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mercredi, 18 janvier 2006

Les salariés doivent se plaindre de la condition humaine plutôt que de l'entreprise où ils travaillent

Oui, Schopenhauer est décidément à encourager, pense le PD-G. Les salariés doivent se plaindre de la condition humaine plutôt que de l'entreprise où ils travaillent.(...) Le PD-G, ces temps-ci, n'est pas contre une représentation apocalyptique du monde. Les catastrophes stimulent l'économie, le consommateur sent sa vie précaire, et, du coup, dépense plus et mieux. Son existence est en danger, il se résigne. Dieu n'a pas à mourir puisqu'il n'a jamais existé. Seul compte le corps, mais voilà, il est encombrant, lourd, le plus souvent disgracieux, adipeux, spongieux, cancéreux. Il ne bande plus ou se détériore. Qu'il arrête donc de fumer et de boire. Qu'il fasse de la gymnastique, découvre le bouddhisme, achète nos produits de beauté. Et qu'il n'oublie pas d'aller travailler.

Philippe Sollers, Une vie divine.

21:02 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7)

Commentaires

Petite note de lecture (prise sur internet) d'un ouvrage intéressant de Jean-Pirre Dupuy:
Essai. Pour Jean-Pierre Dupuy, la puissance destructive acquise par l’homme grâce à la science conduit à penser l’avenir sous les traits d’une catastrophe inévitable mais non fatale.

"Petite métaphysique des tsunamis",
par Jean-Pierre Dupuy. Éditions du Seuil, 108 pages, 9 euros.

Prophète de malheur, Noé voulait surtout aider les hommes afin que le déluge n’en soit pas un, nous rappelait Günther Anders, premier mari d’Hannah Arendt. À sa suite, le philosophe Jean-Pierre Dupuy nous interpelle pour éviter une catastrophe majeure et sans précédent, celle du naufrage de l’humanité qui dispose désormais de tous les moyens de le susciter.

Il invite à penser au deuil des morts non encore produites, qui hante notre temps devenu l’éternel présent d’un processus sinistre. Se projeter au-delà de cette catastrophe face à laquelle nous avons à agir, tel est l’esprit du « catastrophisme éclairé » prôné par l’auteur. Il « consiste à penser la continuation de l’aventure humaine comme résultant de la négation d’une autodestruction qui serait inscrite dans son avenir figé en destin » (p. 21).

Le vain principe de précaution n’est que dénégation funeste du cours du monde et, plutôt que de créditer

un développement durable dangereusement trompeur, mieux vaudrait selon l’auteur refonder une « éthique du futur » suggérée par Hans Jonas. Ainsi resterions-nous libres d’écarter les menaces au lieu de les convertir illusoirement en problèmes à résoudre assurément, comme si nos pouvoirs étaient illimités, et ceux de l’univers naturel et social toujours maîtrisables.

Or l’imparable tsunami asiatique, cette catastrophe marine sans signe annonciateur, a fait rebondir la vieille problématique du mal. Celle-ci nous renvoie de l’optimisme leibnizien qui fait du mal un bien au pessimisme rousseauiste qui l’impute entièrement aux hommes, ou à Voltaire qui se montra sceptique quant à ses tenants et aboutissants. Rappel bienvenu !

Dupuy ajoute maintenant des « prolégomènes à une éthique de la finitude » (p. 53). Car il y a, selon G. Anders, « décalage prométhéen » lors-que la capacité de faire passe un seuil, devient disproportionnée à la condition humaine et l’excède. La Shoah, Hiroshima, le 11 septembre new-yorkais ont pour point commun moins des responsabilités, qu’une « incapacité de penser » (p. 75), source des méfaits modernes incommensurables autant qu’incompréhensibles. Les démen- ces apocalyptiques ont mis l’homme et le futur en obsolescence en « faisant entrer l’impossible dans la réalité » (p. 85).

Par-delà la violence sacrificielle de caractère religieux ou la catastrophe naturelle, il faut dorénavant compter avec les massacres de tous ordres, troisième forme systémique du mal, si manifeste de nos jours. Ainsi l’action humaine se transcende-t-elle plus pour le pire que pour le meilleur. Comment prétendre donc « maîtriser le destin » (p 102) lorsqu’on ne sait penser ce qui le détermine alors que la catastrophe barre à jamais ce destin inéluctable mais non fatal.

Le catastrophisme éclairé tient pour une chance le néfaste cours de la vie contemporaine. Ce dernier pourrait tourner à l’avantage des hom- mes s’ils pensaient à en finir avec la figure du tsunami comme modèle universel de la catastrophe et avec celle de la culpabilisation rousseauiste des entreprises humaines. Il conviendrait de rejeter ces deux extrêmismes ainsi que l’orgueil qui croit pouvoir éviter par les potentialités scientifico-techniques ce qui le menace, qu’il provoque et à quoi il s’expose.

Le catastrophisme éclairé en dénonce les risques multiformes d’autodestruction. Il n’apporte ni projet ni espérance. Il donne seulement un point d’Archimède, un levier pour que notre humanité se responsabilise, préserve l’avenir si mal assuré. Il s’agit de nous élever au dessus de nous-mêmes, transcendance positive-, de « découvrir un point de vue contemplant l’histoire de notre espèce et lui donnant sens. L’avenir est notre sacré » (p. 106).

« Avant qu’il ne soit trop tard », conseille Dupuy, il faut faire « une pause » pour penser, dès lors que notre humanité « accède à la conscience de soi au moment où sa survie est en question » (p. 106). Possibilité impossible peut-être ?

Sachons du moins qu’à ne pas suspecter le mal systémique de la fuite en avant postmoderne l’inéluctable pourrait bien devenir la fatalité redoutée. Le déluge ou quelque sursaut ?

Jacques Milhau (*)
(*) Philosophe.

Écrit par : J.-J. M. | mercredi, 18 janvier 2006

Tout ça est bien intéressant, mais quand même, me semble-t-il, certains philosophes devraient faire un effort pour parler plus clair : on peut très bien ne pas renoncer à la complexité et à la profondeur, nombre d'écrivains et philosophes l'ont montré, et faire un effort sur le langage. Plus on se tient éloigné du réel, moins on a de chance de pouvoir peser sur lui, aussi.

Écrit par : Ray | jeudi, 19 janvier 2006

Picasso, à quelqu'un qui lui disait ne pas comprendre un tableau, lors d'une expo :
- Comprenez-vous le chinois ?
- Non !
- Alors, apprenez-le !

Écrit par : J.-J. M. | jeudi, 19 janvier 2006

Oui tout le monde sait que Picasso était un jeanfoutre ! il n'empêche, j'y tiens à cette histoire de langage : tiens Nietzsche, puisqu'on en parle, est très lisible, il écrit de manière fluide, évite la plupart du temps les mots savants (ceux qui servent plus à étaler ses connaissances qu'à les faire partager), un bon gars quoi !

Écrit par : Ray | jeudi, 19 janvier 2006

Tu plaisantes !

Écrit par : J.-J. M. | jeudi, 19 janvier 2006

Jamais, c'est un principe !

Écrit par : Ray | jeudi, 19 janvier 2006

Hélas !

Écrit par : J.-J. M. | jeudi, 19 janvier 2006

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