vendredi, 16 février 2007
Censure, suite : pétition
http://www.actusf.com/
ou directement par courriel "Pétition Mango" auprès de Jean-Marc Ligny qui fédère :
jmligny@wanadoo.fr ou cafard2006@freesurf.fr
en précisant votre nom, qualité (auteur ou autre), ville de résidence.
Voilà l'édito créé en tandem avec un autre site (qui relaie aussi la pétition) et qui rappelle les faits :
Vous le savez sans doute - ou pas -, les éditions Mango ont refusé de publier dans leur collection "Autres Mondes", Les Orphelins de Naja, le dernier roman de Nathalie Le Gendre. Un roman pourtant inscrit au programme des sorties 2007, mais qui met en scène des pratiques pédophiles au sein d'une église du futur. Un sujet à l'évidence trop sensible pour le responsable éditorial de Fleurus et Mango Jeunesse, puisqu'il a annoncé à Denis Guiot, le directeur d'"Autres Mondes", que Les Orphelins de Naja ne sortirait pas. Motif : "Il ne veut pas d'emmerdes avec les actionnaires".
Les actionnaires en question c'est la holding de contrôle franco- belge Médias-Participations, et qui essaime discrètement dans des secteurs aussi divers que la bande dessinée (Dargaud, Le Lombard et
Dupuis), la presse (Rustica, Votre maison Votre jardin, Cuisine et terroirs), l'animation (Ellipse animation) et la télévision (Télé Melody et KTO). La fondation de ce groupe en 1985, s'est largement appuyée sur le succès du magazine Familles Chrétiennes. À sa tête alors, Rémy Montagne, avocat d'affaires, conservateur et catholique militant. Un militantisme qui va largement infuser au sein des différentes sociétés du groupe.
En dépit du décès de son fondateur en 1991, le Médias-Participations est resté sur sa ligne éditoriale originelle, et c'est elle, aujourd'hui, qui conduit à ce pénible épisode autour du roman de Nathalie Le Gendre.
On peut certes parler de censure ou de pratiques moyen-âgeuses, mais à notre sens, c'est à la fois bien pire, et en même temps dramatiquement contemporain. Car nous avons ici affaire à une pratique d'autocensure sournoise, motivée uniquement par une mesquine pétoche de technocrate. Bien moins grandiloquente que la peur du scandale, c'est la trouille de se faire taper sur les doigts qui motive la décision de la direction éditoriale de Mango. Il sont les sujet banals de la peur qu'insuffle le pouvoir de
l'argent. Stress du cadre sup' qui sent grincer la goupille de son siège éjectable. Au final c'est presque la peur de la peur qui les anime. Ils veulent être tranquilles. Auquel cas, ils n'ont sans doute pas choisi le bon secteur d'activité.
"Je ne veux pas d'emmerdes avec les actionnaires.", le nouveau mantra des grands prêtres de la concentration économique qui ne sortent plus sans leur parapluie. Il résonne dans les couloirs moquettés des grands groupes industriels, et se banalise un peu plus chaque jour. Surtout pas de vagues, surtout pas de vagues !. Et c'est précisément parce qu'il nous semblait important d'en faire - des vagues -, que d'un commun accord, ActuSF et le Cafard Cosmique ont décidé de relayer ensemble cette lettre ouverte adressée à Mango, à l'initiative de Jean-Marc Ligny. Parce que c'était une occasion de rappeler qu'on n'écrit pas des livres avec un tableur, qu'une ligne comptable n'a jamais fait rêver - en tout cas pas nous - et qu'on ne dirige pas une maison d'édition avec seulement une calculette et des formules statistiques. Cette autocensure minable, uniquement conditionnée au politiquement correct, apanage des lâches et des thuriféraires d'un pouvoir diffus d'actionnaires fantômes est un cancer qui appelle toute notre vigilance et dont il nous faut d'urgence inoculer le vaccin, sous peine de se retrouver un jour vide de toute intelligence.ActuSF / Le Cafard Cosmique
Photo : Gildas Pasquet
13:25 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pétition, censure, éditions Mango, Denis Guiot