Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 18 janvier 2006

L'éternel retour

« Qu'arriverait-il si, de jour ou de nuit un démon te suivait une fois dans la plus solitaire de tes retraites, et te disait : "Cette vie, telle que tu l'as vécue, il faudra que tu la revives encore une fois, et une quantité innombrable de fois ; et il n'y aura en elle rien de nouveau, au contraire. Il faut que chaque douleur et chaque joie, chaque pensée et chaque soupir, tout l'infiniment grand et l'infiniment petit de ta vie, reviennent pour toi, et tout cela dans la même suite et le même ordre et aussi cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et aussi cet instant et moi-même. L'éternel sablier de l'existence sera toujours retourné de nouveau, - et toi avec lui, poussière des poussières ". Ne te jetterais-tu pas contre terre en grinçant des dents et ne maudirais-tu pas le démon qui parlerait ainsi ? Ou bien as-tu déjà vécu l'instant prodigieux où tu lui répondrais : " Tu es un dieu, et jamais je n'ai entendu parole plus divine. » (Nietzsche, Le Gai Savoir).

« Si cette pensée prenait corps en toi, elle te transformerait peut-être, mais peut-être aussi t'anéantirait-elle ; la question " veux-tu cela encore une fois et une quantité innombrable de fois ", cette question, en tout et pour tout, pèserait sur toutes tes actions d'un poids formidable. Comme il te faudrait alors aimer la vie, comme il faudrait que tu t'aimes toi-même, pour ne plus désirer autre chose que cette suprême et éternelle confirmation ! » (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra).

lundi, 09 janvier 2006

Ce qu'il y a au monde de plus silencieux et de plus léger

Un jour, ce qu'il y a au monde de plus silencieux et de plus léger est venu à moi

Nietzsche

dimanche, 08 janvier 2006

Paradis

" Dans sa partie principale, l’expulsion du paradis est éternelle : ainsi il est vrai que l’expulsion du Paradis est définitive, que la vie en ce monde est inéluctable, mais l’éternité de l’événement (ou plutôt en termes temporels : la répétition éternelle de l’événement) rend malgré tout possible que non seulement nous puissions continuellement rester au Paradis, mais que nous y soyons continuellement en fait, peu importe que nous le sachions ou non ici ".

Kafka, Préparatifs de noce à la campagne

mardi, 27 décembre 2005

Un nouveau corps amoureux

medium_chagallillv.jpgDevant une neige un Etre de Beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s'élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré, des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la Vision, sur le chantier. Et les frissons s'élèvent et grondent et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, - elle recule, elle se dresse. Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.

Rimbaud, Being beauteous

Marc Chagall

lundi, 12 décembre 2005

L'esprit

medium_renoir_20ntl_20gllry.jpgVous verrez alors que le pays de la pureté et le pays de la souillure ne sont que bavardage, que dès l'origine il n'y a rien qui demande commentaire ou explication, que l'esprit n'est pas quelque chose appartenant à un domaine de la conscience ni à un objet de compréhension

mardi, 06 décembre 2005

Pas d'enfer, pas de connaissance dans la jouissance

medium_jean_20honorfragonard_201799-1800_20mujer_20desnuda_20y_20pianista.jpgBaudelaire à propos de George Sand : "Elle a de bonnes raisons pour vouloir supprimer l'enfer". "Chaque fois que je la vois, j'ai envie de lui jeter un bénitier à la tête". La poésie fondamentale implique qu'on maintienne l'enfer, je crois. Pas d'enfer, pas de connaissance dans la jouissance.

Philippe Sollers, La Divine Comédie

Jean-Honoré Fragonard

Le Même

"La grande question n'est pas l'Autre, comme on nous en rebat les oreilles,  mais le Même. C'est sur le Même qu'il faut penser. Le Même n'est pas le pareil. C'est aussi la fameuse métaphore proustienne ou borgésienne, selon laquelle il n'y aurait qu'un seul écrivain, parfois contradictoire, vivant aussi longtemps que l'humanité."

Philippe Sollers, La Divine Comédie

mardi, 29 novembre 2005

Enfin tout

quand on s'éveille enfin a la claire compréhension
Et que l'on sent qu'il n'y a aucune frontière
Qu'il n'y en a jamais eu
On se rend compte qu’on est tout.
Les montagnes, les rivières,
L'herbe, les arbres, le soleil, la lune, les étoiles
Et l'univers enfin
Ne sont autres que nous-mêmes.
Rien ne nous distingue
Rien ne nous sépare les uns des autres
L'aliénation, la peur, la jalousie, la haine
Sont évanouies.
On sait en pleine lumière
Que rien n'existe en dehors de soi
Que par conséquent rien n'est a craindre.
Etre conscient de cet état
Engendre la compassion,
Les gens et les choses
Ne sont plus séparés de nous
Mais sont au contraire
Comme notre propre corps.

Genpo Sensei,  Moine Zen japonais

dimanche, 16 octobre 2005

Si du moins il m'était laissé assez de temps

Si du moins il m'était laissé assez de temps pour accomplir mon oeuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l'idée s'imposait à moi avec tant de force aujourd'hui, et j'y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes, - entre lesquelles tant de jours sont venus se placer - dans le Temps.

Marcel Proust, Le temps retrouvé (dernier paragraphe)

lundi, 10 octobre 2005

Journal de Cendrars, suite

J’ai passé une triste journée à penser à mes amis
Et à lire le journal
Christ
Vie crucifiée dans le journal grand ouvert que je tiens les bras tendus
Envergures
Fusées

Ébullition
Cris.
On dirait un aéroplane qui tombe.
C’est moi.
 
Passion
Feu
Roman-feuilleton
Journal

On a beau ne pas vouloir parler de soi-même
Il faut parfois crier
 
Je suis l’autre
Trop sensible

Août 1913