mardi, 29 novembre 2005
Marseille est une ville selon mon cœur
« Marseille sentait l’œillet poivré, ce matin-là. Marseille est une ville selon mon cœur (…) Elle a l’air bon enfant et rigolarde. Elle est sale et mal foutue. Mais c’est néanmoins une des villes les plus mystérieuses du monde et des plus difficiles à déchiffrer. Je crois tout simplement que Marseille a eu de la chance, d’où son exubérance, sa magnifique vitalité, son désordre, sa désinvolture. ( …) Marseille, presque aussi ancienne que Rome, ne possède aucun monument. Tout est rentré sous terre, tout est secret. Et c’est là l’image de la chance de Marseille, de la chance tout court. (…) La chance cela ne s’enseigne pas. Mais c’est un fait. Une conjoncture. Voyez Marseille. On peut apprendre à jouer aux cartes. On peut même apprendre à tricher aux cartes. Mais la chance cela ne s’apprend pas. On l’a. Et celui qui l’a ne s’en vante pas. Il se tait. C’est son secret. Cet air de secret sur lequel on bute partout à Marseille… ».
Cendrars, L'homme foudroyé
21:30 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0)
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