samedi, 05 juin 2010
Une obscurité de glaïeuls
Il pleut des flèches de soleil acerbes comme des sagaies et drues comme un nuage de sauterelles.
Un vent de terre souffle une haleine chaude et mon cheval, rude et âpre comme le sel se cabre face à la montagne.
Enfin le vent du soir coule une giclée de citron frais sur les collines et ce fleuve immense aux reflets roses qui file grand large vers la mer – ample mouvement de ses méandres, inachevé, cours à l’apparence immobile mais forces profondes, latentes, terribles.
Une obscurité de glaïeuls.
Raymond Alcovère, extrait de "L'aube a un goût de cerise", N&B éditions, 2010
Nicolas de Staël
19:31 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, nicolas de staël
mardi, 25 mai 2010
Ciel de pagodes
Je bois l’aube.
Tremblements, orages, luxuriance.
Ordalie de vents.
Bégaiement du temps.
Tout peut s’arrêter car rien ne s’arrêtera jamais.
L’abîme est un fracas.
Ivre de colère, il s’abandonne.
Les anges y volent obscurément, symphonie bleu nuit de la pluie et du vent.
Un virage s’amorce.
La grande mue de la mer de nuages.
Le vent s’efface pour laisser la place au jour.
Ciel de pagodes, échelles vers le soleil.
Raymond Alcovère, Extrait de L'Aube a un goût de cerise, N&B éditions, 2010
François Plazy, Taozen
16:49 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'aube a un goût de cerise, françois plazy
mardi, 27 avril 2010
L’or du temps
Une frondaison blanche s’est répandue, annonciatrice de temps nouveaux.
Qui sait, la fin des temps est peut-être venue, ici, à la limite de l’océan, sur cet arrondi de la terre, archipel de hasard, de roc, de vent et de sable, noyé.
Déchaînement des éléments.
La terre va s’engloutir, revenir à sa vérité première.
Matière, fusion, évanouissements.
L’homme disparaîtra, lui le passager clandestin, l’invité de la dernière heure.
Il s’en ira sur la pointe des pieds après avoir coloré d’un peu de poésie l’or du temps.
Raymond Alcovère, extrait de L'aube a un goût de cerise, N&B éditions, mars 2010
N&B éditions, 21 rue du Venasque, 31 170 Tournefeuille
00:10 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : raymond alcovère, françois plazy, l'aube a un goût de cerise
jeudi, 08 avril 2010
La seule dans le silence à ignorer l'obscur
Flaques grises dans les sous-bois de la nuit.
Des arbres si hauts qu’on en décèle à peine la hauteur.
Les bruits émeraude parviennent étouffés.
La chouette est seule dans le silence à ignorer l’obscur.
Pour elle l’univers brille d’une étrange lumière, argentée, déployée par une main invisible mais partout présente, l’or du temps.
Bona Mangangu (création, jeux d'encre)
Raymond Alcovère, Extrait de "L'aube a un goût de cerise"
N&B éditions, 21 rue du Venasque, 31 170 Tournefeuille
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dimanche, 04 avril 2010
Je changerai non de vie, mais d’identité
Blanc de l’aube.
Tremblement du temps.
Les nuages s’éloignent.
Des signes apparaissent, à peine tangibles, un alphabet nouveau, frôlements de mer, odeurs de sauvagine, remuement des vagues.
La brume se mêle au soleil.
Océan de neige, un grand calme.
Je changerai non de vie, mais d’identité.
Raymond Alcovère, extrait de "L'aube a un goût de cerise", N&B éditions, mars 2010
Paul Klee, fleur sur le sable
04:03 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : l'aube a un goût de cerise, paul klee
lundi, 29 mars 2010
Sortie de "L'aube a un goût de cerise"
Ces huit textes racontent trois moments-clés de la vie du poète Saint-John Perse, trois départs, trois exils qui l’ont profondément marqué.
Il passe son enfance en Guadeloupe, puis à l’âge de 11 ans, il doit partir avec sa famille s’installer en France. Lors d’une escale aux Açores, il découvre pour la première fois la neige.
À vingt-neuf ans, en poste au Ministère des Affaires Etrangères, il est nommé secrétaire de la légation française en Chine où il restera cinq ans.
En 1940, à cinquante-trois ans, il est limogé de son poste, déchu de la nationalité française, ses biens seront confisqués. Obligé à nouveau de quitter son pays.
Extrait (début du texte) :
Je suis parti et voilà que le monde s’ouvre à mes yeux.
Le vent fait claquer les voiles, le jusant doucement nous éloigne.
Les cris des marins se répondent.
Les os du bateau craquent, son grand corps de sel et de vent s’ébroue.
Le navire s’enfonce.
Une femme chante un refrain des îles.
J’emporte les bribes de ce rêve.
Musique.
Mars 2010
N&B éditions, 64 pages, 12 €
00:10 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : l’aube a un goût de cerise, raymond alcovère
dimanche, 03 janvier 2010
Parution de : "L'Aube a un goût de cerise"
Mon recueil : "L'Aube a un goût de cerise" paraîtra en mars 2010 aux éditions n & b.
Début du texte :
Je suis parti et voilà que le monde s’ouvre à mes yeux. Le vent fait claquer les voiles, le jusant doucement nous éloigne. Les cris des marins se répondent. Les os du bateau craquent, son grand corps de sel et de vent s’ébroue. Le navire s’enfonce. Une femme chante un refrain des îles. J’emporte les bribes de ce rêve. Musique.
Caspar David Friedrich, Moonrise over the Sea, 1822, oil on canvas
Nationalgalerie, Staatliche Museen zu Berlin
20:21 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : l'aube a un goût de cerise, friedrich