dimanche, 27 juillet 2025
Le temps
Car l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à portée tantôt d’une époque, tantôt d’une autre.15:38 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, paul huf
dimanche, 13 juillet 2025
Au moment où tout nous semble perdu
« Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l'avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu'on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s'ouvre. »19:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
vendredi, 25 avril 2025
Un nouveau peintre ou un nouvel écrivain originaux
Et voici que le monde (qui n'a pas été créé une fois, mais aussi souvent qu'un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent de l'ancien, mais parfaitement clair.20:27 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, auguste renoir
mardi, 15 avril 2025
C'est peut-être vos plus belles idées
À force de coller les uns aux autres ces papiers, que Françoise appelait mes paperoles, ils se déchiraient çà et là. Au besoin Françoise pourrait m'aider à les consolider, de la même façon qu'elle mettait des pièces aux parties usées de ses robes ou qu'à la fenêtre de la cuisine, en attendant le vitrier comme moi l'imprimeur, elle collait un morceau de journal à la place d'un carreau cassé.10:26 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
jeudi, 10 avril 2025
Vitesses différentes
Pour parcourir les jours, les natures un peu nerveuses, comme était la mienne, disposent, comme les voitures automobiles, de « vitesses » différentes. Il y a des jours montueux et malaisés qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train en chantant.09:56 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, mark littlejohn
vendredi, 21 mars 2025
Ruse géniale
"A la fin de sa vie, ruse géniale, Proust fait dire au narrateur de la Recherche qu'il va se mettre à écrire. La mort est là, et il a des milliers de pages derrière lui. C'est fini, et pourtant il commence. Le mot "temps" prend ici une majuscule, le Temps, retrouvé, avant d'être définitivement perdu. Il compare son œuvre à venir (alors qu'elle est faite) à une cathédrale ou, plus modestement, à une robe. Cette embardée, du gothique à la mode, est sensationnelle, et la faute de goût est énorme. Peu importe, vous avez entre les mains un chef-d’œuvre écrit en 15 ans, de 37 à 52 ans, alors que la durée de la rédaction nocturne aurait dû demander un siècle."
Philippe Sollers, L"Ecole du mystère
Gargouille au livre, Balliol college, Oxord
18:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, gargouille
jeudi, 13 mars 2025
Sommeil
Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant, et y lit en une seconde le point de la terre qu’il occupe, le temps qui s’est écoulé jusqu’à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre. Que vers le matin après quelque insomnie, le sommeil le prenne en train de lire, dans une posture trop différente de celle où il dort habituellement, il suffit de son bras soulevé pour arrêter et faire reculer le soleil, et à la première minute de son réveil, il ne saura plus l’heure, il estimera qu’il vient à peine de se coucher. Que s’il s’assoupit dans une position encore plus déplacée et divergente, par exemple après dîner assis dans un fauteuil, alors le bouleversement sera complet dans les mondes désorbités, le fauteuil magique le fera voyager à toute vitesse dans le temps et dans l’espace, et au moment d’ouvrir les paupières, il se croira couché quelques mois plus tôt ...
Marcel Proust, Combray
20:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
samedi, 25 janvier 2025
Odette Swann
Tout d'un coup, sur le sable de l'allée, tardive, alentie et luxuriante comme la plus belle fleur et qui ne s'ouvrirait qu'à midi, Mme Swann apparaissait, épanouissant autour d'elle une toilette toujours différente mais que je me rappelle surtout mauve ; puis elle hissait et déployait sur un long pédoncule, au moment de sa plus complète irradiation, le pavillon de soie d'une large ombrelle de la même nuance que l'effeuillaison des pétales de sa robe.
(Marcel Proust, Autour de Mme Swann)
Image : Piet Mondrian - Chrysanthème - 1909
17:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mondrian, marcel proust
dimanche, 27 octobre 2024
Seule l’impression
« Les idées formées par l’intelligence pure n’ont qu’une vérité logique, une vérité possible, leur élection est arbitraire. Le livre aux caractères figurés, non tracés par nous, est notre seul livre. Non que les idées que nous formons ne puissent être justes logiquement, mais nous ne savons pas si elles sont vraies. Seule l’impression, si chétive qu’en semble la matière, si invraisemblable la trace, est un critérium de vérité et à cause de cela mérite seule d’être appréhendée par l’esprit, car elle est seule capable, s’il sait en dégager cette vérité, de l’amener à une plus grande perfection et de lui donner une pure joie. L’impression est pour l’écrivain ce qu’est l’expérimentation pour le savant, avec cette différence que chez le savant le travail de l’intelligence précède et chez l’écrivain vient après. Ce que nous n’avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, ce qui était clair avant nous, n’est pas à nous. Ne vient de nous-même que ce que nous tirons de l’obscurité qui est en nous et que ne connaissent pas les autres. »
Marcel Proust, Le temps retrouvé
17:06 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
mercredi, 16 octobre 2024
Et à la mauvaise habitude de parler de soi
"Et à la mauvaise habitude de parler de soi et de ses défauts il faut ajouter, comme faisant bloc avec elle, cette autre de dénoncer chez les autres des défauts précisément analogues à ceux qu'on a. Or, c'est toujours de ces défauts-là qu'on parle, comme si c'était une manière de parler de soi, détournée, et qui joint au plaisir de s'absoudre celui d'avouer."10:37 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, jean rochefort
lundi, 26 août 2024
Sur la lecture
"En réalité, chaque lecteur est quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même. La reconnaissance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci et vice-versa, au moins dans une certaine mesure, la différence entre les deux textes pouvant être souvent imputée non à l’auteur mais au lecteur."
Marcel Proust, Le temps retrouvé
11:13 Publié dans Grands textes, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
vendredi, 23 août 2024
Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu
"Mais c'est quelquefois au moment où tout nous semble perdu que l'avertissement arrive qui peut nous sauver, on a frappé à toutes les portes qui ne donnent sur rien, et la seule par où on peut entrer et qu'on aurait cherchée en vain pendant cent ans, on y heurte sans le savoir, et elle s'ouvre."
Marcel Proust
11:23 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
lundi, 26 février 2024
Proust en famille
Marcel Proust, à la droite de sa mère et son jeune frère Robert, à gauche, qui a fait des études de médecine et est devenu chirurgien…
12:59 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
samedi, 20 janvier 2024
Proust va gagner
"C’était les événements qui survenaient dans le livre que je lisais ; il est vrai que les personnages qu’ils affectaient n’étaient pas « réels », comme disait Françoise. Mais tous les sentiments que nous font éprouver la joie ou l’infortune d’un personnage réel ne se produisent en nous que par l’intermédiaire d’une image de cette joie ou de cette infortune ; l’ingéniosité du premier romancier consista à comprendre que dans l’appareil de nos émotions, l’image étant le seul élément essentiel, la simplification qui consisterait à supprimer purement et simplement les personnages réels serait un perfectionnement décisif. Un être réel, si profondément que nous sympathisions avec lui, pour une grande part est perçu par nos sens, c’est-à-dire nous reste opaque, offre un poids mort que notre sensibilité ne peut soulever. Qu’un malheur le frappe, ce n’est qu’en une petite partie de la notion totale que nous avons de lui que nous pourrons en être émus ; bien plus, ce n’est qu’en une partie de la notion totale qu’il a de soi qu’il pourra l’être lui-même. La trouvaille du romancier a été d’avoir l’idée de remplacer ces parties impénétrables à l’âme par une quantité égale de parties immatérielles, c’est-à-dire que notre âme peut s’assimiler. Qu’importe dès lors que les actions, les émotions de ces êtres d’un nouveau genre nous apparaissent comme vraies, puisque nous les avons faites nôtres, puisque c’est en nous qu’elles se produisent, qu’elles tiennent sous leur dépendance, tandis que nous tournons fiévreusement les pages du livre, la rapidité de notre respiration et l’intensité de notre regard. Et une fois que le romancier nous a mis dans cet état, où comme dans tous les états purement intérieurs, toute émotion est découplée, où son livre va nous troubler à la façon d’un rêve mais d’un rêve plus clair que ceux que nous avons en dormant et dont le souvenir durera davantage, alors, voici qu’il déchaîne en nous pendant une heure tous les bonheurs et tous les malheurs possibles dons nous mettrions dans la vie des années à connaître quelques uns."19:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
samedi, 18 novembre 2023
Des puissances autres
« L'intelligence n'est pas l'instrument le plus subtil, le plus puissant, le plus approprié pour saisir le Vrai...20:05 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
samedi, 11 février 2023
Le sens artistique
« Le sens artistique, c’est-à-dire la soumission à la réalité intérieure. »
Marcel Proust
Photo de Linda Moro
18:49 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, linda moro
mardi, 07 février 2023
Le propre lecteur de soi-même
"En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument d’optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même."
Marcel Proust
Photo de Jasper Tejano
22:01 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
jeudi, 29 septembre 2022
Soyez jeune !
1972 : Gallimard veut s'attirer un public plus jeune. Jean-Marie Périer photographie Sylvie Vartan sur Sunset Boulevard, en train de lire le tome 1 de La Recherche en Pléiade.
15:12 Publié dans Histoire littéraire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, gallimard, la pléiade
mercredi, 11 mai 2022
Désir
« Il est très rare qu’un bonheur vienne se poser précisément sur le désir qui l’avait appelé. »
Marcel Proust
11:24 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, désir
mercredi, 04 mai 2022
En nous
« Ce qui semble extérieur, c’est en nous que nous le découvrons. » Marcel Proust
Photo de Tomas Tison
16:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tomas tison, marcel proust

















