Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 31 mars 2018

Vincent van Gogh, Brussels, Belgium Photo by Victor Morin 1886 Born on this day in 1853

vincent van gogh

Stratos Karafatis, Mar Egeu

Stratos Karafatis, Mar Egeu.jpg

vendredi, 30 mars 2018

Diane in Central Park, 1939 Diane Arbus, Photographer

Diane in Central Park, 1939 Diane Arbus, Photographer.jpg

mardi, 27 mars 2018

Alfred Eisenstaedt, Les Halles, Paris

DZSujjTWAAAhZLn.jpg

dimanche, 18 mars 2018

L'art pour dénoncer. (By Jorge Gamboa)

29133704_938346496319842_3744216982434611200_n.jpg

samedi, 17 mars 2018

Contrepet : ce pâlot de Soutine !

Soutine-Ritratto-uomo.jpg

10:24 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : soutine

Charlie on the set of The Kid c.1921

Charlie on the set of The Kid c.1921.jpg

Une fleur, unique...

DXxoqvTXcAIw2-R.jpg

jeudi, 15 mars 2018

Le fou et le sage

Montesquieu, mario de biasi“J’ai toujours vu que pour réussir dans le monde, il fallait avoir l’air fou et être sage” (Montesquieu)

photo : Mario di Biasi

dimanche, 11 mars 2018

Jean-Étienne Liotard (1702-1789) Portrait of Maria Fredericke Van Reede-Athlone

Jean-Étienne Liotard (1702-1789) Portrait of Maria Fredericke Van Reede-Athlone.jpg

samedi, 10 mars 2018

« Aime la vérité, mais pardonne à l'erreur. » Voltaire

BkA0vCVIUAAaXyz.jpg

Eric Mörschel

Eric Mörschel

vendredi, 09 mars 2018

View from the train - People and places. Part II - Places, 2009

Anca CernoschiAnca Cernoschi

The Fear of the Blank Page [BnF, Latin 16827, 15th c.]

The Fear of the Blank Page [BnF, Latin 16827, 15th c.].jpg

Homère, ce féministe ! Andrea Marcolongo (Article du Point d'hier)

9488803lpw-9488826-article-jpg_5063898_660x281.jpgHélène, Andromaque, Nausicaa... Andrea Marcolongo, auteure de « La Langue géniale », évoque la profonde modernité des femmes de l'« Iliade » et de l'« Odyssée ».
Par Andrea Marcolongo (traduit par Anna Pia Filotico)

Il nous faudrait Proust, peut-être, pour nous expliquer combien nous sont contemporaines les femmes d'Homère. Car, quand on relit aujourd'hui l'Iliade et l'Odyssée, ce ne sont pas seulement Hélène, Andromaque ou Nausicaa qui renaissent sous nos yeux, mais plutôt ce qu'on pourrait appeler la synchronie du féminin : toutes les femmes qui habitent en nous chaque jour – la fille, la mère, l'épouse, l'amante, l'amie – et que les femmes d'Homère savent incarner à la perfection. Ces femmes, c'est nous. Grâce à Homère, nous pouvons rassembler les fragments épars de notre féminité et redevenir la femme dans sa totalité ancestrale, comme le jour où nous sommes venues au monde.
Dans les poèmes homériques, c'est d'ailleurs la femme qui transforme le héros en être humain, l'ennemi en homme ; et elle le fait à travers l'amour. Je ne parle pas de la force et des passions surhumaines de divinités comme Athéna ou Aphrodite, mais de l'amour féminin dans toutes ses nuances – de la jalousie à la sagesse, de l'équilibre à l'éros, de la cruauté à la liberté. Les sentiments d'Hécube, l'épouse de Priam, de Circé, de Calypso sont réels, exactement comme les nôtres, et donc susceptibles de produire des effets aussi réels sur les hommes qu'elles aiment.
C'est donc la puissance de réalité des femmes d'Homère qui humanise – entre faiblesses, amours, fragilités, regrets – Hector, Pâris, Achille, Ulysse, et permettent aux poèmes homériques d'échapper au temps, parce qu'ils chantent tous les hommes et de tous les temps. Aujourd'hui, plus que tout, ils nous chantent nous, femmes et hommes si perdus dans notre présent. N'est-ce pas Virginia Woolf, encore une femme, qui a écrit que c'est vers le grec que « nous nous tournons quand nous en avons assez de l'imprécision, [et] de la confusion [...] de notre propre époque » (1) ?
Vie et honneur
Hécube, c'est la mère prévenante, comme les mères que nous avons connues et comme les mères que nous avons voulu devenir. Dans le livre VI de l'Iliade, elle exhorte son fils Hector à se reposer en lui offrant du vin. Le héros le refuse et court de nouveau au combat, ce que par ailleurs nous avons toujours fait, enfants, souvent gênés par la douceur des attentions maternelles. Hécube pleurera sa mort dans le livre XXIV, en l'appelant « de tous ses enfants le plus cher », et c'est en louant sa piété que la vieille mère trouve un peu de réconfort sur le cadavre de son fils, beau « comme une fleur qu'on vient de couper » (2).
Andromaque, c'est la femme et la mère complexes, aux sentiments intenses. Nous avons tous à l'esprit son effusion déchirante devant son mari Hector aux portes Scées, affligée par l'avenir de leur fils Astyanax, encore dans les langes et déjà destiné à grandir orphelin. Néanmoins, certains détails racontés par Homère font d'Andromaque une femme fière et absolument contemporaine. C'est elle, par exemple, qui suggère à Hector les meilleures tactiques à adopter dans la guerre, pour sauver la vie et l'honneur, démontrant ainsi une compétence militaire et une indépendance intellectuelle rares, mais aussi la nécessité d'avoir une relation de complicité avec son mari, pour qui elle est une amie et une conseillère. Hector et Andromaque représentent l'harmonie du couple, cette intimité pure que les Grecs exprimaient avec cette particularité grammaticale qu'est le duel [qui n'est ni le singulier ni le pluriel, et qui signale que les éléments dont on parle vont par deux, NDLR], qui fait de notre partenaire non seulement un père et un mari, mais avant tout un compagnon de vie et un allié dans ce monde. Dans le chant XXIV de l'Iliade, Andromaque pleure d'ailleurs la mort d'Hector en l'appelant simplement anêr, ce qui signifie d'abord « homme » – le sien, pour toujours.
Les tourments intérieurs d'Hélène
Sincère, ravissante, aimante et furieuse, Hélène est responsable de la chute de Troie. Sa guerre n'est cependant ni celle de Pâris, qui l'a enlevée, ni celle de son mari Ménélas, qui la réclame : son conflit est intérieur. Dans l'Iliade, loin de l'image de femme fatale qui l'a flétrie pour la postérité, Hélène maudit sa beauté dans les affres d'une fragilité toute féminine, jusqu'à se désigner sous le nom de « chienne ». Son attirance pour Pâris, cet amour aveugle et fou que chaque femme a vécu au moins une fois dans sa vie, se dissipe peu à peu, comme lorsque le feu de la passion s'éteint : Hélène reconnaît toute la médiocrité de son amant puéril, cet homme trop jeune à cause duquel elle a déclenché une guerre de dix ans. La capacité d'analyse psychologique d'Homère est profonde et le jugement d'Hélène à l'égard de Pâris implacable, comme lorsque nous nous demandons comment nous avons pu tomber amoureuse d'un homme qui ne vaut désormais plus rien à nos yeux.
« Que vous faites pitié, dieux jaloux, entre tous ! Ô vous qui refusez aux déesses le droit de prendre dans leur lit, au grand jour, le mortel que leur cœur a choisi comme compagnon de vie ! » (3). Ainsi la nymphe Calypso, dans l'Odyssée, vit l'inadmissibilité de son abandon par Ulysse, déterminé à la quitter, après sept ans d'amour, pour reprendre son voyage en direction d'Ithaque. Calypso est la femme trahie au plus profond d'elle-même, qui arrive à offrir tout ce qu'elle possède – jusqu'au don même de l'immortalité – à un homme qui ne la considère désormais que comme un problème, une pleurnicheuse qu'il va bientôt oublier – comme il a oublié sa femme Pénélope pendant toutes ces années. Calypso, c'est la douleur de la fin de l'amour ; ses larmes sont les nôtres et nous rappellent chacune des fois où nous avons été blessées, refusées, abandonnées.
Extraordinaire marquise de Merteuil semble en revanche être Circé, la magicienne, avec qui, pour la deuxième fois, Ulysse oublie Pénélope. Circé est peut-être la femme la plus transgressive d'Homère : après avoir ensorcelé les compagnons d'Ulysse, elle n'hésite pas à les transformer en porcs (hautement symbolique) pour vivre sans gêne sa passion, toute charnelle, pour le protagoniste de l'Odyssée. Circé est la séductrice que toutes les femmes savent être et sa solitude est le prix à payer pour un moment de sexe scandaleux, inavouable. Le sexe pour combler le vide d'une vie dans un somptueux palais, en attendant le prochain voyageur de passage... Aucune trace de l'amour sincère éprouvé par Calypso : c'est avec désinvolture et inconstance que Circé se débarrasse d'Ulysse.
Attraction
Pour conclure, un mot sur Nausicaa, la vierge, fille du roi des Phéaciens, qui accueille Ulysse le naufragé. Elle est la plus jeune des femmes chantées par Homère, et en même temps celle qui montre la plus grande maîtrise de soi, peut-être parce qu'elle n'est pas encore tombée amoureuse, mais vit dans l'attente poignante de ce premier amour. En Ulysse, l'étranger, elle voit l'homme qu'elle voudrait un jour à ses côtés ; mais elle sait aussi déchiffrer les dangers de cette attraction qui pourrait lui causer des regrets éternels. « Moi-même, je n'aurais que blâme pour la fille ayant cette conduite : quand on a père et mère, aller à leur insu courir avec les hommes, sans attendre le jour des noces célébrées ! » (4). Depuis toujours, Nausicaa a été considérée par les lecteurs comme une fille craintive à l'idée de décevoir père et mère. Mais la jeune fille d'Homère, en reconnaissant l'impossibilité de tomber amoureuse d'Ulysse, alourdi d'un passé qu'elle ne peut pas partager, est d'abord fidèle à elle-même et à la plénitude de l'amour qu'elle désire et prétend vivre.
Une grande femme contemporaine, la philosophe Simone Weil, a écrit sur la révélation grecque. Pour elle, le fil narratif des poèmes homériques est exclusivement celui de la force, qui transforme l'ennemi en vaincu, l'assiégé en conquis, le faible en esclave. Mais Simone Weil reconnaît également que, « dans une œuvre vraiment épique, la force obscure, le sort aveugle et le hasard gouvernent tout, à l'exception de ces rares instants où brillent, dans leur pureté, le courage et l'amour ». Et si cet amour est épique, il est aussi profondément humain, car exclusivement incarné par les femmes de l'Iliade et de l'Odyssée.
C'est donc la mémoire de nous-mêmes en tant que femmes qu'Homère nous a laissée en héritage. Un héritage mystérieux, jamais dissipé, mais qui, au contraire, redevient toujours contemporain et présent. Chaque jour, nous sommes à la fois Hécube, Andromaque, Hélène, Calypso, Circé ou Nausicaa. Synchroniquement.
« La Langue géniale. 9 bonnes raisons d'aimer le grec », d'Andrea Marcolongo, éd. Les Belles Lettres, 202 p., 16,90 euros.
(1) « De l'ignorance du grec », Virginia Woolf, in « Le commun des lecteurs » (L'Arche, p. 36-53).
(2) « Iliade », texte établi et traduit par Paul Mazon (Les Belles Lettres, XXIV, v. 748, p. 167).
(3) « Odyssée », texte établi et traduit par Victor Bérard (Les Belles Lettres, V, v. 116-120, p. 148-149).
(4) « Odyssée », op. cit., VI, v. 286-288, p. 179.
Andrea Marcolongo
Née en 1987 à Milan, diplômée de lettres classiques, tourne le dos à une carrière universitaire pour étudier les techniques de narration. Plume de Matteo Renzi pendant deux ans, elle étudie ensuite l'évolution des langues de l'ex-Yougoslavie.
Avec quinze rééditions, 200 000 exemplaires vendus dans la péninsule et des traductions dans dix langues, son ouvrage La langue géniale. 9 raisons pour aimer le grec est un phénomène d'édition. La version française est publiée par Les Belles Lettres. Son nouveau livre, La dimension héroïque vient de sortir en Italie.

dimanche, 04 mars 2018

Massimo Della Latta

Massimo Della Latta

samedi, 03 mars 2018

Iliko Kandaveli

Iliko Kandaveli

vendredi, 02 mars 2018

Ma vie, si calme pendant longtemps, a pris une brutale accélération

Paul Klee.jpgÇa y est, le grand jour est arrivé, l’aliscafo fend les flots, bondit sur les vagues. Je laisse le reflet de l’eau me brûler les yeux, la fraîcheur irradier mes poumons. Le Vésuve apparaît en statue du commandeur, avec les fumées d’usines à ses pieds, un halo blanc dans le ciel pâle. La ville déborde la baie et les collines alentour. Une chaleur aiguë jaillit dans ma poitrine, mon ventre, ma peau nourrie de soleil, caressée par les embruns.

Naples surgit, tapie contre la mer et semblant s’en repaître.

Taxi pour la Mergellina...

Le kaléidoscope défile, bariolé, vibrionnant, gestes coupés par la vitesse, visages scandés, couleurs qui suivent de leur cortège le taxi fendant la ville.

Ça y est, la Mergellina, bourdonnante de bateaux, le bleu de la mer est limpide, presque évanescent, couche parfaite de bleu, tranche napolitaine, féerique. Je suis plongée dans les couleurs, assise, paisible, l’âme secouée, les yeux fixés sur le lointain du port.

Sous un micocoulier, les feuilles vert-pâle se trémoussent dans un bruit d’orgues puis lampées plus basses, fondantes, andante avec cette rafale ardente, pianissimo vent coulis, trémulement des frondaisons, poussées plus lascives des basses encore par les côtés, se laisser bercer, musique qui revient et ne s’arrête jamais, roulis de cloches, coulée mauve dans le crépitement du soleil, ondoiement sonore en diagonale se faufilant entre les maisons, lignes croisées qui se brisent, parterre de roses roses devant moi, feu sous le soleil, balancement léger, vivifiant.

La musique, c’est le sang dans mes veines ! J’écoute La Bohème de Puccini. Transportée, je suis la musique, cette voix qui taraude l’âme. Mon âme filtrée par l’émotion, lavée, défaite des mesquineries, des incohérences qui l’envahissent à tout instant. Je vole par-dessus la ville, le cratère du Vésuve, gouffre béant, vire, dessine des courbes. Pareille à la chaleur du soleil, l’émotion qui me nourrit s’insinue partout.

Silence, contrepoint à l’agitation des dernières heures. Arrivée au port. Lent balancement, quiétude, vague clapotis de l’eau. Respiration, à peine... Marche éthérée, les rues sont noires de monde, il y a comme une beauté essentielle dans les gestes des gens, venue du fond des âges, la finesse grecque...

L’agitation en moi s’est reposée. Je ne pense à rien, c’est bon de s’abandonner... Embrasement soudain. Je suis transie de désir. Désir voluptueux et en même temps sérénité. Sens électrisés. Nuit de caresses, ondes de plaisir. Parcourue, débordée. Mon esprit flotte au-dessus de la pièce. Moment où tout est facile, donné.

Béatitude enivrante. Ma vie, si calme pendant longtemps, a pris une brutale accélération.

La nuit est douce encore, les bruits de la ville feutrés par un vent sec qui les emporte loin et se faufile entre les rues, sous un ciel noir paisible, et sculpte des grottes de silence dans la nuit noire.

Raymond Alcovère, extraits de Fugue baroque, roman, n & b éditions, 1998

Paul Klee