lundi, 22 février 2010
L'amour en voiture
Et sur le port, au milieu des camions et des barriques, et dans les rues, au coin des bornes, les bourgeois ouvraient de grands yeux ébahis devant cette chose si extraordinaire en province, une voiture à stores tendus, et qui apparaissait ainsi continuellement, plus close qu'un tombeau et ballottée comme un navire.
Une fois, au milieu du jour, en pleine campagne, au moment où le soleil dardait le plus fort contre les vieilles lanternes argentées, une main nue passa sous les petits rideaux de toile jaune et jeta des déchirures de papier, qui se dispersèrent au vent et s'abattirent plus loin comme des papillons blancs, sur un champ de trèfles rouges tout en fleur.
Puis, vers six heures, la voiture s'arrêta dans une ruelle du quartier Beauvoisine, et une femme en descendit qui marchait le voile baissé, sans détourner la tête.
Flaubert, Madame Bovary
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : madame bovary, gustave flaubert
Commentaires
La photo est très belle mais la dame est loin d'y être voilée. J'ai relu Madame Bovary il y a un an ou deux. Je ne me souvenais plus qu'il y avait déjà des "camions" du temps de Flaubert. Bon, d'accord, mon com n'est guère romantique. :-)
Écrit par : Marie | lundi, 22 février 2010
Ce texte l'est lui ....romantique. C'est un délice. Merci Raymond.
Écrit par : Hélène O | jeudi, 25 février 2010
J'ai un petit autel chez moi, à Flaubert !
Écrit par : Ray | jeudi, 25 février 2010
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