mercredi, 30 avril 2008
Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit
Jetée d’étoiles dans le ciel bleu nuit. Il fait presque toujours doux à Montpellier. Soudain il comprend à quel point il aime cette ville. Pas de façon exclusive, mais à cause de son ouverture, de sa légèreté, cette façon de ne pas être vraiment à soi. Rien de pesant, de trop enraciné ici.
Il retrouve son quartier, Les Halles Castellane, en pleine effervescence. Le moment idéal pour aller dormir, dans une aube lilas. Une dernière pensée vers Léonore, un sourire sur les lèvres. Respecter sa solitude, sans cela, il n’y a rien. Cette image de lui-même, rassurant et protecteur, lui plaît.
Une semaine plus tard, la chair de Léonore bien présente, chez lui. Le feu crépite dans la cheminée. Gaétan contemple son corps endormi pigmenté de rouge par les reflets incandescents.
Son regard est si intense, scrutateur, gourmand, qu’il craint de la réveiller. Elle est sublime, dos nu jusqu’aux reins, on devine l’arrondi des hanches. La dénuder complètement, il en a furieusement envie. Il dévoile les fesses, les cuisses. Clarté rougeoyante. Pas un pouce de son corps qu’il ne vénère. Le monde s’arrête d’être multiple, il s’est envolé, résumé en elle, sa chair.
Il n’aime rien tant chez les femmes que l’effet du repos sur le visage, le relâchement, cette grâce dans l’abandon. La sensualité, visible, palpable, dans le granulé de la peau, les lignes du geste inachevé, la respiration du sommeil. Certaines femmes laissent flotter cette ondulation en permanence autour d’elles, à la lisière. Alors, la rudesse du monde s’estompe. Il éprouve de la fierté à la contempler dans son lit, avec le sentiment du devoir accompli. Plaisir âcre, puissant, paisible.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne", éditions n & b
Edouard Manet ; Bouquet de pivoines, 1882
Oil on Canvas ( 57 x 45 cm.)
00:20 Publié dans Le Sourire de Cézanne | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : raymond alcovère, le sourire de cézanne, edouart manet
mardi, 29 avril 2008
La danse des arbres
Shitao ; Conversation au bord du vide
Dimensions : 27 x 16,3 cm
Musée de Shenyang (Moukden)
15:22 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peinture, chine, shitao
C'était hier
Aujourd'hui, le ciel tombe en nuages, mes pensées sont crémeuses...
01:51 Publié dans Instantané | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : raymond alcovère, eddie bonesire
lundi, 28 avril 2008
Multiforme
02:34 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : illumination, montaigne, littérature, gildas pasquet
dimanche, 27 avril 2008
Les chacals finissent toujours par s’entredévorer
Mai 68 a été une formidable explosion de vie, de liberté, aussi on a voulu refermer la porte ! Aussitôt après, crise du pétrole, le chômage qui se développe comme une traînée de poudre, et le retournement, peu à peu, se met en place ! Les fameuses années 80 ! Le désert de nouveau. Le mouvement n’a fait que s’amplifier, se préciser, et là on est en pleine décomposition ! On fait même de Mai 68 la cause de tous nos maux ! Jusqu’où va la science du retournement ! Pour la plupart, les meneurs du mouvement, et ceux qui leur tournaient autour, profitent maintenant du système, c’est le coup classique, on les a achetés, attirés avec des hochets - pouvoir, argent, signes distinctifs, présence dans les médias, la culture, etc. Ceux qui avaient sans cesse le mot de « bourgeois » à la bouche, ont réalisé leur rêve, ils le sont devenus, c’est magnifique non ! Pris au piège, ils en sont en partie conscients, mais la plupart sont fatigués, usés par une vie émolliente ou trop désordonnée c’est selon, les couleuvres avalées, surtout complètement dépassés par les bouleversements qu’ils ont vaguement accompagnés, le plus souvent en les subissant, surtout dans la durée, ils n’ont plus vraiment la conscience de ce qui s’est passé. Evidemment les vrais pouvoirs sont ailleurs, ceux qui tiennent les rênes n’étaient pas sur les barricades, ils n’ont pas vécu toute cette débauche d’énergie, de folie, les nuits de discussion, ils étaient de l’autre côté ou s’en fichaient éperdument ; ils préparaient l’avenir, leur avenir. Les contestataires de l’époque ne les empêchaient pas de dormir ni de faire leurs affaires, eux ont gagné - en apparence - une vague déferlante, triomphante, rien ne leur résiste, si ce n’est la lutte à mort qu’ils se livrent entre eux, elle fait partie du jeu bien sûr, de leur jeu, il est violent, mortel souvent, c’est leur guerre, ils l’aiment, ne peuvent pas s’en passer, ils en mourront sans doute, les chacals finissent toujours par s’entredévorer…
Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", roman en cours d'écriture
07:50 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, roman, raymond alcovère, solaire
samedi, 26 avril 2008
Le présent
"Le présent est le plus infime des atomes connus"
05:17 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : illumination, temps, gildas pasquet
Je ne pensais même pas à dormir.
Je réservais le sommeil aux chaleurs de la journée, sans quoi elles étaient interminables. Je préférais la nuit, les ombres rares dans les rues. Les dessins peuplaient mes rêves de forêts enneigées, de bricks, de goélettes fendant la mer avec le jusant, de palais baroques, de portes dérobées ouvrant sur l’infini. Je voyageais à travers les cinq continents. Traversant les époques, soulevant des rideaux de théâtre, ourdissant des complots, déjouant des embuscades. De ces voyages, je ressortais anéanti mais apaisé. Ils continuaient pendant la journée et les gestes du quotidien s’en trouvaient métamorphosés. Je ne ressentais aucune pesanteur dans les choses. Peut-être avais-je atteint cet état mystérieux, insondable, ce trouble léger qu’on appelle bonheur. Cet état, cette limite plutôt, qui était ma quête, que j’étais venu chercher ici au bout du monde, que tant d’autres avant moi avaient poursuivi et si peu atteint, cette fêlure dans le réel qui fait oublier la rumeur des jours pour nous plonger transis dans une extase fragile et passagère que l’on cherche à recréer sans cesse sans y parvenir souvent. Et il me semblait l’avoir domestiqué ici, m’en être fait un ami pendant ces nuits tropicales où j’étais si heureux que je ne pensais même pas à dormir.
Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", roman en cours d'écriture
00:18 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent, raymond alcovère
vendredi, 25 avril 2008
Un matin
Un matin, dans cet état de béatitude légère et un peu irréelle quand je viens de terminer un dessin dont je ne suis pas trop mécontent, avec cette envie de ne penser à rien, d’écouter les gens parler, leur voix rauque et tous ces siècles d’histoire qu’elles charrient, de regarder le soleil se lever sur la Sierra, le vent soulever la poussière des rues vides, de laisser l’amertume de la bière me brûler la gorge, d’écouter un disque de John Coltrane, bref d’être heureux comme un oiseau au vent du matin - le moment le plus accompli, celui où la fatigue se mêle à l’allégresse, au sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même -, il me restait à faire l’ouverture du café avant de me coucher, quand, de son pas léger, sa démarche souple, ses gestes qui coulaient dans l’air, la grâce et la beauté qui ondulaient jusque dans ses cheveux, elle est entrée.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
Matisse, La Tristesse du roi.
04:43 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, matisse
jeudi, 24 avril 2008
Pour Germaine, et ne pas oublier...
14:51 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, résistance, germaine tillon
YouTube, l'envers du décor
Personne à YouTube n’est chargé de visionner les vidéos avant leur mise en ligne. Le site s’appuie exclusivement sur les dénonciations des internautes pour procéder à un éventuel retrait.
13:14 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, internet, youtube
Toujours plus !
"Le retour des conflits salariaux naît de la convergence de plusieurs facteurs. Structurellement, la menace du chômage décroît en France du fait du cycle démographique. En termes conjoncturels, il y a la hausse des prix, mais aussi la campagne présidentielle, qui s'est faite essentiellement autour du pouvoir d'achat. Ce faisant, on a justifié les revendications autour du 'gagner plus'. Or demander plus, c'est un chemin plus court encore vers une hausse de salaire que travailler plus."
04:07 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, grèves, coca-cola
mercredi, 23 avril 2008
Le cynisme et l’écrasement qui nous sont infligés ne sont pas insurmontables
Se résigner à absorber ces images dégradantes, considérer que la pensée est inefficace, qu’elle finira nécessairement par être récupérée au profit de lois économiques, comme Adecco récupère Coluche et Gandhi, les réduisant à être des hommes "pleins de ressources humaines" au profit de sa propre campagne publicitaire.
Se résigner au fait qu’il est normal d’être pris pour un con par ceux qui nous manipulent et qui, par-dessus le marché, prennent plaisir à nous le montrer, de la manière la plus explicite qui soit, sans aucune forme de vergogne.
Ne se prend-on pas à rêver d’un nouveau commando antipub lorsqu’on est deux fois l’an confronté à cette complaisante publicité de la publicité?
La suprématie de cet affichage est naturellement fondé sur le postulat que personne ne s’insurgera.
Lire ici à propos d'une campagne d'affichage07:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, publicité, société de consommation
Le bleu des pins fraîchit
"A la couleur du soleil, le bleu des pins fraîchit."
Wang Wei
Paul Cézanne. Grand Pin et Terres rouges.
1890-1895. Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).
01:36 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, poésie, wang wei, cézanne
Au moins mille années
"Qui boit tous les jours à la Source d'or vivra au moins mille années"
Wang Wei
01:17 Publié dans Chine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chine, poésie, wang wei, source d'or
mardi, 22 avril 2008
Je me demande comment j'ai pu vivre jusqu'à aujourd'hui
Je me demande comment j'ai pu vivre jusqu'à aujourd'hui. Le temps est long, les instants innombrables, inamovibles, ne s'arrêtent jamais, défilent lentement sur l'échelle des heures. Qu'ai-je fait de ma vie ? Je l'ai aimée, bien sûr, comme la seule chose qui soit. Et encore... Au volant de ma voiture, aujourd'hui, entre chien et loup. L'autoroute est rectiligne, presque personne, la musique bourdonne, gobe les kilomètres. “Got a sweet black angel “. J’ai peur aujourd'hui, peur d'être devenu un homme efficace, rationnel, posé, méticuleux. Chacun est à sa place, je le vois bien, il y a une logique dans les choses, si peu de folie. La décrépitude doucement, déjà quelques signes avant-coureurs. Peut-être ai-je déjà atteint le sommet, le début de la pente descendante. Maintenant tout va s'effilocher, doucement s'évanouir. C'est biologique. “Got upon my heart”... Insensible accélération de la vitesse, du volume sonore. Je suis en pleine possession de mes moyens. Qu'est-ce qui m'attend ? Les amis qui s'en vont, les corps qui se fanent, les souvenirs... Tombée de la nuit. Le vent a poussé les nuages vers le couchant. Crescendo de musique. Des camions, longs stylets gris, s’effilochent sur le ruban de l'horizon. La mer est là, proche, ses effluves, vitres ouvertes... J'accélère toujours, les souvenirs accourent, pluie drue, précipitation.
Ce rêve, une nuit qui n’en finit pas, ne se termine pas par une aurore vague, le grand réveil de la vie, matutinale, fébrile, industrieuse... Plutôt rouler, toujours plus vite, avec la musique, légère ou opaque, peu importe. Jauge près de zéro. Plus envie de m'arrêter. Au loin, comme une station orbitale, une station-service, tous feux allumés dans la nuit vide, ouverte. Est-ce le début ou la fin ?
Raymond Alcovère, Extrait de "Fugue baroque", roman, éditions n & b, 1998, , prix de la ville de Balma(début du roman)
03:31 Publié dans Fugue baroque | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, roman, raymond alcovère, fugue baroque
Sensibilité
« Une sensibilité forte n’est pas celle qui n’est capable que d’émotions fortes, mais celle qui conserve l’équilibre sous le coup des émotions les plus fortes, de manière qu’en dépit des tempêtes qui soufflent dans son cœur, vision et conviction, comparables à l’aiguille d’un compas sur un vaisseau ballotté par les vagues, continuent de réagir avec la même subtilité. »
Clausewitz
Peinture : "Le Dialogue" ; Delbar Shahbaz
00:32 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : clausewitz, sensibilité, delbar shahbaz
lundi, 21 avril 2008
Tout sauf Disneyland
«Tout sauf Disneyland dont Ariane Mnouchkine disait, lors de sa création, que c'était un « Tchernobyl culturel »… On ne va pas s'irradier là-bas, dans des châteaux en carton-pâte, quand on porte le flambeau des amours françaises !»
Lire ici : Deux livres-scuds de droite contre le président
00:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, sarkozy, disneyland
Haïku
00:32 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, haïku, japon, gildas pasquet
dimanche, 20 avril 2008
La survie du cinéma d’art et essai, c’est David contre Goliath
"Les salles art et essai représentent la moitié des cinémas en France. Or ces salles, qui se battent pour diffuser un large éventail de films venant du monde entier, se heurtent à l’offensive des grands groupes comme UGC ou Gaumont, qui multiplient les attaques et, surtout, à l’instauration de cartes de cinéma illimitées."
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, art et essai
Les yeux
« Je me demande si dans tout l'univers il existe quelque chose qui puisse s'y comparer, quelle fleur, quel océan ? Le chef-d'oeuvre de la création est peut-être là, dans le brillant de ses couleurs inimitables. La mer n'est pas plus profonde. Dans ce gouffre minuscule transparaît ce qu'il y a de plus mystérieux au monde, une âme, et pas une âme n'est parfaitement semblable à une autre. »
Julien Green, La traversée des apparences.
00:30 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, art, lambert savigneux, julien green