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samedi, 25 mai 2013

Le vent

"Voilà le sommet des arbres qui disparaît, les collines qui s'abaissent ; je vois les villes comme des taches d'encre éclaboussées, les routes telles que des pattes d'insectes qui se prolongent et s'amincissent. La mer ne remue plus, elle est toute plate, on la dirait solide comme la terre, et c'est la terre au contraire qui se balance en oscillant. Je vois les pics des montagnes couverts de neige, qui se tassent les uns près des autres comme des moutons qui se rassemblent en troupeau. Ca saute ! ça danse ! L'air pèse sur ma poitrine, j'étouffe ! Le vent par grandes bouffées me donne des coups dans la figure."

La Tentation de Saint Antoine (version de 1849) Gustave Flaubert

 

 

06:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : flaubert

lundi, 25 mars 2013

Des mélodies à faire danser les ours

erwin wurm, Flaubert"La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. " Gustave Flaubert (Madame Bovary).

Erwin Wurm

mercredi, 19 octobre 2011

Conjuration

" Il y a de par le monde une conjuration générale contre deux choses, à savoir la poésie et la liberté "

Flaubert

Dessin de Rodinrodin244.jpg

20:59 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rodin, flaubert

lundi, 11 janvier 2010

été

3644063873_18aafeb8b1.jpgL'été est une saison qui prête au comique. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Mais cela est (Gustave Flaubert)

21:19 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été, flaubert

samedi, 07 novembre 2009

Flaubert, extraits de sa correspondance

234404606.jpg« Quelle chienne de chose que la prose ! Ça n'est jamais fini ; il y a toujours à refaire. Je crois pourtant qu'on peut lui donner la consistance du vers. Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore. Voilà du moins mon ambition (il y a une chose dont je suis sûr, c'est que personne n'a jamais eu en tête un type de prose plus parfait que moi ; mais quant à l'exécution, que de faiblesses, que de faiblesses, mon Dieu !)."

A Louise Colet. 22 juillet 1852

"Pour comprendre la nature, il faut être calme comme elle. Ne nous lamentons sur rien ; se plaindre de tout ce qui nous afflige ou nous irrite, c'est se plaindre de la constitution même de l'existence. Nous sommes faits pour la peindre, nous autres, et rien de plus. Soyons religieux. Moi, tout ce qui m'arrive de fâcheux, en grand ou en petit, fait que je me resserre de plus en plus à mon éternel souci. Je m'y cramponne à deux mains et je ferme les deux yeux. à force d'appeler la grâce, elle vient. Dieu a pitié des simples et le soleil brille toujours pour les coeurs vigoureux qui se placent au−dessus des montagnes. Je tourne à une espèce de mysticisme esthétique (si les deux mots peuvent aller ensemble), et je voudrais qu'il fût plus fort."

Lettre à Louise Colet, 4 septembre 1852

"Oh mon Dieu ! Si j'écrivais le style dont j'ai l'idée, quel écrivain je serais !"

Lettre à Louise Colet, 16 janvier 1852

nng_images5.jpg« J'ai un casque de fer sur le crâne. Depuis 2 heures de l'après-midi (sauf 25 minutes à peu près pour dîner), j'écris de la Bovary. Je suis à leur Baisade, en plein, au milieu. On sue et on a la gorge serrée. Voilà une des rares journées de ma vie que j'ai passée dans l'Illusion, complètement, et depuis un bout jusqu'à l'autre. Tantôt, à six heures, au moment où j'écrivais le mot attaque de nerfs, j'étais si emporté, je gueulais si fort, et sentais si profondément ce que ma petite femme éprouvait, que j'ai eu peur moi-même d'en avoir une. (...) N'importe, bien ou mal, c'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge qui faisait s'entre-fermer leurs paupières noyées d'amour. »

Lettre à Louise Colet, 1953

dimanche, 26 octobre 2008

Lignes de fuite

pierre-desproges.jpgDécouvert ce blog, grâce à Guy Tournaye, en voici un florilège

"Le film que se raconte le milieu littéraire français, depuis plus de trente ans, peut d’ailleurs être décrit comme un western classique, sans cesse rejoué, avec, de temps en temps, adjonction de nouveaux acteurs. Il y a un Beau, un Bon, un Vertueux exotique, Le Clézio, et un Méchant, moi. Je m’agite en vain, Le Clézio est souverain et tranquille, il s’éloigne toujours, à la fin, droit sur son cheval, vers le soleil, tandis que je meurs dans un cimetière, la main crispée sur une poignée de dollars que je ne posséderai jamais. Modiano, lui, a un rôle plus trouble : il est à la banque, il avale ses mots, il a eu de grands malheurs dans son enfance, il est très aimé des habitants de cette petite ville culpabilisée de l’Ouest, aimé, mais pas adoré, comme Le Clézio, dont la photo, en posters, occupe les chambres de ces dames. Le Diable, ne l’oubliez pas, c’est moi. Je suis un voleur, un imposteur, un terroriste, un tueur à la gâchette facile, un débauché, un casseur, j’ai des protections haut placées, des hommes et des femmes de main, je sème la peur, je ne crois en rien, j’expierai mes fautes."

Philippe Sollers, Un vrai roman : Mémoires (Plon, 2007, p.151)

Et puis Flaubert, toujours :

"Pourquoi publier, par l’abominable temps qui court ? Est-ce pour gagner de l’argent ? Quelle dérision ! Comme si l’argent était la récompense du travail, et pouvait l’être ! Cela sera quand on aura détruit la spéculation : d’ici là, non. Et puis comment mesurer le travail, comment estimer l’effort ? Reste donc la valeur commerciale de l’oeuvre. Il faudrait pour cela supprimer tout intermédiaire entre le producteur et l’acheteur, et quand même cette question en soi est insoluble. Car j’écris (je parle d’un auteur qui se respecte) non pour le lecteur d’aujourd’hui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter, tant que la langue vivra. Ma marchandise ne peut donc être consommée maintenant, car elle n’est pas faite exclusivement pour mes contemporains. Mon service reste donc indéfini et, par conséquent, impayable."

Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, mercredi 4 décembre 1872

Et enfin, si certains d'entre vous restaient dubitatifs...

jeudi, 11 septembre 2008

La citadelle de Machaerous

lovecraft_01.jpgLa citadelle de Machaerous se dressait à l'orient de la mer Morte, sur un pic de basalte ayant la forme d'un cône. Quatre vallées profondes l'entouraient, deux vers les flancs, une en face, la quatrième au-delà. Des maisons se tassaient contre sa base, dans le cercle d'un mur qui ondulait suivant les inégalités du terrain ; et, par un chemin en zigzag tailladant le rocher, la ville se reliait à la forteresse, dont les murailles étaient hautes de cent vingt coudées, avec des angles nombreux, des créneaux sur le bord, et, çà et là, des tours, qui faisaient comme des fleurons à cette couronne de pierre, suspendue au-dessus de l'abîme. Il y avait dans l'intérieur un palais orné de portiques, et couvert d'une terrasse que fermait une balustrade en bois de sycomore, où des mâts étaient disposés pour tendre un vélarium.

Flaubert, Herodias

Philippe Druillet

mercredi, 10 septembre 2008

Ca saute ! ça danse !

DSC07673.JPGVoilà le sommet des arbres qui disparaît, les collines qui s'abaissent ; je vois les villes comme des taches d'encre éclaboussées, les routes telles que des pattes d'insectes qui se prolongent et s'amincissent. La mer ne remue plus, elle est toute plate, on la dirait solide comme la terre, et c'est la terre au contraire qui se balance en oscillant. Je vois les pics des montagnes couverts de neige, qui se tassent les uns près des autres comme des moutons qui se rassemblent en troupeau. Ca saute ! ça danse ! L'air pèse sur ma poitrine, j'étouffe ! Le vent par grandes bouffées me donne des coups dans la figure.

La Tentation de Saint Antoine (version de 1849) Gustave Flaubert

Peinture de Delbar Shahbaz

samedi, 06 septembre 2008

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (6)

cezanne_regard.jpgPaysages de peintres : Toujours des plats d'épinards

Flaubert

Paul Cézanne. Grand Pin et Terres rouges.
1890-1895. Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).

vendredi, 05 septembre 2008

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (5)

HOSTILITES : Les hostilités sont comme les huîtres, on les ouvre. "Les hostilités sont ouvertes". Il semble qu'il n'y a plus qu'à se mettre à table.

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (4)

Avocats : ont le jugement faussé à force de plaider le pour et le contre.

Flaubert

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (3)

P8240225.jpgException : Dites qu'elle confirme la règle. Ne vous risquez pas à expliquer comment

Flaubert

Photo de Nina Houzel

jeudi, 04 septembre 2008

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert (2)

EPINARDS : Sont le balai de l'estomac. Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : "Je ne les aime pas, j'en suis bien aise, car si je les aimais, j'en mangerai et je ne puis pas les souffrir." (Il y en a qui trouveront cela parfaitement logique et qui ne riront pas).

Flaubert

mercredi, 03 septembre 2008

Dictionnaire des idées reçues de Flaubert

Echafaud : S'arranger quand on y monte pour prononcer quelques mots éloquents avant de mourir.

Flaubert

samedi, 26 juillet 2008

Toute oeuvre d'art...

ARBRE.JPG"Toute oeuvre d'art doit avoir un point, un sommet, faire la pyramide, ou bien la lumière doit frapper sur un point de la boule."

Gustave Flaubert, Lettre à Edma Roger des Genettes, 8 octobre 1879

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 25 juillet 2008

Pour comprendre la nature...

DSC07493.JPG"Pour comprendre la nature, il faut être calme comme elle. Ne nous lamentons sur rien ; se plaindre de tout ce qui nous afflige ou nous irrite, c'est se plaindre de la constitution même de l'existence. Nous sommes faits pour la peindre, nous autres, et rien de plus. Soyons religieux. Moi, tout ce qui m'arrive de fâcheux, en grand ou en petit, fait que je me resserre de plus en plus à mon éternel souci. Je m'y cramponne à deux mains et je ferme les deux yeux. à force d'appeler la grâce, elle vient. Dieu a pitié des simples et le soleil brille toujours pour les coeurs vigoureux qui se placent au−dessus des montagnes. Je tourne à une espèce de mysticisme esthétique (si les deux mots peuvent aller ensemble), et je voudrais qu'il fût plus fort."

Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 4 septembre 1852

Delbar Shahbaz : "feast of angles"

mercredi, 23 juillet 2008

Quel écrivain je serais !

"Oh mon Dieu ! Si j'écrivais le style dont j'ai l'idée, quel écrivain je serais !"

Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 16 janvier 1852

lundi, 02 juin 2008

Sur l'ouverture des fenêtres

1341166610.jpg« Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, quelque chose d’éternel comme un principe ? »

Flaubert

Lire ici quelques éclairages sur son oeuvre

Salvador Dali, "Marché d'esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire"

jeudi, 29 mai 2008

Une revue sur Flaubert

772533361.jpgLa Revue Flaubert, à lire ici

mercredi, 02 avril 2008

«La tête de Iaokanann !»

676677467.jpgPuis, ce fut l'emportement de l'amour qui veut être assouvi. Elle dansa comme les prêtresses des Indes, comme les Nubiennes des cataractes, comme les bacchantes de Lydie. Elle se renversait de tous les côtés, pareille à une fleur que la tempête agite. Les brillants de ses oreilles sautaient, l'étoffe de son dos chatoyait ; de ses bras, de ses pieds, de ses vêtements jaillissaient d'invisibles étincelles qui enflammaient les hommes. Une harpe chanta ; la multitude y répondit par des acclamations. Sans fléchir ses genoux en écartant les jambes, elle se courba si bien que son menton frôlait le plancher ; et les nomades habitués à l'abstinence, les soldats de Rome experts en débauches, les avares publicains, les vieux prêtres aigris par les disputes, tous, dilatant leurs narines, palpitaient de convoitise.

Ensuite elle tourna autour de la table d'Antipas, frénétiquement, comme le rhombe des sorcières ; et d'une voix que des sanglots de volupté entrecoupaient, il lui disait : «Viens ! viens !» » Elle tournait toujours ; les tympanons sonnaient à éclater, la foule hurlait. Mais le Tétrarque criait plus fort : «Viens ! viens ! Tu auras Capharnaum ! la plaine de Tibérias ! mes citadelles ! la moitié de mon royaume !»

Elle se jeta sur les mains, les talons en l'air, parcourut ainsi l'estrade comme un grand scarabée ; et s'arrêta, brusquement.

Sa nuque et ses vertèbres faisaient un angle droit. Les fourreaux de couleur qui enveloppaient ses jambes, lui passant par-dessus l'épaule, comme des arcs-en-ciel, accompagnaient sa figure, à une coudée du sol. Ses lèvres étaient peintes, ses sourcils très noirs, ses yeux presque terribles, et des gouttelettes à son front semblaient une vapeur sur du marbre blanc.

Elle ne parlait pas. Ils se regardaient.

Un claquement de doigts se fit dans la tribune. Elle y monta, reparut ; et, en zézayant un peu, prononça ces mots, d'un air enfantin :

«Je veux que tu me donnes dans un plat, la tête...» Elle avait oublié le nom, mais reprit en souriant : «La tête de Iaokanann !»

Flaubert, Hérodias