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dimanche, 30 août 2009

La Danseuse de Mao

9782757813331.jpgLa Danseuse de Mao est la sixième enquête de l'inspecteur principal Chen, à Shangai. Et comme dans les précédentes, il se trouve confronté au passé récent de la Chine, en particulier la Révolution Culturelle, qui fit tant de drames. Cette fois, c'est directement à Mao que renvoient les investigations de l'inspecteur, qui l'emmèneront notamment à Pékin, dans la Cité interdite. Et à sa passion pour les jeunes femmes, ainsi qu'au rôle (sinistre lui aussi) de Madame Mao qui avant de connaître l'Empereur, fut une mauvaise actrice de série B et poursuivra de sa haine les actrices qui ont réussi. L'habilité de Qiu Xialong est qu'il nous brosse le portrait en même temps de la Chine actuelle, de ses bouleversements. Et la poésie (de même que la nourriture et un érotisme diffus) joue toujours un grand rôle dans ces enquêtes, car Mao était aussi poète. Différent en cela de la plupart des polars occidentaux, c'est toute en finesse, en subtilités, en contournements, qu'avance l'enquête. "La Révolution n'est pas un dîner de gala" : galvanisés par cette phrase, les Gardes Rouges se livraient aux pires atrocités...

Qiu Xialong, La Danseuse de Mao, Collection Points Seuil

lundi, 01 juin 2009

Mort d'une héroïne rouge

mort-heroine-rouge.jpgMort d'une héroïne rouge est le premier roman de Qiu Xiaolong. L'action se passe en 1990, soit un an après Tiananmen, la Chine est en train de basculer dans l'économie de marché, ce n'est que le début du basculement, beaucoup de gens fonctionnent encore sur les anciens critères. On est donc entre deux mondes, dans ce moment improbable et pourtant bien réel où les deux systèmes qui ont dominé la deuxième partie du XX ème siècle coexistent, mais où l'un est déjà moribond et l'autre en plein développement. Et le livre, à l'image de cette société, en traduit les multiples contradictions. L'inspecteur principal Chen est (comme l'auteur) poète et traducteur de romans policiers, et on le sent parfois hésiter, se demander si sa vraie place est dans la police (où le hasard l'a amené) ou dans la littérature. Epris d'une morale confucéenne qui le fait résister héroïquement parfois aux tentations érotiques, il s'adapte tout de même - de manière très taoïste - aux changements en cours, n'hésitant pas à faire des compromis auprès des tenants des nouvelles mafias ou de membres influents du Parti pour faire avancer son enquête. Même si l'action est toujours bien serrée, (et c'est pour ça aussi qu'on aime les polars ) les digressions, nombreuses, nous font découvrir Shanghai ou Canton, la diversité de leur cuisine, de l’habitat, et toute une galerie de personnages secondaires qui reflètent le bouillonnement en cours. Ce n'est pas le moindre intérêt des romans de Qiu Xiaolong ; toujours les événements actuels sont mis en perspective avec ceux des cinquante dernières années mais aussi avec les fondements de la culture chinoise. L'inspecteur principal Chen recherche le meurtrier d'une travailleuse modèle de la nation, par là il va se trouver mêler aux intrigues politiques, à la complexité des rapports de force au moment des basculements en question. Car un peu comme chez Stendhal ici, tout est politique, et "Celui qui combat les monstres, a dit Nietzsche, devrait veiller à ne pas en devenir un lui-même." L'habileté de Qiu Xiaolong est de nous rendre compte de ce combat sans angélisme ni hypocrisie, avec une finesse toute chinoise.

Les romans de Qiu Xiaolong sont édités dans la collection Points Policier.

 

vendredi, 19 septembre 2008

Si vous n'avez pas encore lu Qiu Xiaolong

qiuxiaolonglm1.jpgVous pouvez commencer par : "Mort d'une héroïne rouge"

Décidément, les romans policiers de Qiu Xiaolong sont passionnants. Celui-ci est le premier des trois, mieux vaut donc ne pas faire comme moi et le lire d'abord. L'action se passe en 1990, soit un an après Tiananmen, la Chine est en train de basculer dans l'économie de marché, ce n'est que le début du basculement, beaucoup de gens fonctionnent encore sur les anciens critères. On est donc entre deux mondes, dans ce moment improbable et pourtant bien réel où les deux systèmes qui ont dominé la deuxième partie du XX ème siècle coexistent, mais où bien sûr l'un est déjà moribond et l'autre en plein développement. Et le livre, à l'image de cette société, en traduit les multiples contradictions. L'inspecteur principal Chen est (comme l'auteur) poète et traducteur de romans policiers, et on le sent parfois hésiter, se demander si sa vraie place est dans la police (où le hasard l'a amené) ou dans la littérature. Epris de morale confucéenne qui le fait résister héroïquement parfois aux tentations érotiques, il s'adapte tout de même - de manière très taoïste - aux changements en cours, n'hésitant pas à faire des compromis auprès des tenants des nouvelles mafias ou de membres influents du Parti pour faire avancer son enquête. En même temps, même si l'action est toujours bien serrée, les digressions nombreuses nous permettent de découvrir Shanghai ou Canton, la diversité de leur cuisine, de l’habitat, et toute une galerie de personnages secondaires qui reflètent le bouillonnement en cours. Ce n'est pas le moindre charme de ces trois romans d'être toujours bien équilibrés ; malgré le fil tendu de l'enquête policière, on circule agréablement grâce au talent de l'écrivain dans la société chinoise et son histoire récente, car toujours les événements actuels sont mis en perspective avec ceux des cinquante dernières années mais aussi avec les fondements de la culture chinoise. L'inspecteur principal Chen recherche le meurtrier d'une travailleuse modèle de la nation, par là il va se trouver mêler aux intrigues politiques, à la complexité des rapports de force au moment des basculements en question. Car un peu comme chez Stendhal ici, tout est politique, et "Celui qui combat les monstres, a dit Nietzsche, devrait veiller à ne pas en devenir un lui-même." C'est toute la difficulté de la mission de l'inspecteur principal Chen, et l'habileté de Qiu Xiaolong est de nous rendre compte de ce combat sans angélisme ni hypocrisie, avec une finesse toute chinoise.

L'auteur, Qiu Xiaolong est né à Shanghai ; victime de la révolution culturelle, il a été interdit d'école pendant des années sous prétexte que son père était un réactionnaire. Il parvient quand même à étudier l'anglais et à rédiger une thèse sur T.S Eliot. Auteur de plusieurs romans ("Mort d'une héroïne Rouge", "Visa pour Shanghai" et "Encre de Chine"), il vit aujourd'hui aux Etats-Unis.

Qiu Xiaolong, "Mort d'une héroïne rouge", collection Points Policier.

 

vendredi, 22 septembre 2006

Quelques notes de lecture de l'année

Carnets nomades, de Bona Mangangu

Les muets de Trecorbier, de Olivier Cousin

Une vie divine, de Philippe Sollers

Le quatre de coeur, de Ellery Queen

Porte de la paix céleste, de Shan Sa

Visa pour Shangaï, de Qiu Xialong

La guitare, de Michel del Castillo

Destination inconnue, d'Agatha Christie