mercredi, 08 mars 2006
Les voyages que je ne ferai jamais
J’aime surtout les voyages que je ne ferai jamais. Ils sont immenses, pleins. Désordonnés, chaotiques, nés de l’enfance, de mes rêves, de mes déceptions, je ne les connais même pas tous ! Mais je vis bien avec ! Parfois au milieu de la nuit, ou en pleine journée - au moment où je m’y attends le moins -, ils m’emmènent, on fait un bout de chemin ensemble. Je n’ai qu’à me laisser guider, et voyageur sans bagages, je pars loin, libre, léger, heureux.
09:30 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Avez-vous lu "Il se fait tard, de plus en plus tard" d'Antonio Tabucchi ?
Écrit par : Lydia | mercredi, 08 mars 2006
J'ai lu, il y a une quinzaine d'années environ, tout ce que Tabucchi avait écrit jusque là (traduit en français), ce titre ne me dit rien, est-il plus récent ?
Écrit par : Ray | mercredi, 08 mars 2006
Oui, 2002.
Votre fragment m'a fortement évoqué le début d'une des correspondances de ce roman :
Tu te souviens quand nous ne sommes pas allés à Samarkand (...) J'en garde un souvenir inoubliable, avec la netteté et le détail que seules les choses vraiment vécues dans l'imagination peuvent donner (...)
Écrit par : Lydia | mercredi, 08 mars 2006
Il me semble qu'on ne voyage que pour chercher des images, des rêves de l'enfance, et en général on est déçu parce que ça ne correspond jamais vraiment, heureusement parfois il y a des instants de grâce, la musique du hasard...
Écrit par : Ray | mercredi, 08 mars 2006
Il existe un "Petit traité de l'immensité du monde " de Sylvain Tesson (éd. Horizons) qui dit à un moment ceci qui me ravit:
« C’est pour contempler le monde, boire à sa coupe et m’en gorger que je le sillonne. « Voyageur, je rafle ce que je peux », dit Goethe. Le voyage est un rezzou lancé sur le monde extérieur par le voyageur, ce prédateur en chasse qui revient un jour chez lui, lourd de butins. Un voyageur digne de ce nom ne peut s’intéresser à lui-même et cherche hors de soi matière à l’émerveillement. Pourquoi partir si c’est pour faire le tour de soi ? La mosaïque du monde est riche de tant de carrés, comment perdre du temps sur son misérable tas de secrets intérieurs ? Il y a trop d’agitation le long du chemin, trop de nuances sur les visages, trop de grandeur drapée dans le pli des versants pour qu’on garde les yeux en dedans de soi. Celui qui choisit la route comme ligne de vie doit préférer regarder la lumière par la fenêtre plutôt que l’obscurité au fond de son puits. Je ne comprends pas les voyageurs qui usent du monde comme d’un divan, et infligent à la route l’insulte d’en faire la thérapeute de leurs névroses. »
Ceci dit, il ne dit pas LA vérité et rien n'empêche le voyage intérieur lorsqu'on est chez soi. Mais quand on part à l'aventure sur les chemins du monde, je rejoins cet homme-là.
Écrit par : la poulette | mercredi, 08 mars 2006
C'est tout simplement la même chose, partir à l'intérieur de soi ou à l'extérieur sur les routes du monde !
Écrit par : Ray | jeudi, 09 mars 2006
C'est tout simplement le contraire. Relisez... à l'intérieur de soi, on se nourrit de soi. Sur les chemins du monde, ce sont les autres qui vous nourrissent.
Écrit par : la poulette | jeudi, 09 mars 2006
Comme l'a écrit un des plus grands voyageurs de tous les temps, Fernando Pessoa : "Je n'évolue pas, je voyage..."
Écrit par : Ray | jeudi, 09 mars 2006
Ce débat avec "la poulette" me convainc d'une chose, qu'il ne faut pas penser les rapports entre soi et le monde, soi et les autres, l'intérieur et l'extérieur, en termes de "séparation" ; "dans le combat entre toi et le monde, seconde le monde ! " : ironisait déjà le percutant Kafka !
Écrit par : Ray | jeudi, 09 mars 2006
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