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dimanche, 27 novembre 2005

Le génie de La Fontaine

Guillaume HAUDENT (14??-14??)
  (Recueil : Apologues d'Esope)

 D'un corbeau et d'un renard
  Comme un corbeau, plus noir que n'est la poix,
  Était au haut d'un arbre quelquefois
  Juché, tenant à son bec un fromage,
  Un faux renard vint quasi par hommage
  A lui donner le bonjour ; cela fait,
  Il est venu à l'extoller à fait

  En lui disant : " Ô triomphant corbeau,
  Sur tous oiseaux me sembles de corps beau
  Et pour autant les ceux qui noir te disent
  Très méchamment de ta couleur médisent
  Vu que tu es par très apparent signe
  De trop plus blanc que ne fut oncques cygne,
  Et que le paon en beauté tu excèdes,
  S'ainsi est donc que la voix tu possèdes
  Correspondant à ta beauté de corps,
  C'est assavoir, fondée en doux accords
  Pour bien chanter, entends pour vrai et croi
  Que des oiseaux es digne d'être roi ;
  A cette cause j'aurais bon appétit
  D'ouïr ta voix déployer un petit a,
  Quand pour certain quelque chose qu'on nie
  Ton chant me semble être plein d'harmonie. "

  Par tels propos adulatifs et feints
  Qu'a ce renard cauteleux et atteints,
  Le sot corbeau fut tant de gloire épris
  Qu'incontinent à chanter il s'est pris,
  Dont par sa gloire il encourut dommage
  Quand hors du bec lui en chut le fromage,
  Que ce renard tout exprès attendait
  Car autre chose avoir ne prétendait
  Vu qu'aussitôt qu'il en fut jouissant
  Il s'enfuit, voire en se gaudissant
  De ce corbeau, ainsi pris par son art
  Bien lui montrant qu'il était vrai conard.

Commentaires

Ah, cette version est très drôle ! Mais dans la réalité, les corbeaux sont aussi malins que les renards... Pauvre don Quichotte ! Ton parallèle entre ces deux couples me laissent songeuse, Ray. Un indice ?

Écrit par : Alina | dimanche, 27 novembre 2005

Le dessin est de Picasso (pique assiette ?)

Écrit par : Ray | dimanche, 27 novembre 2005

Comme le renard chez la cigogne ?
Moi c'est le soleil que j'aime dans ce dessin, sans lui il serait juste triste. Il n'est pas triste, il est sinistre. Si la chair n'est plus triste, elle est sinistre, nous saborde et nous sauve aussi, en allant au bout du voyage. Je dis n'importe quoi, c'est pour parler par énigmes, comme toi !

Écrit par : Alina | dimanche, 27 novembre 2005

Sancho pensa ! En un mot commençant, je m'amuse, fonctionne plus par analogies, par exemple j'étais dans Picasso quand J.J.M. m'a envoyé ce texte, ces histoires de couples mythiques me fascinent, cette façon de représenter la totalité par le complément, la correspondance, l'opposition de deux personnalités ! Et puis en ce moment le même J.J.M. m'a envoyé un de ses cours de philo sur la notion de temps chez Bergson qui me fascine et me passionne. Les émotions, les états de conscience sont dans le temps, hors le plus souvent on les représente dans l'espace, en les quantifiant notamment, hors selon Bergson ces états de l'âme se situent dans une autre dimension, celle du temps où justement passé présent et futur se confondent, la "spatialiser" est absurde, il me semble avoir lu Alina sur ton site, quelque chose d'analogue sur l'amour qui ne cesse pas...

Écrit par : Ray | dimanche, 27 novembre 2005

Hors de moi, le bec m'en tombe !

Écrit par : J.-J. M. | dimanche, 27 novembre 2005

Je comprends très bien ce que tu dis du temps, ça me semble même évident, mais je ne vois pas trop comment on peut "spatialiser" des émotions, ça veut dire quoi ?
Le temps ressemble à un paysage plus qu'à une ligne, alors une émotion peut se concentrer sur un buisson, mais c'est l'ensemble qui vibre, enfin me voilà "hors de moi" aussi, de quel autre espace peut-on parler ?
Je ne comprends pas bien ton histoire, Ray. Les sentiments, les états de conscience, l'amour ne cessent pas, d'accord, mais il ne sont pas fixes, non plus, et puis tout de même ils ont besoin d'objets !

Écrit par : Alina | dimanche, 27 novembre 2005

Si je peux… Précision : Bergson s'oppose à la quantification des émotions telle qu'elle à pu être tentée, par exemple, par la psychophysique de Fechner. Pour Bergson, bien sûr, les émotions sont qualitatives et ne sauraient être traduites en termes mathématiques qui "fixent" leur objet, elles seraient trahies sur un point essentiel, savoir qu'elle sont mouvantes et fluides. Bref, bonne soirée !

Écrit par : J.-J. M. | dimanche, 27 novembre 2005

Oui c'est ça ils ne sont pas fixes, oui ils ont besoin d'objets, (les objets sont dans l'espace et pas dans le temps), ils s'y accrochent même, c'est la fameuse mémoire involontaire dont parle Proust, où des sensations liées à des objets introduisent dans cette nouvelle dimension du temps... Le temps spatialisé c'est quand il est représenté sur une ligne avec une direction, alors qu'il est peut-être mouvant et fluide justement...

Écrit par : Ray | dimanche, 27 novembre 2005

(les objets sont dans l'espace et pas dans le temps)

hum ? Rectification votre honneur Ray :

les objets sont dans l'espace ET dans le temps

(remember votre "doudou" d'enfance par exemple )

Écrit par : hozan kebo | lundi, 28 novembre 2005

oui mais le temps est partout, ou plutôt son centre est partout et sa circonférence nulle part ! (sans doute pour ça que j'ai tant de mal à remettre la main sur mon doudou !!)

Écrit par : Ray | lundi, 28 novembre 2005

regardez au fond de la malle (la très grosse) (en vieux cuir)
avec une énorme étiquette "malle de l'oncle Jules"

il est DEDANS

(faites gaffe quand même : l'oncle Jules - vous vous en souvenez ? - était collectionneur de pièges à loups ( après quelques mois passés au Québec)

Écrit par : hozan kebo | lundi, 28 novembre 2005

En fait il s'appelait Guillaume et collectionnait les pièges à Lou

Écrit par : Ray | lundi, 28 novembre 2005

Les commentaires sont fermés.