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mercredi, 31 août 2005

Il n'y a pas que Houellebecq...

A tricher sur son âge... Scoop à découvrir sur le blog de Jean-Jacques Nuel... L'autre monument des Lettres françaises, Pierre Autin-Grenier aussi... Depuis les rumeurs les plus folles courent... Certains observateurs audacieux auraient même cru reconnaître l'écrivain dans la célèbre Bacchanale du Titien (visible ici en date du 30 août), dans le personnage allongé sur la partie droite de la toile, manifestement dans un état d'ébriété avancé, ce qui ne laisse pas de nous surprendre quand on connaît la sobriété légendaire de notre ami...

11:51 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (5)

Le bonheur

" Jusqu’à présent, l’on a décrit le malheur, pour inspirer la terreur, la pitié. Je décrirai le bonheur pour inspirer leurs contraires ".

Lautréamont, Poésies.

La tempête

"Laissez passer les touristes, restez simplement là, devant ce tableau, oubliez tout. Il a lieu maintenant, pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps, comme Venise le fait constamment. C’est sa vocation, sa grandeur, son calme.
J’écoute, je commence à voir. A droite, une femme aux trois quarts nue, un boléro blanc sur les épaules, assise sur un drap froissé en pleine nature, allaite un enfant avec son sein gauche (on ne voit pas le droit). Elle vous regarde. Elle en a vu d’autres, elle en verra d’autres. Vous êtes obligé d’être cet enfant. La femme est très belle, jeune, éternelle, cheveux blond vénitien, rassemblée sur elle-même malgré ses cuisses écartées, très attentive, protectrice, un peu inquiète. A gauche, sur une autre scène, séparé de la femme à l’enfant par une rivière en ravin, un homme désinvolte et jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui, tourne la tête vers le petit théâtre de l’allaitement. Est-ce un père? Un fils? Un passant? Il a l’air très content, détaché, il pose. Il se souvient, aussi. Ce bébé, c’était lui dans une autre vie. Ou bien ce sera lui, et puis lui encore.
Où cela a-t-il lieu? Aux environs d’une ville que l’on voit se dresser dans le fond, au-delà d’un petit pont de bois qui fait communiquer les deux rives. Une ville sous l’orage dans un ciel gris-bleu. Un éclair déchire le fond de la toile et accentue la brisure entre la femme à l’enfant et l’homme contemplatif. Sur terre, une rivière les sépare, ils ne sont pas dans le même temps. Dans l’air, une zébrure et une fulgurance comme rentrée (vous voyez l’éclair, vous ne l’entendez pas encore) font apparaître le spectre des palais et des tours. Au premier plan, les humains mortels. Dans les coulisses, Dieu ou les dieux. Destin, hasard, saisons, nature. L’éclair est un serpent qui révèle les éternités différentes de la femme et de l’homme. Vous ne le savez pas au point où la couleur le dit.

Ce tableau est une étoile, un aimant. Je le vois d’ici, à Paris, par-delà le bruit et la fureur de l’histoire. Il fait le vide, il est évident. Il est d’un temps nouveau: le plus-que-présent permanent. J’aimerais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie. Je devine le passage secret qui l’a rendu possible"

Philippe Sollers

09:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

Les inédits de Bukowski (encore)

Au sujet de la première
lecture de l'immortelle
littérature mondiale


 

les écoliers

referment violemment
leurs lourds

livres

et s'encourent
heureux comme jamais
vers la
cour de récré
ou
encore plus
alarmant -    
s'en retournent vers
leurs
horribles
foyers.
il n'est rien d'aussi
ennuyant
que
l'immortalité.

Traduction : Éric Dejaeger

UPON FIRST READING THE        
IMMORTAL LITERATURE           
OF THE WORLD  

                          
the school children           
bang closed                   
their heavy                   
books                         
and run        
ever so gladly 
to the              
yard                
or                    
even more           
alarming-                
back to              
their                  
horrible             
homes.                
there is nothing so
boring    
as           
immortality.  
Charles Bukowski


War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 129.

mardi, 30 août 2005

Exercice de développement personnel

L'un des exercices de développement personnel les plus efficaces consiste à prêter attention aux gestes que nous faisons machinalement - par exemple, respirer, cligner des yeux, remarquer les objets qui nous entourent. Ce faisant, nous permettons à notre cerveau de travailler plus librement, sans l'interférence de nos désirs. Certains problèmes qui paraissent insolubles finissent par se résoudre, certaines difficultés que nous pensions insurmontables finissent par se dissiper sans effort. Lorsque vous devez affronter une situation délicate, efforcez-vous de recourir à cette technique. Elle exige un peu de discipline, mais les résultats peuvents se révéler surprenants.

Quarante

"La vie commence à cinquante ans, c'est vrai ; à ceci près qu'elle se termine à quarante."

Michel Houellebecq, la possibilité d'une île

Les inédits de Bukowski (suite)

Oh, oui
il y a des choses pires que

d'être seul

mais ça prend souvent des décades

pour s'en rendre compte

et le plus souvent

quand vous y arrivez

il est trop tard

et il n'y a rien de pire

que

trop tard.
Traduction : Éric Dejaeger

 

OH, YES                       
there are worse things than   
being alone                   
but it often takes decades    
to realize this               
and most often                
when you do                    
it's too late                 
and there's nothing worse     
than                          
too late.                     
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 100.

 

Un inédit de Charles Bukowski

Un début
quand les femmes cesseront de
transporter des miroirs avec
elles partout où elles vont
peut-être qu'alors
elles pourront me parler
de
libération.

Traduction : Éric Dejaeger

 

A BEGINNING                   
when women stop carrying      
mirrors with them             
everyplace they go            
maybe then                    
they can talk to me           
about                         
liberation.                   
Charles Bukowski
War All the Time (Poems 1981-1984), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1996, 66.

lundi, 29 août 2005

Une manière d’adopter l’affirmation

"A vrai dire, tout être est autre, tout être est soi-même. Cette vérité ne se voit pas à partir de l’autre, mais se comprend à partir de soi-même. Ainsi il est dit : l’autre sort de soi-même, mais soi-même dépend aussi de l’autre. On soutient la doctrine de la vie, mais en réalité la vie est aussi la mort, et la mort est aussi la vie. Le possible est aussi impossible, et l’impossible est aussi possible. Adopter l’affirmation, c’est adopter la négation ; adopter la négation, c’est adopter l’affirmation. Ainsi le saint n’adopte aucune opinion exclusive et s’illumine au Ciel. C’est là aussi, une manière d’adopter l’affirmation."

Tchouang-Tseu

23:55 Publié dans Taoisme | Lien permanent | Commentaires (0)

Sur l'île déserte

J'emporterais :

Le Yi King, Homère, la Bible, Tchouang-Tseu, La Fontaine, Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld, Voltaire, Novalis, Chateaubriand, Hugo, Stendhal, Baudelaire, Flaubert, Rimbaud, Lautréamont, Nietzsche, Proust, Kafka, Joyce, Giono, Valéry, Pessoa, Camus, Hemingway, Borges, Kerouac, Debord, Sollers.

Et s'il n'en restait que trois : Le Yi King, la Bible et Rimbaud

Et un seul : Rimbaud.

dimanche, 28 août 2005

La nuit

Notre époque est comparable au II ou III ème siècle après JC. Cinq siècles de merveilles athéniennes puis la nuit. Cinq siècles de splendeurs italo-françaises puis brouillard et brouillage hyper-techniques...

10:57 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (18)

Quelque chose de grand

"Le monde reste toujours le même, et ce qu'il ne supporte pas, c'est d'être contemporain de quelque chose de grand"

Kierkegaard

09:41 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (5)

samedi, 27 août 2005

On finit tous par mourir d’amour

"J’ai compris que j’allais aimer Esther, que j’allais l’aimer avec violence, sans précaution ni espoir de retour. J’ai compris que cette histoire serait si forte qu’elle pourrait me tuer, qu’elle allait même probablement me tuer dès qu’Esther cesserait de m’aimer parce que quand même il y a certaines limites, chacun d’entre nous a beau avoir une certaine capacité de résistance on finit tous par mourir d’amour, ou plutôt d’absence d’amour, c’est au bout du compte inéluctablement mortel. "

En attendant mercredi, les bonnes feuilles du roman de Houellebecq : "La possibilité d'une île" sont ici

mercredi, 24 août 2005

Brautigan's inédit

LA MAISON DES PETITS VIEUX

La seule chose

que vous puissiez faire

pour regagner

un peu de dignité humaine

après avoir chié

au lit comme un bébé,

est de prétendre que

vous êtes Hannibal

en train de franchir les Alpes.

THE OLD FOLK'S HOME

 

The only thing
that you can do
to gain back
some human dignity
after you crap
in bed like a baby,
is to pretend that
you are
Hannibal

crossing the
Alps.

 

Richard Brautigan

Extrait inédit en français de The Octopus Frontier

Traduction : Éric Dejaeger

lundi, 22 août 2005

La vague

De Gustave Courbet, Cézanne dira : "Son grand apport, c’est l’entrée lyrique de la nature, de l’odeur des feuilles mouillées, des parois moussues de la forêt, dans la peinture du dix-neuvième siècle, le murmure des pluies, l’ombre des bois, la marche du soleil sous les arbres. La mer" 

21:45 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

La chose à faire

La grande chose, c'est de durer, de faire son travail, de voir, d'entendre, d'apprendre et de comprendre; et écrire lorsqu'on sait quelque chose, et non avant; ni trop longtemps après.  Laissez faire ceux qui veulent sauver le monde si vous, vous pouvez arriver à le voir clairement et dans son ensemble.  Alors chaque détail que vous exprimerez représentera le tout, si vous l'avez exprimé en vérité.  La chose à faire, c'est de travailler et d'apprendre à exprimer."

Hemingway

samedi, 20 août 2005

Du haut des Pyramides

Le soleil se levant en face de moi, toute la vallée du Nil, baignée dans le brouillard, semblait une mer blanche immobile, et le désert, derrière avec ses monticules de sable, comme un autre Océan d'un violet sombre, dont chaque vague eût été pétrifiée. Cependant, le soleil montait derrière la chaîne arabique, le brouillard se déchirait en grandes gazes légères, les prairies coupées de canaux étaient comme des tapis verts arabesqués de galon.

Gustave Flaubert

(De nombreux autres textes de Flaubert en ligne ici)

Les inédits de Brautigan (le retour)

LA FRONTIÈRE PIEUVRE

1

Un palais de plaisir

sur la frontière pieuvre.

Peut-être est-ce

la réponse.

Une prostituée à huit bras

dans la cabine

d'un bateau coulé,

les murs couverts d'images

de pieuvres obscènes.

Elle me fait signe.

Passion et gin.

Pourquoi pas ?

2

Une exploitation agricole

sur la frontière pieuvre.

Peut-être est-ce

la réponse.

Une bande de poulets

devant une cabine

au fond

de l'océan.

Ils ont l'air contents

de gratter dans le sable

à la recherche d'huîtres.

 

 

 

THE OCTOPUS FRONTIER

 

1

A pleasure palace
on the octopus frontier.
Perhaps that's
the answer.
An eight-armed whore
in the cabin
of a sunken ship,
the walls covered
with obscene octopus pictures.
She beckons to me.
Passion and gin.
Why not?

2

 

A homestead
on the octopus frontier.
Perhaps that's
the answer.
A flock of chickens
in front of a cabin
at the bottom
of the ocean.
They seem contented
scratching in the sand
for oysters

 

Richard Brautigan, extrait de The Octopus Frontier, Carp Press, 1960. Inédit en français. Traduction : Éric Dejaeger

lundi, 15 août 2005

Les penseurs

« La plupart des penseurs écrivent mal parce qu’ils ne nous communiquent pas seulement leurs pensées, mais aussi le penser de leurs pensées » Nietzsche.  Humain trop humain.

11:03 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)

Funambule

« Se mettre toujours dans des situations où il ne soit pas permis d’avoir de fausses vertus, mais où, comme le funambule sur sa corde, on ne puisse que tomber ou tenir – ou s’en sortir… » Nietzsche, le crépuscule des idoles

10:17 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (0)