jeudi, 09 mars 2023
Nicolas de Staël, "Marine à Dieppe", 1952
"Nicolas de Staël nous met en chemise et au vent la pierre fracassée.
Dans l'aven des couleurs, il la trempe, il la baigne, il l'agite, il la fronce.
Les toiliers de l'espace lui offrent un orchestre.
Ô toile de rocher, qui frémis, montrée nue sur la corde d'amour !
En secret un grand peintre va te vêtir, pour tous les yeux, du désir le plus entier et le moins exigeant."
René Char
10:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël, rené char
samedi, 23 octobre 2021
Rhapsodie
En attendant je fondais mes rêves dans le bleu délavé du ciel, l’amas désordonné des nuages et ce bateau qui filait sur la mer au milieu de tous ces cataclysmes. La pluie au loin traçait un rideau épais qui s’engouffrait dans de grandes orgues joufflues gonflées de nuit. Une trépidation de lames. L’horizon enflammé de jets saccadés, monstrueux, barbaresques. Le ciel était une lutte, un amas de lances, un combat fratricide. Ainsi était le ciel. Une symphonie du nouveau monde, même si c’est vers l’ancien que je me dirigeais.
C’était terrifiant cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues gigantesques dans le désordre de la nuit, ces remous effrayants, terrifiant et rassurant à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant qui traçait son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Je me prenais à rêver que mon âme était pareille, un bloc insubmersible.
C’était seulement une légère brise pour un marin mais j’assistais à un ballet de fin du monde, à une danse macabre des éléments, plaisir redoublé par le sentiment de sécurité, sur ce bâtiment qui fendait la mer sans peine, sourd aux hurlements de la tempête.
Tout ce chemin parcouru en si peu de temps. Je devais avancer, réfléchir, mais pas tout de suite. Ici et maintenant, comme au Mexique, malgré ou à cause de l’absurdité du lieu, c’était là où je devais être. Respirer plus intensément au milieu de cet océan en furie, au cœur de cette rhapsodie bleu nuit de la pluie et du vent.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman, 2009, Lucie éditions
Nicolas de Staël, 1954
21:27 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent, nicolas de staël
jeudi, 16 août 2018
Nicolas de Staël Agrigente 1950
02:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël
mercredi, 11 juillet 2018
Merveilleux
Merveilleux. Entre ciel et terre, sur l’herbe. Rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert, en toute invraisemblance.
Nicolas de Staël à René Char.
17:28 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël, rené char
samedi, 17 septembre 2016
"Le Parc de sceaux", 1952 Huile sur toile de Nicolas de Staël
19:38 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël
mercredi, 09 septembre 2015
Etude de nu
Nicolas de Staël
21:33 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël
vendredi, 06 avril 2012
Rimbaud, Adieu
L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.
L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.
Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !
- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ?
Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?
¯¯¯¯¯¯¯¯
Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.
Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.
avril-août, 1873.
Nicolas de Staël, Agrigente, 1954
12:27 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, nicolas de staël
dimanche, 21 août 2011
Le plus simple
« Le plus simple ou le plus proche sera toujours le plus riche et le plus mystérieux. »
Philippe Sollers Nicolas de Staël
10:18 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : philippe sollers, nicolas de staël
samedi, 05 juin 2010
Une obscurité de glaïeuls
Il pleut des flèches de soleil acerbes comme des sagaies et drues comme un nuage de sauterelles.
Un vent de terre souffle une haleine chaude et mon cheval, rude et âpre comme le sel se cabre face à la montagne.
Enfin le vent du soir coule une giclée de citron frais sur les collines et ce fleuve immense aux reflets roses qui file grand large vers la mer – ample mouvement de ses méandres, inachevé, cours à l’apparence immobile mais forces profondes, latentes, terribles.
Une obscurité de glaïeuls.
Raymond Alcovère, extrait de "L'aube a un goût de cerise", N&B éditions, 2010
Nicolas de Staël
19:31 Publié dans L'Aube a un goût de cerise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, nicolas de staël
mardi, 02 février 2010
Errer humanum est !
Un droit que bien peu d’intellectuels se soucient de revendiquer, c’est le droit à l’errance, au vagabondage.
Et pourtant, le vagabondage, c’est l’affranchissement, et la vie le long des routes, c’est la liberté !
Rompre un jour bravement toutes les entraves dont la vie moderne et la faiblesse de notre cœur, sous prétexte de liberté, ont changé notre geste, s’armer du bâton et de la besace symboliques, et s’en aller !
Pour qui connaît la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté (car on n’est libre que tant qu’on est seul), l’acte de s’en aller est le plus courageux et le plus beau.
Egoïste bonheur, peut-être. Mais c’est le bonheur, pour qui sait le goûter.
Etre seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, et marcher, solitaire et grand à la conquête du monde.
Isabelle Eberhardt
Peinture de Nicolas De Staël
00:15 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas de staël, isabelle eberhardt
lundi, 01 février 2010
Musique
Tous les arts tendent à la musique, cet art dans lequel la forme est le fond.
Borges
Peinture de Nicolas de Staël
14:07 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, borges, nicolas de staël
lundi, 04 mai 2009
Une symphonie du nouveau monde
Et maintenant, je fondais mes rêves dans le bleu délavé de l’horizon, l’amas désordonné des nuages et ce bateau qui filait au milieu de tous ces cataclysmes. La pluie au loin traçait un rideau épais, en grandes orgues joufflues gonflées de nuit. Une trépidation de lames. Le ciel, une lutte, un amas de lances, un combat fratricide. Une symphonie du nouveau monde. Même si c’est vers l’ancien que je me dirigeais. Terrifiante cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues dans le désordre de la nuit, remous effrayants, terrifiante et rassurante à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant, traçant son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Plaisir redoublé par le sentiment de sécurité, sur ce bâtiment sourd aux hurlements de la tempête. Rêvant que mon âme soit pareille, un bloc insubmersible. Tout ce chemin parcouru en si peu de temps. Comme au Mexique, malgré ou à cause de l’absurdité du lieu, je me sentais à ma place, au cœur de cette rhapsodie bleu nuit de la pluie et du vent.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur
Nicolas de Staël, Montagne Sainte-Victoire (Paysage de la Sicile), 1954
03:54 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : nicolas de staël
mercredi, 11 mars 2009
Taureau, bête du vent
"En Camargue le vent est ivre. Il trépigne, il tournoie, il perd la tête. Nul obstacle aux dévastations: une terre nue, des eaux pâles et, à l'horizon, toute moutonnante, la mer arrive du large en se hérissant. Tout se plie à la loi du vent: les eaux, le végétal, l'homme, les bêtes. Et la plus puissante de toutes prend à la brise âpre son impétueuse fureur. Là, règne le taureau, bête du vent !"
Henri Bosco, Malicroix
Nicolas de Staël - La route d'Uzès
00:26 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : henri bosco, nicolas de staël
jeudi, 17 avril 2008
Le vent est ivre
"En Camargue le vent est ivre. Il trépigne, il tournoie, il perd la tête. Nul obstacle aux dévastations: une terre nue, des eaux pâles et, à l'horizon, toute moutonnante, la mer arrive du large en se hérissant. Tout se plie à la loi du vent: les eaux, le végétal, l'homme, les bêtes. Et la plus puissante de toutes prend à la brise âpre son impétueuse fureur. Là, règne le taureau, bête du vent !"
Henri Bosco, Malicroix
Nicolas de Staël
11:27 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, henri bosco, nicolas de staël
vendredi, 25 janvier 2008
"J’ai vu un tableau rouge et c’était moi"
A la Baignoire
Du 31 Janvier au 2 Février à 19 heures
Conception, interprétation : Anne OrsiniMise en scène : Micheline Zederman
Création d’après le livre d’or de l’Exposition
Nicolas de Staël
Paris 2003
Le spectacle restitue les commentaires anonymes d’adultes et d’enfants : surprenants, drôles, émouvants. Une évocation passionnée du Peintre par le public d’aujourd’hui à travers un document authentique, librement adapté. En 1955, Nicolas de Staël bascula dans le vide depuis son atelier d’Antibes, laissant un dernier tableau LE CONCERT…
Rouge, démesuré, non signé. Inachevé ?
Entrée : 5 €
la Baignoire, 7 rue Brueys
34000 Montpellier
Tél. 06 61 56 06 08 / contact@labaignoire.fr
Nicolas de Staël, Le Concert, 1955
huile sur toile, 350 x 600 cm
02:01 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Nicolas de Staël, le concert, la Baignoire