jeudi, 14 décembre 2017
Le ciel
"Le ciel a-t-il formé cet amas de merveilles
Pour la demeure d'un serpent ?"
Pierre Corneille
22:41 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre corneille
samedi, 09 décembre 2017
Comme ces livres qui sont vraiment des livres
"Je me disais : ce livre tombe à pic ; comme tous les livres, comme ces livres qui sont vraiment des livres, il arrive au bon moment."
Yannick Haenel, Cercle
21:45 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yannick haenel
samedi, 02 décembre 2017
Les escaliers de San Felice, le bien nommé
Spaccanapoli. Merveilles du baroque, les escaliers de San Felice, le bien nommé. À l’image de la ville, vastes, ronds comme des coquilles, tournoyants, espace perdu mais peu importe, beauté, rondeurs, plaisir... Les églises ressemblent à des bonbonnières, des biscuits, écrins parfumés, bariolés, lardés de marbre, de stucs, blancs, écrus, roses, verts, pendeloques, niches, tableaux, gris-gris, tout est fait pour que l’esprit chavire, se perde. Ici les plus belles choses sont cachées, les napolitains préfèrent les garder pour eux. Souvent rien ne signale l’entrée d’une cour superbe, d’un escalier virevoltant, d’une église étincelante. Sans doute un des secrets du bonheur, vivre caché...
L’art à Naples n’est pas séparé de la vie, tous ces édifices sont habités, occupés, une statue soutient un fil à étendre le linge, dans cette cour des vespas sont entassées. Invasion rassurante, au contraire de ces villes-musées, léchées, sans aspérités, froides. Commerciales.
Rien de plus étranger aux napolitains que le rendement, l’efficacité. Les glaces qu’ils ont inventées, ils ont laissé aux milanais le soin de les commercialiser, de s’enrichir. Le plaisir de l’instant l’emporte sur tout.
Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman, prix 98 de la ville de Balma, n&B éditions
20:42 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fugue baroque, naples
jeudi, 30 novembre 2017
À voir changer la couleur des pierres, surgir la lumière crue et acide du Sud
À voir changer la couleur des pierres, surgir la lumière crue et acide du Sud, l’âpreté qui annonce les rivages de la Méditerranée, je revivais. L’odeur des aiguilles de pin brûlées, leur bruit sec, craquant sous le pas, la torpeur sous la canicule, l’attente interminable des siestes sans sommeil de l’enfance, le temps arrêté, puis le soir, vent marin qui s’insinue, rédemption, flots de fraîcheur à travers les rues, fluidité et mouvement partout, toutes ces sensations remontaient à la surface. J’étais heureux du chemin parcouru. S’y mêlaient l’apaisement du retour, une envie de quiétude. Michel était le meilleur ami de mon oncle. Il m’hébergea le temps que je m’installe. C’était bon de parler ma langue, entendre son accent, retrouver les phrases, les intonations de l’enfance. Pendant toute une semaine, temps humide et doux, partir à la pêche au petit matin, casser la croûte avec un verre de vin clairet à la première chaleur, puis rentrer dès que le vent tourne au Nord, la mer devenue plaque incandescente, criblée de moutons bondissants, respirer les odeurs de sel comme un peu de soi, imaginer cette côte encore sauvage, avec les moustiques, les macreuses aux reflets myosotis qui glissent sous leurs flancs le bleu du ciel, les étangs regorgeant d’anguilles, sans le bruit des avions, des voitures et des bateaux à moteur.
Raymond Alcovère, Le Bonheur est un drôle de serpent, roman, Lucie éditions, 2009, extrait
Photo : Eric Frey
18:33 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
Summer Wind, photography by Andreas Heumann
16:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andreas heumann
dimanche, 26 novembre 2017
Jean de La Fontaine (extrait de Roman de romans)
La Fontaine (Jean de)
Commençons par tordre le cou aux légendes. Comme le souligne Patrick Dandrey : « Les animaux ne forment qu’un tiers, à peu près, des quatre cents personnages des Fables. Les deux cent quarante Fables ne constituent qu’une part, imposante mais relative, de la production d’un poète, qui composa aussi : soixante-quatre contes, un roman mêlé de prose et de vers, une idylle héroïque, deux livrets d’opéra, deux tragédies (l’une lyrique et inachevée), deux comédies, un ballet comique, les fragments d’un songe, un poème scientifique, trois épîtres critiques en vers, un poème chrétien, deux paraphrases de textes sacrés, une relation de voyage, six élégies, des satires, odes, ballades, madrigaux, chansons, épithalames, épigrammes, un pastiche, des traductions de vers latins, les lettres, beaucoup de vers de circonstances et de pièces perdues… Bilan estimable pour un paresseux. » Chateaubriand le considérait comme son dieu et il avait raison. La Fontaine, c’est la meilleure des thérapies, quand on est accablé, après avoir été obligé de lire mauvais livres, notes, rapports ou articles horriblement écrits. Un bain de jouvence ! Sans doute aucun écrivain français n’est arrivé à ce sens du raccourci, de l’épure, et de l’harmonie. Il dit en deux vers ce que beaucoup peinent à exprimer en de longues pages ou même volumes. Goût pour le bonheur, individualisme, sagesse, esprit pénétrant, imagination, tout y est. En relisant les Fables, on est étonné d’y trouver autant d’expressions encore utilisées aujourd’hui. On peut mesurer son génie en comparant avec l’original dont il s’est inspiré : ici, La Cigale et les fourmis, de Ésope (6e siècle avant J.-C.) : « Pendant l’hiver, leur blé étant humide, les fourmis le faisaient sécher. La cigale, mourant de faim, leur demandait de la nourriture. Les fourmis lui répondirent : – Pourquoi en été n’amassais-tu pas de quoi manger ? – Je n’étais pas inactive, dit celle-ci, mais je chantais mélodieusement. Les fourmis se mirent à rire. – Eh bien, si en été tu chantais, maintenant que c’est l’hiver, danse. Cette fable montre qu’il ne faut pas être négligent en quoi que ce soit, si l’on veut éviter les chagrins et les dangers. » Ses contes et tout ce qu’il a écrit sont touchés par la grâce. S’il ne fallait retenir que quelques citations de notre langue, on y trouverait sans doute : « Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? Que ce soit aux rives prochaines ; Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau, toujours divers, toujours nouveau ; Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste… » Et : « J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, la ville et la campagne, enfin tout, il n’est rien qui ne me soit souverain bien, jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. » Ou le merveilleux : « Tout est mystère dans l'amour, ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance. Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour que d'approfondir cette science. » Ou encore : « Bornons ici cette carrière. Les longs ouvrages me font peur. Loin d’épuiser une matière, on n’en doit prendre que la fleur. » Et les fleurs sont encore présentes ici : « Je suis chose légère, et vole à tout sujet ; je vais de fleur en fleur ; et d’objet en objet… » En appendice à son Siècle de Louis XIV, Voltaire, dans son Catalogue des écrivains, écrit : « Dans la plupart de ses fables, il est infiniment au-dessus de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que ce puisse être ». Il l’a écrit lui-même : « Les Sages quelquefois, ainsi que l’écrevisse, marchant à reculons, tournent le dos au port. C’est l’art des matelots. C’est aussi l’artifice de ceux qui, pour couvrir quelque puissant effort, envisagent un point directement contraire, et font vers ce lieu-là courir leur adversaire. »
Extrait de Roman de romans, Raymond Alcovère, Editions les Réfractaires, 2016
Photo de Peter Turnley
21:24 Publié dans Roman de romans | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman de romans, jean de la fontaine
jeudi, 23 novembre 2017
Solsbury Hill
Le lendemain, on est allés à Montpellier. Les rues baignaient dans l’humidité, derrière un rideau liquide. La ville se retrempait dans son passé. Les vieux hôtels émergeaient à peine de l’histoire. Elle était là, vivante, ils nous la racontaient, bruissant du cliquetis des armes et du va-et-vient des fantômes. Vers la fin d’après-midi, la ville s’est réveillée de son apathie. À nouveau, la lumière tamisait les pierres. Les jours suivants, le soleil a répandu sa clarté crue. Comme sous un projecteur, les gestes, se sont mis en perspective. Un désir vague mais puissant rôdait. Un moment que rien n’égale, les sens en attente, chaque souffle, chaque mot, débordant d’émotions à peine contenues. Presque à notre insu, une harmonie s’installait. Inexplicable mais on n’avait pas envie de l’expliquer. Parfois, aux premiers rayons du soleil, j’écoutais Solsbury Hill, puis je sortais jouer avec les perles de l’écume, seul dans la lumière du matin. On a passé trois semaines ensemble, presque sans se quitter, juste avant que je commence à travailler, à réfléchir à ce qui m’attendait, à tout ce que je refusais de voir.
Raymond Alcovère, "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman, 2009, Lucie éditions
21:02 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
mercredi, 22 novembre 2017
Ça fait du bien !
Henri Cartier-Bresson Peloponnèse, Grèce 1961
19:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri cartier-bresson
vendredi, 17 novembre 2017
Auguste Rodin, 1880
11:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auguste rodin
jeudi, 16 novembre 2017
René Maltête, formidable incendie !
08:40 Publié dans humour, Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené maltête
lundi, 13 novembre 2017
Aujourd'hui ?
Pour nous résumer, on en serait un peu là aujourd'hui non ?
(Image de Christophe Kiciak)
20:16 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christophe kiciak
jeudi, 09 novembre 2017
Simulations
"Le monde est en grande partie un théâtre bâti sur des histoires de simulations féminines. Les hommes sont des naïfs qui croient dominer le jeu, ils en sont les dupes."
Philippe Sollers
20:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
mardi, 07 novembre 2017
Doisneau Rue Hippolyte Maindron Giacometti Paris 1958
20:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giacometti, robert doisneau
lundi, 06 novembre 2017
Miles smiles
Giuseppe Pino, Miles Davis, 1983
20:09 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miles davis
jeudi, 02 novembre 2017
La Mergellina
Ça y est, la Mergellina, bourdonnante de bateaux, le bleu de la mer est limpide, presque évanescent, couche parfaite de bleu, tranche napolitaine, féerique. Je suis plongée dans les couleurs, assise, paisible, l’âme secouée, les yeux fixés sur le lointain du port.
Sous un micocoulier, les feuilles vert-pâle se trémoussent dans un bruit d’orgues puis lampées plus basses, fondantes, andante avec cette rafale ardente, pianissimo vent coulis, trémulement des frondaisons, poussées plus lascives des basses encore par les côtés, se laisser bercer, musique qui revient et ne s’arrête jamais, roulis de cloches, coulée mauve dans le crépitement du soleil, ondoiement sonore en diagonale se faufilant entre les maisons, lignes croisées qui se brisent, parterre de roses roses devant moi, feu sous le soleil, balancement léger, vivifiant.
Raymond Alcovère, extrait de Fugue baroque, roman, prix 98 de la ville de Balma
Photo de Yann Grancher
23:42 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fugue baroque, naples, mergellina
mardi, 31 octobre 2017
Qui sait, la fin des temps est peut-être venue
Qui sait, la fin des temps est peut-être venue, ici, à la limite de l’océan, sur cet arrondi de la terre, archipel de hasard, de roc, de vent et de sable, noyé.
Déchaînement des éléments.
La terre va s’engloutir, revenir à sa vérité première.
Matière, fusion, évanouissements.
L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure.
Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.
Raymond Alcovère, extrait de L'aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010
Photo de Andy Chisholm, Tasmania, 2015
20:05 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'aube a un goût de cerise
lundi, 30 octobre 2017
Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps
L’espionnage fonctionne de cette façon, ça me rappelle une des plus grandes opérations de l’histoire, qui a permis à la Russie soviétique naissante d’asseoir son pouvoir, tu en as entendu parler ?
- Non, raconte !
- C’est un certain Dzerjinski, espion de Lénine, qui l’a montée, dans les années 20. Un groupe de dissidents, avec des membres du gouvernement, annonçaient la fin prochaine du régime. Ils se firent peu à peu connaître, au point de devenir une référence et un passage obligé pour tous les opposants, y compris à l’extérieur du pays. C’était en fait un coup monté de toutes pièces ; par ce moyen, ils faisaient passer tout un tas de fausses infos aux services secrets des pays occidentaux qu’ils infiltrèrent. Et à l’intérieur, ils réunirent autour d’eux tout ce qui se faisait en termes d’adversaires du communisme. Au bout de longues années, le subterfuge a été découvert, mais trop tard, la plupart des « contre-révolutionnaires » identifiés et mis hors d’état de nuire, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le leurre avait parfaitement fonctionné. Le nouveau régime s’était ainsi constitué une base très solide, qui allait lui permettre de durer si longtemps.
Raymond Alcovère, extrait de "Rien compris au rock and roll"
Polar, Clairdeplume34 éditions, 2011
20:29 Publié dans Rien compris au rock and roll | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rien compris au rock and roll
Je crois que le tuyau était plutôt bon…
- Il y a quoi dans le sac, lui demanda-t-elle ?
- Je veux bien te le dire mais je devrai te tuer après !
- Très drôle !
- Des joujoux !
- Arrête !
- Je blague pas ! Des armes, des piqûres anesthésiantes, téléphones, faux papiers, cartes de crédit, argent liquide, clés électroniques, c’est une manie des agents secrets, un tuyau qu’on m’avait donné. On se constitue des réserves, au cas où, pour les mauvais jours, eh bien voilà c’est arrivé, je crois que le tuyau était plutôt bon…
Raymond Alcovère, Rien compris au rock and roll, Clair de plume 34 éditions, 2011 (extrait)
Photo de Sam Pujol Greif
01:44 Publié dans Rien compris au rock and roll | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rien compris au rock and roll
vendredi, 27 octobre 2017
Soirée de lancement du numéro 2 de la revue La Piscine, ce soir, à Sauramps Odyssée à Montpellier
Ce soir à partir de 18h, à l’occasion de la parution de son numéro 2, la revue La Piscine vous convie à une rencontre-lectures à l'auditorium de la librairie Sauramps Odyssée à Montpellier.
Vous pourrez écouter quelques-uns des derniers textes lus par leurs auteurs :
• « Comment j’aime les autres » par Nat Yot
• « Equation » par Claire Musiol
• « Les allumettes » par Daniel Frayssinet
• « Il faut être sauvage » par Marianne Desroziers
• « Ô mer » par Raymond Alcovère
• « Espace soudain fissuré » par Françoise Renaud
et d'autres textes lus par les maîtres-nageurs.
A l'issue des lectures, nous nous retrouverons autour d'un verre pour échanger et partager.
Au plaisir de vous voir !
Philippe Castelneau, Louise Imagine, Christophe Sanchez, Alain Mouton
revuelapiscine.com
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nouveau numéro disponible ici > http://www.sauramps.com/revue-la-piscine-numero-2-inciden...
01:05 Publié dans Evénements, Nouvelle, Revues | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la piscine
dimanche, 22 octobre 2017
Un chat faisant la chattemite
"C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas."
La Fontaine
12:13 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la fontaine