mardi, 08 février 2005
Un clin d'oeil à Pierre Autin-Grenier
Par le poète chinois Lieou Ling (221-300) :
Pour le maître parfait
Ciel et Terre ne durent qu’un matin
Les dix mille temps, un seul instant.
Soleil et Lune sont ses fenêtres,
Les huit déserts forment sa cour.
Ses pas ne laissent nulle trace,
Nulle part il ne demeure.
Plafond du ciel, tapis de la terre,
Il suit son bon plaisir.
Son repos : saisir la coupe.
Son mouvement : vider la cruche.
Le vin est son seul travail ;
Il ne sait rien d’autre.
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lundi, 07 février 2005
Pensées et sentiments
Nos pensées sont les ombres de nos sentiments, elles sont toujours plus obscures, plus vides, plus simples que ceux-ci.
Nietzsche
11:28 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Turquoise
Bleu pâle, turquoise. Reflets, eau luisante. Le jour descend, la mer se retire. Ondes renouvelées de plaisir. L’humidité - fines gouttelettes - se mêle à l’eau qui dort. Ton corps est là, dans la ligne d’horizon. Immobile. Bleu. Turquoise.
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La lumière de Cézanne
Voir c’est capter l’esprit du monde, le sensible, peindre, saisir du regard l’ensemble, le devenir. Ce sera la lumière chez Cézanne, l’amour ingénu chez Chagall, la sensualité, sa finesse chez Titien, la compassion chez Greco, l’harmonie chez Poussin. Regard qui perce l’univers, trouve le lien, le point nodal. La force centrale, agissante. Rembrandt l’ombre, Caravage la rage, Fragonard la volupté... Cézanne la plénitude. Il échafaude, construit, lentement, pièce après pièce, le puzzle de la lumière. Posée comme équation fondamentale, elle vibre, éclatante, jubilatoire, sur la toile. Aucun peintre ne s’en est approché autant, peut-être.
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dimanche, 06 février 2005
Brillants soleils
Le succès de Da Vinci code nous ramène à la ritournelle du complot. Il ne s’agit là au demeurant que d’une version habile et forcément édulcorée. Sagesse populaire qui pressent l’hypocrisie, la fausseté fondamentale du monde ? Le vrai détournement est ailleurs bien sûr, pas dans le fait que Marie-Madeleine était la femme de Jésus (n’importe quoi !) ni même que la religion chrétienne ait perverti la féminité du monde (tiens, tiens nous y voilà justement !). Le vrai complot est à plus grande échelle, généralisé, constant… C’est un détournement du temps, de l’instant, de la pensée, de la sensation, des corps... Le monde d’aujourd’hui n’est que l’extension généralisée et rationalisée de ce détournement qui traverse l’histoire, entrecoupé ça et là de quelques brillants soleils…
13:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tiepolo
Dans un plafond de Tiepolo, le ciel se poursuit dans la peinture et la peinture dans le ciel. Anges bondissant, bleu, or, vert, pourpre, turquoise, superposés, enlacés. Le rose, l’or et le vert se mêlent, ronde magique. Les drapés se fondent dans les nuages, corps aimés, gestes amples, souples, sourires, mains tendues. Eros n’est ni dans le ciel, ni sur cette terre, il est dans cet entre-deux et nous y sommes, tout d’un coup, un coup de baguette magique, celle du peintre. L’amour est un désir de littérature…
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samedi, 05 février 2005
L'année radieuse
Que serait une musique qui ne nous emporterait pas au-delà de toutes les musiques ? Le Larghetto du Quintette avec clarinette en la nous plonge immédiatement dans l’envers du monde, du bruit et de la fureur. Directement en prise avec le bonheur d’exister. 1789 est l’année radieuse de Mozart, celle aussi de Cosi fan tutte. Deux ans avant de mourir. Il y aura encore La flûte enchantée.
10:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le cardinal Mazarin mourant...
On raconte que le cardinal Mazarin mourant, le flambeau à la main, en larmes, se fit porter en chaise à porteur parmi ces cinq cent quarante-six peintures suspendues sur les murs de son palais de la rue de Richelieu.
Pascal Quignard
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vendredi, 04 février 2005
Un retournement
Temps étonnants… Tout le monde semble emmitouflé… Attaqué de toutes parts (droits sociaux, intégrité du corps, contrôle social…) chacun se protège, se replie… Et ça ne fonctionne pas, chacun s’en rend plus ou moins compte, comme si il y avait là une pente, un mouvement irréversible qui entraîne tout le monde, sans possibilité de retournement…
L’art est un retournement permanent… Et si toutes les époques sont pareilles, le retournement aura bien lieu… Sans doute même est-il déjà commencé, mais on peut à peine le voir…
09:44 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 03 février 2005
Se voir en peinture...
Notre temps est devenu fou. Ordre, contrôle, rentabilité. Alors que bonheur et plaisirs sont faits de rien. De riens. Ce rien on vous le laisse comme disait Léo Ferré. Eh bien prenons-le ! Prenons la parole, s’il ne reste que ça ! Même si ça ne sert à rien, ou justement à cause de cela ! Reste à jouer ! D’ailleurs la parole des grands écrivains est faite de silence. Quand on lit un grand texte, aussitôt le silence se fait, un silence de neige, tout autour. Comme si le monde s’arrêtait de tourner, si tout le bruit inutile apparaissait d’un coup comme ce qu’il est vraiment, c’est à dire vide, creux et inutile.
Il y a ces grands textes et puis la peinture. Certains tableaux happent le monde, l’insèrent, l’intègrent à eux, subrepticement...
Les regardant, vous êtes happés, intégrés à eux. Attention la chose peut même se faire à votre insu. Regardez mieux un tableau de Watteau, Delacroix, Poussin, Véronèse ou Fragonard…
Observez attentivement, peut-être vous y découvrirez-vous, dans un coin, tenant une guitare, ou dialoguant avec l’ange…
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