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dimanche, 14 août 2005

La beauté

« Tout passe et tout lasse, les nations, les individus qui les composent, autant en emporte le vent… Il ne reste que la beauté, transmise par les artistes. » Ernest Hemingway (Les vertes Collines d’Afrique).

samedi, 13 août 2005

Liberté

Ne pas être dupe, c’est finalement le plus difficile aujourd’hui. Le monde moderne ne fonctionne plus sous la contrainte, mais par la persuasion. C’est là qu’est l’enjeu. D’où l’intérêt de ne pas se laisser emporter par le flot des messages qui nous assaillent, souvent contradictoires. Pour donner aux gens l’impression qu’ils sont libres, on leur fait croire que leur avis est important, on demande à tout le monde son point de vue sur tout, alors que sur la plupart de ces sujets ils n’ont pas vraiment les moyens de se faire une opinion, mais peu importe, ce qui compte c’est qu’ils aient l’illusion que leur "opinion" compte, qu’ils aient l’impression d’être libres. Aujourd’hui, dans les relations sociales, tout le monde est censé avoir un avis sur tout, la plupart du temps c’est désespérant. Mon prof de philo de terminale, nous répétait sans cesse : "On n’est jamais plus aliéné que quand on se croit libre".

21:25 Publié dans Philo | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 09 août 2005

Fragments

Ecrire par fragments : les fragments sont alors des pierres sur le pourtour du cercle : je m’étale en rond : tout mon petit univers en miettes ; au centre, quoi ? 

Roland Barthes.

lundi, 08 août 2005

Dans un roman

Cette phrase de Jim Harrisson, trouvée sur le blog de Alina Reyes , qui dit-elle, l'a aidée à avancer : « Dans un roman, il faut tout remettre en question, et l’écrivain doit faire comme si le monde n’avait jamais été décrit avant lui"... Il y a une grande prétention à écrire, après tous les livres déjà écrits, et tous les chefs d’œuvre. Et pourtant la création continue, à la seule condition peut-être de tout jeter dans la bataille comme l’écrit Harrisson

vendredi, 05 août 2005

Aucun fondement logique

Il était une fois deux châteaux qui se faisaient la guerre.
Malheureusement, ces derniers étaient situés trop près l'un de l'autre, de sorte qu'aucune des parties n'osait bombarder l'ennemi de peur de voir la forteresse adverse s'effondrer sur son propre édifice.
Les deux seigneurs décidèrent donc un jour de déplacer leur château respectif afin d'augmenter la distance entre eux.
Il fallut des efforts surhumains, des années de travaux pharaoniques pour démonter les citadelles pierre par pierre. Beaucoup d'ouvriers moururent. Cela fit bien plus de dégâts qu'une guerre.
Finalement, l'on arriva au bout de l'ouvrage : une vaste plaine séparait désormais les belligérants. Il était temps de reprendre les hostilités.
Mais lorsque la bataille s'engagea, on s'aperçut, ô surprise, que les boulets de canon n'atteignaient plus la forteresse d'en face : les adversaires se trouvaient bel et bien trop loin les uns des autres.
Opérer un nouveau rapprochement supposait de nouveaux travaux pharaoniques. On n'en eut pas le courage de part et d'autre.
Ainsi prit fin un conflit qui, du reste, n'avait aucun fondement logique.

Gilles Bailly, publié dans la revue Casse n° 19-20, été 1996 

mardi, 02 août 2005

1939 (L'auto-stoppeur de Galilée - 3)

Baudelaire avait l'habitude de venir
chez nous et de me regarder
moudre du café.
C'était en 1939
et nous vivions dans les taudis
de Tacoma.
Ma mère mettait
les grains de café dans le moulin.
J'étais enfant
et tournais la poignée,
faisant comme si c'était
un orgue de Barbarie,
et Baudelaire faisait comme si
il était un singe,
sautant de tous côtés
en présentant
une tasse en fer blanc.


Baudelaire used to come
to our house and watch
me grind coffee.
That was in 1939
and we lived in the slums
of Tacoma.
My mother would put
the coffee beans in the grinder.
I was a child
and would turn the handle,
pretending that it was
a hurdy-gurdy,
and Baudelaire would pretend
that he was a monkey,
hopping up and down
and holding out
a tin cup.


RICHARD BRAUTIGAN
Extrait inédit du recueil Lay The Marble Tea - San Francisco, Carp Press, 1959
16 pages. Tiré à 500 exemplaires.
Traduction Eric Dejaeger

Je joins les mains errantes de la nature


"Tout ce que nous voyons, n'est-ce-pas, se disperse, s'en va... La nature est toujours la même, mais rien ne demeure d'elle, de ce qui nous apparaît... Notre art doit, lui, donner le frisson de sa durée avec les éléments, l'apparence de tous ses changements. Il doit nous la faire goûter éternelle. Qu'est-ce qu'il y a sous elle ? Rien peut-être. Peut-être tout. Tout comprenez-vous ? Alors je joins ses mains errantes. Je prends à droite, à gauche, ici, là, partout, ses tons, ses couleurs, ses nuances, je les fixe, je les rapproche... Ils font des lignes. Ils deviennent des objets, des rochers, des arbres, sans que j'y songe. Ils prennent un volume. Ils ont une valeur. Si ces volumes, si ces valeurs correspondent sur ma toile, dans ma sensibilité, aux plans, aux taches que j'ai, qui sont là sous mes yeux, eh bien ! ma toile joint les mains. Elle ne vacille pas. Elle ne passe ni trop haut, ni trop bas. Elle est vraie, elle est dense, elle est pleine..."
Joachim Gasquet, Cézanne, éditions encre marine.

00:05 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 01 août 2005

Portrait d'une fiancée-enfant pendant sa lune de miel

Le désir
dans ses yeux
est à califourchon
sur un cheval à bascule.

Ses seins
sont comme
de petites tasses à thé.

Et son vagin
est un lapin
de Pâques.

The desire
in her eyes
sits astride
a rocking horse.

Her breasts
are like
little teacups.

And her vagina
is an Easter
bunny.


RICHARD BRAUTIGAN
Extrait inédit du recueil Lay The Marble Tea - San Francisco, Carp Press, 1959
16 pages. Tiré à 500 exemplaires.
Traduction Eric Dejaeger

Le corps au coeur des remous d'Avignon

Au coeur des remous : le corps, ou, plus exactement, la question de ses représentations. Ce corps, le public d'Avignon, fort platonicien, ne veut pas en entendre parler. Il ne veut pas le voir, surtout lorsqu'il s'éloigne un tant soit peu des rôles que lui a écrits la belle langue française, ou des partitions chorégraphiques académiques. Il ne veut pas le considérer hors de la place qu'il lui estime dévolue : celle de l'icône, celle de producteur d'énergie et de mouvement (jamais immobile), celle de garde-fou des identités sexuelles (définies dans le pas de deux), des pouvoirs (le premier étant la règle des canons de la beauté). Figer cette image du corps des artistes, c'est le nier. Voilà ce qui, dans cette polémique dont nous n'acceptons pas les termes, constitue le vrai débat. Evacué.
L'article entier à lire ici

14:20 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0)

Cat

Nous étions couchés dans ce lit par une matinée ensoleillée
après avoir fait l'amour et avons décidé d'appeler notre
première fille Cat, nous voulions l'appeler Cat, mais
maintenant nous en avons fini pour toujours avec nos
jeux amoureux, et nous n'aurons pas de petite fille, ni
aucun enfant du tout, et je suis condamné à devenir
le poète de tes rêves qui tombe sans arrêt comme la pluie
du soir.

We lay in that bed one sunny evening after making love
and decided to name our first girl Cat, we were going to
name her Cat, but now we have departed forever from
our love-making, and we will not have a little girl, nor
any children at all, and I am doomed to become the poet
in your dreams who falls continually like the evening
rain.


RICHARD BRAUTIGAN
Extrait inédit du recueil Lay The Marble Tea (Ce recueil n’a jamais été traduit mais une partie des poèmes ont été repris dans d’autres recueils) San Francisco, Carp Press, 1959
16 pages. Tiré à 500 exemplaires.
Traduction Eric Dejaeger