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lundi, 30 avril 2007

Chroniques d'une élection (63)

Des lendemains qui chantent : La haute main de Sarkozy sur les médias

Chroniques d'une élection (62)

La spéculation boursière fille de Mai-68, il fallait oser cette filiation

Chroniques d'une élection (61)

Le point de vue d'Edwy Plenel, voir ici

samedi, 28 avril 2007

Chroniques d'une élection (60)

medium_POINTECOURTE2004CHEZNENE.2.JPGUne page de poésie indépassable :

Le bilan de Nicolas SARKOZY et de l’UMP


A ceux qui s’apprêtent à voter, Nicolas SARKOZY ne vient pas de nul part. Il a été Ministre d’Etat pendant ces 5 dernières années et président du parti au pouvoir.
Aussi, afin de se faire une idée, voilà ci-après pour ceux qui, flattés par des beaux discours, auraient oublier quelques uns des projets et mesures du gouvernement dont il est co-responsable :

Une distribution sans pareil d’argent aux plus fortunés :

. Amnistie fiscale pour la relocalisation des capitaux en France.
. Le seuil des appels d'offre publics (commandes publiques) qui ne nécessitent ni publication ni contrôle a été fortement relevé (il est passé de 45000 euros à 90 000 euros), ce qui facilite l’attribution des marchés à leurs amis.
. Sous l’alibi de difficultés rencontrées lors de la canicule de l'été 2003, de larges subventions sont accordées en 2006 aux maisons de retraites du privé (sans véritable contrôle des engagements) alors que beaucoup de ces établissements sont très rentables  (jusqu’à plus de 30% de bénéfice) et pourraient investir eux mêmes dans la réfection de leurs établissements.
. La baisse des impôts sur les successions avantage ceux qui possèdent un gros patrimoine.
. Un crédit d'impôt sur les charges lié au personnel de maison (intéressant pour ceux qui ont des domestiques).
. Un élargissement du prêt à taux zéro aux revenus jusqu'à 7000 euros mensuels.
. La réforme fiscale (sept. 2005) donne des avantages aux plus riches (ISF, plafonnement des impôts sur le revenu, exonérations sur les donations).
. Une large exonération de l'ISF (impôt sur les grandes fortunes) sur les grosses ventes d'actions (oct. 2005). Une mesure pour les plus riches (en particulier les PDG des grands groupes dont certains ont quittés leurs entreprises avec des sommes incroyables).

tout en demandant aux autres de se serrer la ceinture :

. Suppression d'un jour férié : taxation inégalitaire qui ne portent que sur les revenus salariés (et pas sur les revenus financiers).
. En janvier 2004, la PAJE (prestation d'accueil du jeune enfant) remplace différents anciens dispositifs, au passage c’est 1300 euros en moins pour 40000 mères en situation de précarité.
. L’augmentation du SMIC bien que promise a été reportée à plusieurs reprises.
. Diminution des aides familiales
. Une diminution des rentes pour les veuves (pensions de re-version).
. Une réduction des intérêts des investissements populaires : Livret A, Codevi (juillet 2005)
. Une large augmentation des tarifs des services dits « publics », en particulier du gaz (plus de 20% sur une seule année)
. Le projet de loi sur le "Crédit hypothécaire rechargeable". Sous l’apparence de donner plus de possibilité de crédit, le gouvernement va fragiliser encore plus les ménages avec des bas revenus qui vont, avec cette loi, se risquer à hypothéquer leur propre logement (une loi faite pour les banques mais certainement pas pour les familles précaires qui risquent de se sur-endetter et de perdre pour 3 fois rien leur logement).


Le copinage en veux tu en voilà :

. La vente par privatisation, bradée pour 35 millions d’euros, de la compagnie maritime SNCM (sept. 2005) dont l'actif est évalué à 450 millions d’euros, vente effectuée à Butler (à noter que Butler est le seul PDG nommé au conseil d'analyse économique mis en place par le gouvernement). En parallèle, l'Etat (c'est-à-dire tous les contribuables) prend à sa charge le financement du plan social et verse 100 millions d’euros à l'entreprise. Le coût social  suite à cette décision de privatisation est payé par les contribuables alors que Butler prévoit d'empocher un bon bénéfice.
. La privatisation des autoroutes avec un appel offres restreint à certaines entreprises sélectionnées par le gouvernement (août 2005).
. Amnistie de Guy Drut (mai 2006) condamné pour recel d'abus de biens sociaux à 15 mois avec sursis) sous le couvert d'une loi complétée en 2002 (critère "sportif" ajouté) pour justifier la possibilité d'amnistier des personnes connues.
. Les députés UMP se votent en catimini une augmentation plus que substantielle de 17% de leurs indemnités parlementaires et s’octroient une garantie de cinq ans de leur salaire à 100% s’ils ne sont pas réélus (avril 2007).
. La mariée « Gaz de France » est habillée avec l'argent du contribuable (30% d’augmentation des prix en quelques mois) en vue de l'offrir au groupe privé Suez.
. La vente du parc immobilier avec des procédures d’appel d’offre qui permettent de sélectionner les acheteurs (en général des amis). Une fois les locaux privatisés, les acheteurs les louent à l’Etat (c'est-à-dire tous les contribuables) au prix fort.
. Des mesures clientélistes auprès de différentes entreprises.


Une justice à 2 vitesses : 

. Une nouvelle loi propose aux accusés s’ils "plaident coupable" d’être directement jugés par les procureurs sans passer par un juge. Lorsqu’on sait que les procureurs sont nommés par le gouvernement, les amis de ce dernier en peine avec leurs affaires vont pouvoir se passer de juge. A l’inverse, ceux qui n’ont pas d’amis bien placés vont subir la pression des procureurs et risquent d’avouer des faits qu’ils n’ont pas commis. A noter qu'aux Etats Unis où une forme de « plaider coupable » est appliquée, les droits de la défense sont beaucoup plus développés.
. Dans cette même loi (dite « Perben 2),  les "écoutes" sont facilitées sans véritable contrôle et au détriment des libertés individuelles.
. Au passage, après tout un battage qui a duré des mois, la commission qui s’est réunie après les erreurs du procès d’Outreau n’a débouché sur rien.


Une réforme des retraites :

. Pour ceux qui n’auraient pas bien lu les textes, la loi sur les retraites est plus que dure. Il faut comptabiliser 160 trimestres travaillés (40 ans) pour toucher pleinement sa retraite. En dessous, c’est 5% de retraite en moins par année manquante. A noter que les années au chômage ne sont pas comptabilisées. Aussi, si vous avez commencé à travailler à 25 ans (après des études par exemple) et que vous avez été tout au long de votre vie 5 ans sans emploi (ce qui est de moins en moins rare), vous toucherez pleinement votre retraite à 70 ans. Mais comme vous n’en aurez sans doute pas la force et comme les entreprises ne vous embaucheront plus à cet âge, vous partirez au mieux avec une retraite à 50% à l’âge de 60 ans. Pour ceux qui ne trouveront pas de travail après 50 ans, ils peuvent oublier leur retraite.


La santé au rabais :

. Suppression de l’aide médicale de l'Etat (aide médicale gratuite) pour les plus démunis.
. Augmentation de 20% des frais hospitaliers journaliers.
. Augmentation des frais médicaux restant à la charge de l'assuré (ticket modérateur).


La recherche est freinée :

. En même temps que l’argent public est dilapidé pour le distribuer à ces amis, le gouvernement a réduit les budgets de la recherche de plus de 25% par an à partir de 2002, alors que la recherche est un élément vitale pour notre avenir.


L’éducation publique est malmenée :

. Les effectifs d'enseignants ont été réduits en masse. Jusqu'à -30% dans les recrutements, ceci sans véritable base de planification pluriannuelle.
. La suppression de plusieurs filières universitaires, c’est le cas de l'anthropologie par exemple (avril 2005)
. La volonté de privatiser progressivement l’éducation nationale. Il a été question notamment un moment de décaler l’âge d’entrée en maternelle au profit des crèches privées. En perspective, une démarche en 2 temps : décentralisation puis privatisation. C’est le cas pour certains personnels techniques. En test dans quelques départements, la privatisation des locaux des lycées avec mise à disposition du personnel technique par l’opérateur privé.


Le travail et l’emploi, tout pour les gros actionnaires :

. De nombreuses mesures en faveur des entreprises (politique dite de l'"emploi") mais sans véritables contreparties exigées par l’Etat. Les entreprises peuvent empocher l’argent puis externaliser sans garantie d'embauche, ou délocaliser leurs activités.  A noter que les choses se passent en famille puisque le propre frère de Nicolas Sarkozy est vice-président du MEDEF (le syndicat patronal).
. Un élargissement de la capacité de licenciement pour les entreprises (oct. 2004) en utilisant la nouvelle notion de « risque vis à vis de la compétitivité".
. La suppression des « emplois jeunes ». Les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver un travail rémunéré normalement. Les grandes entreprises qui ont pignon sur rue leur propose des stages sous-payés qui sont prolongés des mois alors qu’ils les exploitent sans apporter de formation, puis les virent à la fin de ces supposés stages. Certaines entreprises demandent même aux personnes de s’inscrire à l’université pour pouvoir bénéficier des conventions de stages alors qu’il s’agit d’emploi standard.
. Le CPE "contrat première embauche" (février 2006) voté de force en utilisant l’article 49.3 et sans consultation préalable des organisations syndicales, qui a été finalement retiré après des mois de grèves dures des lycéens et étudiants malgré des tentatives de manipulation et une répression sévère. Cette loi permettait notamment aux entreprises de pouvoir licencier à tout moment sans justificatif pendant une période de 2 ans.
. L’autorisation pour les entreprises de faire travailler leur salarié le dimanche se développe. C’est le cas notamment pour les centres d'appels (déc. 2004). Dur pour les employés, dur pour les consommateurs qui peuvent s'attendre à recevoir des appels le dimanche.
. La transformation du RMI en RMA : pas de véritable statut de salarié, calcul des points de retraite au taux de 25%.


L’environnement, des actes à l’opposé des beaux discours :

. La suppression au cours de l'été 2004 de la loi sur l'environnement qui instaurait en particulier le principe du pollueur/payeur (rééquilibrage de la charge entre grand public, industriels et agriculteurs), et qui limitait les contrats entre les collectivités et les entreprises de traitement d'eau à 12 ans maximum, etc. Ceci remet en cause pour de nombreuses années les principes qui étaient porté par cette loi. En gros, le gouvernement a préféré développer une industrie de la dépollution financée par le grand public plutôt que de sanctionner les pollueurs.
. Une baisse du budget de plus de 30% pour l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) qui est la structure publique en charge de l’environnement.
. L’autorisation de chasse des oiseaux dès le mois d'août, alors que certaines espèces sont encore en période de migration et de nidification (juin 2005).
. Un décret autorise l’épandage intensif de fientes de poulets et du lisier de porc (juin 2005).
. Une loi OGM votée en urgence (1 seul passage dans les assemblées) sans véritable consultation (mars 2006), et qui offre très peu de garanties. Le gouvernement n’a pas appliqué les directives européennes pour la traçabilité des cultures OGM, du coup on a aucune maîtrise des cultures OGM en France, et les contribuables sont amenés à payer les amendes en conséquence.
. Au niveau nucléaire, l’attribution dans la précipitation des marchés pour les projets ITER et de l’EPR qui n’ont pas fait l’objet d’études suffisamment approfondies.
. La révision de la loi sur le littoral. L’objectif de cette révision est de laisser aux maires la décision sur les développements urbanistiques en bord de mer ou au bord des lacs. Alors qu’il y avait dans la loi initiale un contrôle coordonné au niveau national, là on laisse le champ libre aux maires qui peuvent faire l’objet de pressions de la part des opérateurs immobiliers. Un premier projet immobilier est d’ores et déjà en débat au bord du lac d’Annecy.


Malaise dans la police, une politique du tout répressif qui donne peu de résultats :

. La suppression de la police de proximité. Au lieu d’avoir des policiers qui connaissent bien le terrain, on envoi uniquement le jour où il y a des problèmes des cars de CRS, ce qui alimente encore plus les tensions et ne permet pas de résoudre les enquêtes.
. La distribution des pistolets Tazer - pistolets avec décharge électrique - aux policiers (déc 2004) sans cadre règlementaire, alors qu'on sait qu'il y a eu des accidents et des débordements aux Etats Unis avec ce type d'arme 
. L’attribution de primes au mérite. Pour se faire bien voir, certains policiers n’hésitent pas à multiplier les PV, en particulier aux automobilistes.
. Nicolas SARKOSI envisage de mettre en place la "police civile citoyenne" (janv. 2006), des civils sans véritable formation qui se transforment en policier. Le retour des milices ?
. La multiplication des rafles dans plusieurs grandes villes. A Paris, sur la place de la République, une rafle est même organisée lors de la distribution des repas par les Restos du cœur (fév. 2007).
. La politique quasi-uniquement répressive, malgré un recrutement massif de policiers, donne de mauvais résultats avec le constat d’une forte augmentation des violences aux personnes.
. Le malaise chez les policiers. C’est une des premières fois qu’un syndicat de gauche (UNSA Police) opposé au gouvernement SARKOZY  / UMP sort majoritaire des élections syndicales dans la police.


Logement, attention à l’arnaque :

. L’offre "des maisons à 100000 euros avec terrain compris" est une véritable arnaque : le terrain n'appartient pas en fait à la personne acheteuse ! il reste propriété de la mairie. Impossible de revendre la maison dans ces conditions. En plus, le prix reste cher en province pour un bâti (hors terrain) de 70m2. 
. Fin janvier 2007, le gouvernement à le culot d'envisager d'appeler "loi Abbé Pierre" la future loi sur le logement opposable alors que le même gouvernement a augmenté largement la précarité. Au passage 2 personnes d'Emmaüs sont restées en garde à vue pendant 24h car elles avaient hébergé une personne sans lui avoir demandé ses papiers. La Fondation Abbé Pierre a refusé que la loi porte son nom.
. La location de pièce unique de moins de10m2 est autorisée (mai 2005). Vivre dans une pièce de 7 m2, c’est quand même pas très agréable.
. Le projet de loi sur le "Crédit hypothécaire rechargeable" où comment récupérer à faible coût les logements des familles endettées.


Economie, dilapidation de l’argent et mauvaise gestion :

. L'Etat vend tous ses actifs (l’or de la banque de France, des milliers de m2 à Paris et dans d’autres grandes villes, ses participations dans les anciennes entreprises publiques, etc.). Et dans certains cas, l’Etat est ensuite amené à louer au prix fort ce qu’il a vendu.
. Le budget de l’Elysée a été multiplié par 9 !
. Un déficit public de 3,7% du PIB en 2004 après 4,2% en 2003
. Une dette publique de 65,6% du PIB en 2004, après 63,9% en 2003, selon les chiffres de l'Insee.
. Le 30 mai 2006 Philippe Seguin président de la cour des comptes (pourtant proche du parti au pouvoir) fait état d'une manipulation budgétaire : le déficit de l'Etat pour 2005 serait de plus de 49 milliards (certains analystes de la cour des comptes parlent de plus de 53 milliards !) au lieu des 43,5 milliards annoncés par le gouvernement.


Et après tout cela, on se demande pourquoi la précarité augmente (les personnes dites SDF – sans domicile fixe – sont de plus en plus nombreuses),  pourquoi le pouvoir d’achat des français a diminué … 

Nicolas SARKOZY qui a été Ministre d’Etat, ministre des finances et ministre de l’intérieur de ce gouvernement, ainsi que président de l’UMP parti majoritaire à l’assemblée nationale (et qui a voté toutes ces lois) peut parfois convaincre avec ces beaux discours à l’approche de ces élections, mais quant est-il de ces actes ? 
Il se présente comme le « sauveur », le chantre de la « rupture » mais il est pleinement co-responsable de la situation. Et si on regarde certains des projets de sa candidature, on y voit une accélération encore plus importante des discriminations économiques et sociales, de la désintégration de notre société, et tout cela au profit des plus riches.

Photo : Gildas Pasquet gildaspasquet@gmail.com

 

vendredi, 27 avril 2007

Chroniques d'une élection (59)

C’est que, paradoxalement, depuis sa victoire au premier tour, Nicolas Sarkozy a perdu la main...

Lire ici

Chroniques d'une élection (58)

Des hauts et débats !

Chroniques d'une élection (57)

"Par toute une série de réseaux, qui rapprochent de très grandes puissances financières et médiatiques autour de Nicolas Sarkozy, les interventions directes sont faites auprès des rédactions, auprès des chaînes de manière que l'information se trouve verrouillée"

François Bayrou, lire ici

jeudi, 26 avril 2007

Chroniques d'une élection (56)

Un tabou français ?

mercredi, 25 avril 2007

Chroniques d'une élection (55)

Vu sur le blog de Marie, toujours bien renseignée, ce site annonçait les résultats du premier tour dimanche vers 18 H. Si ça vous tente pour le deuxième...

mardi, 24 avril 2007

Chroniques d'une élection (54)

medium_h_4_appartenance_pol2.gifSource : Le Monde

lundi, 23 avril 2007

Chroniques d'une élection (53)

Et si c'était justement le temps politique et médiatique que cette blogosphère militante était parvenue à bousculer ? Jusqu'à une époque récente, personnel politique et journalistes avaient conservé la haute main sur le calendrier événementiel. Avec sa force de réaction rapide, un esprit frondeur et décomplexé, la blogosphère militante s'est immiscée dans ce tête-à-tête. Espérons que les effets seront stimulants et qu'ils dureront davantage que le temps de l'élection.

Article à lire ici

samedi, 21 avril 2007

Le chef qui mérite de réussir

" Il y a dans les grandes entreprises des articles qui décident de tout, et sur lesquels le chef qui mérite de réussir est celui qui ne se fie à personne. "

Casanova, cité dans Casanova l’admirable.

Chroniques d'une élection (52)

Une jolie femme au poste suprême, ce bon vieux pays n'y est pas préparé.
Ségolène remue nos eaux dormantes
Par Pierrette FLEUTIAUX
Source : Libération : jeudi 22 mars 2007
 
Ce qui se joue en ce moment en France est absolument inédit et par là même fait remonter des profondeurs du temps des figures archaïques. Cette campagne électorale est puissamment révélatrice. Je ne parle pas de ses contenus concrets (où se retrouvent sous une forme moderne les affrontements classiques de la droite et de la gauche), je parle du symbolique.
Prenons l'un des multiples sondages. A la question : «Les propositions de la candidate vous paraissent-elles bonnes ?», la réponse était oui à 75 %. Mais à l'autre question : «Pensez-vous que la candidate a une stature présidentielle ?» , la réponse était oui à 45 % seulement. Décalage éclairant. Ça pétoche dans les chaumières ! En France, on veut du papa, du costume-cravate, c'est à cela qu'on est habitué, c'est là qu'est la figure d'autorité, celle que l'habitude a légitimée. Lâcher la main du papa fiche la frousse.
Ségolène Royal est une femme, certes, mais aussi une jolie femme, et féminine. Là, ça coince très fort. Et il est assez extraordinaire de voir les contorsions qu'entraîne cet inconscient français dans la France d'aujourd'hui. Dans ce pays qui, ne l'oublions pas, appliquait autrefois la loi salique, et fut l'un des derniers à accorder le droit de vote aux femmes.
Rappel historique : d'abord, le visage de la candidate est à la une de tous les magazines, elle est belle, on en profite, elle entre dans la catégorie médiatique des «people». Puis, surprise, voici qu'elle s'impose haut la main dans la primaire socialiste. Alors là, attention, on ne rigole plus. Retournement de tendance, retour du refoulé. Soudain elle n'est plus que «du creux, du vent, du rien». Un «buzz» s'enfle ainsi de lui-même, souffle partout dans les médias, plus d'images, pratiquement pas de compte rendu des 6 000 débats participatifs, avalanche de sondages négatifs. Arrive le 11 février. Re-surprise : le meeting est un énorme succès, les propositions sont là comme annoncé. Le buzz du «creux, du vent, du rien» ne tient plus. Aussitôt, autre refrain, les chiffres. Les chiffres, c'est du sérieux. Fondamentalement, une femme ne peut être que futile, dépensière, ignorante des vrais dossiers, incompétente sur l'important.
Clichés habituels. Joli visage qui brigue le pouvoir, c'est excitant. Le même visage en position d'y accéder, stop danger. On sent rôder l'adage attribué à François Ier. «Souvent femme varie, bien fol qui s'y fie», et une foule d'autres proverbes façonnés au long des siècles de domination masculine et enfouis plus ou moins loin dans l'inconscient collectif.
Une jolie femme au pouvoir suprême, ce bon vieux pays n'y est pas préparé. Il y a là une catégorie mentale qui n'a jamais encore été exposée, qui déroute, dérange dans les profondeurs. Même chez de nombreuses femmes, hélas formatées pour penser contre elles-mêmes et contre leur sexe, oublieuses de ce qu'elles doivent au féminisme, et traînant toujours des séquelles de misogynie, comme un vieux rhume chronique. L'oeil était dans la femme et il était masculin, aurait dû dire Hugo. Le trouble, je le perçois aussi chez certains hommes, amis de son camp pourtant et loin d'être sexistes. «Le Président est le chef des armées...» Sous-entendu : qui sait si, le jour où elle a ses lunes, elle n'appuierait pas par inadvertance sur le bouton atomique ? Et dans les mairies et les écoles, imaginez la bizarrerie : le buste de Marianne et le portrait de Ségolène. Deux mamans pour les citoyens, un couple lesbien ! De quoi vous désorienter le cerveau.
L'élection présidentielle se joue en grande partie sur la personne, sur le symbolique, sur des tropismes anciens mal maîtrisés, sur de l'instinctif. Or, dans cette campagne, les pôles symboliques s'inscrivent de façon à la fois très claire et très embrouillée. Deux hommes, une femme, d'accord. Un homme à la posture revendiquée très phallique, virilité agressive, quasiment guerrière, un autre homme plus «cool» en apparence, et une femme naturellement féminine, jupe courte, talons hauts, sourire éclatant, maternité non gommée, compagne non mariée, etc.
Mais il y a plus intéressant encore. Des trois candidats, la personne émotive, qui parle de sa vie privée, qui a des migraines, qui met en scène sa psychologie (tout cela relevant du féminin traditionnel), c'est l'homme agressif. Et la personne qui ne parle pas de ses états d'âme, garde visage calme, ne s'énerve pas (tout cela relevant du masculin traditionnel), c'est la femme. Voyez le pataquès...
L'insistance de la candidate sur la famille, la maternité, la petite enfance, peuvent paraître des thèmes féminins traditionnels, secondaires pour qui voit les choses de haut, affaire de «pièces jaunes» en somme et pas de CAC 40. Mais elle les impose là où s'installent les fondations qui font une société, là où s'enracine la future distribution des rôles, de tous les rôles.
En surface, chez nous, égalité des hommes et des femmes. Approximative, et ça doit s'améliorer, tout le monde en est d'accord, on n'est pas des Cro-Magnon. Mais les structures mentales anciennes n'ont pas disparu. Elles sont d'autant plus méconnues qu'on les croit vaincues, d'autant plus sournoises qu'elles se cachent, et toujours, toujours d'autant plus agissantes qu'on approche des lieux de pouvoir.
En littérature aussi. Mais oui ! Voyez le Goncourt, voyez le Nobel.
Voilà pourquoi, et en dehors même de ses contenus politiques habituels, cette élection prend aux tripes la femme que je suis, et l'écrivaine aussi. Quoi qu'il arrive, sachons gré à la candidate Ségolène Royal d'avoir si bien remué nos eaux dormantes, d'avoir fait remonter les paquets de lianes tapis sous la surface, d'avoir exposé et presque déjà défait l'un des noeuds les plus néfastes aux femmes... et aux hommes aussi, n'en doutons pas

jeudi, 19 avril 2007

Chroniques d'une élection (51)

Une jolie femme au poste suprême, ce bon vieux pays n'y est pas préparé.
Ségolène remue nos eaux dormantes

Chroniques d'une élection (50)

Un texte d’Ariane Mnouchkine,

Mercredi 18 avril 2007

Je voudrais vous parler de sentiments. Car lors d’une élection présidentielle, et pour celle-ci bien plus que pour toute autre, il s’agit aussi de sentiments. Il s’agit  d’étonnement d’abord, d’espoir, de confiance, de méfiance, de craintes, et de courage aussi.

Il s’agit  surtout, je crois, d’un sentiment de genèse. Je n’ai jamais cru que la Genèse fut terminée. Petite fille, je pensais même que, une fois grande personne, je serais fermement conviée à y participer. Et comme, à l’époque, aucun adulte autour de moi ne s’est cru autorisé à me détromper, je le pense toujours. Certains hommes, certaines femmes, savent mieux que d’autres nous rappeler à notre droit et à notre devoir de contribuer à cette genèse, à cette mise au monde d’un meilleur monde. D’un meilleur pays, d’une meilleure ville, d’un meilleur quartier, d’une meilleure rue, d’un meilleur immeuble. D’un meilleur théâtre. Mieux que d’autres, par leur détermination, leur ferveur, leur sincérité, leur intelligence, leur audace, ils nous incitent à entamer ou à reprendre avec joie un combat clair, juste, urgent, possible. Modeste pour les uns, gigantesque pour les autres, mais possible.

 

Pour libérer cet élan, il ne doit y avoir chez les prétendants aucune faconde, aucune forfanterie, aucune vulgarité de comportement, aucun mépris de l’adversaire. Aucune enflure pathologique de l’amour du moi. Aucune goinfrerie.  Aucune clownerie de bas étage, aucun double langage. Aucune mauvaise foi. Non, il doit y avoir une terreur sacrée.  Oui. Ils doivent être saisis d’une terreur sacrée devant le poids  écrasant de la responsabilité qu’ils ambitionnent de porter, devant  l’attente du peuple dont ils quémandent le suffrage avec tant  d’insistance. Oui, il faut qu’ils tremblent de la terreur de nous décevoir. Or, pour cela, il leur faut de l’orgueil. Car, sans orgueil,  pas de honte. Pas de vergogne. Que de fois, ces jours-ci, je me suis exclamée: «Oh! Il est vraiment  sans vergogne, celui-là.»

 

Eh bien, moi, j’espère, je crois, je sais que  Ségolène Royal a de la vergogne et donc qu’elle est capable de grande honte si, une fois élue, elle ne réussissait pas à nous entraîner tous et chacun, où que nous soyons, du plus important des ministères jusqu’à la plus humble classe de la plus petite école de France, dans cet  herculéen travail qui nous attend et qui consistera à recoudre, à retisser même par endroits, et à poursuivre la formidable tapisserie qu’est la société française. Cet imparfait, cet inachevé mais si précieux ouvrage que, par pure, ou plutôt par impure stratégie de conquête du pouvoir, Nicolas Sarkozy et ses associés s’acharnent à déchirer.

 

Donc, contre la pauvreté, contre le communautarisme, pour la laïcité, pour la rénovation de nos institutions, contre l’échec scolaire, et donc pour la culture, pour l’éducation et donc pour la culture, pour les universités, pour la recherche, et donc pour la culture, pour la préservation de la seule planète vivante connue jusqu’à ce jour, pour une gestion plus vertueuse, plus humaine, donc plus efficace des entreprises, pour l’Europe, pour une solidarité vraie, qu’on pourrait enfin nommer fraternité et qui ne s’arrêterait pas à une misérable frontière mais s’étendrait bien au-delà de la mer, bref, pour une nouvelle pratique de la politique, c’est un immense chantier que cette femme, eh oui, cette femme, nous invite à mettre en oeuvre. Et moi, je vote pour ce chantier, donc je vote pour Ségolène Royal.

Son adversaire surexcité veut nous vendre, nous fourguer un hypermarché, un vrai Shopping Paradise — très bien situé, remarquez, juste en face de la caserne des CRS, elle-même mitoyenne du nouveau Casino des Jeux concédé à ses amis lorsqu’il était ministre — tandis qu’un troisième… Celui-là, à part être président, j’ai du mal à
comprendre ce qu’il veut pour nous. Une hibernation tranquille, peut-être ?
Pendant ce temps, celui que bien imprudemment certains s’obstinent à classer quatrième alors qu’il y a cinq ans…
vous vous souvenez ?

Ô! Nos visages blêmes, nos mains sur nos bouches tremblantes et nos yeux pleins de larmes. Ô ce jour-là nos visages… les avons-nous déjà oubliés ? L’horreur de ce jour-là, l’avons-nous déjà oubliée? La honte de ce jour-là? Voulez-vous les revoir, ces visages? Moi, non.  Voilà pourquoi, même si je respecte leurs convictions, et en partage
plus d’une, je ne veux pas que ceux qui pratiquent l’opposition radicale, jusqu’à en prôner la professionnalisation durable, nous entraînent dans leur noble impuissance.

 

Voilà pourquoi je pense que nous, le soir, dans nos dîners, devons cesser nos tergiversations de précieux ridicules. C’est du luxe. Un luxe insolent aujourd’hui. Beaucoup dans ce pays ne peuvent se le payer. Ils souffrent. Ils sont mal-logés, ou pas logés. Ils mangent mal. Ils sont mal soignés, ne connaissent pas leurs droits,donc n’ont droit à rien. Ni lunettes, ni dents, ni vacances, ni outils de culture. Leurs enfants n’héritent que de leur seule fragilité. Ils souffrent. Ils sont humiliés. Ils ne veulent pas, ils ne peuvent pas, eux, passer un tour. Encore un tour. Jamais leur tour.
 
Alors, dépêchons-nous. Il y a du monde qui attend. Allons-y, bon sang !  Il n’y a plus une minute à perdre. Cette femme, eh oui, cette femme porte nos couleurs, elle les porte vaillamment, courageusement, noblement. Et quand je dis couleurs, je ne parle pas des seules trois couleurs de notre drapeau. Je parle des couleurs de la France , celle que j’aime, celle de la citoyenneté vigilante, de la compassion pour les faibles, de la sévérité pour les puissants, de son amour intelligent de la jeunesse, de son hospitalité respectueuse et exigeante… Je parle des couleurs de l’Europe à qui nous manquons et qui nous manque.

 

Voilà pourquoi je vote pour les travaux d’Hercule, je vote pour Ségolène Royal,et je signe son pacte.

Ariane Mnouchkine

mercredi, 18 avril 2007

Chroniques d'une élection (49)

Un type clairvoyant !

Allez, un p'tit chèque de 8,5 millions d'euros !

Ca ne se refuse pas quoi !

mardi, 17 avril 2007

Le lobby le plus puissant des Etats-Unis

A lire ici

vendredi, 13 avril 2007

Chroniques d'une élection (48)

Pour ceux qui douteraient encore de la profondeur de pensée du candidat le mieux placé à l'élection présidentielle, voici, pris sur l'excellent blog de Laurent Morancé (Le jour et la nuit) la restitution d'un entretien, hallucinant, paru dans Philosophie Magazine, entre Michel Onfray et Nicolas Sarkozy :

 

Michel Onfray (M.O.) : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon.  À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais. On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

 

Nicolas Sarkozy (N.S.) : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

 

M.O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

 

N.S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.

jeudi, 12 avril 2007

Chroniques d'une élection (47)

De quelques vérités sur les sondages, lire ici