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vendredi, 11 octobre 2024

Humour de Franz Kafka

KafkaPoséidon était assis à son bureau et comptait. L’administration de tous les océans représentait une somme de travail infinie. Il aurait pu avoir autant d’assistants qu’il aurait voulus, et il en avait beaucoup, mais comme il prenait sa charge très au sérieux, il recomptait tout lui-même, et ainsi les assistants ne lui étaient pas d’un grand secours. On ne peut pas dire que son travail le réjouissait, et il ne l’accomplissait à vrai dire que parce qu’il lui était imposé. Il avait déjà postulé souvent à des emplois plus joyeux (c’est ainsi qu’il s’exprimait), mais à chaque fois qu’on lui faisait différentes offres, il s’avérait que rien ne lui convenait mieux que son poste actuel. Il était aussi très difficile de trouver quelque chose d’autre pour lui. Il n’était bien sûr pas possible de l’affecter à une mer déterminée, car, sans parler du fait qu’ici aussi le travail comptable n’était pas moindre, mais seulement plus vétilleux, le grand Poséidon ne pouvait avoir qu’un poste de responsabilité. Et si on lui proposait un poste hors de l’eau, il se sentait mal rien qu’à se l’imaginer, son souffle divin s’accélérait, son buste d’airain vacillait. D’ailleurs on ne prenait pas ses plaintes vraiment au sérieux ; quand un puissant ne cesse de se lamenter, il faut essayer de faire semblant de lui céder, même dans les situations sans issue ; personne ne songeait vraiment à le suspendre de sa charge, car il avait été destiné depuis le début des temps à être le dieu des océans et devait le rester. Ce qui l’énervait le plus – et provoquait son insatisfaction à son poste –, c’était d’entendre parler des images qu’on se faisait de lui, comme celle par exemple où il conduisait sans cesse son char à travers les flots tenant son trident. Pendant ce temps-là, il restait assis au fond de l’océan et n’arrêtait pas de compter, cette activité monotone étant uniquement interrompue de temps à autre par un voyage à Jupiter, voyage dont il revenait d’ailleurs furieux la plupart du temps. Ainsi il avait à peine vu les océans, juste de manière fugitive lorsqu’il montait en se dépêchant à l’Olympe, et il ne les avait jamais réellement traversés. Il avait coutume de dire qu’il attendait pour cela la fin du monde, alors il y aurait bien un moment de calme où il pourrait encore, juste avant que tout s’achève et après avoir contrôlé son dernier compte, faire rapidement un petit tour.
"Poséidon" dans "La Muraille de Chine", Folio

20:06 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

lundi, 07 octobre 2024

Justesse de Sartre sur Kafka

Kafka, Jean-Paul Sartre"Son univers est à la fois fantastique et rigoureusement vrai."

samedi, 17 février 2024

La splendeur de la vie

Kafka"Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile, ni malveillante, ni sourde ; - qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C'est là l'essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque."

Franz Kafka, Journal. 18 octobre 1921

19:09 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

mercredi, 30 novembre 2022

Toute littérature est assaut contre la frontière. Frantz Kafka

Kafka

15:41 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

samedi, 14 novembre 2020

Journal de Kafka

Kafka"Quand je dis quelque chose, cette chose perd immédiatement et définitivement son importance, quand je la note, elle la perd aussi, mais en gagne parfois une autre." 3 juillet 1913

« Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile, ni malveillante, ni sourde, qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque. » 18 octobre 1921

09:31 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

samedi, 07 novembre 2015

Invocation

Erik Gross.jpg"Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile, ni malveillante, ni sourde, qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque."
F. Kafka
Photo de Erik Gross

09:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

mercredi, 08 avril 2015

Kafka à Milena

Kafka, Annie Caizergues"Je t'aime comme la mer aime le gravier de ses profondeurs"

Peinture de Annie Caizergues parue dans la revue L'instant du monde

dimanche, 23 décembre 2012

Jusqu'au plus profond de l'obscurité

kafka.jpg« J'écris autrement que je

ne parle, je parle

autrement que je ne

pense, je pense

autrement

que je ne devrais penser,

et ainsi jusqu'au plus

profond de l'obscurité. »

Kafka

05:55 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kafka

mercredi, 22 juillet 2009

Eux...

Eux, ils sont tous. Moi, je suis seul.

Kafka

13:18 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : kafka, solitude

samedi, 17 janvier 2009

Temps éternel de l'enfance

CHINE NUIT A NANTONG (10).JPG"Temps éternel de l'enfance. A nouveau un appel de la vie. Il est parfaitement concevable que la magnificence de la vie soit répandue autour de chacun, et cela toujours dans sa plénitude, mais voilée, dans la profondeur, invisible, fort loin. Elle se trouve là-bas, pas hostile, pas réfractaire ni sourde. Si on l'invoque par le mot juste, par son nom véritable, alors elle vient. C'est là le caractère de la magie qui ne crée pas mais qui invoque."

Kafka, Journal, 18 octobre 1921

Photo de Gildas Pasquet, Chine 2008, Nantong

mardi, 23 décembre 2008

Comme un homme nu au milieu de gens habillés

kafka.jpg« Nous sommes tous en apparence capables de vivre parce que nous avons eu un jour ou l’autre recours au mensonge, à l’aveuglement, à l’enthousiasme, à l’optimisme, à une conviction ou à une autre, au pessimisme ou à quoi que ce soit. Mais lui est incapable de mentir, tout comme il est incapable de s’enivrer. Il est sans le moindre refuge, sans asile. C’est pourquoi il est exposé, là où nous sommes protégés. Il est comme un homme nu au milieu de gens habillés."

Milena, lettre à Max Brod

mardi, 02 septembre 2008

La littérature

La littérature : un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous

Kafka

mardi, 25 juillet 2006

Journal

Journal de Kafka à la page du 2 août 1914 :"L'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Après-midi : piscine".