jeudi, 09 février 2006
Le caractère déchirant du destin
S'il dit son angoisse dans la solitude (époque bleue) puis son défi à l'angoisse et son évasion dans la poésie et l'aventure (époque rose), c'est sans quitter d'un pouce le réel. Nul horrible travailleur chez lui, nulle muse. Aucun geignement, aucune prière, aucune extase.
Mais le geste le plus simple : tenir la bride d'un cheval, embrasser une corneille, attendre en chemise les bras derrière le dos, lever une main en signe de salut, baissant l'autre qui tient un éventail fermé, tenir la main d'un enfant de sa main droite et de la gauche la courroie de son havresac sur l'épaule, poser la main sur la tête d'un chien qui l'appuie contre votre jambe, - et plus encore l'expression des regards - tout dit, sans la moindre pomposité, l'éternelle condition humaine, tout prend la valeur d'un rite fatal, la noblesse et le caractère déchirant du destin.
Francis Ponge, Nouveau Recueil
Gallimard 1967
21:04 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Comme quoi, la rage de l'expression tient en une paume... mais diable! Quelle paume!
Écrit par : S. | vendredi, 10 février 2006
Cézanne ne s'en est pas remis !
Écrit par : Ray | vendredi, 10 février 2006
De la pomme? T'es fort toi!
Écrit par : Bona | vendredi, 10 février 2006
Oui comme dans les Tontons flingueurs, y a de la pomme !
Écrit par : Ray | vendredi, 10 février 2006
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