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vendredi, 02 septembre 2005

Pourquoi Houellebecq est si important

Il suffit d'un écrivain parfois, d'un seul, pour rendre caduque, "ringarde", presque toute la production d'une époque, laquelle prend soudain un coup de vieux considérable. Pourquoi ? Parce que Houellebecq considère que le sexe est une question centrale, et qu'il la traite comme telle, et surtout qu'il montre à quel point elle est instrumentalisée par la société d'aujourd'hui, et de plus en plus : il raconte même dans "La possibilité d'une île" jusqu'où nous mènera cette instrumentalisation. Ce qui nous amène au deuxième point, Houellebecq est attentif comme personne à l'évolution de la société qu'il scrute comme un entomologiste, et notamment ses découvertes scientifiques (encore un aspect oublié par la plupart des romanciers), en particulier tout ce qui touche au vivant et à la reproduction mécanique des corps (les clones). Ce qui est remarquable chez lui est justement sa faculté d'observation, il a ce sens du détachement - une certaine froideur qu'on retrouve dans son écriture, et qui lui est souvent reprochée, encore qu'avec son dernier roman le style soit plus fluide et plus ondoyant - et une façon très particulière de mettre de côté à la fois les affects et les déterminants sociaux (et toujours dans une perspective historique) pour décrire le réel, qui donne tant d'acuité et de finesse à son regard, voilà ce qui dérange...

14:02 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (42)

Commentaires

D'accord à 350 % avec toi sur l'importance de Houellebecq. J'ajouterai, à sa profonde analyse d'une société valorisant le désir, le sexe et la jeunesse, sa réelle compassion pour les faibles et les vieux, certaines pages sont lucides et poignantes.
La question de savoir dans quelle mesure Houellebecq est proche des idées de ses personnages n’intéresse que ceux qui s’obstinent à rester extérieurs à l’œuvre, qui seule compte. Le seul débat qui vaille de s’installer à propos de cet auteur porte sur son style. Certes, Houellebecq, s’il a le génie de sa vision du monde, n’a pas celui d’avoir trouvé un style littéraire unique, comme Thomas Bernhard, cet autre fabuleux « professeur de désespoir », inventeur d’un ressassement moteur et créateur, d’un procédé de répétition évolutive. Le style houellebecquien n’est pas un non-style, ou un sous-style (voir pour cela la prose journalistique), c’est un style classique, parfois un peu lourd, mais que viennent constamment relever les épices de l’humour et de la poésie. Loin de la perfection flaubertienne, de la musique célinienne, il se rattache aux efficaces romanciers du social, dans la ligne d’un Balzac ou d’un Zola.

Écrit par : Nuel | vendredi, 02 septembre 2005

Je m'excuse d'insister, et de faire encore du rentre-dedans (mais apparemment tu aimes bien ce qui dérange et sur ce point on est d'accord). Raymond, on se demande si tu as lu des livres du vingtième siècle. Notamment de la SF (et du fantastique). On a le droit de dire beaucoup de choses sans être forcément un spécialiste reconnu par l'université de trucmuche et de machin, mais quand on se permet de formuler un jugement global sur la littérature, il faut au moins avoir un peu lu. Je sais que tu es un grand lecteur d'oeuvres classiques, antérieures au vingtième siècle, mais enfin, le thème du clônage, le thême de la reproduction mécanique des corps (Frankenstein, rand classique que tout le monde connait, l'un des premiers livres où la question était posée, ça date quand même pas d'hier, c'est même bien antérieur au vingtième siècle) l'intérêt pour les découvertes scientifiques, tout ça, la littérature (mais aussi la BD, le cinéma) en regorge. Comment tu peux dire que ces thèmes sont "oubliés" par la plupart des romanciers ? c'est sûr, Balzac et Zola n'en parlaient pas tous les jours, mais enfin, il s'est écrit beaucoup de choses depuis... Je crois qu'au lieu de porter un jugement global sur la littérature de notre époque (je me demande comment tu fais d'ailleurs, avec les centaines de livres publiés chaque mois et donc tous ceux que ni toi ni personne n'aura jamais le temps de lire...), tu devrais plutôt dire, humblement : "Parmi tous les livres que j'ai lus, je n'avais jamais rien lu sur le sujet."
Tu peux dire que Bec te plait pour telle et telle raison, mais ce qui ne joue pas en ta faveur à mon avis, c'est que tu l'ériges en auteur génial et incontournable parce qu'il traite des sujets que ta défiance pour la SF t'a empêché de retrouver dans les livres. Seulement fais attention, Raymond, parmi les gens qui te lisent sur ce blog, il y a quand même des gens qui en lisent, de la SF (je pense à Ricky, qui en a lu beaucoup plus que moi d'ailleurs, mais j'imagine qu'il n'est pas le seul), et donc qui se rendent compte des énormités que tu écris.

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Tiens, Jean-Jacques, j'ai cité Balzac et Zola sans avoir lu ton commentaire...
Tu cites l'expression "professeur de désespoir", c'est le titre que Nancy Huston a donné à son essai parul'année dernière sur le sujet. Trop bavard et trop approximatif parfois, ce livre, mais j'avais trouvé intéressant de s'intéresser à ce sujet.

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Il se trouve que j'ai lu quelques livres du XX ème siècle, j'ai été aussi sociologue dans une vie antérieure, et en gros depuis une trentaine d'années, la partie la plus importante de mes loisirs tourne autour de la lecture et de l'envie de comprendre le monde ; si je lis peu d'auteurs contemporains, c'est qu'en général il ne m'apportent pas grand chose, pour être plus clair j'ai souvent l'impression que Rimbaud, Pascal ou Tchouang-Tseu m'aident mieux à comprendre le monde d'aujourd'hui que... Mais c'est un autre débat sans doute. Je t'accorde volontiers que nombre d'auteurs de SF ont abordé la question du clonage et autres, mais ce n'est pas ça la qualité principale de WB, c'est sa façon de parler du monde d'aujourd'hui, notamment de la question sexuelle, et comment elle est utilisée, et il arrive à en parler avec détachement (et c'est CA qui dérange) puisqu'aujourd'hui le sexe est au centre des enjeux de pouvoir, et voilà lui il n'est pas dupe et il explique pourquoi et c'est argumenté, alors s'il te plaît laisse Frankenstein, ça n'a RIEN à voir

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

On est bien partis pour faire une partie de tennis à 4, toi et Eric anti MH, et Raymond et moi pro MH ! La SF est un faux problème car "La possibilité d'une île" n'utilise la SF que comme élément structurant, pour intercaler les récits avec va et vient dans le temps. Cela ne sert qu'à mettre en perspective le récit de Daniel1, qui est notre contemporain, "observateur acéré de la réalité contemporaine".

Écrit par : Nuel | vendredi, 02 septembre 2005

Hé, hé. On s'entraîne pour Roland (l'autre) ?
Je trouve pas que la SF soit un faux problème, puisque le fait de ne pas en avoir lu prive Raymond d'un jugement nuancé. D'ailleurs, je crois savoir que tu n'es pas toi non plus un amateur de SF.
Remarquez, si WB vous permet de vous intéresser à la SF, alors je dis bravo à WB ! (profitez, je le dirai pas souvent...)

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

J'en ai lu (Bradbury : pas mal; Ballard un peu, des nouvelles dans les anthologies, si il y a un thème qui me passionne c'est celui du Voyage dans le temps, là en général je dévore, tu connais Poul Anderson ; la patrouille du temps ? j'adore) et puis il y a Borges, mais c'est peut-être pas un auteur de SF mais j'aimerais être réincarné en lui (à l'occasion) ; bon en attendant je voudrais pas mourir idiot, qu'est-ce que vous (?) me conseillez, vous les savants fous, dans tous ces chefs d'oeuvre qui m'ont échappé, que j'améliore mon sens des nuances quand même il serait temps !!!

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

Je t'accorde Raymond que Frankenstein ne parle pas encore du clônage proprement dit, mais ça n'a pas RIEN à voir.
Pour ce qui est de la lecture, j'en ai une approche différente. Je n'attends pas qu'elle m'aide à comprendre le monde, au contraire. Ce que j'attends d'un livre, c'est qu'après l'avoir lu, je me pose encore plus de questions qu'avant. J'attends qu'il me rende le monde encore plus complexe. C'est pourquoi tous ces aphorismes, toutes ces citations pêchées à droite ou à gauche, souvent tirés de leur contexte d'ailleurs, et que beaucoup de monde cite à longueur de temps, à propos de l'Homme, du Bonheur, de la Vie, de la Société, de telle ou telle Epoque... hou la, moi je m'en méfie (je dis bien méfie, parce que ça a à voir avec une certaines volonté de connaître et de maîtriser la Vérité, de contrôler le monde, et on sait bien à quoi ça peut conduire).
J'attends que la littérature me dise des choses entre les lignes, pas noir sur blanc (tout le contraire des aphorismes existentiels donc), j'attends qu'elle me dise des chose dans une langue qu'on ne peut pas tout à fait résumer, ni reproduire autrement, et à la limite, sans parler de littérature hermétique, je veux lire des choses qu'on n'est pas sûr de comprendre tout à fait (pour pouvoir se poser encore et toujours des questions, justement).

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Aaaargh ! La limite du forum (surtout pour les gens bavards) c'est qu'on se parle en décalé. Quand est-ce qu'on se voit en direct autour d'une chope (ou d'un lait grenadine si vous n'aimez pas l'alcool) ?
Je voulais justement te conseiller Chroniques martiennes, de Bradbury, très poétique, plein d'une nostalgie que j'apprécie, mais je vois que tu as déjà lu. Le voyage dans e temps j'adore aussi, c'est là encore un prétexte pour parler de pas mal de choses humaines. Dans les grands classiques, il y a La machine à remonter le temps, de Wells (je l'ai lu il y a longtemps donc je ne m'en rappelle plus bien).
Sur le thème du clonage et des média, il y a "Le crépuscule des clones", de Gilles Cheval, paru au Seuil en 2002. L'histoire est racontée par des coupures de presse qui s'étalent à peu près sur tout le 21ème siècle, et on a droit à tous les styles de journaux, avec diffféretns angles d'approche. Un procédé narratif qui a des limites, je dirais pas que ça m'a tenu en haleine tout le long, mais ça reste intéressant.
Heu, sinon je te dirai des titres, au coup par coup, là j'ai pas le temps ni les idées claires. Et puis, surtout, demande à Ricky ; il en a lu plus que moi.
Si je peux me permettre de te conseiller une revue au sommaire de laquelle je figure cette année, c'est Fiction (le numéro du printemps 2005, le prochain étant annoncé pour l'automne). C'est à mon avis une revue qui publie de la SF exigeante (je parle pas de mon texte évidemment).

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Il me semblait que comprendre c'est justement se poser des questions supplémentaires, et que la pensée justement est intéressante quand elle ne s'arrête pas... Quand aux aphorismes et autres phrases, ce sont souvent des condensés de pensée qui permettent au mieux un "satori" (technique utilisée par les boudhistes zen), ou en tout cas une ouverture, une façon de penser différemment, de voir un aspect nouveau de la réalité ; c'est vrai qu'ils sont parfois réducteurs, mais ils peuvent aussi donner envie d'aller plus loin chez l'auteur en question (en ça je trouve qu'ils sont assez adaptés à internet qui n'est pas fait pour une longue lecture, c'est pourquoi j'ai tendance à les utiliser ici), et puis quelques uns de mes auteurs favoris (Nietzsche, La Rochefoucauld) ont à mon avis porté l'aphorisme au rang des beaux-arts !

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

Moi j'aime bien ceux de Nuel (à voir sur son blog notamment).

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

merci, nuel vous le rendra.

Écrit par : Nuel | vendredi, 02 septembre 2005

Oui, en voilà un pas mal : "A en juger par moi-même, je puis affirmer que l'homme n'est pas bon". La suite ici : http://jj.nuel.free.fr/textes_aphorismes.html

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

Ricky n'est pas mauvais du tout, lui non plus, dans le texte court. D'ailleurs, tous deux ont été publiés dans Salmigondis (c'est même comme ça que je les ai connus). Et euh, Raymond aussi, ma foi. P. A. G. aussi. JJM aussi. Calou aussi a été publiée (mais elle je la connaissais avant).
Hé, Ray, c'est un peu l'amicale salmigondiste ton blog.

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Et future amicale houllebecquienne !

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

Très très intéressant tout ça mais pas le temps ce soir de venir seconder Roland pour le double des gars rosses.

Je reviens demain, promis !

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | vendredi, 02 septembre 2005

Ah, une série BD de SF qui vaut le détour (et, Raymond, ne me dis pas que la BD c'est juste Pif ! Paf ! Pouf ! Grr ! Bing ! , hein ? C'en était déjà assez avec tes petits hommes verts pour la SF...), oui, une série qui vaut le détour, donc, c'est "Le vagabond des limbes", de Godard/Ribera. Comme la plupart des séries trop longues, les derniers tomes ne sont pas tous aussi inspirés que les premiers, mais disons que durant une bonne douzaine d'albums, voir quinze, ça tient la route. Les univers traversés par les deux personnages principaux (qui se chamaillent tout le temps) ne sont pas dépourvus de fantaisie, d'inventivité et surtout d'humour plus ou moins grinçant, et surtout ils rappellent le nôtre en le critiquant abondamment (le thème qui revient le plus, grand classique, est celui des sociétés manipulées, par l'argent, le sexe, la religion, etc..., manipulation plus ou moins sournoise, on en parlait l'autre jour), et surtout, les personnages sont bien campés et leurs chamailleries, leur langage, réservent des morceaux d'anthologie.

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Ca fait quelques temps que je veux lire une voire plusieurs oeuvres de lui, et j'en ai de plus en plus envie lorsque je lis ta note.
D'ailleurs, c'est marrant, ce qui semble déranger dans ses écrits et lui être reproché, d'après ce que tu dis, me séduit plutôt...

Écrit par : Mab | vendredi, 02 septembre 2005

Je crois que c'est sa principale qualité : le détachement, et c'est ce que la société n'aime pas, ne supporte pas, on peut aussi appeler ça : le style (et pour notre ami Roland) la formule, définitive, où presque tout est dit en quelques mots, c'est de Flaubert : "je crois à la haine inconsciente du style"

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

Je reviens sur Frankenstein, histoire qu'on se comprenne bien. C'est quand même LE roman qui par excellence, dans l'histoire de la littérature, s'est intéressé aux effets du progrès scientifique, notamment sur la reproduction des humains. D'autres se sont intéressés à la science, bien sûr, de très nombreux romans, mais c'est lui que l'on cite traditionnellement quand on parle du sujet, peut-être parce qu'il est le plus connu et a influencé beaucoup de monde (certains le considèrent comme le premier roman de SF, mais c'est qu'ils n'ont pas lu Voltaire ni cet auteur latin (je sais plus comment il s'appelait, Lucilius, peut-être ?) qui imaginait déjà des voyages sur la lune et une rencontre avec... les Sélénites (les petits hommes verts c'est sur Mars traditionnellement).
A une époque où le progrès scientifique était en marche accélérée, certains se posaient quand même des questions d'éthique. Mary Shelley, en adaptant le Faust de Goethe, lui même adapté d'un roman populaire du 15ème siècle, lui même adapté de la légende grecque de Prométhée, a posé des questions très fortes pour son époque sur la reproduction mécanique et "artificielle" des êtres humains. Sur le pouvoir de donner la vie, et la responsabilité que cela implique. Goethe avait raconté ça selon un angle plutôt spirituel (alchimie, religion, raison), elle a choisi un angle scientifique. Poser des questions sur le progrès scientifique, sur la reproduction mécanique de l'être vivant, et sur son époque... c'est ce qu'a fait Mary Shelley dans "Frankenstein, le Prométhée moderne", ça n'a pas RIEN à voir avec notre discussion me semble-t-il.
A son époque, ceux qui sirotaient tranquillement leur bière sans voir passer le génie (comme disait à peu près ton pote Kirkegaard l'autre jour), c'était ceux qui s'extasiaient devant le progrès scientifique, et pensaient que la SF (on ne l'appelait pas encore ainsi) était de la mauvaise littérature.

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

Non je n'ai rien contre tout ça, je disais que ça n'avait rien à voir avec WB, dans la mesure - et JJN te l'a confirmé, mais bien sûr il faut avoir lu les livres pour comprendre - où l'originalité de WB est qu'il place la question sexuelle au centre de son analyse de la société d'aujourd'hui, et qu'il dissèque la façon dont elle est utilisée, la question du clonage n'est qu'un artefact dramatique, qu'il intègre d'ailleurs très bien à sa construction romanesque, et qu'il a en outre travaillée, car c'est manifestement quelqu'un qui bosse, qui lit, qui se documente sur les sujets qu'il traite, la nonchalence affichée est bien sûr totalement fausse, et jouée...

Écrit par : Ray | vendredi, 02 septembre 2005

Oui, bien sûr la thématique est différente et la comparaison entre Mary Shhelley et Bec s'arrête à un certain moment ; c'est la préoccupation de l'auteur qui est en partie semblable. Il y a deux discussions, en fait : celle sur la SF, cette malheureuse SF qui cherche ses lettres de noblesse, et là on est à peu près au clair sur pas mal de choses (à moins qu'Eric, demain...), et puis il y a la discussion sur Bec.
C'est vrai que je n'ai pas tout lu jusqu'au bout, de lui. J'ai lu pas mal d'extraits de plusieurs de ses livres : tout d'abord, avant que Les particules élémentaires ne paraissent sous forme de roman, j'en avais lu des extraits dans différentes revues (La Revue Perpendiculaire, L'infini...). Je n'avais pas accroché du tout, c'était trop mal écrit et trop tendance. Donc, quand le roman est paru, parmi des centaines d'autres livres comme n'importe quel roman, j'ai préféré en lire d'autres. J'ai retenté, à plusieurs reprises, de lire du Houellebecq. Chez un copain j'ai lu des textes brefs parus en Librio (je sais plus comment ça s'appelle) : même constat, ça volait au ras des paquerettes, ça se voulait donneur de leçons et c'était écrit à la truelle. Pour Plateforme, j'avoue que j'ai zappé, du coup. La semaine dernière, j'ai lu les bonnes feuilles parues sur le site du Nouvel Obs, vers lesquelles tu nous aiguillais, Ray. Même constat : c'est vraiment mal écrit et ça n'apporte rien de neuf. Evidemment, tout ça c'est relatif, ça dépend de ce qu'on a lu avant, de ce qu'on a vécu, pensé, entendu... Peut-être que si je lisais ses romans en entier, d'une seule traite, une magie venue de Dieu sait où opérerait et me conduirait à trouver brusquement ça génial. Honnêtement, je doute. Si l'écriture et le propos de Bec devaient m'interpeller ils l'auraient déjà fait (mis bout à bout j'en ai quand même lu pas mal). Je préfère consacrer du temps et de l'énergie à lire des auteurs qui su me donner envie de les lire, et à découvrir de nouveaux auteurs (que j'aurai, ou non, envie de lire sur la distance).
Et, pour ceux qui arriveraient sur ce blog sans avoir tout suivi : j'aimerais que Bec me dérange (il parait que c'est l'une de ses grandes qualités). Ce n'est malheureusement (pour lui) pas le cas.

Écrit par : Roland Fuentès | vendredi, 02 septembre 2005

"Je crois que c'est sa principale qualité : le détachement"

Viakal, Biokal. Krevekal, Chirakal, on détache tout ! Comme c'est beau, le tacheless !

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | vendredi, 02 septembre 2005

Il faut croire que nous n'avons pas lu le même auteur, Roland. Moi au contraire je suis éblouie par l'écriture de Houellebecq (uniquement "La possibilité d'une île", je n'ai rien lu d'autre encore). Et ce roman que j'ai terminé la nuit dernière m'a filé une insomnie monstrueuse car je ne pouvais m'empêcher de me poser mille questions, mais surtout de me demander pourquoi j'étais si boulversée par ce bouquin. Je suis tout à fait d'accord avec Raimond quant au fait qu'il dépoussière complètement la littérature actuelle. Je suis libraire et j'ai l'habitude de passer facilement d'un livre à un autre, de m'enchanter pour quelques uns, de m'ennuyer avec la plupart. Mais là, impossible d'en ouvrir un autre comme si j'avais besoin de digérer. Au fond, c'est peut-être ça un grand écrivain : que chaque lecteur se l'approprie et le lise à sa manière.

Écrit par : Cécile | samedi, 03 septembre 2005

Va voir Ray sur le blog de Cécile (Ceciliat), ça va te plaire...

Écrit par : Calou | samedi, 03 septembre 2005

Lu deux nouveaux extraits de Houellebecq sur ton site, Cécile. Deux occasions supplémentaires de constater que son écriture, vraiment, ne m'apporte rien.
Ton site, par contre, me plait bien (j'étais déjà allé y faire un tour, sur les conseils de Calou, si je me souviens bien).

Écrit par : Roland Fuentès | samedi, 03 septembre 2005

Oui c'est vrai Cécile, je crois que c'est quelqu'un qui travaille vraiment en profondeur, et je pense que celui-ci est son livre le plus abouti ; depuis pas mal d'années (pas mal damnées) beaucoup d'écrivains français qui avaient nourri quelques espoirs sont vite retombés dans la répétition, la facilité, on verra avec lui, pour l'instant la courbe est plutôt bonne...

Écrit par : Ray | samedi, 03 septembre 2005

Je n'ai toujours pas compris le succès de Houellebecq... Quand je vois des gens dans le métro en "train" de le lire, j'ai l'impression qu'il s'agit pour eux de faire comme tout le monde : Apprécier Houellebecq parce qu'on leur a dit que c'était bien ! Lorsque je pose la question à ceux - Sincères - qui ont "terminé" un de ses 2 derniers bouquins, je ne récolte que des : ... Bof , Ou des : " Tout ça pour ça " !... Je tempérerais mon propos en disant que cet ancien "Informaticien Dépressif" a su trouver "une niche" encore assez peut éculée (à condition d'être malin et intuitif ) : Transcrire sous forme de romans faciles à lire, la synthèse judicieuse des préoccupations et des doutes de ce monde, à un moment "M" !

Qui dit synthèse, dit synthétique... qui dit synthétique, dit Houellebecq, qui dit Houellebecq, dit piètre synthétiseur des "humeurs" médiatiques et cynique sur fond de fric dans une société schizophrène bourrer de calmants, de viagra et d'anti-dépresseurs... Voilà ce qu'il nous "apprend", comme si on était trop Con pour s'en rendre compte, en plus on nous l'écrit noir sur blanc et il faudrait qu'on trouve ça génial ! Décidément, on nous prend vraiment pour des CONS !
Soyons sérieux et n'oubliont pas que "Houellebecq" n'est que le "Dan Brown" du beauf qui croit qu'il n'en est pas un ! Bas les masques...

Écrit par : Thierry Le BLOG | jeudi, 08 septembre 2005

Comme on le sait depuis Michel Audiard (à la mémoire de qui je verse une larme de joie tous les matins) : "les CONS ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît !"

Écrit par : Ray | vendredi, 09 septembre 2005

Il y a aussi celle de Jean Gabin, qui répondait : "Quand on mettra les CONS sur orbite, t'as pas fini de tourner"...
Non, Pour revenir à Houellebecq... même si je n'apprécie pas ce qu'il écrit, j'aime le personnage et ce que les médias en font !

Écrit par : Thierry Le BLOG | lundi, 12 septembre 2005

Je suis bien d'accord avec vous, et c'est une leçon que je ne cesse de méditer jour après jour : il faut que les cons vivent !

Écrit par : Ray | lundi, 12 septembre 2005

En parlant de cons, je suis dans la lecture des "Festins secrets" de Pierre Jourde et je m'éclate!
Mais il joue avec le feu ce type. Il va encore se faire taper dessus, pas par les paysans mais par les profs cette fois-ci! Car s'attaquer au système de l'Education Nationale avec autant de brio (écriture sublime), de vista, de cynisme et d'ironie sarcastique, ça ne va certainement pas plaire...

Écrit par : Calou | lundi, 12 septembre 2005

A-t-il une expérience de professeur, Pierre Jourde ?

Calou, on ne dit pas "prof". Je suis professeur et souvent fier de l'être [même si je donne l'impression que mon métier me gonfle (j'en peux rien si j'aime tant la littérature)]. Quand je parle d'une infirmière, je ne dis pas une "infirm". Quand je parle d'un député, je ne dis pas un "déput"... Dans ce dernier cas, je devrais.

En Gelbique, personne ne se gêne pour taper sur les profs, même pas les élèves parfois. C'est tellement facile vu de l'extérieur de critiquer. Je viens de commencer ma 27ème année dos au tableau (de plus en plus) noir. Je pense savoir de quoi je parle. N'oublions pas qu'un professeur ne fait PAS DU TOUT ce qu'il veut. Il n'enseigne ni ce qu'il veut dans sa branche (on lui IMPOSE la matière à enseigner, quel que soit le NIVEAU INTELLECTUEL de ses élèves) ni comme il veut (on lui IMPOSE LA MANIERE de le faire). On l'oublie peut-être trop facilement.

Comme dans tous les métiers, il y a de mauvais "élèves" parmi les professeurs mais certainement pas plus qu'ailleurs. Probablement moins. Mais c'est ma chapelle.

Quant à un Depardieu dans "Le plus beau métier du monde" et un Gérard Klein dans "L'intit-tuteur", ni mon épouse qui est institutrice ni moi n'avons jamais eu la chance de croiser de tels phénomènes pédagogiques.

Je ne sais pas comment ça va en France mais ici, c'est la pénurie totale dans le métier au niveau enseignement secondaire : les écoles engagent des ingénieurs pour donner des cours de math, des chimistes pour donner des cours de sciences, des traducteurs pour donner des cours de langues modernes, des "science po" pour donner des cours de comptabilité. Ce n'est pas de la blague, c'est dans mon bahut et dans beaucoup d'autres.

"Quand la critique est Thésée, l'art ne tien qu'à un fil !" Encore de l'auto pub : c'est dans mon recueil d'aphos à paraître très bientôt.

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | lundi, 12 septembre 2005

Ce livre est donc pour toi Ricky car oui Jourde est professeur depuis plus de vingt ans et s'inspire de son expérience. Il a d'abord enseigner en collège puis en lycée et il est aujourd'hui en faculté. Il sait de quoi il parle! Quand on a un peu évoluer dans le milieu (hélas, une année d'égarement pour moi amplement suffisante) ou quand on y est et qu'on n'a pas trop d'oeillères, son histoire est hallucinante de vérités. C'est le système qu'il critique et forcément certains types de professeurs qui s'y complaisent en pleine pour leur grade.

Écrit par : Calou | lundi, 12 septembre 2005

Et quand le Titien aboie, le Caravage passe !

Écrit par : Ray | lundi, 12 septembre 2005

C'est un véritage carnage ce bouquin, en effet Titien, mais qu'est-ce qu'il fait du bien!

Écrit par : Calou | lundi, 12 septembre 2005

Il faut que je rectifie pour que tu ne te méprennes pas Ricky. C'est le système qui est touché pas les profs, la lourdeur du mamouth, et les gens qui gravitent autour et dedans, les électrons puissants ou impuissants. Les élèves n'ont pas la part belle non plus, mais l'analyse des comportements et phénomènes est très juste. C'est un livre sarcastique, cynique, sans illusions, très bien écrit, situé dans une petite ville paumée fantomatique. Je retrouve aussi comme dans "Pays perdu" du Gracq chez Jourde.

Écrit par : Calou | lundi, 12 septembre 2005

Tu peux poster les références du livre ? Je parie que oui !

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | lundi, 12 septembre 2005

Les chiens aboient,
Rick Hunter boit.

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | lundi, 12 septembre 2005

Festins secrets
Pierre Jourde
Éditeur : L' Esprit Des Peninsules (8 août 2005)
Format : Broché - 510 pages
ISBN : 2846360839

Écrit par : Calou | lundi, 12 septembre 2005

Merci, Calou. Bien recopié. J'espère qu'on peut le commander de Gelbique. Pas du tout évident pour les petits éditeurs français.

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | lundi, 12 septembre 2005

Tu passes par mon site, en bas de la page d'accueil et tu passes ta commande sur un des trois sites, et tu le recevras (et moi je toucherais 5% du montant total hors taxe)

Écrit par : Calou | lundi, 12 septembre 2005

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