mercredi, 29 septembre 2021
Couvert de poussière
Couvert de poussière, un piment à demi rongé dans la main droite, j'écoutais au fond de moi la journée s'effondrer joyeusement comme une falaise.
Nicolas Bouvier
09:54 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bouvier
mercredi, 09 décembre 2009
Une île
"Une île est comme un doigt posé sur une bouche invisible et l'on sait depuis Ulysse que le temps n'y passe pas comme ailleurs"
Nicolas Bouvier
Photo : Madagascar, 2007
00:15 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ile, madagascar, nicolas bouvier
lundi, 11 mai 2009
J'ai tout mon temps
La rivière se love et sinue à fleur des prés couverts de gelée blanche. Elle est bordée de saules et de moutons couchés qui font deviner son cours imprévisible comme il doit l'être: un méandre de plus est ce qu'une rivière peut faire de mieux; c'est d'ailleurs ce qu'on en attend. La route, elle aussi, étroite, bleue, brillante de glace, tourne sans rime ni raison là où elle pourrait filer droit et prend par la plus forte pente les tertres qu'elle devrait éviter. Elle n'en fait qu'à sa tête. Le ciel, gouverné par vent d'ouest, vient de faire sa toilette, il est d'un bleu dur. Le froid - moins quinze degrés - tient tout le paysage comme dans un poing fermé. Il faut conduire très lentement; j'ai tout mon temps.
Nicolas Bouvier, Journal d'Aran et autres lieux. Extrait, Petite Bibliothèque Payot, 1991
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00:07 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bouvier
vendredi, 28 mars 2008
Monter serait plus juste
"Pourquoi dans toutes nos langues occidentales dit-on "tomber amoureux" ? Monter serait plus juste. L'amour est ascensionnel comme la prière. Ascensionnel et éperdu. Chez les insectes isoptères, tout individu sexué reçoit aussitôt sa paire d'ailes. Je la revoyais une nuit à mes côtés sur la jetée du port de ma ville natale. L'été, le silence, l'approche de l'aube. Je la connaissais d'une semaine (Kant, Hermann Hesse, tennis). Je la trouvais superbe. Nous marchions du même pas, sans aucun bruit. Je reconnaîtrais sans peine l'endroit où j'ai senti comme une aveuglante déchirure dans le noir, où j'ai eu les poumons dévorés de bonheur. La vie d'un coup, acérée, musicale, intelligible."
Nicolas Bouvier, Le Poisson-scorpion.
00:27 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, nicolas bouvier
vendredi, 23 mars 2007
Monter
"Pourquoi dans toutes nos langues occidentales dit-on « tomber amoureux » ? Monter serait plus juste. L’amour est ascensionnel comme la prière. Ascensionnel et éperdu. (…) Je la revoyais une nuit à mes côtés, sur la jetée du port de ma ville natale. L’été, le silence, l’approche de l’aube. (…) Je la trouvais superbe. Nous marchions du même pas, sans aucun bruit. Je reconnaîtrais sans peine l’endroit où j’ai senti comme une aveuglante déchirure dans le noir, où j’ai eu les poumons dévorés de bonheur. La vie d’un coup acérée, musicale, intelligible. Surtout ne rien dire. "
Nicolas Bouvier
21:22 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, amour, Nicolas Bouvier