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mercredi, 29 janvier 2014

Venise

Venise, Marcelin PleynetVenise ne sera jamais tout à fait une ville comme les autres et nous n’en partagerons jamais tout à fait le charme. Sans doute y apportons-nous toujours un peu plus que ce qui nous conduit dans une autre ville ; et cela même nous isole et nous divise. Cette passion singulière qu’exige Venise, n’est jamais assez vraie, n’est jamais assez grande, parce qu’elle est de la finalité d’un voyage ; ce voyage fût-il celui de la vie. Pour s’accorder à Venise il faudrait ne pas venir y chercher ce qui s’y trouve, et sans doute d’abord ne pas trouver ce que l’on y apporte. Venise ne nous propose pas une rencontre mais une séparation ; non pas « une arrivée », mais un départ. Le « charme » de Venise tient aussi pour nous à ce qu’installés dans nos certitudes, dans nos inquiétudes, dans nos passions, nous n’y arriverons jamais. Nous n’y arriverons jamais faute de savoir quitter l’espace et le temps qui nous quittent. C’est me semble-t-il ce dont témoignent, en clichés, cet ensemble de souvenirs poétiques : je ne suis pas amoureux de Venise, je suis amoureux d’une lumière, d’un éclat, d’un départ, je suis « amoureux de l’amour ».

Marcelin Pleynet

dimanche, 16 juin 2013

Lisez, lisez

lautré.jpg"Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison..."

Lisez, lisez, et devenez ainsi "momentanément féroce". Ça vous évitera, alors que tout vous y pousse, à l'être constamment dans la vie.

Lire ici la dernière chronique de Philippe Sollers dans Le Point

mercredi, 07 septembre 2011

Ce matin au réveil j'ai toute la peinture

marcelin pleynet" Ce matin au réveil j'ai toute la peinture et tous les livres...l'expérience intime et sensuelle, les couleurs de la vie... des rivières de romans derrière les yeux... derrière les yeux, le feu nourrit le feu, la terre s'augmente de son propre corps, l'éther ajoute à l'éther... et encore ce matin, proche et lointaine, mais la même, la Laura de Giorgone, la Vénus à la fourrure de Titien, et comme elle se présente... le Concert champêtre... la musique... Poussin, les Saisons... " La grappe de la Terre promise " derrière les yeux... la nuit et la lumière... et de l'une à l'autre... et la ville ce matin... et toutes les vies des anciens peintres... et la danse dans les yeux... et cette fixation, le regard, la main peinte de Manet en son Autoportrait à la palette... et tout ce qui se propose dans ce trait... " l'homme habite poétiquement " sur sa portée... Manet, sa palette et toute la musique peinte dans son jardin... la vie musicale, l'autoportrait comme monde... La Musique aux Tuileries... l'univers de Manet. "

Le savoir-vivre / Marcelin Pleynet / L'Infini / Gallimard / 2006

10:58 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcelin pleynet

vendredi, 29 juillet 2011

Chaque année, chaque mois, chaque jour s'ouvre sur une perspective qui actualise avec force les points de fuite du passé.

"1949. Je n'avais pas vingt ans. J'en avais à peine seize, lorsque je me trouvais seul à Paris. Je ne connais pas d'autre éducation. Découvrir en même temps Lautréamont, Rimbaud, la porte Saint-Denis et le quartier des Halles. La rue Vacances dans les rues. Une initiation. Les garçons, les filles, la Contrescarpe, la bibliothèque Sainte-Geneviève, les Grands Boulevards, les guichets du Louvre, les quais, Notre-Dame de Paris et les petits cinémas. Tout ensemble spontanément. Avec quelques gnons, mais sans compte à rendre à qui que ce soit. Seize ans, la rue et la bibliothèque, le musée, les muses m'ont fait ce que je suis. Et je ne ressens rien différemment aujourd'hui où l'horizon est infiniment plus large. Bien au contraire... www avec le ciel ouvert, et toutes les planètes.

Chaque année, chaque mois, chaque jour s'ouvre sur une perspective qui actualise avec force les points de fuite du passé."

Marcelin Pleynet, « Situation », L'Infini, n°72, hiver 2000.