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samedi, 21 juin 2008

Notre dernière reconnaissance envers l'art

wurm2.jpgSi nous n'avions pas approuvé les arts et inventé cette sorte de culte du non-vrai : la compréhension de l'universalité du non-vrai et du mensonge que nous procure maintenant la science - cette compréhension de l'illusion et de l'erreur comme conditions du monde intellectuel et sensible - ne serait absolument pas supportable. La probité aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Or, à notre probité, s'oppose une puissance contraire qui nous aide à échapper à de pareilles conséquences : l'art, en tant que consentement à l'illusion. Nous n'empêchons pas toujours notre regard d'arrondir et d'inventer une fin: alors ce n'est plus l'éternelle imperfection que nous portons sur le fleuve du devenir - alors nous nous imaginons porter une déesse, et ce service nous rend fiers et enfantins. En tant que phénomène esthétique, l'existence nous semble toujours supportable, et, au moyen de l'art, nous sont donnés l'œil et la main et avant tout la bonne conscience pour pouvoir créer, de par nous-mêmes, un pareil phénomène. Il faut de temps en temps nous reposer de nous-mêmes, en nous regardant de haut, avec le lointain de l'art, pour rire, pour pleurer sur nous; il faut que nous découvrions le héros et aussi le fou que cache notre passion de la connaissance; il faut, de-ci de-là, nous réjouir de notre folie pour pouvoir rester joyeux de notre sagesse. wurm3.jpgEt c'est précisément parce que nous sommes au fond des hommes lourds et sérieux, et plutôt encore des poids que des hommes, que rien ne nous fait autant de bien que la marotte : nous en avons besoin devant nous-mêmes - nous avons besoin de tout art pétulant, flottant, dansant, moqueur, enfantin et bienheureux pour ne pas perdre cette liberté qui nous place au-dessus des choses et que notre idéal exige de nous. Ce serait un recul pour nous de tomber tout à fait dans la morale, précisément avec notre probité irritable, et, à cause des exigences trop sévères qu'en cela nous avons pour nous-mêmes, de finir par devenir nous-mêmes des monstres et des épouvantails de vertu. Nous devons aussi pouvoir nous placer au-dessus de la morale : et non seulement nous y placer, avec la raideur inquiète de quelqu'un qui craint à chaque moment de glisser et de tomber, mais aussi pouvoir planer et jouer au-dessus d'elle! Comment pourrions-nous pour cela nous passer de l'art, nous passer des fous? - et tant que vous aurez encore honte de vous-mêmes, en quoi que ce soit, vous ne pourrez pas être des nôtres!

Nietzsche, Le Gai Savoir, livre 2

Photos : Erwin Wurm (à voir dans le cadre de "La Dégelée Rabelais" à Bagnols les bains en Lozère jusqu'au 28 septembre 2008)

Commentaires

évidemment si c'est Nietzsche qui le dit , et bien je me pose en faux contre cette pensée , tout bien pesé! , je pense au contraire que nous subissons la pesée de notre Temps , que ce que nous sommes semble échapper à la raison , et ... trouve une expression par le geste artistique entre autre , l'illusion n'est pas là ou on croit , elle est vérité de quelque façon ,
mais il est vrai que je ne suis pas philosophe ,
Nietzsche me semble parler en chantre du temps qui s'annonçait devant lui ...

Écrit par : lam | samedi, 21 juin 2008

Je ne vois pas de contradiction entre ce que tu dis et le texte de Nietzsche !

Écrit par : Ray | samedi, 21 juin 2008

je te l'ai dis je ne suis pas un philosophe ! il parle quand même que l'art en tant que consentement à l'illusion, c'est ce passage que je commentais , mais tout cela est complexe et contradictoire et faut il commenter? peut être pas ,
cela me semble procéder de notre époque parce que notre époque a une vision réductrice du réel , à mon avis ,
mais je ne suis pas philosophe et beaucoup de choses m'échappent !

Écrit par : lam | samedi, 21 juin 2008

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