samedi, 30 avril 2011
Les demoiselles d'Avignon
"Quel tableau... Comme c’est risqué, frappé ; comme c’est beau... Comme il fallait en vouloir pour faire ça, avoir envie de tout défoncer, de passer une bonne fois à travers le miroir et le grand mensonge. À travers tous les « il était une fois ». Comme il fallait être seul, séparé de tout, et en même temps sûr de sa force, de l’explosion imminente du fatras, de la croûte antérieure, précieuse, accumulée. Surface idéalisée, falsifiée, frivole, couche épaisse de projections molles, de sperme cent fois moisi, de psychismes usés, de clichés... Toute la cocotterie et la pruderie du XIXe, les ombrelles, les robes à volants, les intérieurs protégés... Comme il fallait parier sur son expérience dé jeunesse (il a vingt -six ans), Sur la joie de la prostitution gratuite pour soi seul, pour celui-là seul, l’élu, le protégé de ces dames... Sur la nudité fouillée, sans appel."
Philippe Sollers, Femmes, extrait
19:29 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : picasso, les demoiselles d'avignon
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