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samedi, 09 septembre 2006

La musique de film selon Truffaut

La musique, je l'utilise de façon traditionnelle. De nos jours, elle disparait des films: c'est une bonne chose, et je trouve que les gens qui se passent de musique sont très forts. Il y a Bunuel, Bresson, Rohmer, Bergman, quatre qui, pratiquement, n'ont pas de musique dans leurs films ou très peu; moi, je n'y arrive pas parce que j'ai des histoires qui se passent sur un temps très long. Je crois que c'est possible lorsqu'on a une histoire très fermée, très courte. J'ai toujours besoin de musique pour aller d'une époque à l'autre. Dans La Nuit americaine, je l'ai utilisée uniquement sur les scènes de travail parce que j'ai senti que le vrai sujet c'était le travail et que, dans les moments où le travail n'était plus montré comme réaliste, mais comme du récit, du fréquentatif, il fallait exalter le travail à ces moments-là. C'était le sujet : l'idée que tous ces gens qu'on voit sont plus forts quand ils travaillent. Et à Delerue j'ai demandé de faire une musique un peu Vivaldienne parce qu'il fallait que ca soit une musique qui s'élève et qui soit en même temps légère, et aussi une musique d'exaltation.Mais d'autres fois c'est une autre utilisation : dans "Une belle fille comme moi", je lui avais demandé une musique exactement comme dans un film d'Hitchcock, une musique de renforcement, une musique qui donnait des urgences, qui disait: "Attention, il faut aller très vite là. Attention qu'est-ce qui va se passer là ». C'était une musique très utilitaire, et il avait eu beaucoup de mal à la faire parce que ce n'était pas sa nature, mais elle était très réussie, elle était très bonne.