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dimanche, 16 octobre 2005

C'est dimanche, jour des Greguerias

  • Les films que nous aurions voulu voir et que nous n’avons pas vus, sont comme des vies que nous aurions pu vivre et que nous n’avons pas vécues.
  • Lorsque l’automobile nous éclaire de ses phares, elle fait de nous des héros de film.
  • Méfiez-vous des femmes qui, pour vous embrasser, se pendent à votre coup en levant une jambe coquine.
  • Le mari idéal est celui qui dit : « Mon épouse est une femme économe ».
  • Le baiser n’est jamais singulier.
  • Le plaisir des vieilles dames, c’est de dire « Ca revient à la mode ».
  • Le piano est toujours en habit de cérémonie.
  • Les paquebots ont la cheminée penchée comme s’ils portaient le haut-de-forme de façon canaille.

 

Ramon Gomez de la Serna, Greguerias, Editions Cent pages, 1992, traduit de l'espagnol par Jean-François Carcelen et Georges Tyras

09:11 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (9)

La mer et le ciel semblent se croiser à mi-chemin

La lumière ici est en vérité une puissante magicienne et, avec tout le respect dû à Titien, Véronèse et Tintoret, plus grande artiste qu'eux tous. Il faut voir sur place le matériau qu'elle traite : brique boueuse, marbre rosé et souillé, loques, crasse, délabrement. La mer et le ciel semblent se croiser à mi-chemin, mélanger les nuances avec une douce irisation, un composé scintillant de flots et de nuages, une centaine de reflets ponctuels et indéfinissables, et puis projeter cette texture sur tout objet visible

Henri James, Vacances romaines

08:20 Publié dans Lumière | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 15 octobre 2005

Silence

L'homme discret parle quelquefois pour ne rien dévoiler par son silence

La Rochefoucauld

23:06 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (2)

L'aube a un goût de cerise

Je suis parti et voilà que le monde s’ouvre à mes yeux. Le vent fait claquer les voiles, le jusant doucement nous éloigne. Les cris des marins se répondent. Les os du bateau craquent, son grand corps de sel et de vent s’ébroue.

Le navire s’enfonce. Une femme chante un refrain des îles. J’emporte les bribes de ce rêve. Musique.

L’horizon se mire dans la mer, palette, giclées obliques. Puisse l’espace être toujours aussi immense, incertain autour de moi, reflets cristallins –l’inutile est si beau!– dans l’ombre de cette immensité fauve, faunes dansant, bleu-noir en abîme.

La nuit est cantilène, frémissante. Ciel vineux, orages, grondements sourds, ordalie de la nature, cruauté des éléments, ivresse des nuages, flèches et oriflammes tendus en toile d’horizon.

Au loin s’avancent les Grands d’Espagne, lutte rageuse et férocité de la nature. Milliers et milliers de bateaux accostés ici, avant de se livrer à l’océan, en un geste désespéré. Tout revient à sa vérité première.

Lueur étalée, rideau cramoisi, le navire, toutes voiles dehors, déchire d’un trait aquilin les flots turquoise, poissons volants, dauphins batifolant, nuit rouge s’abattant, ciel turquin, lueur d’or qui s’efface, vert paradis de la nuit. Liberté enfin.

 

 

Une aube irréelle. Elle est apparue, éparpillée et légère, fluide, en écharpes lentes. L’espace, transpercé de vide, vapeurs blanches dans un halo doré, a refermé sa coquille de silence.

Vent, feu, soleil, font trembler les limites, la neige elle, évapore, dissout, recouvre. Reste une pureté glacée, à croquer le ciel, étoiles blanches immobiles, sucre candi, à figer le mouvement.

La neige épouse les contours et les ombres, toute lutte remise à plus tard, dans un silence de feutrine.

Il fait froid mais je le sens à peine. Le ciel râpé de couleurs saigne à nouveau. Des voiles, échappées de l’île, s’effacent.

Nous quittons cette anse redoutable, si bien protégée, en pointillé sur l’océan fabuleux. Ivresse saline de la mer. Au milieu de l’océan, la terre paraît moribonde.

Bleuités mauves. En fines particules. Dentelles à peine ouvragées dessinant une clarté verte, tourbillonnant, en une seule nappe de nuit.

L’humidité de l’air happe les songes et nous plonge dans un halo de pluie.

L’atmosphère a cette pureté neigeuse, gravée dans ma mémoire. Laiteuse clarté lointaine. Sourire de la mésange.

Limites mouvantes entre le ciel et la mer. Parfum d’amarante.

L’aube a un goût de cerise.

 

Texte écrit pour une exposition à la chapelle Sainte-Anne à Arles en novembre 2002 autour de l’œuvre du poète Saint-John Perse.

© Raymond Alcovère

 

vendredi, 14 octobre 2005

Brièvement

"Ce qui s'énonce bien s'énonce brièvement"

Balthazar Gracian

A lire ici

10:03 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (1)

Greguerias

  • On dirait que l'oiseau immobile au sommet de l'arbre salue le bateau du soir
  • Quand le Roi-Soleil s'est couché, c'en fut fait de la grandeur de la France
  • Le riche et le pauvre font tous deux le même geste, comme s'ils apprêtaient à sortir leur portefeuille, mais que la signification en est différente cependant !

Ramon Gomez de la Serna, Greguerias, Editions Cent pages, 1992, traduit de l'espagnol par Jean-François Carcelen et Georges Tyras

06:00 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (1)

Les inédits de Brautigan (Moby Dick en réalité)

HERMAN MELVILLE EN RÊVE,

MOBY DICK EN RÉALITÉ

En réalité Moby Dick

Etait un poisson rouge semblable au Christ

qui nageait. dans tout l’aquarium

en sauvant les âmes d’escargots,

et 1e capitaine Achab

était un chat siamois dévot

qui aidait les vieilles dames

à faire démarrer leurs voitures.

 

HERMAN MELVILLE IN DREAMS,

MOBY DICK IN REALITY
In reality Moby Dick
was a Christ-like goldfish
that swam through the aquarium
saving the souls of snails,

and Captain Ahab
was a religious Siamese cat
that helped old ladies
start their automobiles.


 

Extraits inédits du recueil Lay The Marble Tea (Ce recueil n’a jamais été traduit mais une partie des poèmes ont été repris dans d’autres recueils)

San Francisco, Carp Press, 1959
16 pages.
Tiré à 500 exemplaires.

Traduction Eric Dejaeger

05:30 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 13 octobre 2005

Le Capitalisme total

Car c’est bien là la caractéristique du système. Il n’a plus de visage. Ceux que nous vilipendons et que nous combattons, politiciens qui n’en finissent pas de déréglementer et de liquider les biens collectifs, ne sont jamais que des auxiliaires. Ils s’emploient surtout à faire place nette pour le système, le plus souvent en ruinant les bases de leur propre pouvoir

Article à lire ici

21:31 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

Les mouvements sociaux se multiplient en Chine

D'une manière ou d'une autre, les multinationales peuvent difficilement se tenir à l'écart du débat social naissant en Chine, au risque de devoir revoir leur stratégie de délocalisation

Article à lire ici

21:21 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Kafkaïen

L'ironie est voltairienne, l'angoisse mallarméenne, la truculence rabelaisienne, la logique cartésienne. Une vision forcément dantesque, une situation... kafkaïenne ; "si une mayonnaise rate, c'est la faute de Kafka" ironisait Alexandre Vialatte, son traducteur, esprit voltairien, mallarméen, rabelaisien, cartésien, et dantesque à la fois...

12:20 Publié dans Origines | Lien permanent | Commentaires (0)

Origine des expressions

La lune, au visage changeant,

Paraît sur un trône d'argent,

Et tient cercle avec les étoiles ;

Le ciel est toujours clair tant que dure son cours,

Et nous avons des nuits plus belles que vos jours.

Racine, Lettre à M. Vitart, 17 janvier 1662, d'Uzès

 

11:00 Publié dans Origines | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 12 octobre 2005

Les inédits de Richard Brautigan : Une dame

UNE DAME

Son visage s'agrippe à sa bouche

comme une feuille à un arbre

ou un pneu à une autoroute

ou une cuiller à un bol de soupe.

Elle ne peut pas se laisser aller

  à sourire,

  la pauvre chère.

Peu importe ce qui se passe

son visage est toujours un érable

  Autoroute 101

  tomate.

A LADY                                                 

Her face grips at her mouth                    

like a leaf to a tree                                  

or a tire to a highway                             

or a spoon to a bowl of soup.                 

She just can't let go                                

  with a smile,                                        

  the poor dear.                                      

No matter what happens                        

her face is always a mapple tree            

  Highway 101                                       

  tomato.                                                 

Extraits inédits en français de The Pill versus the Springhill Mine Disaster.
San Francisco, Four Seasons Foundation, 1968.
108 pages

Traduction Eric Dejaeger

23:20 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0)

Ma main droite, de Gilles Moraton

Créé l'année dernière avec le théâtre Périscope de Nîmes dans sa version totale et déambulatoire, ce spectacle vous arrive dans une autre version ludique et en pièces détachées...

Les 6, 7, 8, les 13,14,15 et les 20,21,22 octobre à 19 H à La Baignoire, 7 rue Brueys à Montpellier (quartier Gambetta), entrée 5 €.

Par la Compagnie de théâtre Les Perles de Verre.

Contact artistique : Béla Czuppon 04 67 34 06 27 - 06 14 47 06 99 -  bela.czuppon@wanadoo.fr

Contact production : 04 67 58 48 81

Programme complet ici

16:35 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)

Un crime commis par tous

La société repose sur un crime commis par tous

Freud

14:00 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 11 octobre 2005

Empanaché

Le F de Félicitations doit être empanaché

R.G. de la Serna

21:50 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (0)

Le K

Le K est une lettre s'appuyant sur une canne

R.G. de la Serna

21:26 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (2)

Supériorité

Le M se sentira toujours supérieur au N

R.G. de la Serna

21:00 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (0)

Chaque seconde

Nulle part, à aucune latitude, il n'est jamais l'heure, il ne peut être que la minute ou la seconde et chaque seconde remet tout en question, charriant avec elle de nouveaux espaces, des trombes d'imprévus et des marées d'impondérables.

 

(STERNBERG Jacques, Agathe et Béatrice, Paris, Albin Michel, 1979, 17)

 

19:32 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0)

Le q

"Le q est un p qui revient de la promenade"

Ramon Gomez de la Serna

16:25 Publié dans Greguerias | Lien permanent | Commentaires (3)

Sur le secret

De François Mitterand : "Si vous ne voulez pas qu'une décision soit connue, ne la prenez pas !"

16:09 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (15)