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mardi, 11 octobre 2005

L'assurance d'être idiot

"En ce moment, je suis entre les mains des chanteurs, musiciens d'orchestre et autres gens de théâtre, c'est l'assurance d'être idiot pendant quelque temps..."

Claude Debussy, à Henri de Régnier, mars ou avril 1902

13:54 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (3)

Arracher des entrailles

medium_innocent.jpgClaudel, un des premiers à lire Rimbaud alors qu’il était inconnu, est un de ceux qui l'ont le mieux compris : " Pour la première fois voici l’enfance au lieu d’être interprétée par le reflet dans le souvenir de gens tout faits, qui s’exprime elle-même humide de nuit et de mystère. Il a plu à la Providence de donner à ce " poète de sept ans " les facultés d’expression d’un homme de génie. Voici le phénomène de cet innocent monstrueux, chargé tout d’un coup d’un message auquel il ne comprend rien, comment s’étonner qu’il n’ait pas su se l’arracher des entrailles sans toutes sortes de spasmes, de hoquets, de contorsions et de pleurs ! ".

La pluie

La pluie nous rend tristes parce qu'elle nous rappelle l'époque où nous étions poissons

Ramon Gomez de la Serna

08:45 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 10 octobre 2005

Journal de Cendrars, suite

J’ai passé une triste journée à penser à mes amis
Et à lire le journal
Christ
Vie crucifiée dans le journal grand ouvert que je tiens les bras tendus
Envergures
Fusées

Ébullition
Cris.
On dirait un aéroplane qui tombe.
C’est moi.
 
Passion
Feu
Roman-feuilleton
Journal

On a beau ne pas vouloir parler de soi-même
Il faut parfois crier
 
Je suis l’autre
Trop sensible

Août 1913

La promesse de l'aube

La croyance en l’infini de la lumière, la répétition et le ciel et les femmes et la nuit, courbes et ondulations, à la promesse de l’aube et des glaciers l’univers se resserre, tremble et s’efface, s’oublie, se trouble et redevient circulaire.

Ce que je voudrais aimer

Je trouve souvent ce que j'écris dans ce que je voudrais aimer.
(Louis Scutenaire, Mes inscriptions (1943-1944), p.201, Éditions Labor, 1990) 
 

18:40 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0)

S'évader

Je pense vraiment que le seul moyen efficace de s'évader est de s'enfoncer au plus profond de son être. Croyez-moi, ainsi l'on peut tout fuir, et soi-même en premier.
(Louis Scutenaire, Mes inscriptions (1943-1944), p.184, Éditions Labor, 1990) 
 

18:25 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (7)

Absence de

On ne se monte pas la tête. On se monte son absence de tête.
(Louis Scutenaire, Mes inscriptions (1943-1944), p.139, Éditions Labor, 1990) 

 

18:05 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0)

Rien

Devant l'impossibilité de tout savoir, la plupart ont choisi de ne savoir rien.
(Louis Scutenaire, Mes inscriptions (1943-1944), p.121, Éditions Labor, 1990) 
 

17:40 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0)

Croustillé d'or

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.

Blaise Cendrars Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France
 

17:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Tout est orangé

Mes peintures me font mal
Je suis trop passionné
Tout est orangé

Cendrars, Journal, 1913

Je n'ai pas pu oublier

Je sais nager comme les autres, seulement j'ai plus de mémoire qu'eux, je n'ai pas pu oublier l'époque où je ne savais pas nager

Kafka

13:38 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (3)

«On les a dévêtus, déchaussés et envoyés mourir, sans eau»

Il y a d'abord eu les Espagnols qui les ont expulsés ­ illégalement ­ de Ceuta et Melilla, il y a un peu plus d'une semaine, en leur criant : «Puto negro, puto negro !» (putain de nègre). Les forces de sécurité marocaines les ont ensuite raflés aux abords de ces deux enclaves, mais aussi dans d'autres villes du royaume, et, transportés de nuit dans treize autobus, elles les ont abandonnés dans le désert. Sans eau ni nourriture, souvent blessés, écorchés en tentant de passer les doubles barrières métalliques hérissées de barbelés séparant le nord du Maroc des enclaves de Melilla et Ceuta.

Article à lire ici

10:23 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

L'errant


Il courait, il courait, le malheureux,
sous la lune et dans les cendres,
son pied glissait sur les plages
et la forêt vierge arrachait ses cheveux.


Il courait, il courait comme un fou,
gesticulant de ses longs membres noirs;
la neige pénétrait son sang,
le sable sa cervelle.


Dans chaque capitale il trouvait des amis
au fond d'un café des faubourgs,
ils l'embrassaient, lui donnaient de l'alcool,
des cigares et des femmes aux yeux bêtes.


Il caressait leurs cheveux,
il mangeait une assiettée de soupe et s'en allait,
ses grands bras ridicules
levés vers un ciel gris et jaune.

Ah! qu'il en avait des amis, des amis,
de vrais amis de par le monde,
il courait, il courait sur les routes et les plages,
parce que ce n'était jamais cela.


Il court encore, mes amis, mes amis,
ne prenez pas cet air stupide,
un oeil de trop, un nez de moins,
et chaque fois le tableau est manqué.


Il court, il court, et dans les bars des faubourgs,
on discute de son cas;
les piles d'assiettes tombent des bras des servantes, chacun rentre chez soi seul, se mordant les lèvres.


Il tourne, il tourne, mes amis,
à s'en rompre les artères.

René Daumal, Le contre-ciel - Poesie Gallimard

10:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 09 octobre 2005

Et moi je marche au ciel...

Il y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
    des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier

Quand les feux du désert s'éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme
    des brins d'herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles Le matin à peine levé
Il y a quelqu'un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées

Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte                                  

règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent                                                             

Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
        Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
    Où j'ai perdu mon temps

Pierre Reverdy, chemin tournant

20:04 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

Le complot des banques, des beaufs et des charognards...

Le complot des banques, des beaufs et des charognards de l’immobilier a toujours été d’en finir avec et d’éliminer une bonne fois pour toutes ces petits cafés de quartier dans la chaleur desquels s’assemblait le populo en fin de son affolant labeur pour, les uns et les autres joyeusement trinquant à la solidarité, rosser en paroles le gendarme, pester contre les prétentions du proprio et le prix du pain, se rebiffer avec la fougue des humiliés contre toute autorité voire même, ainsi que l’ont toujours redouté les banques, les beaufs et les charognards de l’immobilier, manigancer quelque coup tordu à l’encontre de leurs intérêts et de leurs viles magouilles.

Voilà enfin de l'énergie en littérature, un bon coup de poing à la bassesse et à l'imbécillité ambiantes, que ce "Friterie-bar Brunetti"  ! Pierre Autin-Grenier, le prince du texte court, s'est fendu cette fois de 90 pages solidement trempées ! Et qu'on n'aille pas dire que c'est une ode au lapin à la gibelotte ou au Vermouth Cinzano, non c'est bien plus que ça, c'est un précis de décomposition, un pamphlet roboratif, un hymne à la révolte plutôt ! Tous ces personnages haut en couleur, ce bain d'humanité qu'il nous fait prendre, ce n'est qu'un lever de rideau, une mise en bouche, c'est ce bel aujourd'hui qu'il pointe, qu'il montre, qu'il fustige, qu'il apostrophe à longueurs de phrases ! Bel aujoud'hui ? P.A.G. nous avertit : Il est bien temps de se réveiller, il ne tient qu'à nous qu'il ne se transforme pas en horrible trou borgne des démolisseurs, équarrisseurs de toute poésie, et métamorphosés en moins de deux par les promoteurs à bagouses et cravate club en selfs, snacks, Quick et Mac, temples de la finance aseptisés où officie dans une parfaite indifférence une poignée d’automates en uniforme au service de pantins hébétés consommant sans mot dire la merde capitaliste dans une solitude peuplée d’assassins.

Friterie-bar Brunetti de Pierre Autin-Grenier, Gallimard, collection l'Arpenteur

17:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)

Que se passe-t-il à Marseille ?

Certes Marseille n’est pas la France, c’est même la seule très grande ville qui a voté non à 60% au dernier référendum constitutionnel européen. On peut considérer Marseille comme le négatif photographique de Paris ou de Lyon. Non seulement elle a un maire de droite (élu à 15% des inscrits), alors que les deux autres ont un maire socialiste, mais elle reste une ville populaire jusque dans son centre, alors que Paris est largement une ville où seules les couches dotées de revenus confortables peuvent espérer s’installer. Enfin il faut ajouter que Marseille est la proie d’une agression généralisée...

A lire sur Bella Ciao

Mes funérailles d'insectes

                                                    

MES FUNÉRAILLES D'INSECTES

 (L'auto-stoppeur de Galilée - 9)

Quand j'étais enfant

j'avais un cimetière

où j'enterrais des insectes

et des oiseaux morts sous

un rosier.
J'enterrais les insectes

dans du papier d'argent et des boîtes d'allumettes.

J'enterrais les oiseaux

dans des morceaux de toile rouge.

Tout cela était très triste

et je pleurais

quand je pelletais la terre

dans leurs petites tombes

avec une cuiller.

Baudelaire arrivait

et se joignait

à mes funérailles d'insectes

disant de petites prières

de la taille

d'oiseaux morts.

MY INSECT FUNERAL                            

(The Galilee Hich-Hiker - part 9)                

When I was a child                                      

I had a graveyard                                         

where I buried insects                                 

and dead birds under                                    

a rose tree.                                                   
I would bury the insects                              

in tin foil and match boxes.                             

I would bury the birds                                      

in pieces of red cloth.                                      

It was all very sad                                           

and I would cry                                               

as I scooped the dirt                                        

into their small graves                                     

with a spoon.                                                   

Baudelaire would come                                  

and join in                                                       

my insect funerals,                                          

saying little prayers                                         

the size of                                                        

dead birds.   

Richard Brautigan

Extraits inédits en français de The Pill versus the Springhill Mine Disaster.

San Francisco, Four Seasons Foundation, 1968.

Traduction : Eric Dejaeger

12:46 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)

Dans un bistro

DANS UN BISTRO

  J'ai regardé un homme dans un bistro plier une tranche

de pain comme s'il  pliait un certificat de naissance

ou comme s'il regardait la photo

d'une maîtresse défunte.

IN A CAFE                                                                

  I watched a man in a cafe fold a slice                          

of bread as if he were folding a birth                           

certificate or looking at the photograph                       

of a dead lover.                                                               

Richard Brautigan

Extraits inédits en français de The Pill versus the Springhill Mine Disaster.

San Francisco, Four Seasons Foundation, 1968.

Traduction : Eric Dejaeger

 

11:45 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)

Un astre si l'on veut

Le mimosa

Sur fond d'azur le voici, comme un personnage de la comédie italienne, avec un rien d'histrionisme saugrenu, poudré comme Pierrot, dans son costume à pois jaunes, le mimosa.
Mais ce n'est pas un arbuste lunaire : plutôt solaire, multisolaire…
Un caractère d'une naïve gloriole, vite découragé.
Chaque grain n'est aucunement lisse, mais formé de poils soyeux, un astre si l'on veut, étoilé au maximum.
Les feuilles ont l'air de grandes plumes, très légères et cependant très accablées d'elles-mêmes ; plus attendrissantes dès lors que d'autres palmes, par là aussi très distinguées. Et pourtant, il ya quelque chose actuellement vulgaire dans l'idée du mimosa ; c'est une fleur qui vient d'être vulgarisée.
… Comme dans tamaris il y a tamis, dans mimosa il y a mima.

F. Ponge, La Rage de l'expression, 1952