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jeudi, 15 septembre 2005

Sublime

Sublime veut dire, étymologiquement : ce qui est suspendu dans les airs, élevé. Kant le distingue du beau, fini et complet, alors que le sublime met en jeu l’idée de l’infini. Il manifeste la lutte de l’imagination et de la raison. La prose pascalienne, la musique de Mozart et les toiles de Manet sont sublimes.

15:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (5)

Pitié pour la viande

" Pitié pour la viande! Il n'y a pas de doute, la viande est l'objet le plus haut de la pitié de Bacon, son seul objet de pitié, sa pitié d'Anglo-Irlandais. Et sur ce point, c'est comme pour Soutine, avec son immense pitié de Juif. La viande n'est pas une chair morte, elle a gardé toutes les souffrances et pris sur soi toutes les couleurs de la chair vive. Tant de douleur convulsive et de vulnérabilité, mais aussi d'invention charmante, de couleur et d'acrobatie. Bacon ne dit pas "pitié pour les bêtes " mais plutôt tout homme qui souffre est de la viande. La viande est la zone commune de l'homme et de la bête, leur zone d'indiscernabilité, elle est ce " fait ", cet état même où le peintre s'identifie aux objets de son horreur ou de sa compassion. Le peintre est boucher certes, mais il est dans cette boucherie comme dans une église, avec la viande pour Crucifié (" peinture " de 1946). C'est seulement dans les boucheries que Bacon est un peintre religieux. "

Gilles Deleuze

09:04 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4)

Banal ?

"Après tout l'existence étant si banale en un sens, on peut essayer d'en faire une manière de grande chose, plutôt que se laisser soigner jusqu'à l'oubli"

Francis Bacon, peintre

08:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 14 septembre 2005

Avant le voyage dans le temps

Vélasquez, le pape Innocent X

Le portrait reproduit l’expression du visage d’Innocent X avec une telle vérité que certains au Vatican craignirent même que le pape n'en soit indisposé. Mais ce dernier, au contraire, se montra enchanté du résultat, et suspendit le tableau dans l’antichambre où devaient attendre ses visiteurs

23:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 12 septembre 2005

La vie des idées

"La nature n'est pas en surface ; elle est en profondeur. Les couleurs sont l'expression, à cette surface, de cette profondeur. Elles montent des racines du monde. Elles en sont la vie, la vie des idées" : Cézanne

21:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (3)

Votre couleur préférée ? "L'harmonie générale"

 

Votre couleur préférée ? : « L’harmonie générale » a répondu Cézanne. On est assailli de flèches contradictoires, certaines vous atteignent, d’autres pas, arrive une toile, une symphonie, un livre et tout s’éclaire.  « Si ma toile est saturée de cette vague religiosité cosmique qui m’émeut, moi, qui me rend meilleur, elle va toucher les autres en un point peut-être qu’ils ignorent de leur sensibilité », écrira-t-il. « Je joins les mains errantes de la nature »

12:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4)

dimanche, 11 septembre 2005

Peintre chinois

Le peintre chinois Zao Wou-Ki a écrit : « Picasso m’avait appris à dessiner comme Picasso, mais Cézanne m’apprit à regarder la nature chinoise. J’avais admiré Modigliani, Renoir, Matisse. Mais c’est Cézanne qui m’aida à me retrouver moi-même, à me retrouver peintre chinois »

20:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Zao Wou Ki

Les tableaux de Zao Wou-Ki sont des giboulées de couleurs affrontées, la création de la terre racontée, jaillissement, effraction, on a percé un secret. Des arbres accrochés aux montagnes, feu rampant, glissant sur la toile, parfois on discerne en échos lointains l’œuvre de Corot, Le Lorrain ou Degas, cieux de neige, ouragans en formation, toujours une fête de l’esprit. Une peinture qui parle de l’âme, de ses dérangements, en pointillés. Emotions, rêve, brisures mais épanouissement, vertige atteints, perte du sens, plongée dans le plaisir - voilà la leçon de Cézanne à Zao Wou-Ki -, le plaisir guide et on est sauvé, on découvre des portes, de nouveaux horizons, ceux d’avant étaient factices, des images s’instillent, glissent, surgissent, un dévoilement progressif, un opéra, une musique symphonique, mélodies entrecroisées, légèreté, l’énergie de la matière concentrée en si peu de temps, les deux dimensions du tableau sont largement dépassées, oubliées, rien à voir.

10:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (10)

mercredi, 07 septembre 2005

Cézanne toujours

"Il faut être incorruptible sur son art, et pour l'être dans son art, il faut s'entraîner à l'être dans sa vie" "En somme il y a le savoir-faire et le faire-savoir. Quand on sait faire, on n'a pas besoin de faire savoir. Ca se sait toujours".

Cézanne

22:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (8)

Les Vénitiens et les Espagnols

Cézanne visitant le Louvre, à propos des Vénitiens et des Espagnols : "Quand on ne sait pas, on croit que ce sont ceux qui savent qui vous arrêtent. Alors qu'au contraire, si on les fréquente, au lieu de vous encombrer, ils vous prennent par la main et vous font gentiment balbutier votre petite histoire".

Joachim Gasquet, Cézanne

21:58 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 03 septembre 2005

Le Titien

«Ce peintre vit la nature mieux qu'aucun autre et il la peignit plus ressemblante. Il avait un esprit solide, tranquille, plein de sagacité, porté à chercher la vérité plutôt que le neuf et le spécieux. C'est par ces qualités qu'il est arrivé à être regardé généralement comme un des quatre plus grands peintres de l'Italie.»

Stendhal

11:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (20)

mercredi, 31 août 2005

La tempête

"Laissez passer les touristes, restez simplement là, devant ce tableau, oubliez tout. Il a lieu maintenant, pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps, comme Venise le fait constamment. C’est sa vocation, sa grandeur, son calme.
J’écoute, je commence à voir. A droite, une femme aux trois quarts nue, un boléro blanc sur les épaules, assise sur un drap froissé en pleine nature, allaite un enfant avec son sein gauche (on ne voit pas le droit). Elle vous regarde. Elle en a vu d’autres, elle en verra d’autres. Vous êtes obligé d’être cet enfant. La femme est très belle, jeune, éternelle, cheveux blond vénitien, rassemblée sur elle-même malgré ses cuisses écartées, très attentive, protectrice, un peu inquiète. A gauche, sur une autre scène, séparé de la femme à l’enfant par une rivière en ravin, un homme désinvolte et jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui, tourne la tête vers le petit théâtre de l’allaitement. Est-ce un père? Un fils? Un passant? Il a l’air très content, détaché, il pose. Il se souvient, aussi. Ce bébé, c’était lui dans une autre vie. Ou bien ce sera lui, et puis lui encore.
Où cela a-t-il lieu? Aux environs d’une ville que l’on voit se dresser dans le fond, au-delà d’un petit pont de bois qui fait communiquer les deux rives. Une ville sous l’orage dans un ciel gris-bleu. Un éclair déchire le fond de la toile et accentue la brisure entre la femme à l’enfant et l’homme contemplatif. Sur terre, une rivière les sépare, ils ne sont pas dans le même temps. Dans l’air, une zébrure et une fulgurance comme rentrée (vous voyez l’éclair, vous ne l’entendez pas encore) font apparaître le spectre des palais et des tours. Au premier plan, les humains mortels. Dans les coulisses, Dieu ou les dieux. Destin, hasard, saisons, nature. L’éclair est un serpent qui révèle les éternités différentes de la femme et de l’homme. Vous ne le savez pas au point où la couleur le dit.

Ce tableau est une étoile, un aimant. Je le vois d’ici, à Paris, par-delà le bruit et la fureur de l’histoire. Il fait le vide, il est évident. Il est d’un temps nouveau: le plus-que-présent permanent. J’aimerais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie. Je devine le passage secret qui l’a rendu possible"

Philippe Sollers

09:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 22 août 2005

La vague

De Gustave Courbet, Cézanne dira : "Son grand apport, c’est l’entrée lyrique de la nature, de l’odeur des feuilles mouillées, des parois moussues de la forêt, dans la peinture du dix-neuvième siècle, le murmure des pluies, l’ombre des bois, la marche du soleil sous les arbres. La mer" 

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mardi, 02 août 2005

Je joins les mains errantes de la nature


"Tout ce que nous voyons, n'est-ce-pas, se disperse, s'en va... La nature est toujours la même, mais rien ne demeure d'elle, de ce qui nous apparaît... Notre art doit, lui, donner le frisson de sa durée avec les éléments, l'apparence de tous ses changements. Il doit nous la faire goûter éternelle. Qu'est-ce qu'il y a sous elle ? Rien peut-être. Peut-être tout. Tout comprenez-vous ? Alors je joins ses mains errantes. Je prends à droite, à gauche, ici, là, partout, ses tons, ses couleurs, ses nuances, je les fixe, je les rapproche... Ils font des lignes. Ils deviennent des objets, des rochers, des arbres, sans que j'y songe. Ils prennent un volume. Ils ont une valeur. Si ces volumes, si ces valeurs correspondent sur ma toile, dans ma sensibilité, aux plans, aux taches que j'ai, qui sont là sous mes yeux, eh bien ! ma toile joint les mains. Elle ne vacille pas. Elle ne passe ni trop haut, ni trop bas. Elle est vraie, elle est dense, elle est pleine..."
Joachim Gasquet, Cézanne, éditions encre marine.

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dimanche, 31 juillet 2005

Le ciel infusé


Il peignait la mer, l'eau épaisse, la clarté humide, le ciel infusé. Il la suspendait, à l'horizon, massive et bleue, comme elle apparaît parfois des hauteurs de l'Estaque, lorsqu'entre la paroi des roches on débouche brusquement devant elle. Il lui faisait surplomber le cadre pierreux de ces roches comme un grand miroir renversé.
Joachim Gasquet, Cézanne, éditions encre marine

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samedi, 25 juin 2005

Une oeuvre ailée

On peut passer des dizaines de fois devant un tableau de Poussin et ne rien voir. A son ami Chantelou : "Les choses esquelles il y a de la perfection ne se doivent pas voir à la hâte, mais avec temps, jugement et intelligence. Il faut user des mêmes moyens à les bien juger comme à les bien faire". L’émotion tisse son œuvre. L’espace est baigné d’une douce lumière, transfiguré, présence de la volupté, mais aussi de la volonté farouche des hommes, touches graciles de vert dans le jade du ciel. Une perfection qu’on devinait confusément est là, manifeste, sur la toile. Lumière romaine, tour à tour triomphante et souple, sensualité des corps, justes, voluptueux, jamais idéalisés, tout précise l’harmonie, la souplesse, l’éternel retour...
Cette œuvre : Le temps calme. Le bleu de l’eau et des météores se contemplent, enserrent le paysage, un rêve entre les deux, lui aussi dédoublé par son reflet. Sinon presque rien, des animaux paisibles, la montagne se fond dans l’architecture des nuages, les feuilles de l’arbre sur la droite s’effilochent irréelles, ténues, graciles, les nuages s’envolent vers le haut du ciel, la sensation de calme est rassemblée, ramenée partout, innervée.
Un homme au premier plan s’appuie sur une canne, près de lui un chien mais leur regard flotte indifférent à cette beauté, ils en sont tellement pénétrés qu’ils n’ont pas besoin de la regarder. Le mouvement de leur corps est le lever de rideau de la scène. D’autres personnages, minuscules, des cavaliers, l’un d’entre eux lance sa monture à toute vitesse, il va quitter le tableau, il n’a pas place ici, son départ imminent le montre, la tranquillité va reprendre sa place.
Partout dans l’œuvre de Poussin, ces nuances de teintes qui sculptent le paysage, répandues sur les contours, cieux déchirés, adamantins, douceur infinie des regards, apaisante. Souvent, les personnages sont pris de frénésie, c’est l’orage, le grand vent de l’Histoire, la Bible, rien n’échappe à ce déferlement. Toujours les météores, les nuées décrivent l’action, les sentiments, la palette est infinie. Son but, la délectation, la sensualité pure, l’arrondi des corps, cette chair que l’on respire. Plus on regarde un tableau de Poussin, plus on y décèle d’harmonie, plus la vue s’éclaire, prend de l’expansion, devient assurée. La fièvre subtile qui se dégage de la composition gagne le spectateur.
Ainsi dans le Paysage avec les funérailles de Phocion, la lumière du soir est posée subreptice, dans une fureur printanière, multitude des plans entrelacés. Un arbre torturé berce sa palme avec indolence. A un moment il y a résonance entre la composition, le motif, les émotions décrites. Des tableaux comme des opéras. Une œuvre ailée.

(Extrait de "Le sourire de Cézanne", roman)

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Faire oublier l’histoire dans la culture

« L’art est une vaste histoire de chaque instant. La prétendue histoire de l’art est faite, le plus souvent, pour oblitérer cette science possible des moments. Elle parle du spectateur, pas du créateur, elle travaille à la mise en spectacle de l’acte, à sa consommation passive. Elle évacue l’histoire hors de l’art, elle fait de celui-ci une activité prévisible rejoignant sans fin le ciel des idées, c’est-à-dire sa mise à prix. Picasso a une conscience aiguë et dramatique de l’irréversibilité du temps. Or « la classe des possesseurs de l’économie, qui ne peut pas rompre avec l’histoire économique, doit aussi refouler comme une menace immédiate tout autre emploi irréversible du temps » (Debord). Il en résulte que « le spectacle a la fonction de faire oublier l’histoire dans la culture » (id). Le spectacle procédera donc par rituels de commémoration, sur fond de programmation amnésique.»

Extrait de Picasso le héros, dans L’éloge de l’infini (Philippe Sollers)

11:11 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 24 juin 2005

Je suis peintre

"La couleur me possède. Je n'ai plus besoin de la rechercher. Voici ce que signifie ce moment heureux : moi et la couleur nous ne formons plus qu'un. Je suis peintre."
Paul Klee, Journal

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lundi, 23 mai 2005

L'ar(gen)t brûle

Un dessin original de Salvador Dali a brûlé à Rouen dans l'incendie du "premier distributeur d'argent gratuit", une installation en pleine rue de Patrice Quéréel, disciple de Marcel Duchamp, a-t-on appris lundi auprès de l'artiste. Depuis trois semaines ce distributeur - une table derrière une grille avec dessus des pièces et parfois des billets déposés par Patrice Quéréel -, fonctionnait sur la rue de la République à l'entrée d'un ancien centre commercial. Vendredi dernier des inconnus y ont mis le feu détruisant le très cher Dali, "Réflexion", accroché à quelques mètres de la table. L'incendie a également brûlé quelque 250 exemplaires du livre ("6 j" pour "ci-gît") que Patrice Quéréel a consacré à son "cimetière de l'art", situé à Nolléval (Seine-Maritime) et où sont enterrés plusieurs tableaux. Conclusion de l'incident, selon M. Quéréel: "l'ar(gen)t brûle"...
(D'après AFP)

13:55 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 14 mars 2005

Une visite dans la galerie virtuelle de Frédérique Azaïs ?

http://www.comediainternet.com/cgi-local/CIVoirCVPeintre2...

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