Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 14 février 2006

1984

1984, la gauche était aux affaires, Hugues quittait la fac de lettres de Montpellier et son esprit libertaire pour plonger dans les allées du pouvoir et l’arrivisme triomphant de ces années-là. Trois ans après l’élection de François Mitterrand, l’euphorie des débuts était passée, le parti socialiste était le parti au pouvoir, attirant un nombre incalculable de gogos et autres margoulins aussi incompétents qu’inefficaces qui hantaient les corridors dans le seul but de se remplir les poches en étalant la bêtise la plus crasse. Ce joli monde dépensait toute l’énergie et le savoir faire à sa disposition uniquement pour se mettre en avant …

Dans ce labyrinthe, on vivait au quotidien parmi les Caractères de La Bruyère. Tel Robin, ami de la femme d’un ministre d’Etat, brillant causeur, il passait au bureau deux fois par jour, lire la presse et régler par téléphone les affaires de son ami qui travaillait chez un des plus grands couturiers de Paris. Sa grande force, outre son persiflage incessant, était son carnet d’adresses, sa capacité à organiser des dîners. Considérable valeur ajoutée, vu le fonctionnement de cette microsociété, à qui les palais de l’Etat allaient comme un gant, dans ce salmigondis d’huissiers et de courtisans. Les pires coups de Trafalgar résonnaient dans un univers feutré, digne de l’Ancien Régime. Ouvrant les fenêtres on découvrait l’Hôtel des Invalides à gauche, le pont Alexandre III puis le Grand Palais à droite. Balzac est éternel.

Un peu plus tard, sur l’autre bord politique, Hugues découvrait avec stupeur ce chef de service issu d’un ministère prestigieux ; dissimulant sous un teint rougeaud une intelligence très vive, il ne pouvait hélas supporter une heure de réunion sans le secours de quelque boisson alcoolisée. Ensuite il fut nommé consul de France à Shanghai. Et puis ce secrétaire général, lui de quel côté était-il, impossible de le savoir, même pas lui, opportunisme et bêtise crasse avant tout. On était alors entré dans la phase incertaine des " cohabitations " ; dans son bureau flamboyant, il pérorait au téléphone à propos des " avions renifleurs " qui défrayaient la chronique à ce moment-là, histoire de montrer qu’il était dans le coup ; il n’y avait pourtant pas de quoi, ce fut un des plus lamentables scandales de la République.

Les commentaires sont fermés.