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jeudi, 17 février 2005

Miracle du français...

Amour, délice et orgue : trois mots qui en français, de masculins au singulier, deviennent féminins au pluriel…

Anagramme

L’anagramme a depuis l’aube des temps (et même un peu avant au dire de certains mais ce n’est pas prouvé) été utilisée comme procédé divinatoire, la permutation des lettres d'un mot-clé révélant un événement majeur à venir. Ainsi dans Révolution française on a vu l'anagramme de Un veto corse la finira, le coup d'Etat de Bonaparte étant linguistiquement programmé dans le nom de la période qui l'a précédé…

mercredi, 16 février 2005

En dansant

Le petit livre de Joachim Gasquet : Cézanne, aux éditions Encre marine est un des meilleurs sur le peintre. Joachim Gasquet est le fils d’un des amis d’enfance de Cézanne. Il a 23 ans et le peintre 57 au moment de leur rencontre. Peu à peu il va gagner la confiance et devenir le confident de l’artiste, lequel ayant fui depuis longtemps la comédie sociale, s’en méfie comme la peste, vivant tranquillement et continuant à peindre près de la Sainte-Victoire et de l’Estaque : il sait que le temps est avec lui, pas d’énergie à gaspiller avec des futilités. Or Gasquet était un peu écrivain aussi, c’est assez joli : Il peignait la mer, l’eau épaisse, la clarté humide, le ciel infusé. Un des grands moments du livre est la visite au Louvre racontée par le menu, Gasquet comme un journaliste notant les phrases de l’artiste. Devant les tableaux de Véronèse : Celui-là, allez, il était assez heureux. Et tous ceux qui le comprennent, il les rend heureux. Il est un phénomène unique. Il peignait comme nous regardons. Sans plus d’efforts. En dansant.

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mardi, 15 février 2005

Elle se mit à se déshabiller

Elle se mit à se déshabiller. Quand elles ne savent plus quoi faire elles se déshabillent, et c’est sans doute ce qu’elles ont de mieux à faire. Elle enleva tout, avec une lenteur à agacer un éléphant, sauf les bas, destinés sans doute à porter au comble mon excitation. C’est alors que je vis qu’elle louchait. Ce n’était heureusement pas la première fois que je voyais une femme nue, je pus donc rester, je savais qu’elle n’exploserait pas.

Beckett

Bien feindre

La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges qu’on nous tend et on n’est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres

La Rochefoucauld

Les plus magnifiques de tous les instants

On était dans les montagnes ; il y avait une merveille de soleil levant, des fraîcheurs mauves, des pentes rougeoyantes, l’émeraude des pâturages dans les vallées, la rosée et les changeants nuages d’or. (…) Bientôt ce fut l’obscurité, une obscurité de raisins, une obscurité pourprée sur les plantations de mandariniers et les champs de melons ; le soleil couleur de raisins écrasés, avec des balafres rouge bourgogne, les champs couleur de l’amour et des mystères hispaniques. Je passais ma tête par la fenêtre et aspirais à longs traits l’air embaumé. C’étaient les plus magnifiques de tous les instants.

Kerouac

lundi, 14 février 2005

La maison est traversée par le paysage

Tout d’un coup la maison est traversée par le paysage. L’horizon s’est enflammé. Les objets s’animent, dansent dans le soir. La mer est là, proche. Le ciel aussi est dans la maison. Il n’y a plus ni intérieur ni extérieur.

L'amour ne tourmente...

L’amour ne tourmente que ceux qui prétendent lui rogner les ailes ou l’enchaîner quand il lui a plu de venir voler à eux. Comme c’est un enfant, et plein de caprices, il leur arrache les yeux, le foie et le cœur. Mais ceux qui accueillent sa venue avec allégresse, et qui le flattent et le laissent s’en aller quand il lui plaît, et quand il revient l’acceptent volontiers, ceux-là sont toujours certains de ses faveurs et de ses caresses, et de triompher sous son empire

Machiavel

Allons enfants de l'apathie !

L’affaire des lycéens n’est pas terminée. Ne pas oublier que malgré l’aspect ubuesque de certains de ses représentants ce gouvernement s’est toujours montré extrêmement habile pour annihiler toute forme d’opposition. A l’image de ce président qui a toujours eu l’intelligence de se faire passer pour plus bête qu’il n’est. Ajoutez à ça une apathie générale et une absence de réaction devant cette stratégie des petits pas, et vous aurez le processus de décomposition en cours. Un nouveau siècle des lumières est indispensable aujourd’hui, mais est-ce encore possible ?

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dimanche, 13 février 2005

A Rome

A Rome, le temps, l’histoire sont tellement inscrits dans le marbre, les rues, les mœurs, les corps, qu’un beau matin on se réveille différent. Subrepticement, on a glissé hors du temps. Avec lui peines et remords sont envolés, c’est infiniment surprenant et voluptueux. Dans une luminosité tour à tour acide ou veloutée, les contours des êtres se dessinent mieux, un univers mouvant émerge. Le reste du monde peut s’écrouler et il s’écroule d’ailleurs, comme toujours depuis les siècles des siècles, peu importe, un abîme s’est creusé, une certaine lassitude n’a plus lieu d’être, inutile de rejouer la sempiternelle comédie. Début du mouvement, andante, aurore, or du temps, les chemins balisés sont des impasses. La partition se joue scherzo ou adagio, l’essentiel est ailleurs, à Rome le regard sur l’autre, tour à tour perçant, léger, ironique ou rêveur, reste distancié. Le jeu est conscient, quintessence de l’esprit latin.

samedi, 12 février 2005

Petit retour sur L'instant du monde, revue de passerelles artistiques

Huit numéros sont parus de 2002 à 2004. Sans forfanterie, je crois qu’on peut dire - malgré quelques imperfections ci ou là - qu’ils sont réussis. Ce fut une belle aventure, pleine de rencontres, de belles surprises, d’inattendu, de déceptions aussi bien sûr mais elles sont aujourd’hui oubliées, au vu de l’ensemble. La seule vraie déception d’ailleurs est l’arrêt définitif, au nom de la rationalité évidemment. C’était une aventure justement, basée sur la passion, l’envie, l’enthousiasme, et ils furent présents, et les retours de ce point de vue ont été immédiats ; tous ceux qui ont travaillé avec moi pourront en témoigner, on s’est sentis portés, suivis, entourés. Il a manqué donc un soutien financier et logistique : sans doute au nom de la dite rationalité aurait-il fallu commencer par là, mais l’aventure aurait-elle été aussi belle, peut-être pas…
Je ne pourrai pas citer tout le monde mais je voudrais remercier ici Sandrine Daudé, dont l’enthousiasme, la volonté, l’énergie ont permis la réalisation de ce rêve, Fabien Charreton avec qui j’ai porté ce projet au début, Catherine Marchasson fidèle et efficace lectrice, Jean-Yves Ténaud « le » maquettiste qui a apporté la touche esthétique essentielle, Cécile Beray-Claude la rigueur alliée à la décontraction tout simplement, et parmi ceux qui nous ont rejoint en cours de route Nadia Belhabchi à l’aide précieuse et toujours souriante et Valérie Canat de Chizy, excellente lectrice et écrivain prometteur aussi…
Rien n’aurait été possible bien sûr sans tous les écrivains, peintres et photographes qui ont prêté leur concours, leur temps et leur créativité : parmi eux je voudrais mentionner en particulier Jean-Jacques Marimbert, l’ami fidèle, toujours à l’écoute, Gildas Pasquet, talent et générosité réunis ainsi que Frédérique Azaïs au soutien et à la sympathie sans faille. A tous merci ! et l’aventure continue, c’est la plus belle des récompenses…

vendredi, 11 février 2005

Clair déluge

A la lisière de la forêt, - les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, - la fille à lèvre d’orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu’ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.

Rimbaud

Noir pirate

La nuit vient, noir pirate, aux cieux d’or débarquant

Rimbaud

L'arrivée à Montpellier

Avant qu’on construise ce palais de béton, l’arrivée à Montpellier par Nîmes était une pure merveille. On apercevait de loin l’arrondi des pins, la balustrade des Beaux-Arts se dessiner à l’horizon, c’était un peu d’Italie, un miracle, la lumière romaine, toute mon enfance a été bercée par cette image. Quand j’étais gamin, le musée ici ressemblait encore à celui du dix-neuvième, poussiéreux mais plein de mystère, de détours, de poésie, maintenant il est froid, impersonnel, avec du Plexiglas partout, comme tout le reste. Et les tableaux, sous une lumière crue, on les voit moins finalement, des chromos, alors que ce Zurbaran ou ce Courbet qu’on découvrait au hasard d’une pénombre, dans le recoin d’une salle perdue, tout à coup s’illuminait, c’était un cadeau, on l’avait pour soi seul, le dialogue pouvait commencer…

07:00 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 10 février 2005

Anesthésie générale

Le mouvement couve sous la cendre... Le referendum sur l'Europe comme cristallisation des mécontentements, frustrations... France maillon faible, ça s'est déjà vu ! Est-ce qu'une utopie est encore possible aujourd'hui ? Et si c'était vraiment la fin de l'histoire ? Anesthésie générale, parfaitement réussie... Dossier suivant ?

06:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

Sensations

Cézanne n’a jamais voulu donner de leçon, sa peinture flotte dans un au-delà de couleurs, de sensations. Hors de tout pathos, c’est presque incompréhensible. Des arbres, un coin de ciel safran, des branches de pins se balancent dans l’air doré, corps suspendus flottant au dessus du vide, vert sauge de la végétation, baigneurs, baigneuses, chaque tableau fait partie de l’unité du monde, une parcelle de l’univers, détachée pour mieux le rejoindre. Il y a toujours une relation d’amour, de fusion dans sa composition. C’est comme si chaque point du tableau avait connaissance de tous les autres, écrira Rilke à propos de La femme au gilet rouge, Madame Cézanne. Les sensations formant le fond de mon affaire, je crois être impénétrable.

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mercredi, 09 février 2005

Courage

Même le plus courageux d’entre nous a rarement le courage d’assumer tout ce qu’il sait

Nietzsche


Le son se mêle à la lumière

Elle se déshabillait brutalement, arrachant le lacet mince de son corset qui sifflait autour de ses hanches comme une couleuvre qui glisse.

Flaubert

Rouge roman : un tableau de Frédérique Azaïs

L’univers était d’abord incandescent. Puis la matière s’est concentrée un instant. Une fraction de seconde l’univers s’est rassemblé en un point qui en contenait toute l’énergie. Et là a eu lieu l’explosion, laquelle n’est pas terminée. Nous sommes aujourd’hui encore en train de dériver, de nous éloigner du centre, pulvérisés hors de nous-mêmes, échappée belle ou tragique, c’est selon… Mais sans doute n’y a-t-il pas de direction, l’univers tourne et retournera jusqu’à la fin des temps – battements de cœur d’un organisme plus grand ? - et peut-être le temps comme l’espace sont infinis, c’est le plus difficile à imaginer pour nous pauvres mortels, et qui sait ne sommes-nous même pas mortels, le peu qui nous est donné pour vivre ne nous permet pas d’appréhender ce sans limites, trop habitués à circonscrire le monde, le découper, l’ordonner, l’oublier en définitive, vivre à côté… Comme si on pouvait enfermer la beauté alors qu’elle est la plus grande dispersion, qu’elle est jaillissement, effraction, explosion, bouleversement... Etre bouleversé, au comble de l’émotion… Le roman comme la peinture c’est cela, aller au plus profond, plus loin, dans le désordre du monde, dans toutes les directions en même temps, explorer, détourner, puiser, vibrer, détruire, plonger dans l’univers des possibles, dans la vie même et trouver un chemin, tortueux, étroit même, mais peu à peu limpide, évident, immuable…

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mardi, 08 février 2005

Fleurs

Tel qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.

Arthur Rimbaud