fin et le commencement. La source de sa doctrine est ample, ouverte, profonde et jaillissante ; sa doctrine vise à s’harmoniser avec le principe et à s’élever à lui. Et pourtant, en répondant à l’évolution du monde et en expliquant les choses, il offre une somme inexprimable de raisons qui viennent, sans rien omettre, mystérieuses, obscures et dont personne ne peut sonder le fond."
Tchouang-tseu
Picasso, période rose
00:25 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tchouang tseu, chine, picasso, saint chinois